Intervention du 30 avril 1849 sur la question de Montevideo

Intervention du 30 avril 1849 sur la question de Montevideo

[Moniteur, 1er mai 1849.]

 

LE CITOYEN GUSTAVE DE BEAUMONT. Citoyens représentants, le rapport du comité des affaires étrangères et le langage qui a été tenu à cette tribune par l’honorable rapporteur m’autorisent à dire que le comité propose à peu près l’abandon de la question de Montevideo. 

Au banc de la commission. Non ! non ! du tout, c’est le contraire. 

LE CITOYEN GUSTAVE DE BEAUMONT. Le comité dit : Non ; je maintiens l’assertion, et la preuve, la voici en deux mots : 

Tel est le sens de la proposition du comité, ou bien le rapport, que le comité me permette de le dire avec tout le respect que je lui dois, ne signifie rien, et voici comment : 

Vous dites positivement, par l’article en discussion, article que l’honorable M. Aylies vient de combattre avec grande raison, mais par des motifs que je n’approuve pas, et c’est ce qui m’a fait demander la parole ; par cet article, vous dites qu’à une époque donnée qui est très prochaine, c’était le 1er juillet dans les premières propositions du comité, c’est le 1er septembre dans la deuxième version, que le subside payé à Montevideo, subside qui seul maintient entière la question, et sans lequel elle serait aussitôt perdue ; vous dites que ce paiement cessera d’avoir lieu le 1er septembre. Je dis que non seulement vous abandonnez ainsi la question, vous l’abandonnez encore d’une autre manière. 

Que voulez-vous ? Vous voulez qu’on traite, vous voulez qu’on négocie, vous vous récriez sur ce mot d’abandon, et vous dites : Nous n’abandonnons pas l’affaire, mais nous voulons qu’on négocie d’urgence. Je demande si c’est sérieusement qu’on invite ici le gouvernement à traiter quand on lui dit : Négociez ; nous vous donnons pour cela quatre mois ; que dis-je, quatre mois, nous vous donnons, non des mois, mais des jours ; car on donne, il est vrai, pour négocier, jusqu’au 1er septembre ; mais nous sommes au 1er mai, et quand arrivera dans les eaux de la Plata la négociation recommandée ? Dans deux ou trois mois au plus tôt. Négociez, dit-on, mais nous commençons par vous prévenir que le subside donné pour entretenir la force militaire qui lutte à Montevideo cessera à un jour marqué. 

Messieurs, une négociation de tout genre n’a de force morale véritable que par la force matérielle sur laquelle elle est appuyée. Du moment où vous déclarerez positivement que ce secours, à un certain jour, manquera, vous ôtez à la négociation tout son appui moral, et l’échec de la négociation est certain à l’instant où une pareille déclaration est faite. (Marques d’approbation.) 

Je comprends que dans votre pensée vous désiriez que d’ici au mois de septembre la question soit résolue, qu’une négociation meilleure que celle qui a été entamée jusqu’à présent soit poursuivie avec plus de succès, et que vous pressiez M. le ministre des affaires étrangères de suivre cette négociation. Mais, encore une fois, je ne comprendrai jamais, si vous voulez qu’une négociation efficace soit poursuivie, que vous veniez sommer le ministre de retirer le subside qui seul est l’âme de la négociation, et dire que ce subside cessera juste au moment où il importerait le plus de le continuer, et qu’ainsi vous détruisiez l’efficacité même du conseil que vous donnez au gouvernement. 

Ainsi, je suis fondé à le dire : je défie de contester sérieusement les conséquences logiques que je viens de tirer ; je dis que le sens de votre rapport et le langage que vous avez tenu ont pour signification nécessaire l’abandon de toute notre politique à Montevideo ; car vous réduisez notre intervention dans la Plata à une négociation qu’en même temps vous rendez impossible. 

Maintenant, en même temps que la commission propose, je le répète, notre retraite de la Plata, d’autres viennent dire à cette tribune (c’est ce que disait tout à l’heure l’honorable M. Aylies, qui ne faisait, du reste, que répéter le langage tenu déjà avant lui), d’autres disent : Non, il ne faut pas négocier, cela est inutile ; désormais il faut agir ; il faut une démonstration efficace sur les bords de la Plata ; il faut une expédition immédiate. 

