Mémoires de Dupont de Nemours — Chapitre 1

MÉMOIRES DE P.-S. DU PONT DE NEMOURS

ADRESSÉS À SES ENFANTS

Rectitudine sto.

Septembre 1792.


De Cormeilles, le 4 septembre 1792.

Incertain, mes chers enfants, si j’aurai jamais le bonheur de vous revoir et de quelle manière je sortira de ma retraite actuelle[1], je crois devoir profiter pour vous donner sur votre famille plusieurs renseignements qui vous sont nécessaires et sur ma vie une notice qui vous sera au moins agréable.

Je trouverai moi-même de la douceur à vous écrire une très longue lettre. Elle sera divisée par chapitres que je vous ferai passer successivement.

Si le dénouement arrive avant la fin de l’histoire vous suppléerez aux lacunes comme vous pourrez.


CHAPITRE PREMIER

Ce que je sais de ma famille paternelle.

Notre famille est protestante et normande. J’y ai trouvé l’opinion établie qu’elle est originaire de Bretagne ; et la même opinion se trouvant dans la famille des messieurs du Pont des environs de Vire, aujourd’hui banquiers à Paris, qui nous sont alliés par Mme Le Dée[2], il n’est pas impossible que nous soyons leurs parents éloignés, mais je n’ai point d’actes qui le prouvent. Je ne me connais aucune présomption de parenté avec aucune autre famille Du Pont.

Quant à celle dont nous descendons, je ne puis remonter qu’à mon trisaïeul qui s’appelait Abraham du Pont. Il demeurait à Rouen où il acquit le 19 avril 1627 la maison dite de l’Étrier, rue des Bons-Enfants au coin de la rue Écuyère, et le 24 juillet 1628 la petite maison attenante rue Écuyère. Je possède encore ces deux maisons, lesquelles sont par conséquent très vieilles. Dans les contrats d’acquisition mon ancêtre est désigné honorable homme, bourgeois, marchant demeurant en la paroisse Saint-Pierre l’Honoré de Rouen.

Il eut de son mariage avec Marie Cossart[3], entre autres enfants :

1° Jean du Pont, mon bisaïeul, qui a acheté le 19 mars 1675 le tiers qui revenait à son frère, Abraham du Pont, pour sa part dans lesdites deux maisons. Mon bisaïeul est qualifié dans le contrat de vente « honorable homme, marchand, bourgeois de Rouen, rue des Bons-Enfants, paroisse Saint-Pierre l’Honoré » ;

2° Abraham du Pont[4], auteur de la branche de Hollande, qui s’est établi dans ce pays vers 1675 à la suite des persécutions religieuses en France. Il avait un fils Jonas du Pont[5], qui demeurait à Amsterdam et y mourut en mai 1738, dont Jonas du Pont (IIe du nom)[6], marchand à Amsterdam, qui est venu à Paris en 1743 et a longtemps logé chez mon père. Un fils de celui-ci, aujourd’hui premier médecin de la ville de Rotterdam, qui s’appelle Jonas comme son père et son grand-père, a fait des études de médecine à Paris[7].

Nous avons pris quelques leçons d’anatomie ensemble : nous nous aimions beaucoup et nous avons conservé correspondance de loin en loin. Il a dix-neuf mois de plus que moi : c’est un homme de mérite, petit, bien fait, d’une figure agréable tout à fait ressemblante à celle de mon père et de ma sœur. Il était fort amoureux de cette dernière et a failli l’épouser : je ne me rappelle plus ce qui a empêché ce mariage, convenable à tous les égards.

Un oncle de M. du Pont le médecin, qui s’appelait David, a passé en 1730 d’Amsterdam à Londres, où il demeurait en 1736 : son fils, Mathias-Pierre du Pont[8], actuellement wine merchant en Alderstage Street dans cette ville, est, dit-on, un brave et honnête homme qui a beaucoup connu mes oncles, Pierre et Abraham du Pont.

M. Ménil de Rotterdam, un autre petit-fils d’Abraham du Pont de Hollande, qui avait une ou deux sœurs, est venu en France avec son cousin germain, Jonas du Pont, et a également logé chez mon père. Il avait un fils et une fille. Vous pouvez vous rappeler le premier qui est venu nous voir il y a environ quinze ans et a passé un mois au Bois des Fossés. C’est un fort bon enfant[9].

M. Pierre Fouquet, peintre et marchand de tableaux à Amsterdam, est fils ou d’une demoiselle du Pont ou d’une demoiselle Ménil, petite-fille d’Abraham du Pont de Hollande. M. Fouquet jouit d’une grande fortune et a fait trois ou quatre voyages en France dans le premier desquels j’ai été fort lié avec lui. Il est marié et a plusieurs enfants[10].

Il faudrait écrire à notre cousin le docteur pour savoir quels sont ceux de nos autres parents hollandais et anglais dont je puis n’avoir pas connaissance.

Mon bisaïeul, Jean du Pont, se retira des affaires en 1699, vivait encore en 1702 et était mort en 1712. Il eut deux fils de son union avec Marie du Busc[11], fille de Nicolas du Busc et héritière en partie de son oncle Salomon du Busc. L’aîné, Jean du Pont, marchand, bourgeois de Rouen, qui est demeuré dans cette ville et y a continué la profession de son père, fut mon aïeul.

