Les réformes économiques de Turgot et les causes de la Révolution (partie 2 sur 2)

En 1877, les économistes libéraux de l’Académie retracent de manière critique le passage de Turgot au Contrôle général des Finances, ministère dont on fête alors le centenaire, et qui vient d’être éclairé par un grand ouvrage de Pierre Foncin. Pour certains, comme Fustel de Coulanges, Turgot a une grande part de responsabilité dans l’échec de ses réformes, et il ne faudrait pas voir de la sagesse dans un homme qui tente volontairement l’impossible. D’autres font valoir les oppositions et les mérites intrinsèques du ministre, qui reste grand au milieu de l’adversité.


 

LES RÉFORMES ÉCONOMIQUES DE TURGOT ET LES CAUSES DE LA RÉVOLUTION[1].

Journal des Économistes, juillet 1877.

 

Discussion à l’Académie des sciences morales et politiques entre MM. Fustel de Coulanges, Ch. Giraud, Baudrillart, Hyppolite Passy, Nourisson, de Parieu, de Lavergne, Henri Martin et Joseph Garnier.

(Suite et fin.)

SOMMAIRE : Les abus, les préjugés, les obstacles aux réformes à la fin du XVIIIsiècle. — Louis XVI, la cour, le parlement, la noblesse et les autres classes de la société. — Turgot apprécié comme homme d’État. — Portée et opportunité de ses réformes. — La révolution pouvait-elle être évitée ?

M. Léonce de Lavergne partage l’avis de M. Fustel de Coulanges. Turgot était très populaire : il a bientôt perdu sa popularité. On a parlé d’opinion publique ; il y en avait sans doute une alors, mais ardente, mobile et sans direction. La nation savait bien ce qu’elle ne voulait pas, mais elle ne savait pas ce qu’elle voulait, et l’engouement passager pour les nouveautés de Turgot a promptement fait place à l’irritation : Turgot était, comme on dit aujourd’hui, un intransigeant. Il heurtait de front les préjugés de son temps, ne ménageait personne, le roi pas plus que les autres, et il avait fini par mettre tout le monde contre lui.

De plus, et c’est là, aux yeux de M. de Lavergne, son erreur capitale, il était absolument opposé aux réformes politiques, il ne voulait pas d’autre gouvernement que la royauté personnelle, absolue. Or, on ne fait pas le bien avec le despotisme : le bien ne se fait que par la liberté. C’est par l’exercice des droits politiques que s’accomplissent les progrès durables et féconds, Pitt l’a bien prouvé. Arrivé au pouvoir dans un moment critique, après l’émancipation des colonies d’Amérique, il a pu accomplir plusieurs réformes presque aussi radicales que celle de Turgot ; mais il l’a fait en s’adressant à la nation même, en prenant pour point d’appui la liberté et la discussion publique.

M, de Lavergne ajoute que les réformes de Turgot péchaient par les détails. En ce qui concerne, par exemple, l’abolition des corvées, il s’est trompé : la corvée n’existait plus que pour la construction et l’entretien des routes et chemins ; elle avait parfaitement sa raison d’être : le corps des ponts et chaussées essaya de faire des représentations. On disait à Turgot : si vous abolissez la corvée purement et simplement, vous n’aurez plus de chemins ; rendez la corvée rachetable, modifiez, adoucissez la perception, mais ne la supprimez pas. Turgot ne voulut rien écouter. Il a échoué sur ce point, et la Révolution qui reprit son œuvre a échoué aussi : il a fallu rétablir la corvée sous le nom de prestation en nature, et elle subsiste encore.

Quant aux maîtrises, Turgot, en les abolissant, accomplit une grande et belle réforme, qu’il motiva en termes sublimes ; mais ici encore il dépassait la mesure et s’y prenait mal en détruisant sans compensation une propriété après tout respectable, puisqu’elle avait été payée. On lui conseillait de procéder par voie d’extinction ; il voulut trancher dans le vif, et là encore il se heurta contre des résistances insurmontables. Une partie de la réforme fut réalisée après lui, mais le principe absolu fut ajourné. En somme, Turgot avait compté sur deux éléments de succès qui, tous deux, lui ont manqué : le pouvoir royal devenu trop faible, et l’opinion publique qu’il n’avait pas assez préparée.

