Discours du 5 avril 1842 sur l’Algérie

Discours du 5 avril 1842 — Sur l’Algérie

[Moniteur, 6 avril 1842.]

 

La parole est à M. Gustave de Beaumont. 

M. GUSTAVE DE BEAUMONT. Messieurs, la question des affaires d’Afrique s’est placée, dès le début, sur le seul terrain qui désormais lui convienne ; et tel est aujourd’hui le sentiment de la chambre, d’accord avec celui du pays, que la chambre n’admet plus qu’on discute devant elle la question de savoir si l’on abandonnera ou si l’on conservera l’Afrique. Tout le monde aujourd’hui reconnaît qu’après douze années de sacrifices et d’efforts, renoncer à l’Algérie serait un aveu d’impuissance de notre part. 

Si, sous le rapport de nos finances, notre occupation d’Afrique peut être une cause d’affaiblissement, l’abandon de l’Afrique serait une cause d’affaiblissement politique mille fois plus déplorable. Tout le monde comprend aujourd’hui que désormais le nord de l’Afrique est à l’Europe, et qu’abandonner l’Afrique septentrionale, ce n’est pas seulement s’en retirer, c’est la livrer à une autre puissance qui s’en emparerait, et qui ainsi serait maîtresse dans la Méditerranée de 200 lieues de côtes, situées en face de la France. 

Quelle est donc aujourd’hui la seule question ? C’est de savoir quel est le meilleur, le plus sûr moyen de conserver l’Afrique ; et en second lieu, quel est le parti le plus profitable aux intérêts du pays que nous pouvons en retirer. Quant aux moyens d’y demeurer, je crois qu’il importe fort peu de savoir si quelque nation rivale conteste ou reconnaît notre puissance en Afrique. Tant que durera la paix, la France n’a pas de querelle sérieuse à craindre à cet égard. Si la guerre éclatait, tous les engagements pris durant la paix n’auraient guère de valeur. 

La véritable politique sur ce point est de se placer en Algérie dans une situation inexpugnable, de profiter du temps de la paix pour se tenir en Afrique prêt à toutes éventualités. C’est de cette manière que la question extérieure et la question d’Afrique sont intimement liées l’une à l’autre. Et ceci montre l’erreur de ceux qui croient que les plus grands périls pour l’Afrique sont en Afrique. Ils ne sont pas en Afrique, ils sont en Europe, dans l’éventualité d’une guerre européenne. 

L’honorable M. Thiers, et les orateurs qui l’ont précédé à cette tribune, vous ont dit avec raison, Messieurs, et vous ont demandé quel serait le sort de nos possessions, de notre armée d’Afrique, de la population européenne sur ces côtes, dans le cas où une guerre éclaterait, alors que nous y avons 70 000 hommes au prix de 80 millions. 

On vous a demandé comment alors il serait possible tout à la fois de maintenir 70 000 hommes en Afrique, ou d’en amener la moitié en France ; comment il serait possible de donner des secours à l’armée qui resterait en Afrique, et à la population européenne placée à côté de cette armée. 

On vous a soumis cette question, et on vous a fait comprendre quelle éventualité terrible y était attachée. 

Cette éventualité, on l’avait comprise bien vivement en 1840, et lorsqu’un an après, dans l’année 1841, je visitais l’Afrique, j’ai trouvé cette impression encore toute vivante. 

L’honorable M. Thiers, et les orateurs qui l’ont précédé, en ont conclu à la nécessité absolue où nous nous trouvons de rendre l’Afrique et l’armée d’Afrique indépendantes des éventualités d’une guerre. C’est en se plaçant à ce point de vue, que l’honorable M. Thiers, et avant lui, M. de Corcelles, se sont si vivement et avec tant de raison préoccupés de l’achèvement du port d’Alger. 

Je ne pense pas, Messieurs, avec M. Thiers, que l’achèvement du port d’Alger soit aujourd’hui la seule chose urgente à faire en Afrique pour atteindre le but que nous nous proposons, c’est-à-dire la certitude de la conservation de l’Algérie. 

Si la chambre me le permet, je lui dirai tout à l’heure en quoi je diffère de l’honorable M. Thiers sur ce point ; mais je reconnais avec lui que l’achèvement du port d’Alger est un des principaux besoins actuels de la politique qui veut être sûre de conserver l’Afrique. Il importe donc extrêmement, Messieurs, que nous soyons, sur ce point, éclairés complètement sur les intentions du gouvernement. 

