Gustave du Puynode – De l’esclavage et des colonies

Figure plus marginale au sein du libéralisme francophone, qui voyait Frédéric Bastiat, Gustave de Molinari et quelques autres acquérir davantage de célébrité, Gustave du Puynode (1817-1898) a toutefois été l’auteur de nombreuses publications très remarquées de son temps. Dans ce petit opuscule sur l’esclavage et les colonies, il illustre à sa manière la complexité des positions du libéralisme au XIXe siècle. Contre certains timides, c’est un adversaire intraitable de l’esclavage, et il se dit partisan d’une émancipation intégrale et immédiate. Mais quant au second sujet, ce n’est pas la décolonisation qu’il réclame ; et s’il blâme les monopoles, les règlements et les violences, il n’accepte pas moins le « rôle civilisateur de la colonisation ».

Gustave de Molinari – La conquête de la Chine

Pour Gustave de Molinari, écrivant en 1856, c’est-à-dire au milieu des guerres de l’opium et peu avant le sac du Palais d’Été, la Chine doit être conquise, et sa civilisation rétrograde et décadente doit s’ouvrir aux idées et aux produits de l’Occident. Pour accomplir cette « expropriation pour cause de civilisation », il conçoit un plan et mobilise l’opinion publique. La compatibilité de ces recommandations avec les principes du libéralisme n’est pas évidente, et cette pièce d’histoire est ici republiée pour être jugée.

L’expansion coloniale

Dans cette court texte inséré dans la Revue économique de Bordeaux, Frédéric Passy rappelle la portée et la signification de son anti-colonialisme, dont la ferveur lui a inspiré par exemple un grand et célèbre discours à l’occasion du Tonkin, en 1885. Sa conviction centrale, c’est, comme il le répète, « la supériorité des moyens pacifiques sur les moyens violents, et, par conséquent, de la pénétration graduelle, par le commerce et par les entreprises privées, sur l’occupation, en apparence plus rapide, en réalité plus longue, parce qu’elle reste contestée, par les armes ».

Les libéraux français et la colonisation du Viêt Nam

La colonisation française au Viêt Nam est un phénomène politique sur lequel les libéraux ont fait entendre une voix dissonante, et qui ne s’explique bien rétrospectivement que dans le cadre de ses conditions historiques particulières. Au sein de l’Indochine française (Liên bang Đông Dương, 聯邦東洋), les Français établissent successivement leur domination sur les trois régions viêtnamiennes de l’Annam (Trung Kỳ, 中圻) au centre ; du Tonkin (Bắc kỳ, 北圻) au Nord, et de la Cochinchine (Nam Kỳ, 南圻) au Sud. Si dès 1883 Paul Leroy-Beaulieu pousse de ses vœux la conquête décisive, avant de se désintéresser de cette colonie, Frédéric Passy et Yves Guyot s’y opposent fermement, par la plume ou à la tribune. Pendant plus de trente ans, Gustave de Molinari tâche aussi de décourager les artisans de la colonisation au Viêt Nam, en présentant ses aspects honteux.

Le rôle social de la colonisation, par Joseph Chailley-Bert

Pour Joseph Chailley-Bert, la colonisation est chose utile pour une nation, et cela à plusieurs titres. Comme il l’explique dans cette conférence de 1897, les colonies permettent de fournir un débouché aux excédents de population et de capitaux, et agrandissent une nation et une nationalité, qui risquerait de se perdre dans la simple émigration. Pour lui, le rôle social de la colonisation ne fait aucun doute.

L’émigration des femmes aux colonies, par Joseph Chailley-Bert

Pour les libéraux français partisans de la colonisation en cette fin de XIXe siècle, la question de l’utilité et de la désidérabilité des colonies n’est plus à l’ordre du jour. Le pays est entré pleinement dans cette voie, et les sceptiques ou adversaires d’hier sont eux-mêmes résignés. Il reste à réformer le système colonial, à améliorer son administration. Pour Joseph Chailley-Bert, la question de l’émigration des femmes aux colonies est cruciale. Dans cette conférence de janvier 1897, il expose son projet d’une association qui ferait un travail d’intermédiaire, pour apporter des postulantes capables aux colonies françaises, où ces femmes premièrement travailleraient, puis trouveraient certainement d’elles-mêmes un mari.

