A. Laurent présente l’individualisme méthodologique

Le 20 janvier 2011 avait lieu le séminaire philosophique d’Alain Laurent. Le thème de la séance : l’individualisme méthodologique.

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La prochaine séance de son séminaire, qui aura lieu le jeudi 3 mars, sera consacrée au “libéralisme de gauche” à partir de la publication de “La cité libre” de Walter Lippmann – qui sort cette semaine aux Belles Lettres (avec une belle préface de Fabrice Ribet).

RDV jeudi 3 mars au 35 avenue Mac Mahon à Paris. Merci de le noter sur vos agendas et d’envoyer un mail pour confirmer votre venue : info@institutcoppet.org

5 Réponses

  1. coubertin

    Excellent séminaire sur l’individualisme méthodologique d’Alain Laurent. Je suis très content d’écouter le rappel fait sur le nominalisme de Guillaume d’Occam, même si ce rappel vient en conclusion.
    Je crois en effet que Occam modélise clairement l’individualisme méthodologique. Il le vit même à son époque car il réfute l’existence de l’Eglise et même celle de son ordre, l’ordre Franciscain. Seuls les fidèles existent avec chacun leur subjectivité et leur conscience. Autrement dit seuls les individus existent, voilà la grande révolution que Occam modélise et met en pratique.

    Alain Laurent poursuit naturellement sur la notion de subjectivisme. Il dit : “parler de groupe, parler de société, c’est une représentation, elle est en nous…” L’individualisme méthodologique part donc de ce qui intervient dans la conscience des individus. Alain Laurent précise alors plus loin, “chez un individu, tout ne se passe pas que dans la conscience”, il laisse donc de la place pour le subconscient ou l’inconscient comme on voudra.
    Enfin Alain Laurent affirme que les émergences sociales sont horizontales. Il dit: “Quand on parle de la société, de quoi s’agit-il concrètement ? C’est un certain mode d’organisation des relations entre les individus”. Autrement dit, quand la société change, c’est parce que les individus qui la composent ont changé de représentation et de comportement.

    C’est ici que j’aimerais intervenir. L’individualisme méthodologique est le meilleur outil pour saisir les réalités humaines et sociales, mais il nie un apport capital à mes yeux celui de l’école leplaysienne qui pose comme fondement scientifique que “la famille crée la société à son image.”. La famille est, bien avant la société, le lieu où les nouveaux-nés, les enfants – autrement dit les futurs adultes- intègrent un mode d’organisation des relations entre les individus. Arrivée à l’âge adulte, la progéniture a intégré des “instincts sociaux familiaux” (donc souvent inconscients) qui vont influencer voire conduire ses comportements sociaux et ses représentations des relations humaines. Bien sûr chaque individu a sa propre personnalité, mais il ne faut pas négliger l’impact des relations sociales familales sur le jeune enfant.

    Pour donner encore matière à réfléchir, il se trouve, depuis les recherches des leplaysiens, du groupe de Cambridge (Laslett, Macfarlane) et Emmanuel Todd, qu’il existe plusieurs types familiaux qui organisent différemment les relations sociales familiales. Le type familial anglais par exemple est très différent du type allemand. En Angleterre, la famille est “libérale” avec ses enfants. Les parents visent à chaque instant de rendre autonome ses enfants et ainsi former des adultes précoces indépendants.
    Pour finir, je dirais que le nominalisme de Guillaume d’Occam, (ou l’individualisme de Thatcher “there is no such thing as society”) avec toute son intelligence et son génie personnel est aussi le fruit de sa famille anglaise qui lui a donné une formation sociale ou l’individu compte bien plus que le groupe.
    Je propose de rédiger un texte bien mieux construit et explicite pour publication sur ce site.

    Je renvoie aussi à mon texte en ligne sur le site de l’institut Turgot: “les origines de l’Occident et la question des structures familiales” et à mon récent blog consacré à l’école leplaysienne (ecoleleplaysienne.blogspot.com)

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  2. Stéphane Couvreur

    Bonjour Coubertin,

    Vous écrivez : “La famille est, bien avant la société, le lieu où les nouveaux-nés, les enfants – autrement dit les futurs adultes- intègrent un mode d’organisation des relations entre les individus.”

    Et qu’en sait-on ? Les psychologues qui étudient la question peinent à trouver un lien entre l’éducation parentale ou l’environnement familiale, et la personnalité individuelle. Hormis ce qui passe par les gènes, la façon dont l’environnement (au sens large) influence le développement de l’enfant est encore très mal connue. A lire par exemple à ce sujet :

    Judith Harris, Pourquoi nos enfants deviennent ce qu’ils sont : De la véritable influence des parents sur la personnalité de leurs enfants
    //www.amazon.fr/Pourquoi-enfants-deviennent-quils-sont/dp/2266134582/

    Cdt,
    SC

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    • Coubertin

      Bonjour,
      Une réponse un peu tardive, mais une réponse quand même…

      Votre question est importante. Que sait-on, en effet, de la véritable influence des parents sur les enfants ? Les preuves se résument à des indices plus ou moins sérieux qu’il faut énumérer puis éprouver. Au préalable, je suis d’accord avec Judith Harris (merci pour la référence) pour dire que les enfants naissent avec une personnalité primitive et un caractère primaire qu’ils ne doivent à personne. Voici quelques preuves de l’influence des parents sur les enfants:

      – L’être humain nait inachevé à la naissance, ses premières années de vie dans la famille impactent nécessairement le future adulte. Les paroles et les actes des parents sont donc bien plus influentes que le voisinage.

      – La carte des différentes structures familiales en Europe et en France (voir les travaux de Emmanuel Todd, en particulier, L’invention de l’Europe) se superpose assez bien avec les différents comportements politiques, le rapport à l’autorité, la relation de l’individu et du groupe.

      – L’histoire de l’Angleterre, territoire ou vit majoritairement une seule structure familiale (famille nucléaire absolue) est intelligible au regard des caractéristiques de ladite famille. Je rappelle la formule de Le Play: “La famille crée la société à son image”. Les caractéristiques de la famille nucléaire absolue sont: les parents agissent pour former des adultes précoces indépendants (cela évoque la liberté des individus), les parents agissent en fonction des personnalités de chaque enfant. Au sein de la famille anglo-saxonne type, les individus comptent bien plus que le groupe familial. Ces caractéristiques ne sont-elles pas le reflet des apports de la civilisation anglo-saxonne à l’humanité (liberté individuelle, initiatives, innovations, libertés politique et civiles, ….) ?

      Il y aurait beaucoup à dire….Je vous renvoie à mon blog sur ce sujet:
      //ecoleleplaysienne.blogspot.com/

      Pour conclure, votre question pose le problème de toute connaissance et de vérité scientifique. Sur la question de l’impact des structures familiales, il existe un faisceau d’indices qui renforce la théorie, malheureusement, la preuve ultime scientifique n’existe pas. Je rappelle comment Charles Darwin défend sa théorie de la sélection naturelle: “si une théorie quelconque rend intelligible une grande classe de faits indépendants entre eux, alors il faut l’élever au rang de théorie scientifique bien établie”.

      Je crois en effet que l’analyse des sociétés par le prisme des structures familiales rend plus intelligible l’histoire des sociétés et des hommes.

      A vous lire
      Bien à vous

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