Après deux heures de discussion, hier, la question, Messieurs, en est revenue à son point de départ, c’est-à-dire à l’état de la plus profonde incertitude sur les intentions du ministère. Un moment, Messieurs, ses intentions si ténébreuses ont paru s’éclaircir par le discours de M. le président du conseil ; mais, il faut le reconnaître, M. le ministre des travaux publics a bientôt restitué au débat la plénitude de son obscurité. (On rit.) Je ne reprendrai pas, Messieurs, toute cette discussion. Je me bornerai, sur ce point, à rapporter le témoignage d’un fait ; je dirai ce que j’ai vu moi-même en Afrique. Un doute s’est élevé sur le point de savoir si, en réalité, on continuerait ou si on ne continuerait pas le port d’Alger. Je ne sais pas ce qu’on y fait en ce moment, à l’heure où je parle ; mais ce que je puis affirmer, c’est que, aux mois de mai et de juin 1841, on n’y travaillait pas ; mais en même temps j’ai remarqué qu’on travaillait à ces quais dont la construction aurait été beaucoup plus opportune après qu’avant l’achèvement du port. 

On a élevé une discussion sur la quantité de mètres qui étaient exécutés. En 1841 j’ai vu 150 mètres exécutés ; le fait est constaté dans les notes que j’ai ici. Or si, comme on l’a dit hier, il n’y a que 150 mètres d’achevés aujourd’hui, il en résulterait que depuis un an il n’en a pas été ajouté un seul. Messieurs, l’interruption des travaux à Alger, lorsque je l’ai constatée, n’était pas momentanée, accidentelle ; elle était un fait continu, volontaire ou plutôt commandé, et beaucoup de personnes, je le déclare à cette tribune, beaucoup de personnes ont tenu devant moi ce langage. Comment donc se fait-il que les 900 000 fr. donnés par les chambres pour la prolongation du môle d’Alger ne reçoivent pas leur destination ? J’ai entendu aussi, dans le port même d’Alger, en le visitant, beaucoup de marins exprimer leur opinion sur le point de savoir quel était le meilleur du port à exécuter, d’après le projet de M. Raffeneau Delile ou de M. Poirel. Eh bien, quelle a toujours été la conclusion des discussions à cet égard ? Cette conclusion est celle-ci : Il n’y a de raisonnable que le plan qui peut s’exécuter vite et à des frais modérés. Vouloir entreprendre un travail dont le premier plan est de 20 à 25 millions, et qui, par conséquent, coûtera probablement 30 à 40 millions, et qui ne pourra s’exécuter qu’en quinze ou vingt ans, c’est absolument comme si l’on ne voulait rien faire. Voilà ce que j’ai entendu dire sur le port d’Alger. On ne disait pas, à la vérité : le gouvernement ne veut pas faire le port d’Alger, mais on disait que s’il ne voulait pas le faire il n’agirait pas autrement. 

Voici encore, Messieurs, ce que j’ai entendu dire du plan de M. Raffeneau Delile, de ce plan grandiose, qui s’applique, non seulement au port d’Alger, mais à tous les ports du littoral de l’Algérie, plan gigantesque conçu un peu dans l’esprit qui dirige le corps des ingénieurs français. 

On regarde comme une chose véritablement déplorable cet éparpillement sur le littoral de l’Algérie, de tous les travaux, de tous les efforts, de tous les millions. J’ai entendu dire qu’on allait faire en Afrique comme en France, c’est-à-dire commencer partout et ne finir nulle part. (À gauche. Très bien !) Enfin, j’ai entendu dire ce que je répéterai ici : c’est que, quant à cette question de port, il n’y avait qu’une chose raisonnable à faire, c’est-à-dire de concentrer tout ce qu’on avait d’effort, tout ce qu’on avait d’énergie, tout ce qu’on avait de ressources financières pour créer rapidement un port à Alger, centre de notre puissance politique. 

Voilà ce qu’on disait, et je crois que l’on avait raison. 

À mes yeux, l’achèvement du port d’Alger est d’une importance capitale pour la conservation de nos possessions. Je joindrai donc toutes mes instances à celles qui ont été adressées au gouvernement, pour qu’il nous fasse connaître parfaitement quelles sont ses intentions. 

Mais, comme je le disais tout à l’heure, l’achèvement du port d’Alger est un moyen, mais c’est seulement un des moyens qui sont nécessaires pour atteindre le but qu’on se propose. Sans doute le port est la première des nécessités pour faire arriver à Alger des bâtiments apportant des secours destinés à protéger nos possessions ; mais quel sera cependant le sort de notre armée d’Afrique et des populations qui sont à côté de cette armée, si ce secours ne leur parvient pas ? Quel sera leur sort si ces vaisseaux qui se dirigent vers le port, car il y aura un port pour les recevoir, ne peuvent y entrer, s’ils en sont empêchés par un blocus ? Si un jour l’Algérie se trouvait dans l’impossibilité d’être ravitaillée, elle qui ne vit que des secours que lui apporte chaque jour le paquebot de France ?

On parle de flotte, on parle de port. Sans doute cela est nécessaire ; mais je demande si cela suffira, si la population aura des moyens certains d’existence. Vous en douterez, Messieurs, lorsque vous vous rappellerez ce fait si extraordinaire, et cependant si officiel que vous signalait hier l’honorable M. de Corcelles à cette tribune, lorsqu’il déclarait que, pour faire vivre la population et l’armée d’Afrique pendant l’année 1841, il avait fallu l’arrivage dans le port d’Alger de 6 000 navires. Eh bien, en temps de guerre, qui vous répondra de l’arrivée, dans le meilleur port de l’Algérie, de 6 000 navires, qui sont pourtant nécessaires pour assurer l’existence de la population et de l’armée d’Afrique ? 

