La guerre a-t-elle encore une raison d’être ?

Si la guerre et l’esprit de la guerre se maintiennent dans les sociétés modernes, intéressées au plus haut point à leur abolition, c’est qu’il est une sorte de gens dont elle flatte la vanité et dont elle sert discrètement les intérêts. Pour ceux qui rêvent d’accroître les attributions du gouvernement, d’en centraliser l’exercice entre leurs mains, de préparer même les esprits à un règne d’arbitraire et de compression, la guerre est le plus sûr et le plus court moyen.

La question de la paix

Dans cet article, Frédéric Passy revient sur les nouveaux développements des idées de pacifisme et d’arbitrage, qui lui sont chères et qu’il a défendues toute sa carrière durant. En 1895, la question de l’Alsace-Lorraine, qui a fait naître des tensions réelles mais dont il ne faudrait pas, dit-il, s’exagérer la portée, est surtout posée, et elle doit être résolue comme les autres par l’arbitrage. La concorde et la paix européenne, surtout, sont à fonder, si l’on veut éviter un embrasement généralisé.

La colonne Vendôme

Lors des soulèvements de la Commune de Paris, en 1871, de nombreux monuments sont endommagés, détruits ou pillés. La colonne Vendôme, érigée jadis par Napoléon avec le métal des armes des vaincus de ses armées, a été abattue. La paix civile revenue, il est décidé qu’elle sera reconstruite — choix que Paul Brandat et Frédéric Passy, deux militants pacifistes, condamnent dans deux lettres, réunies en brochure. Les idées de fausse gloire nationale, de supériorité de la force sur la loi, associées à cette colonne, doivent être répudié dans le domaine des idées et des faits, si la France et l’Europe entière ne veut pas sombrer et se consummer elle-même par le feu et par le fer.

Militarisme et protectionnisme

Vingt ans avant la Première Guerre mondiale, Frédéric Passy, plus tard premier Prix Nobel de la paix, rend compte pour le Journal des économistes d’une récente réunion publique à Milan, où les orateurs ont attaqué le militarisme et le protectionnisme, et vanté la création d’une Union européenne, vectrice de paix.

Abrégé du projet de paix perpétuelle

En 1733, l’abbé de Saint-Pierre a déjà diffusé son projet de paix perpétuelle à travers plusieurs travaux successifs, soit manuscrits à quelques personnalités, soit imprimés pour le plus grand public, qui les a plutôt avidement recherchés. Pour continuer la popularisation de sa grande idée, il compose désormais un abrégé, qui condense et complète l’œuvre précédente en trois volumes. Il s’agit toujours de la même pensée : que les nations européennes signent un traité par lesquelles elles s’engagent à recourir toujours à la voie de l’arbitrage et aux décisions d’un conseil européen, plutôt que la voie de la guerre, qu’elles abandonnent pour n’y plus revenir. 

L’éducation pacifique

Dans cette conférence de 1902, prononcée devant un corps d'enseignants, Frédéric Passy expose les moyens qu'ont selon lui les professeurs pour faire comprendre aux enfants le démérite de la guerre et les bienfaits de la paix. Les enseignants doivent sentir qu'ils ont à lutter, dans l'enfant, contre des instincts de violence et de fougue. Les moyens dont ils disposent sont nombreux, cependant, pour leur faire goûter la paix et le pacifisme : la vraie appréciation des faits historiques, par exemple, ou la description de certains évènements de la vie, où l'arbitrage a fait sentir son utilité, en opposition aux pertes et aux désastres des conflits envenimés. 

Un souvenir de Solférino, par Henri Dunant (1863)

En juin 1859, Henri Dunant est témoin de la bataille de Solférino, dans la campagne d’Italie. En observateur extérieur, il assiste au macabre épanchement de violence aveugle. Les armées s’élancent l’une contre l’autre, et vers la mort ; les nouvelles méthodes de destruction, plus perfectionnées, balayent les corps, dont elles prennent la vie ou qu’elles mutilent ; viennent ensuite le temps pour les survivants de poursuivre dans des corps à corps déchaînés leur œuvre de mort. — Cette œuvre fameuse, célébrée par Gustave de Molinari ou Frédéric Passy, fut aussi l’acte de naissance de la Croix-Rouge.

Observations sur les dernières paix

En 1737, l’abbé de Saint-Pierre intègre dans le onzième volume de ses « Ouvrages de politique et de morale » une énième formulation, brève et résumée celle-ci, de son fameux projet de paix perpétuelle par la création d’une société européenne et l’institution de l’arbitrage entre les nations, qu’il formule et défend depuis vingt ans. Il retrace les éléments principaux de sa démonstration sur l’utilité de l’arbitrage et donne les articles fondamentaux de la constitution d’une société européenne.