Le second, Abraham du Pont, auteur de la branche de la Caroline, a quitté la France en 1681, quelques années avant la révocation de l’Édit de Nantes[12], et s’est retiré en Angleterre où il a été naturalisé Anglais par les lettres royales patentes du 15 avril 1693. Un peu plus tard il a passé en Amérique et fut membre de l’Église des réfugiés français à New-York jusqu’au moment de son départ pour Charleston, dans la Caroline du Sud, vers la fin de 1695. Il quitta cette ville en février 1701 et s’établit à la campagne sur une plantation, laquelle fut attaquée en 1716 par les Indiens qui détruisirent ses récoltes et tuèrent ses bestiaux ; il fut obligé de s’enfuir avec sa famille, mais heureusement les sauvages n’incendièrent pas sa maison. En 1730 il vivait encore à la Caroline[13].

Mon grand-oncle Abraham s’est marié à Charleston le 3 juin 1697, avec Anne Fauchereau[14], dont il a eu cinq enfants :

1° Abraham du Pont, né le 5 mars 1699, dont descendance,

2° Marie-Anne du Pont, née en 1701 ;

3° Esther du Pont, née en 1707 ;

4° Anne du Pont, née en 1709 ;

5° Gédéon du Pont, né en 1712[15].

Esther du Pont a épousé un M. de May[16], Suisse bernois d’une des familles des deux cents souverains de Berne. J’ai vu dans mon enfance leur fils Jean-Rodolphe de May, qu’on renvoyait en 1752 ou 1753 de la Caroline à Berne où l’on disait que sa fortune était assurée par les bailliages que les seigneurs de Berne donnaient à leurs parents exclusivement. Il est un peu plus âgé que moi et doit avoir aujourd’hui, s’il vit toujours, de cinquante-cinq à cinquante-sept ans[17].

Mon père était oncle à la mode de Bretagne de Rodolphe de May : j’en suis cousin issu de germain ; vous en êtes petits cousins. Cette alliance pourrait être de quelque utilité en Suisse, si de révolutions en révolutions le gouvernement de Berne n’est pas renversé comme il est vraisemblable qu’il le sera. D’ailleurs, il est toujours bon de connaître les parents ; on ne sait d’où l’on peut recueillir des successions, ni qui l’on peut avoir à secourir. Je me reproche de ne m’être jamais informé de ce qui avait pu arriver à mon cousin Rodolphe depuis que j’ai polissonné avec lui une journée entière[18].

Mon grand-père, Jean du Pont, avait eu quelque succès dans ses affaires, mais il a perdu vers la fin de sa vie une partie de ce qu’il avait gagné, ayant essuyé une attaque d’apoplexie après laquelle il est resté frappé de paralysie sur la langue pendant plusieurs années et jusqu’à sa mort en 1731. Il a laissé outre ses deux maisons de Rouen, une petite propriété de soixante-dix à quatre-vingts acres, environ cent arpents, de terres, prés et bois, nommée La Robinette, à deux lieues de Rouen, qui se trouve sur la carte de Cassini, et une maison avec quelques terres, prés et bois et des cressonnières que l’on dit d’un bon produit au village de Fontaine-sous-Préaux, qui est la paroisse dans laquelle La Bobinette est comprise.

Mon grand-père n’a pas atteint la vieillesse ; c’était, m’a-t-on dit, un homme doux et d’une grande bonté. Il avait épousé Marie de la Porte[19], qui est morte d’une chute de cheval à quatre-vingt-cinq ans : belle femme, de moyenne taille, qui avait du sens, de l’activité, beaucoup de décision dans l’esprit, de résolution et de courage.

Par ma grand’mère Marie de la Porte, nous sommes cousins de M. Le Maignan que j’ai vu dans ma jeunesse et qui passait pour riche. Nous sommes aussi alliés par elle avec MM. Tassin et Coffin, banquiers, mais je ne sais aucunement les généalogies qui établissent ces alliances et cousinages éloignés. Il sera convenable et utile que vous les recherchiez.

Jean du Pont et Marie de la Porte ont eu huit enfants, dont six garçons et deux filles.

L’aîné des garçons, nommé Jean du Pont comme son père dont il a continué la profession, est mort assez jeune le 7 mai 1752. Il avait épousé, le 28 octobre 1727, Marie-Anne Le Tourneur, sa cousine, qu’il a laissée veuve et qui s’est remariée avec Robert Bellanger. Elle n’a point eu d’enfants de mon oncle.

Le second, Pierre du Pont, mon parrain, était d’une figure aimable, avait beaucoup de vivacité, de l’esprit, et ce qu’on appelle en anglais de l’humour ; il faisait de bons contes, jouait bien de la flûte, montait à cheval avec grâce. Il s’est établi à Londres où il a fait une assez grande fortune, mais il l’avait toute placée à fonds perclus. Il avait vendu de même à mon père l’une des deux maisons de Rouen qui était sa part tant dans l’héritage paternel que dans celui de son frère Jean. Ayant ainsi doublé son revenu, il le dépensait tout entier, de sorte que quoiqu’il m’aimât singulièrement il ne m’a laissé que cinquante guinées et un diamant d’environ quinze louis que j’ai encore ; c’est le plus gros des deux qui sont dans l’écrin. Mon oncle Pierre, qui mourut en juin 1776, avait été marié, a survécu à sa femme et n’a point laissé d’enfants.