Je conclus de là qu’il y a nécessité absolue non seulement de créer le port d’Alger, mais de se placer en Afrique dans une position telle que l’armée et la population soient indépendantes des secours en subsistances qui lui viennent de la mère-patrie. 

Je dis que, pour cela, il n’y a qu’un seul moyen, et j’appelle sur ce point l’attention de la chambre, ce moyen, c’est l’établissement en Afrique d’une population agricole qui, par ses produits, puisse faire vivre l’armée et se suffire à elle-même. 

Voyez quelle est notre situation en Afrique ; elle est périlleuse en cas de guerre ; et, en temps de paix, est-elle tolérable ? Aujourd’hui, à l’heure qu’il est, 70 000 hommes au prix de 80 millions ! Si nul ne demande qu’on abandonne l’Afrique, quel est celui qui admettra que ce soit là l’état normal, 70 000 hommes au prix de 80 millions ! 

Eh bien, celle population agricole, dont je désire l’établissement en Afrique, en même temps qu’elle assure la subsistance de l’armée, peut seule féconder l’Afrique. Elle seule assure la conquête, et seule peut la rendre profitable. 

Voilà comment la colonisation de l’Afrique est aussi urgente que la construction du port dont je parlais tout à l’heure. 

L’opinion que j’exprime est celle de beaucoup d’hommes éclairés qui ont réfléchi profondément sur cette question. Je crois que c’est aussi l’opinion du gouvernement, car il veut la colonisation, et la commission a exprimé cet avis. 

Mais, dit-on, et j’aborde de suite cette objection qui me paraît principale, comment coloniser avant d’avoir fini la guerre. 

Messieurs, certainement il serait beaucoup plus facile de coloniser après avoir fini la guerre ; seulement qu’il me soit permis d’adresser cette question : Quand finira la guerre ? Pour mon compte, j’éprouve la plus grande confiance dans la valeur de nos soldats et dans le génie militaire du général éminent qui les commande ; je ne doute pas que partout le succès ne s’attache à leurs armes ; je suis convaincu que partout où se portera notre armée d’Afrique elle triomphera. Pour mon compte, je ne refuserai rien de ce qui sera demandé en hommes et en argent. 

Mais enfin, quand notre armée aura vaincu, quel sera l’effet de ses victoires ? Les tribus de l’Algérie seront soumises, je n’en doute pas : quel sera le résultat de cette soumission ? Abd-el-Kader sera-t-il détruit, ou seulement affaibli ? La victoire est aujourd’hui à Mascara. Jusqu’où faudra-t-il la porter ? On va détruire la tribu des Hacheras, mais après, vous trouverez ce qu’on appelle le désert d’Angad, ce désert que l’on appelait ainsi il y a quelque temps, et qui, dit-on, aujourd’hui est le pays le plus fertile et le plus peuplé de toute l’Afrique. Quand trouvera-t-on le vrai désert ? Qui dira : la guerre sera finie à telle époque ? Et cependant, Messieurs, il y a urgence de parer à cette éventualité, dont nul ne sait le terme, dont nul ne peut dire s’il est éloigné ou rapproché. Nul ne sait combien de temps durera la guerre d’Afrique ; nul ne sait combien durera la paix de l’Europe. 

J’écarte donc cette première objection, et je dis, avec votre commission, hâtons-nous ; hâtons-nous d’établir en Afrique une population agricole, qui assure à l’armée et à elle-même des moyens d’existence. 

Mais en même temps que la venue en Afrique d’une population agricole est la chose la plus nécessaire, il faut reconnaître aussi que c’est peut-être la chose la plus difficile. 

Il ne suffit pas, pour coloniser, de décréter la colonisation et d’organiser administrativement l’émigration, à 3 sous par lieue, de tous ceux qui voudront se rendre en Afrique, de leur payer leur passage sur la Méditerranée, de leur créer sur les lieux des moyens d’existence pendant quelque temps. Tous ces moyens sont bons, dans une certaine mesure ; déjà ils ont été employés ; ils le seront encore avec plus ou moins de succès, je n’en doute pas ; mais tout cela ne servira qu’à amener en Afrique un certain nombre d’ouvriers, beaucoup de cabaretiers, beaucoup de vagabonds et de mendiants, qui resteront en Afrique tant qu’on leur donnera quelques secours ; et qui s’en iront lorsqu’on cessera de leur distribuer leur pitance de chaque jour. 

Ce n’est pas ainsi qu’on pourra créer en Afrique une population agricole. 

Comment donc attirer cette population ; et comment la retenir quand elle sera arrivée en Afrique. 

