Les grands courants du libéralisme (1998). Par Alain Laurent

laurent liberalismeUne présentation des grands courants du libéralisme à partir d’un petit livre épuisé d’Alain Laurent. L’auteur divise le libéralisme en cinq grands courants.

Paru le : 02/09/1998
Editeur : Armand Colin
Collection : synthèse
ISBN : 2-200-21778-1
Nb. de pages : 96 pages

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Introduction : la tradition libérale et ses déclinaisons

Par Alain Laurent

« Système soucieux du respect des sujets de droit et de la liberté d’initiative des individus » : nul mieux, peut-être, que Michel Foucault n’a ainsi mieux cerné en peu de mots l’essence du libéralisme, en soulignant la connexion de ses deux axes forts du juridico-politique et du sociétal-économique. Cette définition a d’autre part l’avantage d’écarter deux interprétations courantes, mais biaisées, assimilant le libéralisme soit à une extrême tolérance teintée d’aimable scepticisme, soit au règne « sauvage » du prédateur capitaliste. Et lorsque, dans le même texte (Naissance de la biopolitique, 1979), Foucault ajoute que le libéralisme se caractérise en outre par une critique de la gouvernementalité excessive (« On gouverne toujours trop ») et la recherche du déroulement optimal du processus économique et des procédures gouvernementales, presque tout est déjà dit.

* Une longue histoire

Le libéralisme n’est ni né d’aujourd’hui, ni soudain tombé du ciel comme une pure invention dogmatique. Son émergence sociale, spontanée et graduelle, en tant que pratique et que théorie s’amorce en Europe dès les XVIIe et XVIIIe siècles – et embrasse aussi bien le droit général des individus (revendication de liberté de conscience et d’opinion contre le despotisme de l’État et de l’Église) que la liberté économique de contracter et d’entreprendre. Son histoire initiale, tant française (Montesquieu, Turgot) qu’anglaise (Locke, Smith), est celle de l’élaboration pragmatique d’une économie de libre-échange intimement liée à la critique de l’arbitraire de la monarchie absolue et des traditions de la société communautaire close.

Si le combat libéral en vue de contrôler et limiter le pouvoir pour y substituer la régulation par la loi et le marché s’est d’abord traduit par l’opposition à l’État régalien*[1] absolu, il a peu à peu changé d’objet aux XIXe et XXe siècles pour se focaliser sur et contre l’emprise bureaucratique et collectiviste de l’État protectionniste, puis totalitaire et enfin tutélaire (Providence). Mais il s’est toujours livré au nom d’un corps de valeurs et principes qui, sans constituer une doctrine établie, en font l’unité intellectuelle forte.

* La liberté des libéraux

La philosophie libérale prend foncièrement appui sur la primauté reconnue à la liberté humaine à la fois matrice et finalité d’un mode de coexistence et de coopération sociales inédit dans l’Histoire. Il s’agit en premier lieu de la liberté comme principe normatif et seulement ensuite des libertés (de conscience, d’expression, d’association, de possession privée, d’échanger, d’entreprendre et de contracter) qui l’actualisent. C’est la liberté de l’individu, des individus, de tous les individus – et non de fictives entités collectives. C’est une liberté d’action d’abord « négative » (s’affranchir de, ne pas dépendre de : « free from ») mais aussi à dimension positive (capacité d’agir en vue de : « free of »). Elle conduit à l’accomplissement personnel et c’est en ce sens qu’elle représente un bien intrinsèque : plus qu’un moyen, elle est une ou même la fin humaine en soi. Ce primat de la liberté individuelle fait qu’on traduit souvent à bon droit « libéralisme » par individualisme libéral; car si tout individualisme* n’est pas forcément libéral, le libéralisme est avant tout l’affirmation des droits de l’individu souverain – réputé être le moins mauvais juge possible de ses propres intérêts. Bien que la maxime libérale par excellence soit « L’égale liberté pour tous », la liberté prime ici l’égalité des conditions, cet égalitarisme qui se confond avec le collectivisme (exact antonyme du libéralisme).

