Oeuvres de Turgot – 129 – Lettres à Caillard

129. — LETTRES À CAILLARD.

XVII. (Détails divers. — La musique française.)

[D. D., II, 817.]

Limoges, 12 juin.

Vous avez donc vu Jean-Jacques[1] ; la musique est un excellent passe-port auprès de lui. Quant à l’impossibilité de faire de la musique française, je ne puis y croire, et votre raison ne me paraît pas bonne ; car il n’est point vrai que l’essence de la langue française est d’être sans accent. Point de conversation animée sans beaucoup d’accent ; mais l’accent est libre et déterminé seulement par l’affection de celui qui parle, sans être fixé par des conventions sur certaines syllabes, quoique nous ayons aussi dans plusieurs mots des syllabes dominantes qui, seules, peuvent être accentuées.

Je vous fais mille remerciements de vos soins pour ma bibliothèque ; quant aux livres à relier, je ne sais si Derome vaut mieux que la Ferté ; avant de me décider, je voudrais que vous m’envoyassiez l’état des brochures que vous voulez faire relier ; je me déciderais sur le degré de magnificence.

Quant aux livres au rabais, je ne crois pas avoir le Traité de Westphalie, du P. Bougeant[2] et, si je l’ai, il ne faut pas l’acheter, non plus que les ouvrages de Gatti sur l’inoculation dont il me semble n’avoir que la moitié. Pour M. Messance[3], je sais que je l’ai, mais je suis bien aise d’en avoir un pour Limoges et un pour Paris.

Adieu, mon cher Caillard ; vous connaissez tous mes sentiments pour vous[4].

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[1] Rousseau.

[2] Bougeant (1690-1743) jésuite.

[3] Pseudonyme de La Michodière ; Recherches sur la population des généralités d’Auvergne, de Lyon, de Rouen, etc., 1766, in-4°.

[4] Il existe d’autres lettres de Turgot à Caillard, dont une en ma possession, mais elle est sans intérêt.

On trouve aux Archives Nationales (01 587) la pièce ci-après :

Avis sur une contestation entre des maîtres teinturiers et des fabricants d’étoffes qui teignaient chez eux (Affaire Gourniaud).

30 décembre.

(L’affaire avait été renvoyée pour avis à Turgot par arrêt du Conseil. Il s’agissait de savoir si Gourniaud, fabricant, qui avait teint des étoffes lui appartenant, avait agi comme fabricant, ou s’il devait être considéré comme un garçon teinturier qui aurait teint, sans être maître, des étoffes ne lui appartenant pas et si, dès lors, atteinte n’avait pas été portée aux privilèges des maîtres teinturiers. Turgot donna raison à Gourniaud. Quelque temps auparavant, il avait proposé d’accorder à un sieur Mareujanne l’autorisation de teindre lui-même ses étoffes malgré l’opposition des maîtres-teinturiers ; l’autorisation avait été donnée par décision du 9 juin du Contrôleur général, abbé Terray.)

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