Pierre de Boisguilbert – Écrits économiques (2 volumes)

Personnage haut en couleur, Pierre de Boisguilbert (1646-1714) s’est opposé à la politique mercantiliste et réglementaire héritée de Colbert, et dans plusieurs ouvrages rendus publics malgré la censure, il en prit le contrepied en développant — le premier — une théorie du laissez-faire, où la puissance publique n’est plus agissante, mais laisse les hommes rechercher leur intérêt. Cette collection se présente en deux volumes. Le premier contient ses ouvrages imprimés, le Détail de la France (1695) et les divers mémoires contenus dans le Factum de la France (1707). Le second offre à lire sa correspondance, à laquelle on a joint quelques mémoires additionnels.

L’opportunité des réformes

Les partisans de l'immobilisme piègent toujours les artisans des réformes dans le dilemme de l'impossibilité provisoire. De nos jours, ce sont le problème du terrorisme puis la pandémie qui rendraient vaines les aspirations aux libertés. Déjà, à la toute fin du XVIIe siècle, Pierre de Boisguilbert, le premier théoricien du laissez-faire, luttait contre de tels arguments : la guerre, lui disait-on, empêchait la réforme des impôts et la libéralisation du commerce des grains. Dans un texte brillant, il apportait sa réponse.
article placeholder

Le dangereux parti de la pitié et des bonnes intentions

Dans cette lettre de novembre 1704, que Boisguilbert envoie à Nicolas Desmarets, conseiller du Contrôleur général Chamillart, il insiste sur le danger que le parti de l’amour ou de la pitié du pauvre, celui des bonnes intentions, fait courir à la prospérité publique. C’est le procès de la démagogie et des bons sentiments aveugles, dressé par un penseur conscient de la force des lois économiques.