* L’éthique de la responsabilité individuelle

Cette liberté libérale renvoie aussi à une capacité intérieure d’autodétermination qui fait de l’individu un sujet au sens philosophique du terme. S’opposant aux conceptions déterministes de l’homme, elle établit celui-ci en être capable de choix autonomes qui l’engagent devant les autres et dont il doit assumer seul les conséquences. Ainsi se fonde une responsabilité individuelle invitant à faire d’abord confiance à la personne et exigeant de toujours disposer de son consentement volontaire et contractuel.

Ces perspectives définissent une éthique libérale, soit un corps cohérent de principes et de valeurs impliquant des droits inaliénables de l’homme (en particulier de propriété de soi) et des devoirs (responsabilité de soi, respect du droit équivalent des autres) excédant la représentation convenue de l’individu libéral en homo œconomicus – cet automate calculant rationnellement la maximisation de ses intérêts égoïstes.

Reposant sur l’aptitude à l’apprentissage du libre gouvernement de soi, cette éthique voit dans la responsabilité individuelle une capacité de prévoyance et d’autodiscipline ainsi qu’une légitime aspiration à l’initiative créatrice et au droit de jouir des récompenses résultant de celle-ci.

* L’État limité par l’état de Droit

Pour les libéraux, la garantie des droits (qui sont beaucoup plus des droits de que des droits-créances à) et l’exercice des responsabilités nécessaires à une coexistence pacifique des libertés individuelles exigent l’instauration de règles générales et d’institutions appropriées. Cet état de Droit* (rule of law) formalisé par des lois assure l’égalité devant celles-ci tout en devant protéger les citoyens d’une éventuelle tyrannie de la majorité. Une telle protection institutionnelle implique l’action de pouvoirs publics chargés d’en exécuter et faire respecter les dispositions : l’État devant lui-même se conformer à ces règles constitutionnalisées qui en font un État de droit, géré par un gouvernement représentatif*.

Placé sous le contrôle du Droit et aussi décentralisé que possible (principe de « subsidiarité »), cet État libéral voit l’étendue de son pouvoir et de ses attributions rigoureusement limitée (jusqu’où ? C’est un clivage entre partisans de l’État minimal, voire dépérissant, et ceux d’un État arbitre, voire modestement régulateur). Hostile par vocation à la réglementation arbitraire, aux monopoles et aux interventions administratives, le libéralisme s’oppose ainsi à l’État tutélaire (tuteur des individus) et au dirigisme.

* L’autonomie de la société civile et le marché*

Si la philosophie politique libérale limite tant les tendances tutélaires et dirigistes de l’État, c’est en raison d’une confiance foncière dans l’aptitude de la société civile* à s’autogouverner si on en laisse faire les membres poursuivant leurs intérêts particuliers sous le règne du Droit. Grâce à celui-ci et au liant des interactions individuelles par coopération et concurrence, les intérêts particuliers sont censés s’auto-coordonner et spontanément s’harmoniser pour servir l’intérêt général bien mieux que l’État ne pourrait le faire. Le libre marché, la liberté des contrats, la privatisation de la propriété, la liberté d’entreprendre et le libre-échange (autant d’expressions des droits individuels fondamentaux) peuvent assurer l’autorégulation et la prospérité de la société.

Déterminer jusqu’où ce libre jeu du marché encadré par des règles du jeu (le Droit) peut se passer d’un minimum d’intervention régulatrice ou correctrice de l’État pour faire lien social et servir l’intérêt général induit d’autres clivages entre des libéraux de toute façon fondamentalement adversaires du protectionnisme* et de l’économie administrée.

* Complexité et déclinaisons du libéralisme

Le commun enracinement des libéraux dans cette matrice se traduit cependant par une large diversité d’interprétations relatives aux époques et aux contextes nationaux, mais plus encore à des divergences intellectuelles concernant la nature ou la place à reconnaître au marché, à l’État, la liberté, l’individu, au Droit, voire à la justice sociale. Ces clivages transgressent la distinction devenue banale entre libéralismes politique et économique : tous les penseurs libéraux se sont à la fois préoccupés de politique et d’économie – et un critère tel celui de l’opposition entre la sensibilité « jusnaturaliste* » et la sensibilité « utilitariste* » a bien plus de pertinence.