Messieurs, pour attirer en Afrique une population agricole, il suffirait d’une seule chose qui, il est vrai, à elle seule en comprend plusieurs. 

Ce serait d’établir en Afrique la sécurité. Si la sécurité était établie, on y verrait arriver une population très considérable, et vous allez le comprendre par un seul fait. 

Il émigre d’Europe tous les ans une population d’environ 100 000 personnes qui vont chercher dans des contrées lointaines un nouvel établissement et une meilleure existence. D’où vient donc qu’une partie de ces émigrants ne se dirige pas vers l’Afrique alors qu’ils vont au Canada, aux États-Unis, à la Nouvelle-Zélande, en Australie, dans des contrées qui sont situées à 6 000 lieues de nous, tandis que, en partant de Marseille, elles ne seraient qu’à deux jours de l’Afrique. Pourquoi ? Par une seule raison : c’est qu’il n’y a pas de sécurité en Afrique. 

Pourquoi n’y a-t-il pas de sécurité en Afrique ? Cela tient à trois causes principales : la première est la guerre ; la seconde est l’insalubrité du climat, et la troisième, j’en parlerai tout à l’heure. 

Quant à la guerre, il est certain qu’il n’y a pas de sécurité possible au milieu des fureurs de la guerre ; mais en même temps il est reconnu qu’il serait possible et même facile de créer artificiellement sur cette terre livrée à la guerre un certain territoire parfaitement protégé contre les incursions des maraudeurs arabes ; centre de paix et de travail paisible au milieu des bruits de la guerre ; territoire tout européen, séparé des Arabes par un obstacle continu ; espèce d’île française au milieu de l’Afrique, sur laquelle seraient établies les lois et les mœurs de l’Europe. 

Ceci a été compris ; cela sera fait. Des officiers du génie pourraient expliquer les procédés extraordinaires à l’aide desquels l’exécution en aura lieu ; il est reconnu aujourd’hui qu’on peut créer un territoire sur le littoral de l’Afrique, dans lequel les colons soient à l’abri des violences de la guerre. 

Quant à l’insalubrité du climat, je crois qu’il est reconnu également qu’à l’aide de peu de travaux (on en a fait fort peu jusqu’à présent), on arriverait également à l’assainissement du climat. 

Ces objets, je m’en occupe peu, et voici pourquoi ; c’est que je sais qu’on s’en occupe beaucoup ; je sais que le gouvernement travaille efficacement dans ce moment à combattre ces deux périls qui empêchent d’abord toute colonisation ; je sais qu’il s’en occupe très sérieusement, je suis convaincu que ses efforts seront efficaces. 

Mais il y a un troisième obstacle, dont le gouvernement ne s’occupe pas, et qui, par cette raison, me préoccupe davantage. 

Ce troisième obstacle, écoutez-le bien, Messieurs, c’est l’absence totale en Afrique des conditions auxquelles peut exister une société civile. 

M. QUINETTE. C’est vrai ! 

M. GUSTAVE DE BEAUMONT. Messieurs, on songe encore, et on en est vivement préoccupé, aux moyens de remédier au mal qui naît du péril des Arabes, de l’insalubrité du climat ; mais on comprend moins l’urgence de remédier au mal qui naît de l’absence totale d’institutions. Quand je parle d’institutions et de droits, je vous prie de remarquer que je ne parle pas d’institutions et de droits politiques. Il n’est question pour l’Afrique, quant à présent, ni de droits électoraux, ni de représentation parlementaire, ni de liberté de la presse, ni de celle de la tribune, ni de droits municipaux, ni même du jury : selon moi quelques-uns de ces droits seraient très utiles en Afrique, et pourraient y être donnés sans aucun péril pour l’ordre ; mais enfin je ne parle ici que de ces droits civils dont l’objet immédiat est de protéger la liberté des personnes et de garantir la sûreté des propriétés, et sans lesquels je crois que l’on peut dire que la société civile n’existe pas. 

La commission, Messieurs, a touché cette question. Elle a dit : « Mais des institutions et des droits, on en donnera lorsqu’il y aura plus de colons. » 

Messieurs, c’est se placer dans un cercle vicieux. Vous attendez qu’il y ait plus de colons pour donner des droits ; mais c’est précisément parce qu’il n’y a pas de droits qu’il n’y a pas de colons. Il ne faut pas avoir en vue la population qui est en Afrique ; il faut avoir en vue la population qu’on veut y attirer. Quelle est, en réalité, la condition de tout individu arrivant en Afrique ? La commission l’a dit, Messieurs, il est soumis au régime de la dictature militaire. Telle est, Messieurs, ce qu’on appelle la législation spéciale de l’Algérie, qu’il n’existe pas un principe, pas un droit, pas une garantie qui ne tombe immédiatement devant un arrêté d’urgence du gouverneur général, et cette urgence s’applique à tous les cas, cette urgence est un mot banal. Cet arrêté d’urgence, qui, pour être mis en vigueur, n’a pas besoin de l’approbation de M. le ministre de la guerre ; cet arrêté, qui n’est pas seulement passager et destiné à pourvoir à un besoin du moment, mais qui devient immédiatement, dès qu’il paraît, la règle générale et permanente du pays, cet arrêté change violemment l’état des personnes, modifie subitement l’état des propriétés, introduit des nouvelles règles d’expropriation, prohibe les industries, défend tel ou tel commerce et va jusqu’à porter des pénalités. Je citerai tel et tel arrêté qui a porté des peines de trois et quatre années d’emprisonnement. 

