Correspondance inédite entre Gustave Schelle et Yves Guyot

Au cours du premier tiers du XXe siècle, le mouvement libéral français accuse une tendance notoirement descendante, préparant sa complète disparition. La correspondance entre Gustave Schelle et Yves Guyot, deux des ultimes fidèles au libéralisme des Turgot, Say et Bastiat, trahit l'évolution des esprits. Schelle écrit à Guyot en 1924 : « Vous êtes le seul à l’heure qu’il est qui souteniez encore les bons principes. Les autres sauf de rares exceptions n’y comprennent rien. » L'un et l'autre devaient cependant mourir avant la fin de la décennie.

De l’utilité et de l’inutilité des colonies (deuxième partie)

Malgré l’affirmation enthousiaste de Paul Leroy-Beaulieu, selon lequel la colonisation est une question jugée, et que tout le monde admet son utilité, le débat soulevé à la Société d’économie politique sur cette question fait apercevoir de vraies divisions. Face à Paul Leroy-Beaulieu, le plus affirmatif et résolu dans sa défense de la colonisation, Frédéric Passy et Émile Levasseur soutiennent que la conquête du monde par la race européenne ne mérite d’être faite que par le commerce et une colonisation non-violente, ou dans des territoires très rares où les conditions sont extrêmement propices. Yves Guyot rejette même tout idée de colonisation, et se lance dans un réquisitoire implacable, fondé sur les faits.

Les inspirations libérales d’Émile Zola dans Germinal

Passé à la postérité comme un roman résolument socialiste, le Germinal de Zola s'inspire en réalité d'une large littérature libérale (Yves Guyot, Paul Leroy-Beaulieu, Jules Simon), qui teinte la narration d'un arrière-fond critique. Le socialisme, but apparent, est maltraité page après page. Sous la plume de l’auteur, il n’est plus que messianisme sans substance, euphorie de violence sans but. Les socialistes y sont montrés comme ne s’entendant jamais entre eux, consumant leurs forces dans des guerres internes, et prêts à tous les sacrifices pour mettre en application le plan précis dont leur intelligence a accouché.

Lettre sur l’individualisme

Yves Guyot, Lettre sur l’individualisme (à un anonyme — 29 mai (1902 ?) — Peut-être à Henry-Léon Follin, propriétaire et gérant de l’Individualiste à partir du 1er février 1902. « Tous les progrès matériels, scientifiques, politiques, sociaux, sont venus non des pouvoirs publics, mais des individus ; ce n’est point l’État qui a inventé la machine à vapeur ou l’application de l’électricité aux besoins humains. Toutes les grandes découvertes proviennent d’hommes qui se sont fait eux-mêmes ; les idées qui ont transformé la direction politique ou sociale des peuples ont commencé par être proscrites ; on pourrait dire, de la plupart de celles qui sont aujourd’hui devenues lieux communs, qu’elles se sont heurtées au misonéisme officiel.  L’histoire du progrès est l’histoire d’individus, presque toujours en opposition avec l’état social dans lequel ils vivaient. » 

Réflexions sur la science de l’histoire par Yves Guyot

Dans la préface qu’il donne aux ‘Problèmes de l’histoire’ de Paul Mougeolle (1885), Yves Guyot expose ses vues critiques sur la manière dont l’histoire est considérée par ceux qui s’occupent de l’écrire. L’individu agissant, qui subit les influences de son milieu, mais qui transforme aussi celui-ci par ses choix, lui paraît la fondation d’une vue psychologique de l’histoire, qui doit permettre de produire un récit historique enfin satisfaisant. 

Conférence sur le capital (1895)

Tandis que dans les publications socialistes et les discours politiques de ceux qui font commerce d’une opposition bien sensible entre exploiteurs et exploités, le capital est présenté comme un vampire, s’engraissant par les efforts non-payés des salariés, Yves Guyot expose, dans une conférence populaire, ce qu’est le capital, et ce qu’il peut faire pour la prospérité nationale lorsqu’on ne lui fait pas la guerre.

Le problème du pétrole en France

Il y a un siècle, la fin du premier conflit mondial démontrait, outre le besoin d’une organisation de la paix mondiale, la fragilité de l’équilibre économique de la plupart des nations européennes, fortement dépendantes, pendant la paix mais surtout en cas de guerre, des approvisionnements en pétrole des États-Unis ou d’ailleurs. Aux yeux de nombreux économistes libéraux français, des impératifs de sécurité nationale semblaient légitimer un contrôle réglementaire de l’État sur la production et l’importation de pétrole en France. Un tel contrôle serait aussi un moindre mal, disait-on, en comparaison d’un monopole public sur le pétrole, dont l’idée était alors agitée.