Mon troisième oncle, Jacques du Pont, s’est établi dans le bien de Fontaine-sous-Préaux, chargé d’une redevance envers un de ses frères. Il était plaideur comme un normand et un peu querelleur. Il n’a jamais pu s’accorder ni avec sa mère, ni avec son frère et voisin dont je vais parler. Il a mangé en procès une partie de sa mince fortune, mais devenu sage à cinquante ans, il faisait valoir son petit bien. J’ignore le nom de sa femme : elle est morte et lui aussi. Ils ont laissé un fils, Abraham-Jacques du Pont[20], que j’ai été voir en 1778, marié à une femme assez aimable[21] et dont il a eu trois enfants[22]. Il m’a paru un galant homme, ayant la physionomie des Du Pont qui n’est pas du tout la mienne, ni la vôtre, mes enfants, et que votre tante seule a dans notre branche. Moi et ma race nous avons pris celle des Montchanin que vous avez un peu mêlée de celles des Le Dée.

J’ai trouvé mon cousin dans sa petite maison qui vaut un peu mieux que ma manœuvrerie des Bordes, pas beaucoup ; avec un peu plus d’aisance apparente que les Desmures, que vous connaissez, à peu près au niveau des Le Jay, tout au plus.

Mon quatrième oncle s’appelait Nicolas-François du Pont. C’était un excellent homme, bon fils, bon frère, et d’un caractère extrêmement gai. II n’a jamais voulu se marier tant que sa mère a vécu et faisait valoir pour elle la ferme de La Robinette qui devait être sa part à lui[23]. Depuis la mort de ma grand’mère, mon oncle à soixante-neuf ans a épousé Marie-Anne Hébert et en a eu deux enfants, un garçon qui est mort et une fille nommée Marie-Anne, qui vit et que sa mère a mariée fort jeune[24]. Nos parents de Rouen ont trouvé très mauvais le mariage de mon oncle. Moi j’ai été enchanté d’avoir un oncle qui eût des enfants à plus de soixante-dix ans : cela, joint à la vigueur que j’ai vu ma grand’mère conserver à quatre-vingt-quatre ans, me donne une perspective heureuse pour mon âge avancé, s’il avance et si je ne laisse pas ma tête à la fin de ce récit.

J’ai été voir mon oncle à la ferme que j’avais déjà vue dans mon enfance et qui alors m’avait paru admirable. La maison de maître et les bâtiments nécessaires à l’exploitation sont situés au milieu d’une de ces vastes cours à pommiers qu’on appelle masures en Normandie, et le séjour ne m’en déplairait pas si on y avait de l’autre eau que celle de mare ; mais quand on y veut de l’eau potable, il faut faire une demi-lieue pour la prendre aux cressonnières de Fontaine. Les gens du pays disent qu’un honnête homme ne doit boire que du cidre quand il n’a pas de vin.

Mon oncle Nicolas avait droit, tant en son nom que comme héritier ou légataire de Pierre du Pont, à une part dans les maisons de Rouen, restées à ma branche ou acquises par elle.

J’ai racheté ce droit pour une rente dont, je ne nie rappelle pas le montant. J’ai aussi, je crois, un contre-droit sur La Robinette. On a toujours parlé d’en faire un échange et je ne sais si cela est terminé. Je n’ai pas d’idées bien nettes de cette partie de mes affaires.

J’avais eu quelque envie de faire liciter La Robinette et de l’acheter ; avant que mon oncle fut marié il voulait me la vendre. Mais nous n’avons pas besoin de biens dans le département de Seine-Inférieure, quand le fonds de notre fortune terrienne se trouve former une masse assez considérable et presque contiguë dans celui de Seine-et-Marne et dans celui du Loiret. Notre intérêt est au  contraire de liquider le plus tôt que nous pourrons toutes nos affaires dans la ci-devant Normandie, de vendre les maisons de Rouen dès qu’elles trouveront acheteur[25], et de solder entièrement ou d’améliorer ou d’étendre notre bien du ci-devant Gâtinais.

Je dois faire remarquer encore en parlant ici des maisons de Rouen qu’elles sont hypothéquées à une rente perpétuelle de trois cents livres sans retenue, au capital de six mille livres, que je fais à ma sœur pour ce qui lui reste dû de sa part dans la succession de mon père. Nous ne pouvons vendre les maisons qu’à la charge de rembourser ma sœur, que nous ferions bien de rembourser d’avance, si nous avions l’argent. Les maisons sont louées ensemble, ou 500 ou 520 ou 550 livres, je ne m’en souviens plus. La correspondance de M. d’Ailly le dira, je vais bientôt parler de lui.

Le cinquième fils de mon grand-père était Samuel du Pont, mon père, qui, pour nous, mérite bien une mention toute particulière.