Il y a des personnes qui croient qu’il existe des institutions civiles en Afrique, parce qu’il y a des administrations civiles. À mes yeux c’est une très grande erreur ; il y a des administrations, cela est vrai, je dirai même qu’il n’y a pas de fonction en France dont l’image n’ait été transportée en Afrique. Le cadre des fonctionnaires y est au complet, depuis le sous-préfet, qui s’y trouve sous le titre de commissaire civil, jusqu’au commissaire-priseur, à l’huissier, au procureur du Roi, au juge, au président, aux sergents de ville, tout y est complet. Nous y avons établi la police des passeports et des spectacles ; le régime de l’université y est en vigueur. Toutes les administrations financières y sont organisées depuis l’enregistrement et les domaines jusqu’aux contributions indirectes, jusqu’à l’octroi et aux eaux et forêts, et ces administrations financières coûtent seules 800 000 fr. L’administration et le fisc sont donc en règle à Alger ; il n’y manque absolument que des contribuables et des administrés. (Rires, à gauche.) 

Et savez-vous pourquoi il n’y pas d’administrés ? C’est parce que, en même temps qu’on a créé toutes les fonctions, sans en oublier une seule, on n’a pas songé à conférer une seule garantie ; et les garanties, elles ne se trouvent même pas dans l’espèce des fonctionnaires desquels on a coutume de les attendre ; je parle de l’organisation judiciaire. Quelles garanties, par exemple, Messieurs, peut offrir à la liberté individuelle un système d’instruction criminelle suivant lequel le procureur général est investi de tous les pouvoirs de l’instruction, où il n’y a aucune forme protectrice pour le prévenu ; où il n’existe ni chambre du conseil, ni chambre d’accusation ; où le procureur général est investi du pouvoir exorbitant d’arrêter les personnes, de les mettre arbitrairement en liberté, de commencer, d’abandonner, de reprendre et d’abandonner encore la procédure, et cela sans aucune limite, sans aucune fin. 

Je demande si on peut apercevoir aucune garantie quelconque dans un système d’instruction criminelle suivant lequel le prévenu, après avoir subi cette sorte de procédure, paraît devant un tribunal. Quel tribunal ? Un tribunal composé d’un juge unique ! Incroyable anomalie dans nos lois !… D’un juge unique, imitation sans doute du cadi musulman, ce qui est sauvage, ou du juge unique anglais, ce qui est absurde ; lequel juge unique, dans certains cas, peut prononcer la peine de mort, et, dans beaucoup de cas, prononce sans appel jusqu’à deux ans d’emprisonnement. 

M. ODILON BARROT. Aucun juge anglais n’a ce pouvoir ! 

M. G. DE BEAUMONT. Ces administrations, imitées de nos administrations, en magistrats qui rappellent le nom de nos magistrats, donnent quelquefois, quand on les contemple, l’illusion d’une justice, d’une administration, d’une société régulière ; mais qui ne voit qu’en l’absence de toute règle pour les fonctionnaires, qu’en l’absence de tout droit pour les particuliers, il ne peut résulter pour la population civile de cet amalgame de soldats tout-puissants et de fonctionnaires qui n’ont pas de frein, il ne peut résulter de tout cela qu’un triste mélange de tyrannie administrative et de despotisme militaire ; d’un côté, le soldat qui heurte ; de l’autre, le commis qui réglemente ; tantôt la violence du sabre qui brise les droits, tantôt le génie administratif qui les fausse, les trouble, les inquiète et les gêne, même en les protégeant ; en un mot la réunion étrange de tous les abus de la règle avec tous les excès de l’arbitraire. (Approbation à gauche.) 

Messieurs, la commission voudrait que l’on colonisât, et cependant elle approuve complètement le système de dictature dont je viens de vous faire le tableau. 

M. DUPRAT, rapporteur. Pas le moins du monde ! 

Nous avons dit que, dans l’état où était l’Afrique, lorsque l’on tirait des coups de fusil dans les rues, quand rien n’y était sûr, il était impossible d’y introduire les règles du droit commun, mais que nous appelions de tous nos vœux le moment où l’on pourra les y introduire. 

M. DE BEAUMONT. Alors je prie la commission de recevoir cette réponse que je lui adresse. 

Si la guerre sévit partout, si partout les fureurs sévissent, vous ne deviez pas demander qu’on colonisât au milieu de la guerre. Si, au contraire, vous voulez coloniser, réclamez immédiatement un certain nombre de garanties auxquelles je vois avec plaisir que vous êtes attachés vous-mêmes, et dont vous reconnaissez la nécessité, pour l’institution, précisément de ce que vous voulez établir. 

