Œuvres de Turgot – 238 – Lettres à Voltaire

Œuvres de Turgot et documents le concernant, volume 5

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ŒUVRES DE TURGOT

ET DOCUMENTS LE CONCERNANT

SIXIÈME PARTIE

TURGOT dans la retraite (1776-1783)

Abréviations.

D. P. Œuvres de Turgot, édition Du Pont de Nemours.

D. D. Œuvres de Turgot, édition Daire et Dussard.

A. L. Archives du Château de Lantheuil.

A. N. Archives Nationales

A. H. V. Archives de la Haute-Vienne.

A. Cor. Archives de la Corrèze.

Les notes de Turgot sont indiquées par des chiffres ; celles de l’éditeur, par des lettres.



1776

238. — LETTRES À VOLTAIRE

(Disgrâce de Turgot. — Le pays de Gex. — Le successeur de Turgot.)

[A. L., copie par Turgot.]

Lettres de Voltaire, 17 mai. — Un vieillard d’environ 83 ans est bien près de mourir quand il apprend de telles nouvelles, mais il consumera le peu de moments qui lui restent à vous respecter, à vous aimer et à plaindre très sincèrement la France.

18 mai. — Quand vous eûtes la plume du Roi, je vous dis que vous seriez toujours Monseigneur, vous le serez toujours et aujourd’hui plus que jamais.

Je ne sais pas ce qui se passe ailleurs, mais M. de Trudaine est témoin qu’à Genève, en Suisse, en Franche-Comté, sur toute la route de Lyon, chacun croit avoir perdu son père. On me mande qu’il en est ainsi dans toutes les provinces.

Vous avez gouverné environ vingt mois. Ces vingt mois seront une époque éternelle. C’est tout ce que peut vous dire ce vieillard de 83 ans qui n’a plus qu’à mourir.

Lettre de Turgot.

[A. L., minute, autographe.]

Paris, 6 juillet.

M. de Vaines m’avait fait tenir, M., à la Roche-Guyon où j’étais allé passer quelque temps avec Mme la duchesse d’Enville, la lettre que vous lui aviez adressée pour moi. On ne peut être plus touché que je le suis de toutes les marques d’amitié que vous me donnez depuis ma retraite. Si je puis un jour aller vous en remercier à Ferney, ce sera un emploi fort doux du loisir qu’elle me laisse, et c’est une espérance à laquelle je serais bien fâché de renoncer.

J’ai trouvé en arrivant à Paris un nouveau sujet de remerciement. M. Trudaine m’a remis l’épître charmante que vous lui avez envoyée pour moi. Je suis fort loin d’ignorer le prix de la gloire, et il faudrait y être plus qu’insensible pour n’être pas infiniment flatté d’un pareil éloge venant d’un homme qui en a tant mérité.

Je vois quelquefois les amis dont vous me parlez dans votre lettre. L’un d’eux vient d’éprouver un malheur plus sensible que ne peut l’être la perte d’aucune place, et j’ai vivement partagé sa peine.

Quant aux affaires du pays que vous habitez, je ne suis plus à portée d’être utile à ses habitants ; mais M. Trudaine et M. de Fourqueux suivront l’exécution de ce qui avait été arrangé. L’un et l’autre ont les mêmes principes que moi et n’ont pas moins de zèle pour le bien.

M. de Clugny est homme d’esprit et je serais surpris qu’il ne soutînt pas ce que j’ai pu faire d’utile à moins qu’on ne le gênât dans son administration. J’avoue que si cela arrivait, j’en serais fort affligé. Les lettres qui me sont adressées directement me parviennent sans difficulté, sauf le petit inconvénient d’être ouvertes à la poste. Je ne sais si, en les faisant passer par M. de Vaines ou M. Fargès on est bien sûr de tromper la curiosité de MM. les gens de lettres.

Recevez, M., l’assurance de tout mon attachement. Mme la duchesse d’Enville vous fait mille compliments. Permettez-moi de me rappeler au souvenir de Mme Denis.

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