Y a-t-il lieu, pour parer aux dangers de l’alcoolisme, de restreindre la liberté du commerce des boissons ?

Devant les progrès de l’alcoolisme, les sociétés de tempérance et la force des gouvernements offraient deux réponses assez distinctes. Étudiant la question en 1885, les libéraux de la Société d’économie politique ne se montrent guère favorable à une prohibition ; mais les bornes exactes de l’intervention de l’autorité font débat. Selon les uns, l’État peut légitimement contrôler le nombre des débitants de boissons alcoolisés, et il peut surveiller la production des alcools les plus dangereux ; pour d’autres, en dehors de prononcer une interdiction aux mineurs et de sanctionner les fraudes, l’État doit rester en retrait. « Il est souverainement injuste, dit notamment Arthur Raffalovich, de donner à une majorité le droit de contrôler les goûts de la minorité et de la priver de l’usage modéré des boissons, parce qu’il y a des ivrognes. »

L’éternelle modernité de Diderot

Dans la préface qu’il donne en 1886 à la réédition de plusieurs textes de Diderot, dont le roman La Religieuse, Yves Guyot vante les mérites de ce penseur qui a su s’affranchir des codes et des préjugés et qui a livré une œuvre critique restée très actuelle.

Le problème des transports maritimes de la France

En février 1921, Yves Guyot était réélu à la présidence de la Société d’économie politique. « Elle est une société de doctrine, disait-il, dont l’objet est de maintenir les vérités acquises, en recherchant de quelle manière elles peuvent être complétées et en essayant de dégager leurs rapports avec les faits qui se produisent. » Malheureusement le courant était contraire, dans cette société même, comme la discussion du jour, sur les transports maritimes, l’illustrait par son ton bien moins libéral que jadis.

Le baccalauréat et les perroquets

Pour Yves Guyot, jeune auteur de L’Inventeur (1867), le baccalauréat est le fruit d’un système éducatif funeste qui brise la personnalité individuelle des enfants et étouffe leur développement. Ne réclamant qu’un effort de mémorisation, il produit des intelligences superficielles et vaines.

Nécessité de la concurrence religieuse

Dans cette brochure de 1899, Yves Guyot défend la séparation des Églises et de l’État. « Que ce soit ce système ou un autre qu’on adopte, dit-il, le but à poursuivre, c’est d’établir, contre l’Église catholique actuelle, la possibilité de la concurrence religieuse. »

Benoît Malbranque – New and unpublished material regarding French classical liberalism

In this book are published a wide range of new and unpublished documents, from renown authors such as the physiocrats, Bastiat, Molinari, J.-B. Say, Yves Guyot, among other names. These writings, offered in both original French and English translation, and carefully annotated, uncover new aspects of French classical liberalism and will be of great value to scholars and lovers of liberty alike.
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Plaidoyer pour le suffrage des femmes

Dans cette allocution du 7 mai 1879, prononcée devant la Commission électorale du cercle des familles, Yves Guyot défend la cause du suffrage des femmes. « Nous, républicains français, nous qui avons pris pour devise : liberté, égalité, nous devons admettre les femmes à la pratique de tous les droits politiques, qui jusqu’à présent ont été le monopole de l’homme. »
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Front uni pour le vrai libre-échange

En Yves Guyot, Ernest Martineau croit reconnaître un disciple, comme lui, de Frédéric Bastiat, qui s’efforce de défendre le libre-échange sur le fondement le plus solide, c’est-à-dire celui du principe du droit à échanger, suite du droit de propriété. Jeune provincial de 34 ans, il offre ses services à Guyot, qui occupe déjà une place de choix dans le journalisme, afin de vulgariser à ses côtés les principes de l’économie politique.
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Les faux amis du libre-échange

Dans cette lettre adressée à Yves Guyot, Ernest Martineau, disciple de Bastiat, souligne la présence de deux écoles dans la défense de la liberté du commerce : une voie modérée, qui privilégie les traités de commerce et les négociations ; et une voie radicale, à laquelle il se rallie, fondée sur les principes et sur la science, et qui ne transigeant pas, ne place rien d’autre sur son drapeau que le principe fondamental du droit à échanger.