Eh bien, je viens combattre, pour mon compte, tout à la fois cette opinion de la commission qui recommande l’abandon, et l’opinion de ceux qui veulent que la question soit résolue immédiatement par l’envoi d’une expédition. 

Messieurs, je ne veux pas reprendre, n’en ayez pas peur, cette question à son origine ; je ne veux point rappeler les motifs d’équité souveraine et de dignité nationale qui nous ont fait intervenir à Montevideo. Vous connaissez tous ces détails ; vous savez la gravité des intérêts français engagés sur les bords de la Plata, l’importance de notre commerce, le courant d’émigration française dirigé vers ces contrées, la nécessité de l’indépendance de Montevideo pour la protection de tous ces intérêts, les efforts tentés dans ce sens par notre diplomatie, les combats même livrés par nos soldats et nos marins ; en vous exposant ces faits, c’était vous dire les engagements que nous avons pris et l’impossibilité pour nous de les abandonner. 

Qu’il me suffise de dire qu’en 1840 nous avons, par un traité, reconnu et jusqu’à un certain point garanti l’indépendance de la république de l’Uruguay, de la bando-orientale. De cette reconnaissance, de cette garantie naît notre premier engagement. C’est cet engagement que l’honorable rapporteur du comité des affaires étrangères, aujourd’hui ministre des relations extérieures, l’honorable M. Drouyn-de-Lhuys, rappelait à la tribune il y a peu de temps. 

Depuis cette époque, vous savez comment de nouveaux engagements sont venus prêter à cet engagement de nouvelles forces ; comment, à la suite d’une discussion mémorable et solennelle qui honora la tribune française en 1844, une expédition fut entreprise en 1845 qui aboutit au combat sanglant et glorieux d’Obligado ; l’entrée du Parana fut forcée l’orgueil de Rosas fut humilié, et l’on crut un instant que tout était fini. 

Il n’en fut rien cependant ; mais, à cette époque, je le répète, un engagement nouveau fût pris par la France, qui, sans doute, n’eût pas sans une nécessité absolue ainsi dépensé l’or de la France et le sang de ses soldats. 

Vous savez aussi comment, depuis cette époque, trois ou quatre négociations, plus infructueuses les unes que les autres, ont échoué successivement. 

Enfin, quel est le dernier état de choses auquel j’arrive immédiatement pour ne pas fatiguer l’Assemblée ? À l’heure qu’il est, et par suite d’un engagement contracté le 12 juin 1848, il y a bientôt un an, la légion étrangère de Montevideo reçoit de la France un subside mensuel de 200 000 fr. sans lequel elle ne pourrait pas se maintenir et sans lequel la lutte serait à l’instant même terminée. 

Voilà l’état de la question. Je n’ai pas besoin de développer de plus longues considérations pour vous démontrer qu’il n’y a pas possibilité d’être engagés plus que nous ne le sommes dans cette affaire. 

Je n’examine pas si nous avons eu tort ou raison d’y entrer ; ce serait une question grave. Mais, prenez-y garde ! les questions sont pour les peuples non seulement ce qu’elles sont en elles-mêmes, mais aussi ce qu’elles sont par la manière dont elles se trouvent posées ; et quand une nation comme la France a pendant si longtemps engagé ses intérêts, son honneur, ses armées, ses nationaux à la défense d’une question, il ne dépend pas en un instant d’un caprice, je dirai même d’une résolution de l’Assemblée, de faire disparaître les considérations d’honneur et de dignité qui attachent le pays à cette question. (Très bien ! très bien !) 

Ainsi, pour mon compte, je tiens pour certain, pour incontestable, que nous ne pouvons abandonner Montevideo ; que si nous n’obtenons pas la satisfaction due à nos nationaux, à nos intérêts, et que si cet abandon qu’on vous propose, j’ose le répéter, était sanctionné par l’Assemblée, il en résulterait pour la France, pour notre honneur national, un dommage que, pour mon compte, je ne saurais trop déplorer. (Nouvelles marques d’approbation.) 

Que devons-nous donc faire ? Nous devons obtenir réparation, car vous ne voulez pas abandonner l’affaire, et vos acclamations répondent à mes paroles ; vous pensez que notre honneur y est attaché. 