Mais je dis que vous êtes inconséquents, parfaitement inconséquents si, d’un côté, vous demandez la colonisation, et si, de l’autre, vous n’accordez pas à la colonisation les moyens sans lesquels elle ne peut pas exister. 

Je suis bien aise de recevoir cette déclaration de principes de la commission, car, soyez-en parfaitement assurés, jamais il ne s’établira un courant d’émigration de quelque importance d’Europe en Afrique si celui qui vient avec sa famille s’y établir, si celui qui y achète un champ, qui y bâtit une maison, qui s’y livre à une culture, n’a pas la certitude que le champ qu’il a acquis lui sera garanti ; que cette maison dans laquelle il s’est établi, il ne pourra pas en être arbitrairement chassé ; que cette culture à laquelle il se livre portera des fruits dont nulle puissance ne pourra le dépouiller. Je dis que s’il ne s’établit pas un certain nombre de règles qui donnent ces garanties, c’est une chimère que de poursuivre la colonisation. 

Et réfléchissez à la situation de la population que vous voudriez appeler en Afrique ! Voici des Français qui vivent en France sous le régime des lois, qui peuvent facilement y devenir propriétaires et qui, s’ils deviennent propriétaires, trouvent pour ce qu’ils possèdent la protection des lois et le régime d’institutions libres ; et vous voulez que ces hommes quittent la France, quittent un pays où ils rencontrent ces garanties, pour se lancer à travers les aventures et les périls attachés à tout établissement nouveau, et s’établir dans un pays où il n’y a ni droits, ni garanties, ni protection pour les propriétés, ni sécurité pour les personnes ! 

Je dis que c’est une chimère ; je dis que ce qui est le plus nécessaire à l’Afrique, c’est l’établissement d’un droit de propriété. 

Eh bien, c’est ce qui manque le plus en Afrique. Il n’y a pas de fait dont j’aie été plus fortement frappé que l’état précaire et confus de la propriété. 

Quant à sa confusion, je me bornerai à un seul fait, c’est que, depuis douze ans que nous sommes en Afrique, on n’a pas seulement cadastré les terres qui sont dans la banlieue d’Alger. 

Quant à son état précaire, sans parler des violences, des réquisitions, des actes arbitraires qui s’y commettent, il y a un fait qui, à lui seul, menace peut-être plus que toute autre chose la sécurité de la propriété, c’est le parti qu’a pris le gouvernement de coloniser, et pour coloniser, de faire rentrer à lui toutes les terres qu’il a dans l’origine imprudemment concédées. La pensée est bonne, je l’approuve ; mais quel est le moyen ? D’abord il conteste les titres quand ils peuvent être contestés, et cela est facile dans un pays de droit musulman. El quand il ne peut pas contester les titres, il exproprie, il prend à celui-ci pour donner à celui-là. Et quelle est la forme d’expropriation ? Chez nous le système protecteur de la propriété, c’est l’indemnité préalable, en cas de dépossession. En Afrique, le principe, c’est la prise de possession préalable, et l’indemnité vient ensuite, s’il y a lieu. Je dis, s’il y a lieu, car je connais des propriétaires qui ont été dépossédés en 1832, et qui n’ont pas encore reçu l’indemnité de leur propriété. 

Et savez-vous, Messieurs, car ceci est peut-être le trait le plus remarquable, et savez-vous ce que reçoit le propriétaire en indemnité, quand enfin cette indemnité arrive, cette indemnité qui quelquefois n’arrive pas ? On lui donne une indemnité en rentes, en rentes à toucher en Afrique. 

Ainsi, celui qui a acheté une terre, qui y a bâti une maison, qui y a dépensé un capital de 25 000 ou 30 000 fr., si on jette sa maison par terre ou qu’on l’exproprie tout simplement, on lui donne une rente à toucher en Afrique : singulier moyen pour retenir les gens en Afrique, mais triste moyen pour en attirer d’autres ! 

Messieurs, je ne voudrais pas qu’on se méprît sur ma pensée, je ne voudrais pas qu’on crût que j’attaque ici les hommes ou leurs intentions. Très souvent, j’ai besoin de le reconnaître et de le dire hautement, les sentiments les meilleurs président à ces actes que je blâme ; je voudrais seulement que la chambre comprît quel est le principe dont on a besoin pour établir une colonisation. Ce principe, c’est l’émigration volontaire. Or, vous n’attirerez des émigrants en Afrique qu’à la condition de respecter ce qu’ils considèrent comme leur droit. 

Je comprends très bien que souvent on voie avec dégoût l’égoïsme d’un colon qui refuse sa maison dans un cas urgent, qui abuse de la situation dans laquelle il voit de braves militaires pour leur faire payer le plus cher possible l’hospitalité qu’il pourrait leur donner à bon marché, qui refuse son champ pour l’établissement d’un édifice très utile à la colonie. 

