Gilbert Guillaumin, l’éditeur des économistes et des commerçants

Avec l’accord de son auteur, le professeur Luc Marco, l’Institut Coppet publie un extrait d’un article consacré à trois libraires du XIXe siècle, dont Gilbert Guillaumin, le fondateur du Journal de Economistes.

“Genèse du risque éditorial : la comptabilité à l’époque romantique dans le fonds des libraires du commerce” (Revue Management et Avenir)

Par Luc Marco, Professeur des Universités, Université Paris 13, CEPN-CNRS

Gilbert-Urbain Guillaumin est né à Couleuvre, dans l’Allier, le 14 août 1801. Il avait donc 39 ans de moins que Bailleul, et dix-neuf ans que Renard. Orphelin à cinq ans. Il est élevé par un rude oncle marchand de bois (Garnier, 1865, p.113). Monté à Paris en 1819, il devient commis de quincaillerie puis passe chez un commissionnaire. Il se lie d’amitié avec le gendre d’un éditeur : Louis Brissot-Thivars, né en 1792. A l’instigation de celui-ci et de ses amis libéraux, Guillaumin obtient son brevet de libraire en remplacement d’Hippolyte Baudouin en juin 1830 (Le Van Lemesle, 1985, p. 136 ; voir aussi le catalogue de Baudouin, 1820).

Pourtant un catalogue de 8 pages le donne déjà libraire en 1828 avec comme spécialité la littérature et l’histoire (Guillaumin, 1828). Mais cet axe éditorial ne lui permettait pas de couvrir ses frais, malgré son déménagement rue Vivienne puis au 5 du Passage des Panoramas en juin 1832 (Guillaumin, 1832). Il décide alors, vers le début de 1835, de se tourner vers l’économie politique, aidé en cela pas ses amis Jérôme-Adolphe Blanqui et Horace Say, fils du grand économiste Jean- Baptiste Say. Le 27 janvier 1835, il fonde avec un associé la Société d’édition Guillaumin-Levasseur et compagnie.

Son premier grand chantier est une « encyclopédie du commerçant » dont le premier volume consiste en un Dictionnaire du commerce et des marchandises contenant tout ce qui concerne le commerce de terre et de mer, qui paraît en 1837 pour le volume 1er et en 1839 pour le volume 2 (voir la réédition du 1er volume ; Guillaumin, 1852). Ce livre, signé par plus de 35 auteurs64, est coordonné par le jeune éditeur ; il sera profondément remanié en 1859 et réédité en 1863 sous le titre de Dictionnaire du commerce et de la navigation. Suite à la reprise du fonds Renard, fin 1849, sa libraire change donc de nom et devient la Librairie du commerce et de l’économie politique, de Guillaumin et Cie. En 1856, il inverse les deux domaines pour mettre l’économie politique avant le commerce (Guillaumin, 1856). Puis progressivement, au fur et à mesure que le fonds Renard s’épuise, il ne conserve que l’appellation « Librairie de Guillaumin et Cie. » (voir dans Jules de Vroil, 1870).

Victime d’une crise cardiaque en pleine rue, Guillaumin est mort à 63 ans, le 15 décembre 1864. Il a donc repris le flambeau de Renard-Bailleul et publié ensuite plusieurs comptables dont le célèbre Jean Gustave Courcelle-Seneuil (Marco, 1991). Mais qu’y avait-il donc de si important dans le fonds Renard pour que notre éditeur spécialisé en économie politique décidât de l’acheter en vente de gré à gré ?

Lire l’article complet : //www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=MAV_041_0124

La vente de livres comptables a concerné trois libraires parisiens au XIXe siècle : Bailleul, Renard et Guillaumin. A partir de ce fonds, Luc Marco calcul le risque éditorial de cette spécialité entre 1823 et 1850. Avec une durée moyenne de 25,7 années, l’écoulement de ces livres était très lent. Mais il rendait l’entreprise rentable. Les conditions techniques de l’époque exigeaient un tirage moyen important pour couvrir des prix de revient et des frais généraux élevés.

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