En combinant et contextualisant quelques critères de ce type, on peut suggérer (avec toute la prudence requise, tant cette typologie implique de simplification artificielle) que le libéralisme – infiniment plus complexe qu’on ne le croit souvent – se subdivise en cinq grands courants : des libéralismes pour une part en interférence et en concurrence, illustrés par les principales figures historiques ou contemporaines de cette tradition avant tout philosophique :

1. Un libéralisme constitutionnel préoccupé de protéger institutionnellement des libertés politiques et civiles contre l’arbitraire et les abus de pouvoir – et ce par l’action positive d’un État de droit et d’un « gouvernement représentatif* » garants de l’intérêt général et aux prérogatives régaliennes* bien affirmées. Privilégiant le pluralisme et l’équilibre des pouvoirs, ce libéralisme modéré reconnaît l’importance majeure du marché tout en l’accompagnant de contrôles législatifs et de compléments de biens ou services publics.

2. Un libéralisme fondé sur l’économie politique* de tradition française, volontiers radical, rationaliste et individualiste, axé sur la primauté du droit naturel* (moderne) de propriété, de l’intérêt particulier et de la valeur-utilité – et qui prône un fort effacement de l’État au profit de la dynamique autorégulatrice du laissez-faire entrepreneurial et d’un libre marché intégral, générateur de l’intérêt général.

3. Un libéralisme également fondé sur l’économie politique mais de tradition anglo-saxonne, orienté vers un utilitarisme* évoluant de la « valeur-travail » à la théorie subjectiviste de l’utilité marginale, moins attaché que le précédent à la souveraineté de l’individu et nettement plus empiriste que lui mais privilégiant tout autant une liberté du marché dont l’État ne peut être que le serviteur ou le modeste complément.

4. Un libéralisme social de sensibilité constitutionnaliste* qui, tout en valorisant la liberté économique et la nécessité de limiter l’extension de l’État, fait néanmoins appel à celui-ci pour réguler le marché afin d’en corriger certaines conséquences dommageables à l’équité sociale et à l’égalité des chances pour tous.

5. Enfin, un libéralisme radical contemporain essentiellement américain (mais préfiguré par l’économie politique « française ») opérant un retour au droit naturel de propriété et à la souveraineté de l’individu afin de légitimer une déréglementation et une privatisation généralisée de l’économie étendue à tous les aspects de l’activité humaine ; ce courant se caractérise par une contractualisation des relations interindividuelles ne laissant que peu ou plus du tout de place à l’État.

Conclusion : un libéralisme consensuel et pluriel

Le parcours accompli parmi les courants et figures de la tradition libérale suggère plusieurs enseignements contredisant quelques idées reçues : la revendication du « moins d’État » implique bien plus pour la plupart des libéraux la volonté de libérer l’État de son tropisme despotique originel pour en faire un outil de la liberté que le désir de son dépérissement ; la critique libérale des excès du protectionnisme social va presque toujours de pair avec une attention soutenue au sort des moins favorisés et l’exploration de nouvelles solutions contractuelles destinées à ouvrir des chances à tous ; l’élection du marché en mode exclusif d’allocation optimale des ressources s’accompagne d’une permanente insistance sur le rôle déterminant du Droit comme facteur de son autorégulation ; et loin de se cantonner à la seule sphère économico-politique, la réflexion libérale intègre des perspectives éthiques, sociologiques et épistémologiques qui renouvellent parfois radicalement l’approche des «problèmes de société ».

* Une idéologie dominante et consensuelle

Mais l’enseignement le plus notable provient de l’évolution du statut intellectuel échu au libéralisme à l’orée du XXIe siècle. L’échec cumulé du totalitarisme marxiste puis de l’État-providence et des quêtes de «troisième voie » entre socialisme et capitalisme d’une part, la mondialisation du libre-échange signant le succès de l’économie concurrentielle de marché et l’institutionnalisation croissante d’un état de Droit limitant les prérogatives de l’État pour protéger la liberté individuelle, d’autre part, ont concouru à placer la pensée libérale en situation paradoxale et inédite d’idéologie dominante et d’objet de consensus. Mais si le marché, « ça marche », et si le couple déréglementation- privatisation se révèle grosso modo capable de générer un cercle vertueux de jeu à somme non nulle, c’est sans doute en raison de l’étroite connexion que la dynamique décentralisée, interactive, autonomisante et autorégulatrice du libéralisme entretient avec la logique de la complexité permettant à l’épistémologie contemporaine de rendre compte du réel. Tout se passe comme si les évolutions sociétales émergentes (libéralisation et privatisation des styles de vie, organisation de la vie sociale en réseaux grâce aux nouvelles technologies de la communication) allaient au-devant des aspirations de l’ethos libéral. Et comme si la contractualisation du Droit s’émancipant des législations tutélaires conformément à la requête libérale s’avérait la plus adéquate pour accompagner la complexification du monde (post)moderne.

