Le sionisme et l’antisémitisme

En 1899, Yves Guyot commente le projet sioniste, de constitution d’une nation juive en Palestine. Pour lui, très engagé pour défendre Dreyfus et les juifs contre la vague antisémite qui s’est répandue en Europe, le sionisme est un mirage dangereux, qui renforce maladroitement l’antisémitisme. Au lieu de faire société, dans les nations au sein desquelles ils vivent, les juifs demandent à s’isoler, ils affirment qu’ils sont des membres épars d’une grande nation qui doit encore être créée. Ils abandonnent ainsi la cause de la liberté et font ce que leurs ennemis veulent qu’ils fassent.

L’immigration — La question des Chinois en Californie, des Juifs en Roumanie, etc.

En 1880, quand on met au débat à Société d’économie politique la question générale de l’immigration, à travers quelques exemples fameux comme les Chinois en Californie, les discussions prennent un tour assez inédit. Chacune des grandes autorités du libéralisme économique présent ce jour développe une pensée autonome et en opposition radicale. Pour Joseph Garnier, par exemple, le mélange des races est un procédé naturel d’amélioration et la concurrence et la liberté du travail des principes supérieurs, qu’il convient de maintenir toujours, et ce malgré les pressions politiques. Pour Paul Leroy-Beaulieu, d’un autre côté, l’immigration introduit des risques majeurs, notamment de dénationalisation, qui militent en faveur de mesures restrictives. Entre les deux prennent place encore mille sensibilités, qui prouvent la fracture ancienne de cette famille de pensée sur une question d’application restée très actuelle.