Observations pour rendre la société du mariage plus heureuse

Pour l’abbé de Saint-Pierre, le mariage est une petite société dans laquelle l’essentiel est de pratiquer la justice et la bienfaisance. Ces vertus permettent de goûter le plaisir de l’union et de l’amitié une fois que la passion de l’amour s’est affaibli ou éteint. Il s’agit de donner pour recevoir : de multiplier les attentions pour inspirer les attentions, et de procurer des plaisirs pour recevoir des plaisirs.

Chronique (Journal des économistes, mai 1893)

Chaque mois, entre  1881 et 1909, Gustave de Molinari a publié une chronique politique et économique dans le Journal des économistes, commentant l’actualité française et internationale sous un angle résolument libéral. Au programme notamment, dans cette livraison de mai 1893, la tyrannie syndicale et la manifestation du 1er mai, la protection des salaires par l’interdiction de la main-d’œuvre étrangère, la famine en Algérie, et la progression parallèle des budgets et des impositions en France.

Lettre sur les femmes

Préparant son Ouvrage sur les femmes (1740), Louise Dupin reçoit le soutien et les réflexions personnelles de l’abbé de Saint-Pierre. Dans cette longue lettre, il recourt à l’histoire antique — grecque, romaine mais aussi chinoise — pour aider à la réhabilitation des femmes. Leurs vertus morales, leur bravoure, leur abnégation et même leurs talents, éclatent au grand jour à la lecture de l’histoire du monde. Il est temps, dit-il, de rendre les femmes les égales des hommes.

D’une union douanière de la France avec l’Algérie

En mai 1850, la discussion de la réunion mensuelle de la Société d’économie politique s’engage d’abord sur la question controversée de l’Algérie. De cela, pourtant, le compte rendu officiel dresse un portrait assez discret. « M. Wolowski et quelques autres membres », lit-on, « ont échangé diverses observations au sujet de l’annexion économique de l’Algérie. » La défense du libre-échange en Algérie fait l’objet d’un rapport plus circonstancié. De même, quand la discussion bifurque ce jour-là sur le point précis de la marque obligatoire sur les produits de l’industrie, on sent un soulagement général, et le compte-rendu peut ainsi achever un rapport très court sur cette séance, par des considérations enfin un peu consensuelles.

Chronique (Journal des économistes, juillet 1882)

Chaque mois, entre  1881 et 1909, Gustave de Molinari a publié une chronique politique et économique dans le Journal des économistes, commentant l’actualité française et internationale sous un angle résolument libéral. Au programme notamment, dans cette livraison de juillet 1882, les subventions publiques faites à l’Opéra national, l’antisémitisme en Russie, la crise internationale autour de l’Égypte et du canal de Suez, le monopole du tabac en Allemagne, et le développement du protectionnisme en Russie et aux États-Unis.

De l’utilité et de l’inutilité des colonies (première partie)

Malgré l’affirmation enthousiaste de Paul Leroy-Beaulieu, selon lequel la colonisation est une question jugée, et que tout le monde admet son utilité, le débat soulevé à la Société d’économie politique sur cette question fait apercevoir de vraies divisions. Face à Paul Leroy-Beaulieu, le plus affirmatif et résolu dans sa défense de la colonisation, Frédéric Passy et Émile Levasseur soutiennent que la conquête du monde par la race européenne ne mérite d’être faite que par le commerce et une colonisation non-violente, ou dans des territoires très rares où les conditions sont extrêmement propices. Yves Guyot rejette même tout idée de colonisation, et se lance dans un réquisitoire implacable, fondé sur les faits.

La constitution américaine et ses amendements, par Joseph Chailley

En 1889, Joseph Chailley-Bert expose les grands principes de la constitution fédérale américaine, en ouverture d’une traduction de son texte et des amendements apportés. Cette constitution tant vantée n’est pas sans mérite, mais sa portée et son efficacité historique pour produire de la concorde et du progrès ne doivent pas être surestimées. Les peuples doivent à eux-mêmes, à leurs mœurs, la plus grande partie des succès qu’ils obtiennent, juge-t-il ; les institutions sont un cadre qu’on arrange, qu’on retravaille, et qui est toujours sous la dépendance de l’opinion publique.