* L’analogie avec la démocratie

Un parallèle peut s’esquisser avec le destin de la démocratie : de même que celle-ci a fini par consuellement s’imposer comme seul mode légitime de désignation des gouvernants, le libéralisme tend de fait à s’instituer — du moins en Occident (à la singulière et « provinciale » exception de la France, pourtant son originelle cogénitrice intellectuelle) — en corps de valeurs et en pratiques auxquelles personne ne peut plus vraiment échapper, quels que soient les rejets et contestations se manifestant salutairement çà et là. Non qu’il apparaisse unanimement comme le meilleur des mondes mais, toujours à l’instar de la démocratie, comme le moins mauvais et celui qui adhère le plus à la réalité ; non comme la « fin de l’Histoire » mais comme un acquis irréversiblement intégré au cours de cette dernière. Avec des conséquences capitales : le déplacement en son sein des grands clivages et débats politiques ou idéologiques, le développement d’une sorte de libéralisme à la carte et la compétition entre diverses interprétations de l’équilibre souhaitable entre un État plus ou moins limité et un libre marché plus ou moins régulé, entre l’essor continu de la liberté individuelle et les contraintes d’une société même « ouverte ».

* L’internalisation du pluralisme

Dans le cadre de cette pensée non pas « unique » mais plurielle tend à se déployer la concurrence entre :

* un conservatisme libéral acceptant l’économie de marché et les droits individuels à condition que soient préservées les valeurs communautaires traditionnelles de la famille et de la nation ainsi que les prérogatives régaliennes» de l’État ;

* un libéralisme social ou « de gauche » en phase avec les émancipations individualistes et jouant le jeu du marché mais en veillant de près à en corriger les carences ou effets pervers trop injustement inégalitaires et à combattre le « piratage » du capitalisme ;

* et un individualisme libéral classique à tendance volontiers « libertarienne » cherchant sans cesse à étendre le champ du droit souverain de propriété, de la privatisation et du « tout-marché » et à explorer de nouveaux modes de fédéralisme et d’auto-organisation hors de l’État.

* Les défis émergents

Cette banalisation-pluralisation du libéralisme ne fera pas disparaître comme par enchantement les nouveaux défis qu’il lui faut affronter désormais : dans un contexte de déterritorialisation et de globalisation croissantes mais aussi de fragmentation multiculturelle des sociétés, par quel dispositif institutionnel assurer l’autorité légitime de l’État libéral, qu’il soit minimal ou « limité mais optimal » ? Et encore : jusqu’où une société libérale peut-elle tolérer le relativisme moral autant induit par le communautarisme que par l’oubli utilitariste des conditions sociologiques et culturelles de possibilité de la coopération marchande ? Comment diffuser une éducation collective à la responsabilité individuelle sans laquelle le libéralisme est voué à l’implosion ?

En passant du statut d’idéal minoritaire d’opposition et de combat ou de scepticisme raisonné à celui de pratique sociale quasi exclusive et de matrice intellectuelle majoritaire, le libéralisme est confronté à une situation paradoxale et problématique. Si elles sont dialectisées, les tensions fécondes qui se redéploient entre ses nouveaux courants et qui attestent de sa vitalité et de sa créativité lui donnent des atouts pour franchir ce cap.

Glossaire

Capitalisme : régime économique fondé sur la propriété privée et où la création de valeur et de richesse comme la satisfaction du consommateur proviennent de la libre coopération contractuelle et concurrentielle des acteurs. La maximisation de l’efficacité par la recherche du profit (rentabilisation de l’investissement en capital) n’y va pas sans le risque entrepreneurial ni le respect de règles de droit.

Constitutionnalisme : régime politique cherchant à éliminer l’arbitraire dans l’exercice du pouvoir en limitant celui-ci par des règles de droit institutionnalisées reposant sur le consentement des gouvernés et l’équilibre de pouvoirs séparés.