Le sixième se nommait Abraham du Pont, que mon père aimait de préférence[26]. Avant entendu dire que mon oncle Pierre du Pont avait fort bien réussi à Londres, il y passait aussi. Mais mon oncle Pierre s’était marié avec une femme riche dont il n’a point eu d’enfants ; mon onde Abraham, au contraire, en a bien vite épousé une pauvre et de mauvaise santé, et il en a eu six enfants, dont deux sont morts en bas âge et dont un a longtemps vécu impotent. Il n’avait jamais pu s’élever au-dessus de l’infortune ; pour comble de malheur les deux femmes s’étaient brouillés et avaient brouillé les deux maris, de sorte que Pierre, quoique riche, ne donnait point de secours à Abraham pauvre. J’ai souvent entendu mon père l’en blâmer, et mon père prêchait d’exemple : il envoyait régulièrement quelques fonds à son frère.

Je vous dirai, relativement à la dureté montrée par mon oncle Pierre, qui était pourtant d’ailleurs un fort bon homme, qu’il y a eu toujours dans notre famille un défaut dont vous devez vous garder. C’est une opiniâtreté, une raideur de caractère, qui nous rend très constants en amitié mais très implacables en inimitié. J’en ai vu des exemples chez mon père qui désapprouvait dans son frère aîné cette même disposition. Je m’en suis souvent senti attaqué. Votre tante est la seule à qui j’aie pardonné de grands torts. J’ai gardé de trop longues animosités contre M. Brac de la Perrière, contre l’archevêque de Sens et contre M. Magnien. Le premier n’avait été envers moi qu’impertinent ; le second a été injuste, et le troisième ingrat. Mais j’ai conservé trop de rancune pour ces bagatelles ; il faut cultiver chez soi les passions douces et réprimer les passions haineuses.

Le fils impotent de mon oncle Abraham est mort. Il en avait un autre qui s’est embarqué il y a plus de vingt ans et dont on n’a reçu aucune nouvelle. Il a laissé deux filles dont l’aînée, Marie-Madeleine du Pont, a épousé un Suisse, nommé Jean-Pierre Rochat, très honnête homme et très sensé. Il est mort ; Mme Rochat est demeurée veuve avec deux petites filles dont une à présent doit devenir grande et passe pour assez aimable, un peu enfant gâtée. Je crois qu’elle s’appelle Mary et la seconde Betsy[27].

La mère vit pauvrement, tenant une pension ou école de petites filles à qui elle montre le français qu’elle ne sait pas trop bien. Vous trouverez son adresse dans les lettres que je reçois d’elle. [28]

Je lui écris ordinairement sous couvert de mon excellent ami, James Hutton, Pimlico, mais il est bien vieux et je crains qu’il n’ait pas longtemps à vivre. [29]

Anne du Pont, sœur de Mme Rochat, a eu une éducation extrêmement négligée. Elle a épousé John Boume avec lequel elle a passé vers 1786 dans les États-Unis d’Amérique à New-York où ils sont encore et où Victor a eu quelques services à leur rendre. [30] Il a toujours fallu que je rendisse des services à Mme Rochat, et il y a peu de temps que je lui ai envoyé huit guinées pour lesquelles je dois même près de quinze louis à M. Grand, tant le change est onéreux ; payez-les le plus tôt possible.

Mme Rachat et Mme Bourne ont droit entre elles à deux cent cinquante livres de rente ou environ sur le bien de Fontaine-sous-Préaux appartenant à la branche de Nicolas-François du Pont.

Il faut venir à mes tantes et à leurs branches.

L’aînée se nommait Marie du Pont[31] ; elle a été mariée à Jacques Oulson, de famille originairement anglaise, capitaine de vaisseau  marchand, que j’ai vu dans ma première enfance. Le capitaine Oulson avait du mérite et de la fortune. Il a perdu celle-ci avec la vie dans un naufrage sur la côte de Labrador, d’où son fils Salomon[32], alors avec lui, est revenu après avoir essuyé à terre une misère extrême à laquelle le capitaine succomba. Il était principal intéressé sur son navire. Mme Oulson resta sans aucun bien avec son fils, qui arriva nu, et deux filles.

L’aînée, Marie Oulson[33], était fort belle : elle ressemblait beaucoup à Mme Lamotte[34], excepté qu’elle était plus brune. Elle devint très amoureuse de M. d’Ailly[35], alors employé aux aides et qui attendait de ses parents, riches négociants à Rouen, une assez grande fortune qui ne s’est pas réalisée. M. d’Ailly était et est encore catholique. Ma tante Oulson, ma grand’mère, mon oncle Nicolas, mon père, tous les grands parents, bons huguenots de Dieu, trouvaient horrible que Mlle Oulson, qui ne possédait au monde que ses beaux yeux, sa grande taille, sa peau et sa gorge normandes, et que ses dix-sept ou dix-huit ans ne laissaient pas de tourmenter, pût être tentée de se marier à un parti qui se présentait et qui avait le tort irrémissible d’être catholique. Ma mère, qui avait plus d’esprit, aurait été plus indulgente ; mais par la même raison et parce qu’elle était fort lettrée, elle était la théologienne de la famille ; on la prit par son faible et on lui fit écrire une belle lettre à sa nièce. La famille de M. d’Ailly ne trouvait pas plus tolérable qu’il osât songer à épouser une protestante. Enfin quelqu’un dit à la jeune fille qu’en se faisant catholique, elle se ferait combler des faveurs de la cour et aurait la liberté d’épouser son amant malgré sa famille.

