Message d’un donateur de l’Institut Coppet et voeux du président

Bonjour,

Je vous remercie de votre mail.

Je comprends votre frustration de ne pouvoir percevoir que difficilement l’impact de vos efforts. Le suivi du nombre de consultation des pages de votre site devrait déjà vous donner une indication quantitative de l’intérêt suscité mais peut-être pas du degré d’attente et d’adhésion de vos lecteurs à l’endroit d’une telle réalisation.

Et pourtant ! J’ai été extrêmement frappé quand j’ai commencé à m’intéresser au libéralisme de constater la très faible disponibilité en France des grands ouvrages du courant de pensée. Des textes présentés dans toutes les études sur le libéralisme comme des opus majeurs de ce courant voire de la philosophie ou de l’histoire des idées globalement, n’ont jamais été disponibles ou ne le sont plus depuis des décennies en langue française.

Pour ne prendre qu’un exemple, mais emblématique, Friedrich Hayek est avec Ludwig von Mises le plus grand économiste et philosophe politique libéral du 20e siècle et sa « Constitution de la liberté » est considérée unanimement comme un des plus grands livres du penseur. Or ce texte n’est pas disponible sous forme imprimée en France ; il semble qu’il y ait eu une édition en 1994, et encore, d’un éditeur confidentiel (Litec).

Comment les étudiants en sciences politiques peuvent-ils étudier lors même que le monde de l’édition est totalement défaillant à leur fournir certains des textes majeurs de la discipline ? Cela laisse pantois : est-il entendu qu’il n’est plus possible d’étudier sérieusement qu’en anglais ou bien que seules les théories keynésiennes ont droit de diffusion dans ce pays ?

John Ranelagh dans « Thatcher’s People » rapporte qu’au cours d’une réunion du parti conservateur dont Margaret Thatcher était le nouveau leader et alors que l’intervenant prônait une voie modérée pour le parti, Margaret Thatcher fouilla dans sa sacoche, en sortit « La constitution de la liberté » qu’elle brandit au-dessus de sa tête en s’écriant « This is what we believe ». Comment peut-on comprendre l’événement politique majeur de la 2e moitié du 20e siècle en Grande-Bretagne qui a fait passer le pays de l’état de mendiant du FMI à celui de pays prospère et dynamique, sans pouvoir lire ce livre ?

La situation s’améliore depuis seulement deux à trois ans grâce aux efforts d’Alain Laurent dans le secteur de l’imprimé et aux vôtres dans le secteur du net.

Mais que de questions on peut se poser sur la liberté d’information dans notre pays et sur le rôle particulier et pour le moins coupable de l’édition française dans le maintien d’une inculture et d’une désinformation dans les domaines de la philosophie politique et de l’économie ! Tout s’éclaire en revanche sur l’inculture et le manque de rigueur intellectuelle abyssales de la quasi-totalité de la classe politique de droite.

Damien Theillier a déjà insisté dans ses textes sur le fait que la priorité pour les libéraux n’est pas le combat politique mais la bataille intellectuelle préalable sans laquelle le premier ne peut-être qu’un fourvoiement.

Je suis extrêmement sensible à cette position. D’une part, car je pense sincèrement qu’il est impossible d’accorder la moindre once de confiance à n’importe lequel des hommes politiques de droite actuels. Faut-il rappeler que la dernière fois que l’état français a eu un budget en équilibre remonte à 1974, soit 38 ans : plus d’un tiers de siècle, deux générations ! Maintenir une nation en état de faillite pendant deux générations est un crime devant le pays.

Or, durant ces 38 années, tous les partis et tous les hommes politiques de droite ont pu gérer le pays. Il faut, à mon avis, être complètement insensé pour accorder à nouveau sa confiance à des hommes qui depuis 38 ans, élection après élection, ont juré la main sur le cœur qu’ils étaient libéraux et de droite et qui, à l’instant même où ils ont été élus ont mené une politique étatiste et socialiste, ont écrasé les Français de règlements, d’atteinte aux libertés et d’impôts et taxes multiples sans jamais diminuer le nombre des textes de loi ni les prélèvements obligatoires.

D’autre part la nécessité d’abondonner un faux combat politique qui ne laisse dans le temps présent aucune chance au libéralisme, pour le travail culturel semble être évidente pour des penseurs comme des hommes d’action.

Ainsi Jean-Louis Thiériot rappelle dans sa remarquable biographie de Margaret Thatcher que lorqu’Arthur Seldon, fondateur de l’Institute of Economic Affairs, alla consulter Friedrich Hayek, celui-ci lui répondit : « Gagnez la bataille culturelle, gagnez la bataille des idées avant de gagner la bataille politique ».

De la même façon, Ron Paul dans la conclusion de « Liberty defined » écrit : « We must recapture what it means to be free. […] In order to do this, we do not need songs, slogans, rallies, programs, or even a political party. All we need is access to good ideas, some degree of idealism, and the courage to embrace the liberty that so many great people of the past have embraced. […] Liberty built civilization. It can rebuild civilization. And when the tides turn and the culture again celebrates what it means to be free, our battle will be won. It could happen in our time. It might happen after we are gone from this earth. But it will happen. Our job in this generation is to prepare the way. »

Cette conclusion est lumineuse : la solution n’est pas dans le combat politique ; « Et quand la marée tournera et que la culture à nouveau célébrera ce que cela signifie d’être libre, notre bataille aura été gagnée. […] Notre travail dans cette génération est de préparer la voie » !

