Les libéraux français et la question de l’avortement

Dictionnaire de la tradition libérale française, par Benoît Malbranque. — Extrait du premier volume, en préparation. Article ‘Avortement’. — « Il est indispensable, pour l’honneur de la société moderne et le salut de la France », écrivait par exemple Paul Leroy-Beaulieu en 1913, « de châtier méthodiquement et efficacement l’avortement au moins autant qu’on châtie soit le vol, soit les coups et blessures. »

Statistique des avortements, des viols et des infanticides

En 1878, Paul Leroy-Beaulieu commente les dernières statistiques de la justice criminelle relatives aux mœurs, c’est-à-dire particulièrement les avortements, les viols et les infanticides. Il remarque d’abord que ces crimes sont très fortement sous-évaluées, et que la France serait un fort beau pays s’il ne s’y commettait annuellement que 27 avortements ou 200 infanticides. Mais si grave que soit ces crimes, Paul Leroy-Beaulieu demande surtout au législateur de considérer leurs causes profondes. Il y a notamment, dit-il, dans la loi qui interdit la recherche de la paternité, ou dans la jurisprudence qui manque de fermeté face aux promesses de mariage non tenues, des failles qui font peser de manière injuste le poids des fautes morales sur la femme plutôt que sur l’homme.