Mlle Oulson se rendit au couvent des Nouvelles-Catholiques. Là, touchée par la grâce du Saint-Esprit et par celle de M. d’Ailly (vous ne vous douteriez pas aujourd’hui qu’il ait jamais eu de grâces), elle fit abjuration des erreurs de la religion réformée, mais cela ne donnait point le consentement de ses parents, ni ne les disposait à le donner. On espéra qu’elle se ferait religieuse ; elle n’était que fidèle à son amant. Elle est restée au couvent six années et en est sortie à vingt-cinq ans avec une pension de cent francs sur les économats, réduite depuis à soixante-douze livres ; tel fut le prix de sa conversion. Mais devenue majeure et protégée par ma mère que les amours constants touchaient beaucoup, elle a épousé son doux ami et fait la paix avec les parents. Ma mère l’aida par des avances d’argent et elle vint à Paris faire ses emplettes. Je la vis alors pour la première fois : elle n’avait pas encore vingt-six ans, j’en avais près de quinze : elle fit battre mon pauvre cœur et je trouvai M. d’Ailly bien heureux.

Mme d’Ailly est morte il y a deux ans : son mari n’a pas hérité de ses parents comme il l’espérait, et attend toujours une pension promise, non donnée, pour quarante-deux ans de service à sa place de contrôleur du droit de quatrième à Rouen. Il s’est brouillé avec son directeur, dans le temps de la Révolution, pour avoir sauvé les registres, au péril de sa vie. Ce directeur, qui aurait préféré que les registres fussent perdus, lui a fait des querelles odieuses. Il aurait été destitué, malgré ses longs et très purs services, pour avoir eu du courage et de la probité, si je ne l’eusse protégé auprès de M. de Necker et de M. de Lessart.

Il fait mes affaires à Rouen avec beaucoup de soin et de zèle. Mais le bon sens veut que je l’aide, d’autant plus qu’il ne m’a jamais rien demandé, car il est aussi généreux qu’honnête, et vous voyez de là comment, en additionnant Mme Rochat, Mme Bouline, M. d’Ailly et votre tante Gudin, à laquelle aussi son revenu ne suffit pas, il arrive que mon bien du département de Seine-Inférieure soit dans ma fortune une quantité fort négative.

Je vous ai dit que le capitaine Oulson avait un fils un peu plus jeune que Mme d’Ailly et qu’il avait mené dans tous ses voyages. L’horreur d’un naufrage et la misère du Labrador avaient beaucoup dégoûté le jeune homme de la marine. Il est venu à La Bobinette et il y a travaillé quelque temps sous les ordres de mon oncle Nicolas à l’exploitation de la ferme : il s’est marié ensuite et a pris à bail une autre ferme, mais la dot de sa femme, qui avait servi à la monter, ne s’est pas trouvée suffisante ; il manquait d’avances, il perdait ses fumiers : à la fin de son bail, quittant l’agriculture, il est retourné à la mer.

Quand il a eu fait quelques campagnes, la famille s’est réunie pour lui bâtir et lui armer un petit vaisseau. J’y ai concouru des trois huitièmes, M. Pouchet d’un quart, M. d’Ailly d’un sixième. C’est un usage très commun dans les pays maritimes : toute une famille se cotise, arme un vaisseau et le confie à un parent marin pauvre. Le capitaine y a un petit intérêt et passe pour propriétaire ; cela lui donne dans le commerce confiance et crédit : il fait ses affaires et celles de ses parents et associés.

On m’a déféré l’honneur de nommer le bâtiment parce que j’étais déjà devenu l’homme considérable de la parenté : on voulait qu’il portât mon nom, j’ai préféré lui donner la devise de mes principes et je l’ai nommé « La liberté du commerce ». Il a été employé en aviso pendant toute la guerre pour le compte du roi ; le capitaine Salomon Oulson l’a commandé avec brevet de lieutenant de frégate pour la durée de la guerre. Le petit navire était excellent voilier ; on lui avait, dans la flotte de Brest, ôté son nom pour lui donner celui de Diligent que méritait son allure. Trois mois après la paix il a fait naufrage et le capitaine a trouvé avec peine un autre bâtiment.

Il a une fille, Madeleine, qui a épousé un M. Piquefeu[36], et un fils qui s’appelle Jean-Jacques Oulson ; celui-ci ainsi que son gendre sont tous les deux capitaines de vaisseau marchand comme lui ; il a de plus deux filles, Geneviève et Catherine, toutes deux jolies, que j’ai été voir à Dieppedale en 1778. La dernière s’est mariée en 1781 avec le frère cadet du capitaine Piquefeu qui était employé par la ferme générale au dépôt du sel[37] ; l’autre a été mariée depuis à M. J. Briffaut qui mourut en laissant un ou deux enfants[38], qui sont vos petits cousins.