Eh bien, quelle voie suivrons-nous ? 

L’idée de l’abandon étant écartée, faut-il envoyer immédiatement une expédition dans la Plata ? 

Messieurs, il ne faut pas se dissimuler les difficultés d’une telle entreprise ; on vous le disait tout à l’heure, et, suivant moi, elles sont plus grandes qu’on ne les a présentées. 

Le jour où nous entrerons avec une flotte française dans les eaux de la Plata, avec une flotte portant 8 000 ou 10 000 de nos marins et de nos soldats, quel sera le plan de campagne qu’on suivra ? Si j’en juge par bien des projets conçus et publiés, nous entrons à Montevideo, nous joignons nos soldats et nos marins à la légion étrangère, à la légion française ; immédiatement nous nous trouvons en face de l’armée commandée par Oribe, et, à mesure que nous nous avançons, cette armée qui, dans ce moment-ci bloque Montevideo, qui est aux portes de Montevideo, cette armée recule devant nous ; elle s’éloigne à travers des contrées immenses dont l’œil n’aperçoit pas le terme ; nous la poursuivons toujours ; à mesure que nous avançons, elle recule, et nous ne pouvons pas saisir ce fantôme que toujours nous poursuivons. 

Un membre. C’est la question ! 

LE CITOYEN GUSTAVE DE BEAUMONT. Oui, c’est la question. 

Nous pouvons atteindre Rosas d’une autre manière ; ce n’est pas seulement en poursuivant l’armée d’Oribe, d’Oribe, qui n’est que le prête-nom de Rosas dans cette affaire, qui n’est que son lieutenant déguisé ; ce n’est pas seulement en attaquant Oribe sous les murs de Montevideo que nous pouvons atteindre Rosas, mais encore en débarquant, soit sur les rives du Parana, soit aux environs de Buenos-Ayres… Je vous demande pardon si je prononce le nom comme je l’ai prononcé toute ma vie. 

(L’orateur prononce le mot Buenos-Ayres à la manière française et non à la manière espagnole, ainsi que l’ont fait de précédents orateurs. — On rit.) 

Plusieurs membres. Vous avez raison ! 

LE CITOYEN GUSTAVE UE BEAUMONT. Je ne me dissimule aucune de ces difficultés; il en est bien d’autres que j’omets ; mais déjà vous comprenez très bien que le gouvernement, le jour où il voudra entreprendre une pareille expédition, devra le faire avec une grande circonspection ; d’autant plus que désormais le concours et l’appui de l’Angleterre, dans cette affaire, paraissent nous échapper, ou il paraît que désormais le cabinet français sera seul dans cette affaire, où autrefois on était deux ; je crois que l’Angleterre est à peu près retirée des négociations, et que chaque gouvernement poursuivra désormais comme il lui conviendra la réparation de ses griefs personnels. Ceci a des inconvénients, mais peut aussi avoir des avantages ; votre action sera plus libre, plus personnelle, plus spontanée, vous ne serez enchaînés par aucun lien ; d’ailleurs, si la nécessité d’y aller vous était démontrée, peut-être à défaut de ce concours de l’Angleterre, qui va vous manquer, vous sera-t il possible de trouver ailleurs, moins loin de Montevideo que ne l’est l’Angleterre, un concours utile et efficace. Je comprends que le gouvernement, là-dessus, prenne son temps, qu’il étudie ses moyens. L’expédition sera difficile, je le répète ; ce n’est pas légèrement qu’on doit l’entreprendre. 

C’est pour cela précisément, je l’avoue, que je ne puis comprendre, et c’est ce qui m’a fait monter à la tribune, car j’y avais beaucoup de répugnance, que dans cette situation on vienne demander au gouvernement de faire immédiatement, ou dans un mois ou dans deux mois, une expédition alors que je n’aperçois pas de plans sérieux et bien réfléchis d’exécution, tels qu’il en faut pour agir. 

Mais j’ai un autre motif pour m’abstenir et pour craindre de pousser le gouvernement dans une pareille voie. 

