Œuvres de Turgot – 196 – Lettres à Dupont de Nemours

Œuvres de Turgot et documents le concernant, volume 3

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1775

196. — LETTRES À DU PONT DE NEMOURS.

CXXXVIII. (Affaires générales.)

Versailles, 13 février.

Je ne vous réponds point, mon cher Du Pont, mais j’ai distribué vos affaires et fait ce qui était faisable. Je verrai aujourd’hui M. de Fourqueux, auquel je dirai un mot de ce qui vous intéresse.

Je vous embrasse et vous prie de compter toujours sur mon amitié.

CXXXIX. (Divers objets. La goutte.)

Versailles, samedi matin 18 février.

J’ai reçu, mon cher Du Pont, tant de lettres de vous, qu’il m’est vraiment impossible d’y répondre ; une demi-heure de conversation, vos lettres à la main, éclaircirait tout.

Actuellement, je suis presque seul et demain, et après-demain vraisemblablement, nous trouverions un instant pour causer. Vous auriez pu venir avec M. de Vaines ou ce soir avec M. de L’Echoysier et M. Desnaux, s’ils reviennent, car j’ai peur que le bon Desnaux ne soit malade, ce qui m’affligerait beaucoup, car il m’est vraiment attaché.

Ma goutte traînasse toujours à un point insupportable. J’aurais beaucoup mieux aimé des douleurs vives, mais plus courtes. C’est depuis mes maudites sangsues que mes attaques ont pris ce train-là.

Adieu, je vous embrasse. Vous me parlez d’une brochure que vous ne m’avez pas envoyée.

CXL. (Guerre des farines.)

(Probablement mai).

Il faut que je retourne ce soir à Versailles ; venez à 9 heures précises avec un carrosse à six chevaux. Si je n’en ai pas qui soit en état d’aller, prenez la poste. Pour ne pas me tuer, je coucherai à Versailles ; ainsi, il faut que Berguant[1] vienne, ou dans le cabriolet, ou dans une voiture de la Cour, Je vous embrasse ne dites rien de ceci, sinon ce qu’il faudra pour qu’on vienne me chercher.

CXLI. (Guerre des farines.)

Versailles, jeudi matin (Probablement mai).

Je ne puis rien vous dire sur tout ce qui fait l’objet de vos inquiétudes ; je n’ai vu le seigneur chatelain[2] qu’un instant, mais son visage n’est aucunement changé. J’espère toujours retourner ce soir, mais sans en être parfaitement sûr. Mon genou va mieux. J’ai lu votre instruction militaire dont j’ai été très content. Je suis bien fâché que vous ne puissiez éviter de plaider.

CXLII. (Mémoire sur les municipalités.)

Versailles, 11 septembre.

J’ai reçu, mon cher Du Pont, vos deux lettres et je suis fort aise de vous savoir content : comme nous n’avons de guerre que la guerre sourde et continue avec les fripons, vous pouvez dormir et travailler à votre aise sur les municipalités. Si vous m’apportez de bonne besogne, vous aurez bien employé votre temps pour vous et pour moi.

Je pense, comme vous, sur la nécessité d’agir, mais il faut pourtant de la mesure et de la précision dans les mouvements et il en faut d’autant plus qu’il faut aussi répondre aux objections et qu’ainsi le seul résultat ne suffit pas. C’est quand on est maître que votre principe est vrai.

À propos, vous qui prêchez les autres, vous avez oublié une certaine lettre à écrire à M. le prévôt des Marchands sur les ordres relatifs à l’approvisionnement de Paris, et à la police des marchandises arrivant par eau.

Adieu, je vous embrasse.

CXLIII. (Mémoire sur les municipalités.)

Paris, samedi 23 septembre.

Je suis fâché, mon cher Du Pont, que vous ayez perdu du temps à rédiger vos vues avec une perfection superflue. Je n’avais besoin que d’un canevas. J’ai trop réfléchi sur cette matière, depuis une quinzaine d’années, pour n’avoir pas une foule d’idées que vous n’aurez pas pu deviner, et ce serait un beau hasard que nous nous fussions rencontrés sur tout. Il suit de là que la rédaction définitive sera vraisemblablement à refaire ; au surplus, nous verrons.

Je médite de faire, comme vous, une retraite profonde et ignorée de tous les hommes pendant les dix jours d’intervalle de Versailles à Fontainebleau, afin de me reposer du courant et de travailler à choses vraiment utiles. Je n’emmènerai que vous et Desnaux, et je partirai le lundi 28 octobre ; ainsi, je vous demande d’être au moins revenu pour ce moment-là, si vous ne l’êtes pas plus tôt. [3]

Je vous embrasse de tout cœur.

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[1] Domestique de Turgot.

[2] Louis XVI.

[3] Du Pont s’était réfugié dans sa propriété de Chevannes pour travailler plus librement.

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