Droit naturel : dans sa version moderne et par opposition au droit «positif» et conventionnel laissé à la discrétion législatrice des pouvoirs et des majorités, il se déduit rationnellement des exigences universelles de la nature individuelle (« subjective ») de l’homme pour interdire que soit violée sa liberté de conscience, d’expression, d’association, de propriété et de vivre en sécurité.

Economie politique : discipline constituée au XVIIIe siècle et qui formula les « lois » réglant la production, la distribution et la consommation des richesses au niveau de la société globale et favorisa historiquement l’entrée dans l’économie de marché.

État de droit : bien orthographié (« état de Droit », par analogie à la rule of law anglo-saxonne), désigne une situation politique où prévaut le respect des libertés fondamentales et de procédures définies par des règles de droit s’imposant à l’État qui, en les respectant et les faisant appliquer, devient « de droit ».

État-Providence : système politique contemporain où la prise en charge publique d’une protection sociale élargie est érigée en principe constitutionnel accroissant la redistribution fiscale obligatoire et entraînant une intervention étatique tutélaire.

Gouvernement représentatif : mode de gouvernement opposé au despotisme et reposant sur la désignation de représentants des citoyens à un parlement élu ; il exclut la participation directe des citoyens à l’exercice du pouvoir.

Homo œconomicus : modèle d’être humain réduit au statut d’agent ne faisant que calculer rationnellement son intérêt égoïste en vue de maximiser sa satisfaction économique sur le marché – mais contesté comme «fiction» par nombre de libéraux.

Individualisme : concept très distinct du personnalisme et de l’égoïsme qui pose l’individu en seule réalité humaine porteuse de sens et en valeur première en raison de sa capacité subjective à l’autodétermination et par suite à la propriété de soi.

Individualisme méthodologisme : principe épistémologique qui dénie toute réalité aux entités sociales pour rendre compte des phénomènes sociétaux par des processus complexes de composition des interactions entre les individus.

Jusnaturalisme : cf. droit (jus en latin) naturel.

Laissez-faire : issue d’une revendication historique d’entrepreneurs (« Laissez-nous faire ! ») et souvent complétée par « laissez passer » (le libre-échange), cette expression n’appelle pas au laxisme mais à laisser libres d’agir des acteurs efficaces, compétents et responsables sur le marché.

« Main invisible » : célèbre métaphore postulant que si agissent librement des individus seulement mus par leurs intérêts particuliers, l’intérêt général émerge plus sûrement mais involontairement de l’auto-ajustement de leurs actions (comme guidées par une main invisible) que des desseins planifiés de l’État.

Marché : libre confrontation de l’offre et de la demande permettant l’allocation optimale des ressources par le biais de procédures d’exploration des opportunités ainsi que d’une dynamique de diffusion de l’information par les prix et d’échange décentralisé et volontaire de droits de propriété.

Protectionnisme : doctrine s’opposant au libre-échangisme pour préconiser la protection d’une économie nationale en fermant les frontières aux importations meilleur marché par des taxes, réglementations et barrières douanières.

Régalien : vient du latin regalis (le roi) pour signifier, plutôt dans le contexte français, les fonctions de souveraineté de l’État considéré comme héritier du pouvoir monarchique.

Société civile : aux XVIIe et XVIIIe siècles, désigne un état politiquement organisé où l’État reconnaît les droits des citoyens (civis) égaux – par opposition à l’état de nature ou au despotisme ; tend maintenant à signifier l’activité privée et autogérée des citoyens hors de la sphère politique de l’Etat.

Utilitarisme : doctrine opposée au jusnaturalisme et qui s’est développée aux XVIIIe et XIXe siècles en Grande-Bretagne ; elle centre les motivations de l’action humaine sur la recherche de l’intérêt et de l’avantageux : de l’individuellement ou socialement utile (le plus grand bonheur du plus grand nombre).

Une réponse

  1. Vladimir Vodarevski

    Superbe article, qui pourrait être fondateur de l’enseignement du libéralisme moderne. vec un bémol cependant: le libéralisme n’est pas la théorie dominante en France. mais il est vrai qu’Alain Laurent délaisse un peu le village gaulois! Par contre, dans le monde, il est vrai que le libéralisme se développe.

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