Je comprends que cet égoïsme excite de l’irritation chez ceux qui voudraient trouver des sentiments plus généreux dans les colons. Je ne défends pas ici les propriétaires, je défends la propriété, et je crois qu’ici vous devriez vous placer au point de vue de l’homme d’État qui n’examine pas si tel ou tel sentiment chez le colon, dans telle ou telle circonstance, est bon ou mauvais, mais qui pense au principe dont il a besoin pour fonder une colonie. 

Plus vous réfléchirez, plus vous reconnaîtrez que la question revient toujours à ce point de savoir si, pour remédier à un mal on ne se place pas dans une situation plus mauvaise, si on ne rend pas impossible la venue en Afrique de cette population dont on a besoin et dont on ne peut pas se passer ; si en chassant par un procédé violent un colon peu digne d’estime et d’intérêt, je le concède, on n’empêche pas la venue d’un colon très intéressant dont la présence est indispensable. Voilà toute la question. 

J’ai souvent entendu vanter l’habileté de l’Angleterre à fonder des colonies, et c’est avec raison qu’on lui décerne cet éloge ; car l’Angleterre possède les colonies les plus florissantes de notre temps, et elle a rendu telles celles qui ne l’étaient pas avant de tomber entre ses mains. 

Eh bien, savez-vous quel a été son grand secret pour coloniser ? Il y en a un puissant entre tous, c’est, dès qu’une colonie se forme, alors même qu’elle n’est encore qu’au berceau, de vouloir qu’à l’instant même les institutions civiles qui protègent les personnes, et surtout les propriétés, soient fortement établies, que le droit commun de la mère-patrie y domine immédiatement, et cela sous la protection même de la charte anglaise qui suit le colon dans les contrées les plus éloignées, et le protège d’une telle façon que le droit du colon dans les colonies anglaises est aussi ferme, aussi absolu, aussi inviolable qu’il l’est dans la mère-patrie. 

Eh bien, il y a dans ce principe des colonies de l’Angleterre la valeur de toute une constitution. 

Ici, je suis bien aise de me trouver parfaitement d’accord avec M. le maréchal président du conseil, sur l’opinion duquel je suis heureux de m’appuyer. 

M. le président du conseil disait, en 1833, dans les instructions qu’il donnait à la commission d’Afrique : 

« Il est une autre question qu’on peut considérer comme une question vitale pour une colonie naissante : c’est la faculté laissée à l’autorité militaire de mettre en réquisition pour les besoins de l’armée, des propriétés particulières de quelque nature qu’elles soient. Les premiers temps de l’occupation ont nécessité de semblables mesures. Il fallait pourvoir avant toutes choses à la conservation des hommes et du matériel ; mais on ne peut se dissimuler que la continuation de ce système serait mortelle pour la colonisation et qu’elle ne datera vraiment que du jour où le respect observé à l’égard des propriétés privées attirera les acquéreurs et les affaires. » 

On est bien loin en Afrique des principes de M. le président du conseil. Eh bien, Messieurs, je n’hésite pas à le déclarer, s’il ne s’établit pas en Afrique d’autres principes touchant le droit de propriété notamment ; s’il ne s’y établit un certain nombre de règles parfaitement fixes, et surtout un autre esprit pour les appliquer ; si au milieu des circonstances extraordinaires dans lesquelles l’Afrique se trouve placée, et dont je reconnais l’existence, circonstances extraordinaires qui motivent souvent, qui souvent rendent nécessaires d’autres institutions et l’emploi d’autres moyens, le recours à des expédients qu’il est impossible de ne pas employer ; si, au milieu de ces nécessités que je ne contesterai pas, on ne parvient pas à établir pour le droit de propriété une espèce de lieu d’asile, une sorte de sanctuaire où il soit inviolable sous la protection du droit commun ; si on ne parvient pas à fonder quelque chose de semblable en Afrique, il vaut mieux ne pas entreprendre la colonisation. 

Maintenant, Messieurs, quel serait le véritable moyen, le moyen que j’appellerai législatif, pour amener l’exécution de ce que je désire ? Messieurs, permettez-moi de le déclarer, je suis profondément convaincu qu’il ne s’établira en Afrique ni propriété civile, ni société civile aussi longtemps que l’Afrique sera soumise, je ne dirai pas seulement à la domination absolue du pouvoir militaire, mais de l’esprit militaire. Messieurs, la prédominance de l’esprit militaire en Afrique y a d’abord pour première conséquence, et pour conséquence fatale la guerre, toujours la guerre. 

