Condillac dans son milieu intellectuel, par Auguste Lebeau (1903)

Dans le domaine de la théorie économique, Condillac est assurément un orignal, un éclectique qui a su prendre à des sources diverses et composer un système qui lui est propre. En préambule à l’étude d’ensemble qu’il se propose de faire du livre Le commerce et le gouvernement considérés dans leurs rapports l’un avec l’autre (1776), Auguste Lebeau étudie le milieu intellectuel dans lequel Condillac a conçu ses théories économiques. Lié d’amitié avec les principales figures de la science économique de l’époque, Condillac eut aussi l’occasion de fréquenter les philosophes et les penseurs italiens, qui lui permirent de former et préciser sa pensée. B.M.


Auguste Lebeau, Condillac économiste, Paris, Guillaumin, 1903

CHAPITRE PREMIER : L’HOMME ET LE MILIEU

La biographie, comme l’a dit Rossi, peut avoir son utilité pour l’histoire de la science, car il est parfois des faits personnels qui exercent une influence certaine sur le développement scientifique de l’individu et sur les créations de son génie. [1] C’est ainsi, par exemple, que les divergences qui séparent les conceptions économiques de Vincent de Gournay et de Quesnay trouvent leur explication dans la différence des milieux où ils vécurent et des occupations auxquelles ils se consacrèrent.

La vie de Condillac n’offre aucune de ces particularités remarquables[2] : elle se passa tout entière dans l’étude ; sa régularité et sa dignité furent constantes dans ce siècle où tant d’abbés n’eurent d’abbé que le nom, tel Galiani. S’adressant à l’infant duc de Parme et de Plaisance, dont il fut le précepteur de 1757 à 1767, il trace cette fine esquisse de l’existence d’un homme heureux : « Quand on ne connaît pas le monde, dit-il, on l’imagine tout autrement et on juge par exemple que Paris est la ville des plaisirs ; mais, puisque vous n’êtes point fait pour y vivre, il faut vous apprendre que vous n’avez rien à regretter. À Paris les hommes les plus heureux ne sont pas enveloppés dans le tourbillon du monde : ils se tiennent à l’écart. Occupés par état ou par goût, ils ne cherchent un délassement que dans une compagnie d’amis choisis, occupés comme eux. Ils ne s’ennuient jamais quand ils sont ensemble, parce que leur conversation a toujours un objet. S’ils se taisent, ils ne s’ennuient pas encore, parce qu’ils ne se sont pas imposé la loi de parler comme font ceux qui n’ont rien à dire. » [3] Telle fut sa propre vie : ce fut celle d’un penseur et d’un sage. [4]

En retracer l’heureuse uniformité ne jetterait aucune lumière sur la formation de ses théories économiques. Cependant, quelles que soient l’originalité et la force d’esprit d’un homme, il ne peut jamais se soustraire complètement à son temps, échapper à l’influence des idées qui dominent. Cette influence est d’autant plus grande qu’il est en relations plus étroites avec ses contemporains qui dirigent le mouvement intellectuel et qu’il y est lui-même plus activement mêlé.

Il est donc un côté de la vie de Condillac qui ne saurait nous laisser indifférents, surtout si l’on considère qu’il vécut au XVIIIe siècle, à cette époque où, parmi d’ardents enthousiasmes et de passionnées critiques, naissait la science économique : quels furent ses amis, ses lectures, son rôle dans les polémiques provoquées par les écrits de Quesnay et de ses disciples, telles sont les questions auxquelles nous essaierons de donner une réponse dans ce chapitre et dont la solution nous paraît devoir être utile dans l’étude du Commerce et du Gouvernement considérés relativement l’un à l’autre.

***

Dans sa propre famille, Condillac rencontra d’abord un homme qui fut l’un des représentants les plus connus du socialisme au XVIIIe siècle, son frère l’abbé de Mably. Sauf en quelques rares passages de ses livres d’histoire et du Commerce et du Gouvernement il ne se fit guère l’écho des théories fraternelles.