Il y a encore de cette branche, Marie-Anne-Angélique Oulson, Mme Vaudry, qui, après le naufrage et la mort du capitaine Jacques Oulson, a été recueillie par ma mère à laquelle elle a donné quelques chagrins, et depuis elle m’en a donné bien davantage, mais cela fait partie de mes mémoires personnels. Mme Vaudry a été légataire universelle de mon père : elle est veuve de Pierre-François Vaudry dont elle a un fils et un petit bien à Évêquemont sur la route de Rouen. Elle est encore à soixante ans tracassière, bête et coquette ; mais le jeune Vaudry n’en est pas moins votre arrière-cousin.

Par les Oulson nous sommes alliés à MM. Boulard, négociants armateurs à Dieppe. Mon père et eux se traitaient de cousins ; mais ils ne sont véritablement pas nos cousins, quoiqu’ils le soient de nos cousins et de nos cousines de la branche Oulson.

La dernière fille de mon grand-père s’appelait Marie-Anne du Pont. Elle a épousé un négociant de Bolbec, riche et intelligent, nommé Abraham Pouchet. Ils ont eu deux enfants :

Une fille, qui leur fut enlevée par ordre du roi comme huguenote, mise au couvent, élevée catholique et devenue religieuse dans une abbaye près de Rouen sous le nom de Mme de Sainte-Colombe. Elle était belle et avait de l’esprit. Je l’ai vue en 1778 : elle n’était déjà plus jeune et j’ignore ce qu’elle est devenue à la révolution[39].

Son frère Abraham, Pouchet-Belmare[40], mon cousin germain, homme de sens, de vertu et de capacité, qui a épousé une femme de sa famille et de son nom, avait formé à Bolbec une des premières manufactures de velours de coton. Elle a été brûlée par accident. Il a relevé sa fortune par son travail et son mérite, et a monté à Eauplet-les-Rouen une nouvelle manufacture de toiles peintes qui a un grand succès. Elle est tenue actuellement par son fils aîné, Pierre-Abraham Pouchet-Belmare, mon neveu à la mode de Bretagne, que mon fils Irénée connaît et qui est un jeune homme digne de son père. Il vient de se marier à une de ses cousines aussi de son nom[41] et a au moins cinq ou six frères et sœurs[42].

De toute notre famille, MM. Pouchet sont les hommes les plus instruits, les plus propres aux affaires, et ceux qui ont le caractère le plus prononcé. Il est dans tous les sens agréable et honorable de leur appartenir. Ils forment à Rouen, aux environs et dans le pays de Caux, une espèce de tribu de parents de même nom qui s’allient volontiers entre eux, et qui tous ont de l’esprit et des lumières. On distingue entre autres M. Louis Pouchet, frère de ma cousine Pouchet-Belmare, et père, je crois, de la femme de votre cousin, Pierre-Abraham Pouchet-Belmare. Il joint à l’habileté d’un grand négociant et d’un fabricant du premier mérite, le zèle d’un excellent citoyen et les vues d’un homme d’État.

 

 

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[1] Il était à Cormeilles dans une maison de campagne de M. Harmand, où il resta caché du 2 septembre au 3 novembre 1792. Hermand avait épousé Dorothée Vian, cousine de la première femme de Du Pont de Nemours, Nicole-Charlotte-Marie-Louise Le Dée de Rencourt.

[2] Fille d’une Du Pont, épouse de Charles-Jacques Le Dée, frère de Mme du Pont de Nemours. M. Le Dée mourut en avril 1795 et sa veuve se remaria (octobre 1797) avec Jacques-Pierre-Héliodore de Montchanin, cousin germain de Du Pont de Nemours.

[3] Elle lui apportait une dot de 2 000 livres tournois. Dans le contrat du 17 avril 1627 il déclare qu’il entend replacer cet argent sur l’acquisition qu’il vient de faire suivant les obligations de leur traité de mariage. Marie Cossart appartenait à une vieille famille huguenote de Rouen. Noël Cossart, sieur de Bosebêtre, un de ses membres, y périt dans les massacres des protestants des 17, 18, 19 et 20 septembre 1572 à la suite de la Saint-Barthélémy.

[4] Il est appelé dans le contrat de vente « honorable homme, Abraham du Pont, marchand bourgeois de Rouen, y demeurant sur la Ruelle, paroisse de Saint-Martin ». Le contrat fait mention d’un emprunt de 2000 livres tournois qu’il avait fait le 12 juin 1657 à Pierre Cossart et oblige l’acquéreur, Jean du Pont, d’acquitter et de décharger cette dette.