Maux naturels et maux artificiels

Dans ce court article publié dans le Courrier de La Rochelle, en février 1904, Frédéric Passy réagit à deux événements qui se télescopent dans l’actualité : une offensive guerrière, et une catastrophe naturelle. L’occasion pour lui de rappeler la différence radicale entre les « maux naturels », qu’on combat et répare en se résignant, et les « maux artificiels », que l’humanité se cause à elle-même, dans l’immensité de sa folie.

L’abbé de Saint-Pierre, pour la paix et la liberté

Au début du XVIIIe siècle, inspiré par les exemples de Descartes, Vauban ou Boisguilbert, l'abbé de Saint-Pierre (1658-1743) a multiplié les écrits et les projets pour défendre le double idéal de la paix et de la liberté. Avec plusieurs siècles d'avance, il a proposé l'instauration d'institutions internationales pour garantir la paix et la liberté du commerce. Au sein de l'économie politique naissante, il a participé à rectifier les idées sur le commerce, la monnaie, l'impôt. À Saint-Pierre-Église, dans le château où il est né et où il a composé la plupart de ses grands projets, Benoît Malbranque raconte la vie et les idées de ce chaînon manquant entre le classicisme et les Lumières, qui a servi d'inspiration à plusieurs générations de penseurs épris de l'idée de liberté.

L’idée de paix chez les économistes libéraux

À la toute fin du XIXe siècle, à une époque marquée par la montée en puissance du militarisme, du bellicisme et du protectionnisme, les économistes libéraux restent profondément fidèles à l’idéal pacifiste porté par leurs prédécesseurs du XVIIIe siècle et par certains de leurs grands représentants d’alors, comme Frédéric Passy, bientôt Prix Nobel de la paix. Lors d’une réunion de la Société d’économie politique, Gustave de Molinari et quelques autres reviennent sur cet attachement indéfectible et sur les moyens que le libéralisme promeut pour garantir la stabilité de la paix internationale.

Discours sur le droit de guerre et de paix (1790)

« Nul, proclame Volney en 1790, n’a le droit d’envahir la propriété d’un autre peuple, ni de le priver de sa liberté et de ses avantages naturels ; toute guerre entreprise par un autre motif et pour un autre objet que la défense d’un droit juste, est un acte d’oppression qu’il importe à toute la grande société de réprimer, parce que l’invasion d’un État par un autre État tend à menacer la liberté et la sûreté de tous. » Par ces motifs, il propose à l’Assemblée Nationale de décréter cet article constitutionnel : « Que la nation française s’interdit de ce moment d’entreprendre aucune guerre tendante à accroître son territoire actuel ».

Préface à L’arbitrage international par Ferdinand Dreyfus

Dans cette préface donnée en 1892 à un livre sur l’arbitrage, Frédéric Passy note le progrès des esprits, y compris dans les sphères de pouvoir, sur cette notion du recours à l’arbitrage international pour solutionner les conflits armés. Infatigable pacifiste, il croit voir un progrès dans le ralliement de certains, ou dans la fin des moqueries qui touchaient encore, quelques années auparavant, les disciples proclamés de l’abbé de Saint-Pierre.

L’abbé de Saint-Pierre, lecteur de Sully

Dans son fameux Projet de paix perpétuelle (1713, 1717), l'abbé de Saint-Pierre soutient, citations à l’appui, que Sully et Henri IV avaient eu en leur temps le même projet que lui : former une alliance des États européens qui se garantiraient les uns les autres la possession tranquille de leur territoire respectif, afin de mettre fin à toute guerre offensive.

Lettre sur la paix

Quelques années avant la guerre franco-prussienne de 1870, les difficultés s’amoncellent déjà et font craindre à l’horizon la rupture de la paix. Pour Frédéric Passy, plus tard premier Prix Nobel de la paix (1901), l’heure est urgente : il faut, dit-il, se liguer pour la paix, promouvoir l’idée de la paix et la faire dominer les esprits, si l’on veut s’épargner les désastres de la guerre.

L’abbé de Saint-Pierre et l’organisation de la paix internationale

Moqué par ses contemporains, qui le traitaient d’idéaliste et de fou, et dévalorisaient ses mœurs pour mieux dévaloriser ses systèmes, l’abbé de Saint-Pierre (1658-1743) fait pour nous œuvre de pionnier. Défenseur tout à la fois de la liberté à l’intérieur et de la paix au dehors, il a défendu toute sa vie des institutions précises, européennes et mondiales, pour pacifier le monde.
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L’avenir de l’Europe

Conférence de l'infatigable pacifiste, Frédéric Passy, en 1895, lucide et visionnaire. « Le présent, vous le connaissez : toute la population valide de l'Europe se préparant à se massacrer mutuellement ; personne, il est vrai, ne voulant attaquer, tout le monde protestant de son amour de la paix et de sa résolution de la maintenir, mais tout le monde sentant qu'il suffit de quelque incident imprévu, de quelque accident impossible à prévenir pour que d'un moment à l'autre l'étincelle tombe, sur ces amas de matières inflammables qu'on amoncelle imprudemment sur les champs et sur les routes, et fasse sauter, pour ainsi dire, l'Europe tout entière. »