La même erreur fut commise avec le même résultat par l’empereur Joseph II. En France on eut des émeutes, on eut la guerre des farines ; le roi fut obligé de faire deux véritables coups d’État en tenant coup sur coup, arbitrairement, deux lits de justice : tout cela pour aboutir à un échec. Lorsque Malesherbes, qui, soit dit en passant, avait des idées différentes de celles de Turgot et voulait commencer par des réformes politiques, quitta volontairement le ministère : « Vous êtes plus heureux que moi, lui dit le roi : vous pouvez abdiquer. » C’est à ce moment que Turgot écrivit à Louis XVI la lettre amère et blessante citée par M. Nourrisson : autre faute, qui acheva de lui aliéner l’esprit du roi. Un ami de Turgot, l’abbé de Véri, a écrit avec justesse que ce ministre était tombé par défaut de conciliabilité, Malesherbes par défaut de volonté, et Maurepas parce qu’il n’avait pas d’âme pour suivre ses lumières.

On s’est demandé si les réformes de Turgot, en admettant qu’elles eussent réussi, auraient prévenu la Révolution. M. de Lavergne ne le croit pas. Il estime que si la Révolution avait pu être enrayée, elle l’eût été par Necker, qui fit pour cela tout ce qu’on pouvait faire. Il croit avoir démontré ailleurs, dans son livre des Assemblées provinciales, que la France était, en 1789, plus avancée dans la voie libérale qu’elle ne s’est trouvée l’être au début de ce siècle. La Révolution n’a donc été, à ses yeux, qu’une catastrophe qui a retardé le progrès au lieu de le hâter ; mais on ne pouvait, dit en terminant M. de Lavergne, « empêcher le pays de se jeter par la fenêtre. »

M. Henri Martin : — Je regrette de ne pouvoir être d’accord avec notre éminent confrère. Je ne saurais accepter les conclusions de l’exposé qu’il vient de nous présenter avec tant de vigueur et d’éclat. Il reproche à Turgot de n’avoir point, comme Pitt, commencé par des réformes politiques et par l’appel au pays. La comparaison de me paraît pas admissible. Pitt avait affaire à un pays en pleine possession des institutions parlementaires : il était donc tout simple qu’il opérât ses réformes par les moyens propres aux gouvernements libres. Turgot, au contraire, s’il eût voulu commencer par les réformes politiques et non civiles, eût été obligé de faire, non pas une réforme, mais une révolution, puisqu’il n’avait sous la main aucune institution libre qui pût être l’instrument du progrès. Il eût provoqué, parmi les classes privilégiées, des résistances plus violentes encore que celles devant lesquelles il succomba. Il ne pouvait s’adresser qu’à la royauté, et il n’était pas possible de demander à la royauté de faire une révolution politique, c’est-à-dire de se dessaisir du pouvoir pour le remettre à la nation.

Turgot, cependant, n’était pas, comme on l’a dit, opposé à toute intervention de la nation dans les affaires publiques. Il commençait par les réformes civiles et sociales ; mais il visait à organiser des assemblées de divers degrés, dont les plus élevées eussent été comme le grand conseil de la royauté. Sans doute, avec le temps, ces assemblées consultatives eussent prétendu devenir délibératives. Elle fussent, quelque jour, entrées en lutte avec la royauté. Je crois, comme M. de Lavergne, que les réformes de Turgot n’eussent point prévenu la Révolution politique, tout en croyant, ce que n’admet pas M. de Lavergne, que les grands progrès politiques étaient impossibles sans cette Révolution. Mais je pense que le succès des reformes de Turgot, sans empêcher la Révolution et sans la rendre inutile, l’eût à la fois retardée et adoucie. La suppression d’énormes abus, l’amélioration du sort des classes laborieuses, eussent amorti les ressentiments et atténué les passions qui se déchaînèrent en 1793.