[5] Il se maria avec Suzanne Roger, à Amsterdam, le 14 juillet 1709. De cette union sont issus :

1° Jonas du Pont (IIe du nom), baptisé le 12 avril 1711 ;

2° David du Pont, auteur de la branche d’Angleterre, baptisé le 25 mai 1713 ;

3° Mathias du Pont, baptisé le 9 octobre 1715, qui a épousé, à Amsterdam, le 16 novembre 1774, Christine du Tullieux ;

4° Michel du Pont, baptisé le 19 septembre 1717 ;

5° Suzanne du Pont, baptisée le 21 mai 1719, qui s’est mariée le 31 août 1740 avec Louis Mariteau de Rotterdam où elle mourut veuve en mai 1789 ;

6° Jean Maximilien du Pont, baptisé le 7 septembre 1721 et mort à Amsterdam en décembre 1753. Il épousa, le 14 aout 1746, Madeleine Ménil et eut de ce mariage Jacques du Pont, baptisé le 9 août 1747.

[6] Il est devenu bourgeois d’Amsterdam le 21 mai 1733 et quitta cette ville le 8 avril 1772 pour habiter près de son fils à Rotterdam. Il épousa Marie Ménil le 15 avril 1737. Leurs enfants furent :

1° Jonas du Pont (IIIe du nom), célibataire, baptisé le 15 mai 1738 et mort à Rotterdam en 1809 ;

2° Jacques du Pont, baptisé le 10 octobre 1739 ;

3° David du Pont, baptisé le 8 novembre 1744, célibataire. Il demeurait à Utrecht et a survécu à son frère Jonas ;

4° Suzanne du Pont, baptisée le 20 mai 1747 ;

5° Élisabeth du Pont, baptisée le 14 février 1751.

[7] Le 17 juin 1757 il fut inscrit comme étudiant en médecine à l’Université de Leyde et le 12 juillet 1760 il partit pour Paris. À son retour en Hollande, il s’est établi à Rotterdam où il demeurait sur le Spaansche Kaag, n° 144.

[8] Il avait une fille mariée à M. Georges King d’Aldersgate Street, Londres. Le 28 août 1801, Mathias-Pierre du Pont écrivit à son cousin germain le docteur : « It gave me pleasure to hear that our cousin Du Pont de Nemours is agreably settled at New-York and with better prospects of success than he had anticipated. Please make my respects to him and to his family and assure him that any services in this country, I may be thought capable of rendering, either in a business or friendly way, would be a gratification to me and a very high one. »

[9] Il demeurait à Amsterdam et avait épousé une demoiselle Peuch. En 1805, leur fils faisait ses études à Lingen, en Hanovre, et plus tard (1809) suivait un cours de théologie avec l’intention de devenir pasteur auprès des protestants réformés français en Hollande.

[10] Il mourut en 1800.

[11] Ils avaient aussi deux filles, dont une était la femme de Charles Peyrollet qui s’est réfugié en Hollande à cause des persécutions des protestants. Marie du Busc ne vivait plus en 1681. Elle avait deux frères, Nicolas et Salomon du Busc, qui ne sont pas mariés ; et trois sœurs, deux plus âgées qu’elle, mesdames Jencé et Jacques Bénard, et une plus jeune, Mme Samuel Roger, qui a perdu tous ses enfants en bas âge.

[12] Du Pont de Nemours écrivit avant la Révolution : « L’édit portant révocation de celui de Nantes n’a point été enregistré au Parlement : il ne l’a été qu’à la Chambre des vacations et il y a une loi précise qui dit que ce qui n’aura pas été revu et enregistré de nouveau après la rentrée par le Parlement sera regardé comme non-avenu. »

« Louis XIV était si pressé, qu’il envoya son édit à la Chambre des vacations, par laquelle il fut enregistré le 22 octobre 1685, et l’effet fut si affreux que les ministres n’osèrent plus en parler à la rentrée. Donc cet édit a été réellement sans loi, du moins suffisamment revêtue des formalités requises pour en assurer l’exécution, et le royaume a été ainsi privé de deux millions de sujets, lesquels, n’eussent-ils possédé chacun que cent pistoles, ont emporté au moins deux milliards de richesses ; sujets qui, étant des hommes habiles en tout genre d’arts et de métiers, ont fondé et soutenu depuis la prospérité de toutes les puissances rivales de la France. »

[13] C’était un homme très religieux. Voici ce qu’il écrivait de la Caroline le 11 mars 1713 à son frère Jean du Pont, de Rouen. « Nous apprenons qu’on ne vous laisse pas en repos et qu’on renouvelle de temps à autre quelque moyen de chagrin. Il faut avouer que cet esprit de persécution, si éloigné des véritables principes du christianisme, est semblable à son auteur qui n’est jamais en repos et ne saurait laisser les hommes tranquilles. Le bon Dieu vous console et mette fin à nos maux et veuille pardonner à nos ennemis. »

[14] Elle était fille de Charles Fauchereau de la Rochelle, maître des grandes forges du roi à Rochefort.

[15] C’est à Gédéon du Pont, planteur intelligent et expérimenté sur les bords du Santée, que la Caroline doit son succès dans la culture du riz. Il fut le premier qui eut l’heureuse idée de submerger les rizières afin de détruire les mauvaises herbes qui auparavant étouffaient le riz, et il n’a jamais voulu accepter aucune récompense pour les services qu’il a rendus à son pays. Gédéon du Pont (IIe du nom), neveu ou fils du précédent, embrassa la cause des Anglais dans la révolution américaine et fut, en 1780, un des signataires de l’adresse à sir Henry Clinton. Il fut banni en 1782 et eut ses biens confisqués.