L’Afrique sous le gouvernement républicain

En 1848, la colonisation en Algérie, entamée en 1830, fait naître de plus en plus de doutes de la part des libéraux français. Déjà la première génération à l’avoir vécue est devenue plus sceptique, à l’image de Tocqueville. Mais pour certains nouveaux venus, comme Frédéric Bastiat ou Léonce de Lavergne, les résolutions sont plus radicales. Dans cet article, ce dernier demande que l’on enclenche une décolonisation, en abandonnant les campagnes aux indigènes, pour ne maintenir qu’une activité commerciale dans quelque villes choisies. Cette mesure radicale, dit-il, est une nécessité, et elle nous évitera bien des périls, bien des gaspillages, et empêchera surtout que l’histoire de la France soit durablement entachée par les violences et iniquités que la colonisation traîne à sa suite.

Collectivisme agraire et nationalisation

Dans cette courte brochure publiée en 1897, Paul Leroy-Beaulieu répond aux critiques et aux propositions révolutionnaires des collectivistes. La propriété foncière, dit-il, est fondée sur l’occupation première, le travail et l’utilité générale. Refuser le motif de la première occupation, c’est renier le processus même de la civilisation et donner un argument à tout groupe d’hommes qui voudra conquérir une nation : car les nations mêmes ne reposent pas sur autre chose que sur le droit de première occupation. Renverser la propriété foncière, c’est aussi briser le motif du travail et appauvrir la société.

Observations sur les colonies éloignées

Dans la controverse sur l’utilité ou l’inutilité des colonies, l’abbé de Saint-Pierre défend dans la première moitié du XVIIIe siècle une position qui se retrouvera, avec des développements et des aménagements, chez les grands auteurs libéraux de la seconde moitié du siècle. Coûteuses à établir, coûteuses à maintenir, les colonies ne développent pas le commerce, quand elles l’enserrent dans des monopoles et des restrictions. Si elles peuvent servir à enrichir quelques familles d’un État, elles sont à charge pour la nation tout entière.  

De l’utilité et de l’inutilité des colonies (deuxième partie)

Malgré l’affirmation enthousiaste de Paul Leroy-Beaulieu, selon lequel la colonisation est une question jugée, et que tout le monde admet son utilité, le débat soulevé à la Société d’économie politique sur cette question fait apercevoir de vraies divisions. Face à Paul Leroy-Beaulieu, le plus affirmatif et résolu dans sa défense de la colonisation, Frédéric Passy et Émile Levasseur soutiennent que la conquête du monde par la race européenne ne mérite d’être faite que par le commerce et une colonisation non-violente, ou dans des territoires très rares où les conditions sont extrêmement propices. Yves Guyot rejette même tout idée de colonisation, et se lance dans un réquisitoire implacable, fondé sur les faits.

De l’utilité et de l’inutilité des colonies (première partie)

Malgré l’affirmation enthousiaste de Paul Leroy-Beaulieu, selon lequel la colonisation est une question jugée, et que tout le monde admet son utilité, le débat soulevé à la Société d’économie politique sur cette question fait apercevoir de vraies divisions. Face à Paul Leroy-Beaulieu, le plus affirmatif et résolu dans sa défense de la colonisation, Frédéric Passy et Émile Levasseur soutiennent que la conquête du monde par la race européenne ne mérite d’être faite que par le commerce et une colonisation non-violente, ou dans des territoires très rares où les conditions sont extrêmement propices. Yves Guyot rejette même tout idée de colonisation, et se lance dans un réquisitoire implacable, fondé sur les faits.

La colonisation, par Edmond About

Un mois avant sa mort, Edmond About prend la parole devant la Société française de colonisation, dont il est devenu le président. On sait que depuis la défaite française de 1870, About croit trouver dans les colonies le moyen pour la France de regagner une influence et de continuer à compter dans le monde. Ici, il évoque l’utilité des colonies pour l’absorption d’une partie des malheureux des grandes villes, que l’hiver glace, et qui peinent à trouver logement et nourriture. Ils feraient d’admirables colons, si l’initiative privée et l’État au besoin les aidaient dans leur transport aux colonies. 

Les devoirs de la Chambre nouvelle et la politique coloniale

En octobre 1885, les élections législatives font basculer la majorité politique du pays et envoient à l’Assemblée des députés qui s’engagent à ne plus poursuivre les errements récents de la politique coloniale française. Pour Paul Leroy-Beaulieu, les atermoiements du passé sont en effet à condamner, et une nouvelle voie, plus cohérente et plus ferme, est à suivre : mais le bienfondé de la colonisation de saurait être renié, dit-il. Abandonner désormais le Tonkin, Madagascar, ou nos autres possessions en Afrique, ce serait se couvrir de honte sur la scène du monde, livrer nos nationaux et nos commerçants à toutes les injures possibles, et laisser d’autres nations s’emparer des dépouilles que nous laisserions. — Ce texte, d’un colonialisme fervent, offre un contraste saisissant avec le discours de Frédéric Passy contre la colonisation au Tonkin, prononcé quelques semaines plus tard. Telles étaient les frictions du libéralisme d’alors.