J’ai aussi de grandes réserves à faire relativement au tableau que M. Fustel de Coulanges nous a montré de la société française en 1774, et de la force des résistances qui, suivant lui, rendaient impossible la réussite de Turgot. M. Fustel de Coulanges ne me semble pas avoir suffisamment distingué l’état réel de l’état officiel des choses. Il nous a fait un dénombrement formidable de la grande armée du privilège. Si l’on passe en revue chacun des corps qui composaient cette armée, on reconnaîtra que les chefs ne pouvaient compter sur les soldats. À commencer par l’armée proprement dite, les sous-officiers avaient un intérêt évident à tout changement d’un régime qui attribuait à peu près exclusivement les grades aux nobles. Quant à la magistrature, avocats, procureurs, greffiers, huissiers et toute la remuante basoche étaient si dévoués aux parlements, qu’ils devinrent bientôt la tête de colonne de 1789 ; les petits officiers seigneuriaux, les baillis de village eux-mêmes, dont on s’est tant amusé dans les opéras comiques, jouèrent alors un rôle sérieux, et ce ne fut pas pour la défense de privilèges. Beaucoup d’entre eux risquèrent pour la cause nationale leur pain et celui de leurs familles.

Le clergé n’était rien moins qu’unanime. Le bas clergé, qui n’était alors nullement livré aux jésuites, était pauvre, mal disposé pour les opulents évêques et les riches abbés, et aspirait à quelque chose d’analogue à cette Constitution civile du clergé, contre laquelle on finit par le retourner à une époque avancée de la Révolution.

La portion des classes industrielles qui avait intérêt au maintien des corporations n’était pas si nombreuse que le pense M. Fustel de Coulanges. Les fils de maîtres seuls y étaient fortement attachés. Il y avait, pour tous les autres apprentis et compagnons, tant de difficultés, tant de dépenses à subir pour arriver à la maîtrise, qu’ils devaient être disposés à préférer un régime de liberté. Quant à la masse qui ne faisait point partie des corporations, cela va sans dire. J’ajouterai qu’à Paris, les 40 000 personnes dont a parlé M. Fustel de Coulanges n’étaient pas toutes enrôlées dans les corps de métiers. — Il y avait ce qu’on peut appeler des privilèges de liberté, — des localités où le travail était libre ; l’enclos du Temple, les dépendances de l’abbaye Saint-Antoine, etc.

La noblesse elle-même, la classe la plus intéressée au maintien de l’Ancien régime, comptait une minorité généreuse, éclairée, active, qui préférait le bien du pays aux intérêts de caste. Je ne crois pas qu’on doive nier la puissance de l’opinion publique au XVIIIsiècle. Cette puissance était immense et bien moins divisée qu’on ne l’a dit. Cette division portait sur des détails ; mais tout se réunissait dans un même courant. Le nom de Voltaire résume ce prodigieux mouvement.

On a dit que la royauté était trop affaiblie pour pouvoir briser la coalition d’intérêts et de passions formée contre Turgot. Quel que fût l’affaiblissement de la royauté, elle était encore relativement la plus forte ; elle avait encore en main le pouvoir de fait. On l’avait bien vu, à la facilité avec laquelle Louis XV, sous l’impulsion de deux hommes déconsidérés, Maupeou et d’Aiguillon, avait brisé ces parlements si redoutés. Louis XVI avait débuté par une grande faute en les rétablissant ; mais cette faute était-elle irréparable ? Je ne le crois pas. Je ne pense pas que Turgot, s’il eût été jusqu’au bout soutenu par Louis XVI, eût rencontré des résistances insurmontables. Les émeutes payées de la Guerre des Farines n’avaient point abouti, et il est fort douteux qu’on eût pu même les renouveler. On ne fait pas une révolution rétrograde malgré le peuple des villes.

