Liberté aux pauvres de travailler les fêtes et les dimanches après-midi

Sous l’Ancien régime, la question de la pauvreté ne se résout pas à celle des mendiants et des vagabonds. Pour que le travail fasse vivre, certains économistes réclament un allègement du poids que l’Église fait peser, par ses chômages forcés, sur l’activité productive d’un grand nombre d’artisans, de commerçants, qui pourraient tirer profit de cette liberté. L’abbé de Saint-Pierre, notamment, formule cette recommandation : que les travailleurs pauvres puissent travailler librement les dimanches après-midi (le matin restant réservé à la messe) ; toutes les fêtes seraient en outre déplacées aux dimanches.

Rapport sur le concours relatif à l’utilité du repos hebdomadaire

En 1874, Henri Baudrillart rend compte pour la section de morale de l’Académie des sciences morales et politiques du résultat d’un concours organisé sur le thème du repos hebdomadaire. Très religieux, Baudrillart n’accepte pas les prétentions de l’un des mémoires, qui appelle de ses vœux une société où la religion aura laissé la place à la religion. Le prix sera partagé par deux mémoires qui ont correctement analysé la question, dit Baudrillart, c’est-à-dire qui reconnaissent le besoin du repos hebdomadaire le dimanche, mais qui ne demandent pas à la loi et au pouvoir politique le soutien premier de cette habitude morale. 

Chômage des dimanches et jours fériés, par Charles Renouard (1865)

« Ayons des jours périodiques de repos légal, car ils sont indispensables à l’ordre civil des sociétés ; félicitons-nous de pouvoir, dans leur désignation, concilier avec les conseils de la science économique le respect dû aux préceptes religieux ; encourageons, propageons et pratiquons l’obéissance à des règles dont la vie de tout le monde doit se trouver bien ; mais reconnaissons qu’il n’est, à ces fins, ni juste, ni utile de pousser la loi à sortir de sa sphère, et d’ériger en délits ou contraventions des actes dont il serait sage de s’abstenir, mais qui, considérés en eux-mêmes, n’apportent à la liberté et aux droits de personne ni blessure ni entrave. »

De l’influence économique du repos du dimanche

Dans sa réunion du 5 mars 1891, la Société d’économie politique met en débat la question du repos dominical. Fait assez rare, c’est à un accord unanime que parviennent les membres présents ce jour : tous conviennent de la nécessité d’un repos hebdomadaire, de la supériorité du choix commun du dimanche, et de la non-pertinence d’une contrainte légale dans ce domaine.