Le régime civilisateur de l’Indo-Chine

Partisan de la colonisation dans sa jeunesse, Gustave de Molinari est resté toute sa vie intéressé par ce qui était présenté comme l’introduction de la civilisation chez les peuples arriérés. Sceptique d’emblée à l’idée d’une colonisation par l’État, il a vu, au long de sa longue carrière, les effets désastreux du colonialisme, comme ici en Indochine (Vietnam), où les impôts et les fonctionnaires foisonnent, livrant ce pays conquis à un véritable pillage.

L’expédition européenne au Mexique (Partie 2 sur 2)

Après avoir exposé la situation politique du Mexique et expliqué les motifs des velléités des États-Unis sur lui, Michel Chevalier explique pourquoi, dans le cadre même du libéralisme qu’il défend, une politique étrangère d’intervention militaire se justifie, et ce que doit être son objet. Il s’agit, pour la France, l’Espagne et l’Angleterre, de rétablir les assises politiques du Mexique, pays dans la déchéance et l’anarchie, et de le sauver de l’accaparement total par les États-Unis.

L’expédition européenne au Mexique (Partie 1 sur 2)

En 1862, le Mexique est l’objet des menées et des convoitises de plusieurs nations de l’Europe, s’ajoutant ainsi aux visées longtemps entretenues par les États-Unis. L’État mexicain, affaibli, et dont les institutions ne donnent pas satisfaction, s’apprête à être renversé. Présentant cette situation dans une longue étude en deux parties, Michel Chevalier dresse d’abord le constat de la déchéance mexicaine, qui prépare la discussion des moyens d’action des nations européennes.

L’Europe et la Chine

Pour la Revue des Deux-Mondes, Michel Chevalier raconte en 1840 les ambitions des Anglais en Chine et dans l’Extrême-Orient. La pensée d’unir la civilisation de l’Orient et de l’Occident, et surtout ces pôles majeurs que sont l’Europe et la Chine, est, dit-il, l’une des plus importantes qui soit, et elle doit sous peu révolutionner le monde. Selon lui, les progrès économiques, sociaux et politiques qu’amène de manière croissante la liberté en Europe, ne peuvent suffire seuls à satisfaire les passions et l’enthousiasme naturel de ces peuples. Les Européens doivent pénétrer en Chine et ouvrir le monde : c’est le vœu de la Providence.

Algérie. Rapport sur la situation économique de nos possessions dans le nord de l’Afrique

Devant l’Académie des sciences morales et politiques, dont les membres, quoique libéraux, sont aussi de fervents défenseurs de la colonisation, Adolphe Blanqui présente les conclusions d’un voyage qu’il vient d’effectuer en Algérie. L’un des principaux freins au développement de notre nouvelle colonie, dit-il, est l’état instable et embrouillé de la propriété, qu’il est urgent d’asseoir sur des bases solides. Il regrette aussi qu’on n’ait pas fait de l’Algérie une terre de libre-échange, et qu’au contraire la douane entrave un développement rendu difficile par ailleurs par bien d’autres considérations.

Préface à “Pacifisme et colonisation” de François Nicol

En 1908, fortement affaibli et à moitié aveugle, Frédéric Passy s’est retiré dans les Pyrénées atlantiques pour prendre du repos. Il y reçoit (malgré ses ordres contraires), le texte d’une brochure qu’on lui lit, sur la manière de rendre compatibles la colonisation et l’idéal de la paix. Sceptique, quant à lui, sur le bienfondé de la colonisation, Passy ne peut manquer de rappeler ses convictions dans la courte préface en forme de lettre, que son « collègue », François Nicol, insère en ouverture de son texte.

Discours contre la colonisation de la France au Tonkin et à Madagascar

En décembre 1885, lors de la grande discussion à l’Assemblée sur les questions coloniales, et notamment sur l’intervention au Tonkin et en Annam (Viet Nam), Frédéric Passy choisit à nouveau de prendre la parole pour une exposition longue et détaillée des raisons pour lesquelles, contrairement à la plupart de ses collègues de tous bords, il rejette la politique coloniale de la France. C’est une protestation vibrante et rare d’un authentique libéral, fidèle aux idéaux de ses prédécesseurs, contre la politique de spoliation à l’extérieur qui s’appelle colonisation.