Proclamez Detroit “ville libre”. Par Patrick Barron

detroit-crumbleDeclare Detroit a Free City

Texte de Patrick Barron* paru dans Mises Daily du 26 juillet 2013

Traduction de Jacques Peter, Institut Coppet

Proclamez Detroit Ville Libre

Nous qui préconisons le marché libre comme voie sûre vers la paix et la prospérité,  entendons souvent dire que l’économie américaine doit beaucoup, beaucoup empirer, avant que de vrais réformes ne soient autorisées. Pourquoi devons-nous continuer à attendre avant de prendre des mesures sérieuses pour réduire le gouvernement parasite? Une réponse habituelle est que nous devons attendre que les choses aillent si mal que plus personne ne puisse nier que le gouvernement est le problème et non la réponse. Alors, même les socialistes irréductibles donneront une chance au marché libre.

Et que se passerait-il si nous dépassions la limite et que les gens réclamaient davantage, pas moins, de gouvernement ? Le résultat serait le fascisme aux Etats-Unis. En ce qui me concerne, si j’ai le choix, je ne souhaite pas attendre une telle éventualité. Je préférerais un cas d’école pour démontrer qu’un gouvernement radicalement diminué conduit à la paix et à la prospérité.

Detroit est un cas d’école pour la liberté économique

La tragédie longue allant s’amplifiant d’un Detroit aujourd’hui en faillite, fournit l’occasion unique d’expérimenter notre principe fondamental. Et si Detroit devenait une ville libre dans laquelle le gouvernement assurerait la sécurité publique, des tribunaux honnêtes, la protection des droits de propriété, et pas grand chose d’autre ?  Est-ce que la libre entreprise non entravée ne s’implanterait pas comme elle l’a toujours fait en Amérique ?

Detroit est en faillite, et ses problèmes paraissent insolubles. Sa population a culminé en 1950 à 1 850 000 pour tomber à 706 000 en 2011, illustration claire de gens votant avec leurs pieds. Comme l’a écrit le politicien britannique Daniel Hannan, la maladie de Detroit pourrait s’être propagée à d’autres villes américaines et peut-être même à tout le pays. Avant que la maladie ne puisse tuer le reste de l’Amérique, l’opportunité se présente de donner une chance à des réformes libérales dans un cadre assez bien délimité – la ville en dysfonctionnement  et en faillite de Detroit.

Tout ce dont Detroit a réellement besoin est la liberté économique et la sûreté des droits de propriété. Libérez Detroit de toute forme de gouvernement, y compris du gouvernement fédéral. Proclamez Detroit ville libre. (Ne vous inquiétez pas, l’Amérique viendra à votre secours si ces Canadiens avides de sang vous attaquent !). En d’autres termes personne n’aurait à payer un quelconque impôt fédéral ni être soumis à quelque réglementation fédérale que ce soit. Ne serait-ce pas sympathique de ne pas  payer d’impôts fédéraux, même pas la Sécurité Sociale ? Faites la même chose avec les impôts du Michigan. Pas d’impôts MAIS pas non plus d’aide fédérale ou de l’Etat.

Un Detroit libre n’aurait absolument aucune réglementation du travail, pas même le salaire minimum, l’assurance obligatoire, les règles de non discrimination, les règles de sécurité, etc. Les gens auraient la possibilité de collaborer librement aux conditions qu’ils peuvent obtenir en fonction de la productivité marginale de leur travail.

Mettez fin à toutes les règles qui contrarient les « startups » et entravent leur développement, comme les licences, les règles de santé publique et les inspections, les règles d’urbanisation, etc. Ne vous souciez pas de ce que des gens puissent être embauchés contre leur volonté à des salaires bas ou des tâches dangereuses. La réalité est que les patrons doivent embaucher les travailleurs et non les contraindre et les enchaîner à leur poste de travail. Pas plus que les patrons n’ont intérêt à nuire à leurs employés ou à leurs clients. S’ils le font, le droit civil et commercial normal suffira.

Privatisez tous les services publics, tels que la collecte des déchets, les services des eaux et des égouts, et permettez une compétition débridée dans ces secteurs et d’autres, même pour la protection incendie. Vendez les immeubles appartenant à la ville (qui a besoin de bureaux vidés de leurs fonctionnaires ?) et transférez la propriété des logements sociaux à leurs occupants, les rendant responsables de leurs propres demeures. Vous pourriez être surpris à quel point les gens peuvent être  responsables lorsqu’il s’agit de leur propriété à eux. Mettez fin à l’enseignement public et à tous ses coûts. Permettez aux gens d’avoir l’enseignement qu’ils souhaitent, quel qu’il soit. Comme la moitié de la population est de fait illettrée, quel est le risque ?

Voulez-vous une société sûre ? Alors laissez les gens s’armer sans aucune nécessité de licence. Comme il faut à la police de Detroit environ une heure pour prendre un appel normal sur le 911, il s’agit simplement de la satisfaction pratique du droit humain de base à se défendre.  Surtout, mettez fin à l’assistanat. Le cycle destructeur de la dépendance conduit les villes américaines dans le mur financièrement et culturellement.

N’espérez pas à une réussite immédiate, mais qui sait ? Un marche libre nous surprend toujours par de nouvelles innovations. Au départ on peut s’attendre à des initiatives familiales modestes, des vendeurs de trottoirs, des services libérés des licences et des taxes dans des secteurs comme les réparations domestiques simples, l’école à domicile, les taxis privés, etc. Mais si Nike et d’autres affaires américaines sont incitées à délocaliser à l’étranger, attirées par des coûts plus bas et un fardeau réglementaire moindre, pourquoi ne considéreraient-elles pas sérieusement un Detroit Libre? Préparez-vous à être stupéfaits.

Permettez à Detroit de devenir une ville sûre, coopérative, qui représente le meilleur de ce que l’Amérique peut être. La liberté économique assurera la renaissance de Detroit. Cette ville peut devenir le phare d’une véritable prospérité pour le reste de l’Amérique et du monde.

*Patrick Baron est un consultant privé du secteur bancaire. Il enseigne la Banque à l’Université du Wisconsin à Madison, et l’Economie Autrichienne à l’Université d’Iowa à Iowa City, où il habite.

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