Il semble qu’il subit davantage l’influence de Jean-Jacques Rousseau. Il l’avait rencontré, vers 1740, chez un autre de ses frères qui était grand prévôt de Lyon. L’auteur du Contrat Social était alors le précepteur des enfants de ce magistrat. Condillac, que sa nature timide et réservée avait fait quelque peu méconnaître des siens[5], trouva en lui un ami qui le comprit et devina son talent. La mort seule devait mettre fin à cette amitié, et c’est là le plus probant éloge que l’on puisse faire du caractère de Condillac si l’on considère la susceptibilité extrême qui empoisonna la carrière de Jean-Jacques Rousseau. [6]

La publication de l’Essai sur l’origine des connaissances humaines, son premier ouvrage, fut pour Condillac la cause de relations amicales avec Diderot. L’auteur du Traifé des Sensations, celui qu’on devait considérer plus tard comme le représentant philosophique du XVIIIe siècle, ne trouvait pas d’éditeur. Rousseau, à qui il confia son embarras, lui fit faire la connaissance de Diderot, qui parvint à faire accepter le manuscrit par le libraire Durand. [7]

L’Essai sur l’origine des connaissances humaines, puis, quelques années après, le Traité des Systèmes rendirent Condillac célèbre. Les salons, qu’on a appelés l’une des institutions du siècle, lui ouvrirent leurs portes. « C’étaient de véritables petits parlements qui connaissaient de tout en toute matière, où le talent de bien dire autorisait à tout dire et qui parfois gouvernaient les ministres en un temps où les ministres gouvernaient le roi. » L’on voit alors ses relations s’étendre. Dans le salon de mademoiselle de Lespinasse, « où le fait d’être reçu était presque un titre de considération » et « où l’on était sûr de trouver, depuis cinq heures du soir jusqu’à dix, l’élite de tous les états, hommes de cour, hommes de lettres, ambassadeurs, seigneurs étrangers, femmes de qualité… »[8], il se lie avec Turgot et d’Alembert. [9] À Auteuil, chez madame Helvétius, il rencontre l’abbé Morellet et Condorcet. Il a des rapports amicaux avec Voltaire. [10] L’abbé Baudeau, dans les articles des Nouvelles Éphémérides économiques où il critique Le Commerce et le Gouvernement, lui rappelle qu’il fut l’ami de Quesnay[11], et Deloynes d’Autroche, dans son Éloge de Condillac, s’exprime ainsi : « Il est aisé de juger qu’une âme aussi belle que celle de M. l’abbé de Condillac était faite pour inspirer et sentir l’amitié : il eut donc des amis, et quels amis ! Son génie et sa vertu nous garantissaient l’excellence de son choix. Les nommer, c’est faire à la fois son éloge et le leur. C’est vous rappeler les Citoyens vraiment Philosophes et les Philosophes vraiment Citoyens qui, de nos jours, ont avec lui le plus honoré, chéri et défendu l’humanité. À ces traits vous reconnaissez sans doute le Père de la Science économique et le Père d’Émile : Quesnay ! Rousseau ! Condillac ! Quel triumvirat. Messieurs ![12] » Si Condillac connut le maître, il fut aussi l’ami de quelques-uns de ses disciples, de Dupont de Nemours[13], de Le Trosne[14] avec lequel il se lia plus intimement quand, après 1770, il eut abandonné Paris et se fut retiré dans son château de Flux près de Beaugency[15]. Il l’eut d’ailleurs pour collègue à la Société royale d’Orléans, dont il avait été lui-même élu membre ordinaire le 8 février 1776[16]. Il y rencontra aussi un physiocrate ardent, M. de Saint-Péravy, qui en était alors le président.

Tels semblent avoir été les hommes que fréquenta plus particulièrement Condillac : à côté de Rousseau, on y voit surtout des physiocrates et quelques économistes dissidents comme l’abbé Morellet et Turgot. Il est à présumer qu’il causa souvent avec eux de ce dont tout le monde parlait à cette époque, de la science nouvelle. Il serait étrange qu’il ne l’eût pas fait si l’on considère quelles discussions passionnées elle provoqua. En 1768, lorsque parut l’ouvrage de Mercier de La Rivière, l’Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques, ses partisans et ses adversaires se combattirent avec tant d’acharnement et l’économie politique était devenue un sujet si brûlant que d’un commun accord on dût convenir dans les salons de ne plus en parler. Il paraît qu’à cette occasion, Condillac intervint dans les polémiques et se montra défenseur ardent de l’Ordre naturel[17] ; mais il n’existe dans les journaux du temps aucun article qui puisse lui être attribué.

À cette date, d’ailleurs, il n’était que depuis peu à Paris : l’année précédente il était revenu d’Italie où pendant dix ans il s’était consacré à l’instruction de l’Infant de Parme[18].

L’économie politique jouissait alors dans ce pays, comme en France, du privilège de passionner les esprits : il n’est point téméraire de penser que Condillac connut les œuvres des principaux économistes italiens, car il semble que l’on peut relever[19] dans Le Commerce et le Gouvernement la trace de quelques idées du comte Pierre Verri[20] et de quelques-unes de celles émises par l’abbé Galiani dans son traité Della moneta[21].