[16] Pierre Rodolphe de May, né en 1708 et décédé en 1763.

[17] Il naquit en 1736.

[18] Après avoir passé quelques années en Suisse, Jean Rodolphe de May entra au service de la Hollande où il resta jusqu’en 1781 ou 1782. À cette époque il vendit sa place avec l’intention de retourner en Amérique, mais il fut fait prisonnier en route et conduit en Angleterre, ce qui différa son arrivée à l’année suivante. En 1796 il avait épousé sa cousine germaine, Mlle H. du Pont et demeurait à quatre-vingts lieues de Charleston.

[19] Née en 1674 et morte à La Robinette au commencement de 1759.

[20] Ils ont eu aussi une fille, Marie du Pont, décédée en 1776. Abraham-Jacques du Pont mourut en juin 1794.

[21] Marie-Thérèse de la Mare, qui vivait encore en 1795.

[22] Abraham, Suzanne, épouse de Louis Mareteau et Jean-Nicolas, né le 27 décembre 1770.

[23] Il naquit en 1697 ou 1698 et mourut très subitement dans la ville de Rouen le 17 novembre 1784 ; étant rentré chez un individu avec lequel il avait des affaires, il ne fit que dire : « Je me trouve bien », quand il ajouta de suite : « Je vous dis adieu pour toujours » et expira.

[24] Elle naquit le 12 août 1769 et épousa en 1785, Jean-Pierre Pottier. Leur fils servait dans l’armée en 1810.

[25] Elles furent vendues à Jean-Baptiste Morel par Du Pont de Nemours le 16 décembre 1797 (26 frimaire an VI). La Robinette est restée dans la famille de Nicolas-François du Pont jusqu’en 1900, lorsque son arrière-petit-fils, Pierre-Michel Pottier, l’a vendue à M. Waddington.

[26] Il mourut en 1717 à Londres.

[27] Élisabeth-Anne Roche, née le 21 août 1779, qui a été mariée le 26 octobre 1804, à Thomas Smith, de la paroisse de Saint-Luke, Middlesex, dans l’église de Saint -Andrew-Wardrobe, Londres, par le Révérend William Goode. Elle a eu trois enfants dont l’aîné était né en 1805 et le plus jeune en 1812.

[28] Elle mourut en 1810 à Londres.

[29] Le docteur James Hutton, né le 3 janvier 1726 à Édimbourg, en Écosse, et mort dans la même ville le 26 mars 1797. Reçu docteur en médecine à Leyde en 1749, il n’a pas suivi la carrière médicale, mais s’est occupé de géologie, de chimie, d’agriculture. Son ouvrage intitulé Theory of the Earth, le plaça au rang des premiers géologues. Ami de Fox et de Shelburne, et jouissant de la confiance du roi Georges III, il fut nommé agent confidentiel du gouvernement anglais pour concerter avec du Pont de Nemours, représentant la France, les bases du traité de 1783, qui reconnût l’indépendance des États-Unis ; et ensuite ceux du traité de commerce de 1783 entre les deux pays.

[30] Au mois d’août 1798, Mme Bourne et sa fille, née en novembre 1788, succombèrent le même jour à New-York de la fièvre jaune.

[31] Elle mourut à Rouen, le 25 janvier 1779.

[32] Salomon-Jean-Jacques Oulson, né en 1730.

[33] Née en 1728 et morte en 1790.

[34] Marie-Marguerite Le Dée de Villeneuve, épouse de M. Houdar de Lamotte, et cousine de la première femme de Du Pont de Nemours.

[35] Jacques-Michel d’Ailly, né le 14 mai 1721 et décédé en novembre 1807.

[36] Le 17 août 1803, P. A. Pouchet-Belmare écrivit de Rouen à Du Pont de Nemours : « La cousine Duvrac est venue avec sa sœur Mme Piquefeu l’aînée (la cousine Oulson) qui est une bien bonne mère de famille et femme respectable qui a bien soutenue la maison et procuré un état à ses enfants. »

[37] Elle mourut en février 1798 ; son mari est devenu plus tard capitaine de vaisseau marchand ; il est mort le 21 octobre 1793.

[38] Briffaut fils vivait en février 1813. Sa mère s’est remarié avec Charles Duvrac de Dieppedale, dont elle a eu quatre enfants.

[39] Le 27 mars 1798, M. d’Ailly écrivit à Du Pont de Nemours : « Le bruit se répand dans cette ville que vous allez vous fixer en Amérique. Cela même m’a été dit par la cousine Pouchet, la religieuse, dite sainte Colombe, qui est son nom de religion. Elle Vous fait mille amitiés, lui ayant communiqué que je me disposais à vous écrire aujourd’hui. »

[40] Il mourut en mai 1793.

[41] Ils eurent une fille née en décembre 1794.

[42] Une de ses sœurs, qui a épousé M. Michault de Dieppe, mourut en novembre 1793 et un frère, Jean-Baptiste Pouchet-Belmare, est décédé en 1796. Le 10 août de cette même année tous ses frères et sœurs étaient morts à l’exception du plus jeune frère alors âgé de vingt ans.

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