Sans doute, il est très important de ne pas laisser la dignité du nom français péricliter dans la Plata ; j’y attache au tant de prix que ceux qui ont parlé avant moi à cette tribune. Mais est-ce que toutes les grandes questions qui, dans ce moment, agitent le monde, sont sur les rives de la Plata ? Quand je considère la situation de l’Europe, quand je considère non seulement ce que font en Europe en ce moment tous les gouvernements, mais aussi ce que nous y ferons, et ce que nous serons peut-être appelés à faire, vous croyez que j’inviterai le gouvernement de mon pays à presser, à faire immédiatement une expédition qui portera dans les eaux de la Plata une partie de nos soldats et de nos escadres ! J’avoue que j’éprouve un grand trouble à cet égard, et quand j’examine attentivement l’état de l’Europe, ce trouble s’accroît encore. 

Voyez : depuis le Jutland, où la ville de Kolding vient d’être brûlée et saccagée par les Allemands, jusqu’à la Sicile, où Catane vient de subir le sort cruel qui naguère fut infligé à la malheureuse Palerme ; depuis la ville d’Alexandrie, où les Autrichiens viennent d’entrer, à l’instant même, en dépit des espérances que nous avions conçues en notre diplomatie, jusqu’à la ville de Pesth, que les Autrichiens, vainqueurs en Italie, mais vaincus en Hongrie, sont obligés d’évacuer ; partout, du nord au sud, de l’est à l’ouest, je vois l’Europe en conflagration : une armée russe immense s’ébranle en Pologne, en Volhynie, dans tous les pays limitrophes de l’Allemagne ; à Berlin, des questions brûlantes sont prêtes à éclater, partout je vois prêtes à éclater des questions qui peuvent embraser le monde. Et vous voulez que, dans une situation pareille, j’excite le gouvernement de mon pays à détacher du sol français, à éloigner de nous la moindre parcelle de nos armées et de nos flottes ! Non, je croirais commettre une trop grande imprudence et je ne prendrais pas une pareille responsabilité. (Très bien ! très bien !) 

Savez-vous ce que représente l’expédition qu’on demande ? car enfin il faut se rendre compte de la nature et du nombre des forces dont il faudrait disposer pour exécuter cette expédition. En calculant ce qui serait nécessaire pour exécuter une pareille expédition dans les eaux de la Plata, on comprendra en même temps la somme des forces dont on se priverait sur le territoire français par le départ de ces forces militaires et navales. 

Eh bien, Messieurs, tous ceux qui ont étudié cette question avec soin et avec conscience (et quant à moi je n’ai pu y apporter que ma conscience, et je l’y ai mise tout entière), sont convaincus qu’il n’est pas sérieux d’entreprendre dans la Plata une expédition nouvelle qui puisse arriver à une conclusion utile et efficace, c’est-à-dire une conclusion… (Mouvement.) 

Messieurs, peu importe, en effet, d’aller devant Montevideo ou devant Buenos-Ayres tirer des coups de canon, détruire quelques batteries, brûler des villes, faire proclamer l’indépendance de Montevideo, après cela s’en revenir, pour voir rétabli un instant après ce que l’on était venu pour détruire. Peu importe de chasser des environs de Montevideo l’armée qui l’assiège, et qui, le lendemain, reviendra se placer au point d’où vous l’aurez expulsée. Ce que j’appelle une conclusion efficace, ce serait l’affermissement de la république de Montevideo sur des bases solides, ce serait de donner à son indépendance une existence sérieuse consacrée par un traité, et qui, en definitive, aurait pour nous ce résultat : en même temps que cette indépendance de Montevideo serait consacrée, de donner à nos nationaux la réparation de leurs griefs, et à tous les Montévidéens la garantie d’une amnistie sans laquelle leur vie et leur fortune seraient menacées. 

Voilà ce que je nommerais une conclusion efficace. Si vous voulez arriver à cette conclusion, tout le monde reconnaît que, pour l’obtenir, il faut absolument la préparation d’une force militaire et navale d’au moins 8 000 ou 10 000 hommes à joindre à la légion étrangère de Montevideo. 

Or, vous savez ce que c’est qu’une troupe de 10 000 hommes à embarquer, et lorsqu’en 1840 il a été nécessaire, pour trans porter 3 000 ou 4 000 hommes de plus dans la Plata, d’employer une escadre qui comprenait près de trente à quarante bâtiments grands ou petits, vous jugez de ce qui serait nécessaire pour porter dans les eaux de la Plata 10 000 hommes de troupes, marins ou soldats. 