À son retour en France, il tomba, comme nous l’avons vu, en pleine bataille économique : le rôle qu’il y joua, quelle qu’en fut l’importance, montre bien qu’il avait connaissance des ouvrages que l’on discutait. Il avait toujours manifesté, d’ailleurs, le grand cas qu’il faisait de l’économie politique : les volumes du Cours d’études, qui traitent de l’histoire ancienne et moderne, contiennent de très nombreuses considérations sur les questions économiques[22]. Il dut certainement lire, avant de composer Le Commerce et le Gouvernement, les Réflexions sur la formation et la distribution des richesses que Turgot publia dans les Éphémérides du citoyen en 1769[23]. Il nous apprend enfin lui-même qu’il se servit beaucoup, pour la composition de son livre, de l’Essai sur le commerce en général[24] de Richard Cantillon. Il lui a fait de très fréquents emprunts qu’il se plaît à reconnaître : « J’ai tiré de cet ouvrage, dit-il en note du chapitre XVI de sa 1re partie[25], le fond de ce chapitre et plusieurs observations dont j’ai fait usage dans d’autres. C’est, sur cette matière, un des meilleurs ouvrages que je connaisse… »

En somme, Condillac fut en relation avec les principaux économistes de son temps et il connut les ouvrages les plus importants qui furent publiés en France et en Italie sur l’économie politique. Il est donc logique qu’on retrouve dans son œuvre économique la trace de leur influence. Dans quelle mesure cette influence s’est-elle exercée ? C’est ce que l’analyse du Commerce et du Gouvernement précisera.

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[1] Rossi, Journal des Économistes, année 1842, t. II, p.222

[2] Condillac était né à Grenoble en 1715, d’une famille de robe appartenant au Parlement du Dauphiné et alliée à celle des Tencin. En 1746 il fit paraître l’Essai sur l’origine des connaissances humaines ; en 1749, le Traité des Systèmes. En 1762 il est nommé, en même temps que Fontenelle, membre de l’Académie royale de Berlin. Deux ans après parut le Traité des Sensations, ouvrage par lequel il est surtout connu maintenant et dont Michelet a dit que le titre contenait tout le siècle. Après avoir publié l’année suivante le Traité des Animaux, il fut choisi comme précepteur de l’Infant de Parme, et c’est pour ce prince qu’il composa le Cours d’études, qui comprend, outre des Leçons préliminaires, la Grammaire, l’Art d’écrire, l’Art de raisonner, lArt de penser, et un cours d’Histoire ancienne et moderne. Condillac revint en France vers 1768 et, le 22 décembre de cette année, il fut élu membre de l’Académie française où il succéda à l’abbé d’Olivet. En 1770 il semble s’être retiré à la campagne, dans son château de Flux près de Beaugency. Il s’occupa, de 1770 à 1775, de la publication du Cours d’études, et, en 1776, il fit paraître Le Commerce et le Gouvernement considérés relativement l’un à l’autre. Le 2 décembre 1777, le comte Ignace Potocki, grand notaire de Lituanie, lui demandait, au nom du gouvernement de la Pologne, de composer une logique à l’usage des écoles palalinales. Condillac accepta et publia en 1780 sa Logique. La même année, le 2 août, il mourut, à l’âge de 65 ans. Il laissait inachevé un ouvrage, la Langue des calculs, où il se proposait de montrer comment on peut donner à toutes les sciences la même exactitude qu’aux mathématiques. En 1798, on donna, d’après ses manuscrits, une nouvelle édition de ses Œuvres complètes, en 23 volumes. (Paris, Ch. Honel éditeur). — En 1821-23, une autre édition de ses Œuvres complètes fut faite par M. A.-F. Thery en 16 vol. in-8° (Paris).

[3] Condillac, Œuvres complètes, t. XVII : Histoire moderne, p. 339. — Paris, 1798

[4] Damiron, Mémoires pour servir à l’histoire de la philosophie au XVIIIe siècle, t. III. Paris, 1861.

[5] « J’ai vu, dit Rousseau, dans un âge assez avancé, un homme (Condillac), qui m’honorait de son amitié, passer dans sa famille pour un esprit borné ; cette excellente tête se mûrissait en silence. » (Émile, t. II.) « Je m’étais lié, dit-il encore, avec l’abbé de Condillac qui n’était rien non plus que moi dans la littérature, mais qui était fait pour devenir ce qu’il est aujourd’hui. Je suis le premier peul-être qui ai vu sa portée et qui l’ai estimé ce qu’il valait. Il paraissait aussi se plaire avec moi, et, tandis qu’enfermé dans ma chambre, rue Faubourg-Saint-Denis près l’Opéra, je faisais mon acte d’Hésiode, il venait quelquefois dîner avec moi tête à tête en pique-nique. » (Confessions.)