M. Fustel de Coulanges a indiqué un parallèle entre Turgot et Richelieu. Richelieu, le plus grand homme d’État qu’ait eu la France, s’il eût rencontré un Louis XVI, eût probablement fini ses jours, non sur l’échafaud, sa robe l’en eût préservé, mais au fond d’une prison d’État. Si, par contre, Turgot avait eu le bonheur de trouver un Louis XIII, il eût probablement réussi. Richelieu eut véritablement une fortune unique : il rencontra un roi capable de comprendre ce qu’il y avait à faire pour fonder la grandeur de la France, dépourvu des qualités de premier ordre qui étaient nécessaires pour atteindre ce but, et assez affectionné à l’État, c’est-à-dire à la patrie, pour remettre à autrui le soin d’accomplir ce qu’il était insuffisant à faire lui-même. Le hasard de la naissance l’avait fait le chef ; il eut le courage de se faire le lieutenant de l’homme que Dieu avait fait son supérieur par le génie. Il ne fut pas un roi fainéant ; il fut, pour le grand homme, un aide intelligent, actif, persévérant. Il lutta contre sa mère, contre sa femme, contre son frère, contre son confesseur, contre ses courtisans, contre ses affections les plus intimes, contre lui-même, car son amour-propre fut plus d’une fois involontairement froissé par le glorieux et impérieux dominateur qu’il s’était donné. On l’a appelé un roi esclave ; il ne fut esclave que du devoir ; il est temps de lui rendre justice. Il fut vraiment le fils d’Henri IV par le patriotisme, s’il ne le fut point par le génie.

Turgot n’eut pas le même bonheur que Richelieu. Il rencontra dans Louis XVI un jeune roi désireux du bien, capable de l’entrevoir, incapable de le faire, d’aider à le faire et de le laisser faire, parce qu’il était incapable de toute volonté forte et soutenue.

La tentative de Turgot eut lieu au seul moment où le succès n’ait pas été impossible. Turgot tombé, tout était fini. La Révolution était inévitable et prochaine. Quand Mirabeau, après l’avoir poussée, essaya de l’enrayer, il était trop tard.

M. Nourrisson : — Je ne me propose point de rien ajouter aux paroles de nos savants confrères M. Fustel de Coulanges et M. Léonce de Lavergne : car elles confirment pleinement mon sentiment. Je voudrais simplement signaler à l’Académie une publication récente et peut-être assez mal connue. L’éditeur l’a intitulée : Journal de Louis XVI. Ce sont les carnets personnels du roi, lesquels contiennent surtout des notes de chasse ou d’événements domestiques, mais aussi des indications relatives aux dépenses de sa cassette. On y trouve comme un supplément au Livre rouge.

Or, ces carnets offrent certains détails qui, pour être infiniment petits, ne laissent pas que de projeter quelque lumière sur des faits considérables.

Ainsi, nul doute que Necker et Maurepas n’aient mis la main dans les intrigues qui déterminèrent la chute de Turgot. Nul doute non plus qu’ils n’eussent fort employé, pour arriver à ce but, le marquis de Pezay. Ce fut lui, en effet, qu’ils chargèrent de rédiger la critique du dernier budget proposé par Turgot, critique qui fut mise sous les yeux du roi et qui accusait un déficit de vingt-quatre millions.

Les carnets nous apprennent que Pezay reçut sur la cassette royale d’abondantes gratifications aux approches du renversement et immédiatement après le renvoi de Turgot, gratifications qui ne tardèrent pas, d’ailleurs, à devenir moins importantes, et qui apparemment eussent bientôt cessé, alors même que la mort ne fût pas venue frapper l’intrigant marquis. Le lendemain même du jour où le contrôleur général était disgracié, Sartine remettait à Pezay, au nom du roi, une somme de douze mille livres[2].

M. E. de Parieu : — En prolongeant une discussion qui est surtout un hommage rendu à la grande mémoire de Turgot, l’Académie comprend la mission élevée de ce ministre, comme Turgot lui-même eût compris, s’il eût vécu, un demi-siècle de plus, la mission de l’Académie.

C’est surtout du ministre réformateur que je voudrais entretenir l’Académie.

Dans le dernier siècle, on disait au parlement anglais qu’on pouvait souhaiter à un rival politique le goût de faire des livres, on voulait indiquer par là que le goût de l’idéal peut détourner du réel, et la fréquentation des livres peut détourner l’homme politique de la grande mission de connaître, pratiquer et influencer ses semblables. C’était avant l’époque des Macauley, des Gladstone et des Disraéli. On pourrait dire en tout cas qu’on peut souhaiter à un rival politique, au point de vue de la possession des emplois, le goût de faire des réformes.

Rien n’est plus malsain pour la stabilité d’un ministre dans beaucoup de circonstances que le goût des réformes.