Œuvres complètes de Gustave de Molinari (Volume 9)

Œuvres complètes de Gustave de Molinari, sous la direction de Mathieu Laine, avec le soutien de M. André de Molinari, et avec des notes et notices par Benoît Malbranque. — Volume 9 : En exil dans son propre pays (1852). Éloigné physiquement de la scène du libéralisme économique français, Gustave de Molinari poursuit sa collaboration aux grandes œuvres du mouvement : le Journal des économistes, et le nouveau Dictionnaire de l’économie politique. En Belgique, il ouvre un cours d’économie politique et prononce des conférences. La menace que Louis-Napoléon Bonaparte représente pour les libertés en France mais aussi en Belgique apparaît lancinante, et domine l’arrière-plan.

Laissons Faire, n°51, novembre 2022

Nouveau numéro de la revue Laissons Faire, de l'Institut Coppet. Au programme : (ÉTUDES) Louis-Paul Abeille (1719-1807), par Benoît Malbranque. (TEXTES) La Russie et les États-Unis au point de vue économique, par Gustave de Beaumont (1854). — L’amortissement de la dette est-il préférable à la réduction des impôts ? (Société d’économie politique, réunion du 5 janvier 1877). (RECENSION CRITIQUE) François Etner, Catholiques et économistes. Leurs controverses depuis la Révolution, Classiques Garnier, 2022.

Du meilleur mode de constituer la propriété en Algérie

En 1863, la Société d’économie politique s’occupe, après avoir validé une élection interne, du sujet controversé de la colonisation en Algérie. Le point de vue adopté est assez consensuel, il s’agit du régime de la propriété, où les libéraux peuvent élaborer leurs idées dans un cadre assez commun. La discussion, cependant, ne sera jamais publiée. Le Journal des économistes du même mois invoque un manque de place, rejette la discussion au mois suivant, et finalement n’y reviendra jamais. De toute évidence, la discussion ne fut pas plaisante, et il fut jugé que sa publication et une publicité donnée à certaines idées était à éviter.

Le message libéral de la Religieuse de Diderot

La Religieuse raconte comment une jeune femme, Suzanne Simonin, est destinée par sa famille au couvent, et pourquoi ; il conte sa résignation première, sa bonne volonté, et l’énervement progressif de ses sens et de sa tête, jusqu’à la rébellion et plus tard à l’évasion qui doit lui rouvrir les portes du monde libre. On la voit prononcer ses vœux, s’en morfondre, et de Longchamp à Saint-Eutrope subir les méfaits de la séquestration et de la tyrannie.

Les bibliothèques et les cours populaires

Dans cette conférence, Henri Baudrillart signale les bons effets que les bibliothèques et les cours populaires ont sur l’état moral et économique des ouvriers, en leur permettant de trouver à moindres frais de l’instruction et la douceur de la littérature. Si les efforts de l’initiative individuelle et des associations libres sont surtout recommandables à ses yeux, il ne rejette pas tout à fait l’aide de l’État, qui peut accompagner ces efforts, tout en restant autant que possible en retrait. Car il ne faudrait pas que sous prétexte de bonnes intentions, la puissance publique se fasse la tutrice et la providence forcée des masses.

De l’intervention de l’État dans les questions d’hygiène publique

Face à l’insalubrité, aux maladies et aux épidémies, l’intervention de l’État est parfois légitime, considèrent les membres de la Société d’économie politique examinant cette question en 1892. L’État est parfaitement dans son rôle, par exemple, lorsqu’il assure l’écoulement des eaux ménagères. Mais qu’il ne tâche pas, dit Frédéric Passy, de nous protéger nous-mêmes contre nos propres fautes, au risque d’affaiblir la puissance de la responsabilité individuelle. Qu’il ne se comporte pas non plus dans ce mandat, dit un autre, comme un pompier qui inonde et détruit tout un mobilier pour éteindre un feu de cheminée. Car son intervention a ses bornes.