J’ai dit et je pense que la guerre sera encore longtemps nécessaire en Afrique ; j’en suis convaincu. Eh bien, soyez parfaitement certains d’une chose, c’est que, si l’esprit militaire continue à prédominer en Afrique, on y aura la guerre non seulement longtemps, mais toujours ; on fera non seulement la guerre pour les besoins de l’Afrique ; on la fera même quand elle n’y sera plus nécessaire. Je suis convaincu d’une chose, c’est que d’ici à peu de temps vous apprendrez qu’on aura dompté les tribus arabes de la plaine. Eh bien, permettez-moi de vous faire ici une prédiction : après qu’on aura dompté les Arabes de la plaine, on ira s’en prendre aux populations kabyles que jusqu’à présent on a respectées et auxquelles on trouvera moyen de chercher querelle. Je n’accuse pas les hommes, j’accuse leur situation, et je suis convaincu que les hommes qui commandent en Afrique sont dans une position qui les oblige fatalement, si ce n’est par leurs propres passions, du moins par l’influence de ce qui les entoure, à vouloir toujours la guerre ; quand les occasions de guerre ne se présenteront pas, on les fera naître. 

Cependant, Messieurs, la guerre, nécessaire à tout en Afrique, ne suffit à rien, et du moment où, après avoir dompté les populations arabes, vous voulez créer en Afrique une société civile, soyez sûrs qu’il faut pour cela d’autres procédés que ceux de la force et d’autres inspirations que celles de l’esprit militaire. 

J’ai conçu, jusqu’à présent, l’Afrique entre les mains du ministère de la guerre ; jusqu’à présent, la guerre a été tout en Afrique ; mais pensez-vous que cela puisse continuer, et si, dans l’origine, l’Afrique a été pour ainsi dire un champ de bataille, un camp où le génie de la guerre devait seul dominer, je demande s’il n’en sera pas autrement le jour où vous voudrez y créer une population civile ? 

Réfléchissez y bien, Messieurs, jamais le ministère de la guerre ne sera un frein contre la guerre, ni contre les mauvaises tendances de l’esprit militaire. Selon moi, la première chose à faire pour l’organisation de l’Afrique, ce serait d’arracher l’Afrique au ministère de la guerre. 

Il ne s’agit pas de dépouiller un ministère pour en enrichir un autre. L’Afrique est une affaire principale de sa nature, qui ne doit être l’accessoire d’aucune autre affaire, et son plus grand vice, en ce moment, c’est d’être une adjonction du ministère de la guerre ; il la gouverne mal, non seulement parce qu’il y apporte un esprit mauvais, mais surtout parce que l’Afrique est pour lui un détail ; et ceci a une autre conséquence ; comme l’Afrique est un détail, elle ne fait peser sur ceux qui la gouvernent aucune responsabilité;  qui osera demander compte de l’administration de l’Afrique à M. le président du conseil, qui, comme président du conseil, dirige les grandes affaires de l’État, qui, comme ministre de la guerre, porte le poids de la plus lourde administration ? Qui lui demandera compte de ce détail qui s’appelle les affaires d’Afrique ? Ce détail cependant comprend, en quelque sorte, sept ou huit ministères ; il comprend l’administration des finances, l’administration de la guerre, l’administration de l’instruction publique ; tous les ministères s’y trouvent. Il est nécessaire, Messieurs, que l’Afrique constitue un ministère à part ; mais, quel que soit le ministère chargé de l’administration de l’Afrique, quel que soit le système que l’on adopte pour l’organisation de ce ministère, je suis convaincu que l’on ne fera rien de durable, rien qui ait une véritable et solide valeur, si l’on ne donne pas à cette organisation la base d’une loi. 

Quel est le plus grand mal, le plus grand vice en Afrique ? C’est de n’avoir aucune règle. 

Je vous ai fait le tableau d’un état de choses déplorable ; mais il y a quelque chose de plus déplorable encore : c’est que le mal d’aujourd’hui, on n’est pas certain que demain il ne sera pas pire. Il faut donc une règle, une règle quelconque. Ce serait déjà quelque chose que cette loi pour donner foi dans notre possession ; et, n’eût-elle d’autre résultat que d’obliger le ministère à s’occuper de l’Afrique, à savoir ce qu’il veut y faire, à avoir un plan sur cette question, cette loi n’eût-elle que cet avantage, il suffirait pour que je persiste à la demander. 

Je n’examine pas ce qu’une pareille loi devrait contenir, ce qu’elle devrait abandonner au régime de l’ordonnance, comment elle devrait organiser les pouvoirs civils, l’administration, la justice, quels droits elle devrait conférer aux citoyens ; je dis seulement qu’il faut qu’une loi règle toutes ces choses, ou dise celles qu’elle ne veut pas régler. Je demande donc au gouvernement qu’il veuille bien s’engager à proposer une loi dans la prochaine session. (Approbation aux extrémités.)

A propos de l'auteur

Gustave de Beaumont est resté célèbre par sa proximité avec Alexis de Tocqueville, avec qui il voyagea aux États-Unis. Son œuvre, sur l'Irlande, les Noirs-Américains, ainsi que ses nombreux travaux académiques et politiques, le placent comme un auteur libéral sincère et généreux.

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