[6] Jean-Jacques Rousseau fit, à sa mort, Condillac dépositaire du manuscrit qui contenait les dialogues intitulés « Rousseau, juge de Jean-Jacques ».

[7] « Il travaillait alors, dit Rousseau en parlant de Condillac, à l’Essai sur l’origine des connaissances humaines… Quand il fut achevé, l’embarras fut de trouver un libraire qui voulût s’en charger. Les libraires de Paris sont arrogants et durs pour tout homme qui commence, et la métaphysique, alors très peu à la mode, n’offrait pas un sujet bien attrayant. Je parlai à Diderot de Condillac et de son ouvrage, je leur fis faire connaissance. Ils étaient faits pour se convenir, ils se convinrent. Diderot engagea le libraire Durand à prendre le manuscrit de l’abbé, et ce grand métaphysicien eut, de son premier livre et presque par grâce, cent écus qu’il n’aurait peut-être pas trouvés sans moi. Comme nous demeurions dans des quartiers fort éloignés les uns des autres, nous nous rassemblions tous trois une fois par semaine au Palais-Royal et nous allions dîner ensemble à l’Hôtel du Panier-Fleuri. » (J.-J. Rousseau, Confessions.)

[8] La Harpe, Correspondance littéraire adressée à Son Altesse impériale le grand-duc, ajourd’hui empereur de Russie, et à M. le comte André Schowalow, chambellan de l’impératrice Catherine II depuis 1774 jusqu’en 1789. Paris, an IX, t. I, p.386

[9] Pendant son séjour en Italie, en 1764, Condillac faillit mourir de la petite vérole et Paris le crut mort quelque temps : « Vous savez sans doute, écrit Voltaire à d’Argental, que vous avez perdu l’abbé de Condillac, mort de la petite vérole et des médecins d’Italie. Nous perdons là un bon philosophe ». D’Alembert détrompa Voltaire : « Vous avez cru comme moi sans fondement, écrit-il, que l’abbé de Condillac était mort ; heureusement il est tiré d’affaire et reviendra bientôt chez nous jouir de la fortune et de la réputation qu’il mérite. La philosophie aurait fait en lui une grande perte. En mon particulier, j’en aurais été inconsolable. » Cité par Picavet. Edition de Ire partie du Traité des sensations, Paris, Delagrave, édit. Introduction, p.xxxviii.

[10] Damiron, op. cit., t. III.

[11] « En réduisant les sociétés policées à deux classes, vous anéantiriez le Tableau économique, ce chef-d’œuvre du maître, cet abrégé précieux de la doctrine économique. Vous n’avez certainement pas eu l’intention de faire ce tort à la science, ni à la mémoire du Dr Quesnay dont vous fûtes avant moi le disciple et l’ami. » (Nouvelles Éphémérides économiques, mai 1770.)

[12] Éloge de M. l’abbé de Condillac prononcé dans la Société d’agriculture d’*** le 18 janvier 1781, par M. Deloynes d’Autroche. À Amsterdam, M.DCC.LXXXI. — Cet éloge fut prononcé devant la Société royale d’agriculture d’Orléans.

[13] Œuvres de J.-B. Say, t. II : Collection des principaux économistes Guillaumin, t. XII, p. 365, Paris 1848. — Lettre de Dupont de Nemours à J.-B. Say, 20 juin 1814 : « Laissez-nous, écrivait Dupont de Nemours en les réclamant pour l’école physiocratique, Abeille qui m’a bien tourmenté dans ma jeunesse… Laissez-nous Condillac avec qui je m’entendais mieux. »

[14] En 1777, quand Le Trosne critiquera Le Commerce et le Gouvernement considérés relativement l’un à l’autre, il terminera l’introduction de son propre ouvrage, l’Intérêt social par rapport à la valeur, à la circulation, à l’industrie, au commerce intérieur et extérieur, par ces mots : « J’apporterai dans cette discussion qui n’a pour objet que l’instruction publique tous les égards que mérite l’auteur et j’ose me flatter qu’elle ne me fera rien perdre de l’amitié qu’il a bien voulu me témoigner. » (Collection des principaux économistes Guillaumin. Physiocrates, t. II, p.886)