Une voix. Il n’en faut pas tant ; 3 000 hommes seulement. 

Autre voix. Cela dépend. 

LE CITOYEN GUSTAVE DE BEAUMONT. J’entends dire qu’avec 3 000 hommes ou aura tout ce qu’il faut, et quelqu’un en même temps répond : Cela dépend de ce qu’on veut faire. 

Eh bien, c’est parfaitement vrai ; avec 3 000 hommes ajoutés à la légion étrangère, on fera ce qu’on a fait en 1840 et en 1845 ; nous sommes parfaitement sûrs que toutes les fois que nos marins et que nos soldats engageront une lutte avec les forces de Rosas, ils sont parfaitement sûrs de les vaincre. 

Cela est incontestable ; mais, après la victoire, quel sera le résultat ? et qu’arrivera-t-il si, quand vous serez partis, ceux que vous aurez vaincus viennent se remettre à la place d’où vous les aurez chassés ? 

Je dis que, pour atteindre le résultat que nous avons besoin d’obtenir, tous les hommes sérieux et traitant la question sérieusement soutiennent qu’il est impossible d’employer une force moindre de 8 000 à 10 000 hommes. 

Le CITOYEN GLAIS-BIZOIN. Il ne faut pas dire impossible. 

LE CITOYEN GUSTAVE DE BEAUMONT. Je répète, et je me borne à poser cette question en terminant sur ce point, que je ne crois pas qu’il soit d’un patriotisme éclairé et d’une politique sage et prudente de conseiller au gouvernement de mon pays, dans ce moment, de distraire de notre armée une force de 10 000 hommes transportés par une escadre qui devrait être considérable pour opérer un pareil transport. Je le pense d’autant plus que, dans cette considération, j’ai moins en vue peut-être les soldats que nous perdrions, que la marine qui s’éloignerait de vous ; car, si des luttes approchent, il ne faut pas perdre de vue quel sera le théâtre, sinon probable, du moins possible, de ces luttes ; et quand je pense à notre marine, je pense aussi à la Méditerranée ; je ne voudrais pas voir notre marine s’éloigner de la Méditerranée dans les circonstances politiques où nous sommes placés. 

Eh bien, cette double situation se résume comme ceci : d’une part, il est mauvais d’abandonner Montevideo ; d’autre part, je ne suis pas d’avis, pour mon compte, de dire au gouvernement : il faut faire une expédition aujourd’hui ou demain. 

Il n’y a qu’un parti à prendre, il faut, et par un autre motif que celui que donnait tout à l’heure mon honorable collègue et ami M. Aylies, il faut tout simplement adopter l’article que proposait le gouvernement, rejeter l’article proposé par la commission, voter ainsi le subside nécessaire pour payer les termes échus. Les négociations seront reprises ; Monte video, toujours secouru, tiendra, et les négociations, appuyées sur cette force, seront désormais plus favorables ; on saura, et il faut, en effet, que l’on sache bien que c’est là une question que nous ne voulons pas abandonner ; aujourd’hui, elle est en suspens, je le sais, et dans les eaux de la Plata, on dit qu’elle va être abandonnée, que la question est perdue. Mais, quand on saura que cela n’est pas, la négociation, qu’on dit perdue dans ce moment ci, reprendra sa force et sa vigueur ; la négociation redeviendra puissante lorsqu’on saura qu’au besoin elle serait appuyée par une plus grande force, lorsqu’on saura que vous êtes bien résolus d’avoir raison de Rosas et de ses injures, sauf à choisir votre moment pour exiger la réparation nécessaire ; lorsqu’on saura enfin que telle est la volonté nationale manifestée par un vole de l’Assemblée nationale, ce vote, je suis convaincu que l’Assemblée le donnera. (Très bien !)

A propos de l'auteur

Gustave de Beaumont est resté célèbre par sa proximité avec Alexis de Tocqueville, avec qui il voyagea aux États-Unis. Son œuvre, sur l'Irlande, les Noirs-Américains, ainsi que ses nombreux travaux académiques et politiques, le placent comme un auteur libéral sincère et généreux.

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