Liberté et autorité

Pour Ambroise Clément, le maintien de la compression des libertés individuelles, et la vogue des théoriciens qui les soutiennent, s’explique avant tout par une méprise grave commise par l’immense majorité du public, et même nombre d’esprits soi-disant libéraux, sur le vrai sens de ces deux notions : liberté et autorité. Contre les timides et les modérés, A. Clément proclame ce qu’est le vrai sens de l’un et de l’autre, en s’appuyant sur les principes posés jadis par Charles Comte et Charles Dunoyer, et que les économistes libéraux du Journal des économistes paraissent encore les seuls à comprendre et à maintenir.

L’émigration et l’immigration

À la toute fin du XIXe siècle, la question de la population, dont le ralentissement est un sujet de préoccupation en France, se joint à celle de l’immigration, conçue et pratiquée comme un palliatif. Pour Gustave de Molinari, l’immigration n’est pas un danger, ni un mauvais calcul. Les données de la reproduction française étant ce qu’elles sont, quelles que soient les mesures pour parvenir à la faire évoluer, le recours à l’immigration est légitime. Elle est d’ailleurs un bénéfice économique, dit-il, car elle fait obtenir des hommes faits, et économise ainsi les frais qui sont ailleurs employés pour l’enfance ou l’éducation. Quant à la crainte d’une détérioration de la population par le mélange des cultures et des races, il la conçoit comme chimérique, car tout prouve, selon lui, que ce mélange renforce plutôt qu’il affaiblit un pays.

L’économie politique et le socialisme

Dans l’introduction de son cours au Collège de France, en février 1849, Michel Chevalier examine les reproches adressés par les diverses sectes socialistes de l’époque aux principes de l’économie politique. Il justifie l’importance que les économistes accordent au mobile de l’intérêt personnel, défend le rôle économique et social du capital et du capitaliste, précise les bienfaits de la concurrence, et examine les propositions que font les économistes en faveur du progrès social.

Lettre au docteur Price sur les constitutions américaines

« Il est impossible de ne pas faire des vœux pour que ce peuple [le peuple américain] parvienne à toute la prospérité dont il est susceptible. Il est l’espérance du genre humain. Il peut en devenir le modèle. Il doit prouver au monde, par le fait, que les hommes peuvent être libres et tranquilles, et peuvent se passer des chaînes de toute espèce que les tyrans et les charlatans de toute robe ont prétendu leur imposer sous le prétexte du bien public. Il doit donner l'exemple de la liberté politique, de la liberté religieuse, de la liberté du commerce et de l'industrie. L'asile qu'il ouvre à tous les opprimés de toutes les nations, doit consoler la terre. La facilité d'en profiter pour se dérober aux suites d'un mauvais gouvernement, forcera les gouvernements européens d'être justes et de s'éclairer ; le reste du monde ouvrira peu à peu les yeux sur le néant des illusions dont les politiques se sont bercés. »

Traité de la propriété de l’homme sur les choses

Au beau milieu de la période révolutionnaire, André Morellet observe de toutes parts la propriété attaquée et son concept même renversé ou nié. Dans ce traité, conservé en manuscrit dans ses papiers, il rétablit, contre Rousseau, Hobbes, Hume ou même Bentham, le sens et la portée de cette propriété qu’un homme peut légitimement exercer sur les choses, et notamment sur la terre.

L’idée de paix chez les économistes libéraux

À la toute fin du XIXe siècle, à une époque marquée par la montée en puissance du militarisme, du bellicisme et du protectionnisme, les économistes libéraux restent profondément fidèles à l’idéal pacifiste porté par leurs prédécesseurs du XVIIIe siècle et par certains de leurs grands représentants d’alors, comme Frédéric Passy, bientôt Prix Nobel de la paix. Lors d’une réunion de la Société d’économie politique, Gustave de Molinari et quelques autres reviennent sur cet attachement indéfectible et sur les moyens que le libéralisme promeut pour garantir la stabilité de la paix internationale.