[15] « Pour se dérober au spectacle affligeant de la corruption toujours croissante de la capitale, M. l’abbé de Condillac se choisit vers la fin de ses jours une retraite champêtre dans notre province : c’est là que, rendu à la nature qu’il aimait, il coulait des jours aussi paisibles, aussi purs que son cœur ; c’est là que le jardinage et l’agriculture partageaient avec l’étude tous ses moments, toujours si bien remplis ; c’est dans cet asile embelli par son goût, qu’il aimait à recevoir et qu’il recevait avec une cordialité si vraie, une satisfaction si engageante de véritables amis, quelques-uns de vous, Messieurs, et surtout ce digne confrère que nous pleurons avec lui (Le Trosne, mort la même année que Condillac, 1780) et qui lui était devenu d’autant plus cher, qu’il avait eu le courage de lui dire la vérité et de réfuter quelques erreurs économiques qui lui étaient échappées ; c’est là que sa bienfaisance travaillait sans cesse au bonheur de tout son canton dont il était autant chéri que révéré ; c’est là qu’il a été enlevé trop tôt, hélas ! à l’Amitié, aux Lettres, à la Philosophie… » (Deloynes d’Autroche, op. cit., p.109.)

[16] Registres de la Société royale d’agriculture d’Orléans, Archives du département du Loiret, 392e assemblée, 8 février 1776 : « … La Société s’étant ensuite occupée du remplacement de MM. Massuau et Brillard, a élu à cet effet M. Bonnot de Condillac, l’un des 40 de l’Académie française, abbé de Mureaux et ancien précepteur de Son Altesse royale Mgr le duc de Parme et de Plaisance, et M. d’Autroche en qualité de membre ordinaire de la Société. — De Saint-Péravy, président ; Loiseau, secrétaire perpétuel. »

[17] Nous avons eu connaissance de cette intervention par l’ouvrage de M. Schelle, Dupont de Nemour et les Physiocrates, Paris, Guillaumin édit., p.167 : « Condillac et le baron de Gleichen le défendaient (le livre de Mercier de La Rivière) au contraire avec chaleur… » Nous n’avons pu découvrir dans les journaux de l’époque, ni dans les mémoires des contemporains, de renseignements sur cette intervention. M. Schelle nous a dit en avoir trouvé l’indication dans les papiers inédits de Dupont de Nemours, qui lui furent communiqués, lors de la composition de son ouvrage, par les descendants américains du disciple de Quesnay.

[18] Dans les années qui suivirent son retour en France, Condillac fit paraître le Cours d’études qu’il avait composé pour son élève et qui comprend notamment plusieurs volumes sur l’Histoire ancienne et moderne.

[19] Cf. Espinas, Histoire des doctrines économiques. Paris, Colin édit. p.244.

[20] Verri (1728-1797) fit paraître en 1765 ses Elementi del commercio et en 1771 ses Meditazioni sull’ecconomia politica. — « Verri, a dit J.-B. Say, s’est approché plus que personne avant Smith des véritables lois qui dirigent la production et la consommation. » (J.-B. Say, Traité d’économie politique. 6e édition. Paris, Guillaumin, 1884. p.27.)

[21] L’abbé Galiani (1728-1787), que devaient rendre célèbre en France ses Dialogues sur le commerce des blés publiés en 1770, fit paraître à Naples, en 1750, un traité Della moneta qui contient une théorie de la valeur fort importante pour l’histoire des doctrines économiques. C’est précisément de cette théorie de la valeur que Condillac semble s’être inspiré pour élaborer la sienne.

[22] V. Œuvres complètes, édition de 1798. — T. 16, 17, 18, 19, 20. — Histoire moderne. — vol. II, p. 192, 193, 388 ; — vol. III, p.132, 135, 399, 404, 405, 413 ; — vol. IV, p. 398 ; — vol. V, p.137, 138, 142 ; — vol. VI, p.4, 488, 494, 503, 582.

[23] V. Éphémérides du citoyen, ou Bibliothèque raisonnée des sciences morales et politiques, novembre 1769, décembre 1769, janvier 1770.

[24] Essai sur la nature du commerce en général, traduit de l’anglais à Londres chez Fletclier Gyles, dans Holborn, M.DCC.LV. Tel est le titre de l’édition originale dont un fac-similé a été publié par les soins de Harvard University, London, 1897, Mac Millan and Cie, édit. En réalité, cet ouvrage fut composé par Cantillon, banquier d’origine écossaise, établi en France sous Louis XV et qui paraît avoir, à un certain moment, inquiété le célèbre Law. L’Essai sur le commerce en général ne fut point traduit de l’anglais, mais directement écrit en français. Ce livre exerça une influence considérable sur tous les économistes de la seconde moitié du XVIIIe siècle, notamment sur les physiocrates et Adam Smith. Cantillon semble être mort assassiné à Londres en 1734.

[25] V. Œuvres complètes (1798). — T. IV : Le Commerce et le Gouvernement considérés relativement l’un à l’autre, p.142.

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