Ron Paul a toujours dit qu’il ne considérait les élections que comme des tribunes pour faire progresser ses idées. L’issue des scrutins n’a jamais été pour lui une préoccupation majeure ni les échecs un drame. Après son récent départ de la Chambre des Représentants, il a indiqué qu’il voulait consacrer son temps à faire des conférences dans les campus universitaires pour informer les jeunes. De fait, Ron Paul a été, de loin, le candidat aux élections présidentielles dont le public était le plus jeune, le plus convaincu et le plus enthousiaste.

Ainsi votre travail se trouve totalement en phase avec ces positions et vous pouvez envisager que vos lecteurs soient peut-être bien plus conscients que vous ne le pensez de son importance.

Si vous vous représentez la frustration qui ne peut manquer d’être la leur alors qu’ils sont soumis à une propagande étatisme et anti-individualiste à l’instant même où ils allument une radio ou une télévision qu’elle que puisse être la chaîne, vous ne manquerez pas de comprendre le soulagement proportionnel de pouvoir accéder à des sites tels que le vôtre ou « Contrepoints ».

J’ajouterai qu’il est intéressant pour le lecteur de connaître un peu les éléments du fonctionnement derrière la vitrine du site et l’actualité de Damien et des participants au projet.

Encore merci et bon courage !

M.P.

PS. 1. Je serais personnellement très demandeur de traductions de textes de personnages actuels comme Ron Paul ; mille fois merci d’ailleurs pour la traduction de son remarquable discours d’adieu au Congrès et celle de son ouvrage sur Mises !

PS. 2. Bien que n’étant ni un jeune ni de ceux qui ne lisent plus, je serais très intéressé par les podcasts audio car travaillant beaucoup avec ma voiture je pourrais les écouter sur l’autoradio.

PS. 3. Il pourrait être intéressant que certains textes puissent être achetés imprimés grâce à des sites du type lulu.com.

Cher donateur

Au-delà des remerciements d’usage pour votre générosité, votre message nous va droit au coeur. En ce début d’année 2013, rien ne pouvait davantage nous encourager à continuer le travail entrepris depuis deux ans à l’Institut Coppet. Nous partageons pleinement votre analyse de la stratégie à suivre pour retrouver la liberté dans ce beau pays de France. A mon tour, je voudrais saluer le travail d’Alain Laurent, dans le domaine de l’édition mais aussi de la recherche. Sa biographie d’Ayn Rand et son dernier opus : Les penseurs libéraux, ont connu un grand retentissement dans la presse ces derniers mois. C’est assez inédit pour être souligné.

L’année 2012 s’est achevée en beauté pour l’Institut Coppet, par un partenariat avec le site 24hGold qui va sponsoriser nos traductions. De nombreuses traductions de Ron Paul sont déjà disponibles ici grâce au travail passionné d’Eric Lemaire, son fondateur, qui finance également chaque année l’université d’automne en économie autrichienne.

Pour répondre à vos post-scriptum, nous avons le projet de lancer un atelier de podcasts audio. Nous cherchons des personnes qui pourraient lire et enregistrer des textes avec un micro externe sur leur ordinateur. Nous avons créé une page spéciale avec les détails pratiques permettant à ceux qui le souhaitent de nous aider. Enfin, nous avons déjà trouvé un éditeur pour publier et diffuser nos ebooks en version papier. Le projet est en cours. Nous vous tiendrons informé.

Bonne année 2013 pour une renaissance de la liberté en France !
Amicalement

Damien Theillier, président (damien.theillier@institutcoppet.org)

L’Institut Coppet lance un appel à tous :

Vous voulez contribuer à la diffusion des idées de liberté ?

Aidez-nous à traduire des articles de synthèse sur les principes d’une société libre.

Ecrivez à damien.theillier@institutcoppet.org

3 Réponses

  1. SUIVRE

    Il est étonnant que “votre généreux donateur” ne mentionne pas l’éditeur Philippe NATAF ( éditions Charles Coquelin ) pour l’excellence de son travail d’édition de penseurs libéraux. Hayek , Von Mises , Bastiat etc ……On peut les trouver très facilement sur Amazon.
    Ce ne sont pas les ouvrages ou traductions de penseurs libéraux qui manquent mais l’envie ou plus simplement la curiosité intellectuelle d’aller voir ce qui se cache derrière cette pensée tant décriée dans notre pays : le libéralisme.

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    • V. Vodarevski

      Les éditions Charles Coquelin font un bon travail, à souligner, je suis d’accord. Malheureusement, on ne peut que constater que les principes d’économie de Carl Menger ne sont pas traduits en français. L’Acion humaine de Ludwig von Mises n’est plus disponibles en librairie. De grands manques.

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  2. Un etudiant

    En effet, je rejoins V.Vodarevski sur le fait qu’il est très difficile de trouver des ouvrages traitant du liberalisme de façon POSITIVE en librairie. M’étant très récemment intéressé à ce courant philosophique j’ai pris la décision d’acquérir une oeuvre “de base” sur le sujet, mais après de longues recherches (la fnac, sauramps et d’autres enseignes moins connues) le butin fut maigre (un bouquin de Aron d’occasion, le dico du liberalisme par M.Laine, quelques bouquins de P.Manent et A.Laurent, un seul sur Tocqueville, rien sur Bastiat…).

    Au final une liseuse kobo et quelques ebook restent une bone alternative.

    Bref, merci l’institut et tout les liberaux qui s’investissent activement sur le net !

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