Elles trouvent deux obstacles principaux, le respect de la possession toujours grand chez les esprits inattentifs, inintelligents et indécis, et cette autre circonstance qui rend le ressentiment de ceux qui perdent sans proportion dans sa grandeur avec la satisfaction de ceux qui gagnent dans les réformes gouvernementales.

Aussi un ministre ne peut-il exécuter utilement des réformes sans un point d’appui en rapport avec les difficultés de sa tâche.

Quand Richelieu a voulu abattre un parti religieux et ravaler l’orgueil des factions aristocratiques au profit de la royauté, le point d’appui de l’assentiment royal n’eût pu lui manquer que sous un roi absolument dénué d’intelligence et de caractère. Richelieu, en servant ses convictions, grandissait Louis XIII, son pouvoir, et celui de sa dynastie.

En est-il de même quand un ministre, comme Turgot, a voulu soulager des corvéables, affranchir des ouvriers à l’égard de leurs patrons ou rendre libre le commerce des grains ?

Le pouvoir royal avait-il un intérêt fort clair, un intérêt direct dans tout cela ? Les rapports du pouvoir royal avec les privilégiés et avec le peuple, ont souvent été une question délicate et en général, le pouvoir royal a été sage de maintenir entre ces intérêts en face du sien quelque équilibre.

C’était la tradition de tous les anciens souverains. Gustave-Adolphe et le grand Frédéric tenaient grand compte des noblesses de leur pays, et Louis XVI avait été élevé dans les mêmes idées, comme ses annotations à un mémoire de Turgot l’ont curieusement démontré.

Mais au fond même, est-il sûr que Louis XVI eût été récompensé d’appuyer Turgot sans mesure ?

Pour servir ces intérêts populaires contre les intérêts des privilégiés, il faut avoir contre le ressentiment de ceux-ci l’intelligence et la confiance du peuple.

Il ne paraît pas que Louis XVI eût à espérer l’une et l’autre quand il a cessé d’appuyer Turgot.

Après un instant de faveur les idées de Turgot, peut-être parce qu’il avait trop accumulé les réformes, étaient devenues peu populaires.

Quelle distance d’ailleurs entre le monarque enversaillé, chef d’une cour somptueuse et longtemps dissolue, et les pauvres corvéables de ses provinces !

Cette situation ne permettait guère une confiance, dont l’absence de représentation nationale supprimait d’ailleurs les organes et les intermédiaires possibles.

Au XVIIsiècle le stathouder de Hollande avait pris quelquefois en main des intérêts populaires, mais plus rapprochés de lui[3].

Turgot a donc naturellement manqué de point d’appui.

Était-ce un esprit aveuglé sur les faits de manière à avoir été surpris de ce résultat ?

Sans fermer les yeux sur les entraînements possibles du goût des réformes, qui animait Turgot, goût qui s’était porté jusque sur des objets peu importants dans l’ordre littéraire, il est à croire que Turgot a plutôt bravé que méconnu les dangers auxquels il a succombé. Cela est prouvé par les lettres du commencement, comme de la fin de son ministère. Convaincu d’une fin précoce, parlant du lot de sa famille, de mourir à 50 ans, outré ailleurs de quelques abus, il a engagé la lutte avec un courage plus en rapport avec son esprit et avec son cœur qu’avec les calculs d’un ministre ambitieux.

Lui qui avait si bien décrit ce progrès de l’humanité survivant aux efforts, comme aux échecs des hommes, il est probable qu’il a regardé une chute ministérielle comme moins importante, qu’un grand témoignage donné aux idées du progrès dans l’organisation de la France de son temps, témoignage qui n’a pas été stérile.

La postérité l’a récompensé de cette préférence.

Il n’y a rien eu de commun entre cette mission et celle de Richelieu.

Ces deux hommes ne différaient pas moins par leur intelligence et par leur cœur que par le caractère de leurs réformes.

Richelieu était plus politique et diplomate qu’économiste. Il était merveilleux dans les relations étrangères et dans l’habileté des instructions diplomatiques prévoyantes, précises et heureusement nuancées.

Turgot était plus économiste que politique ou diplomate. Ses idées sur l’organisation des municipalités étaient très inférieures à ses idées économiques dans lesquelles même la fantaisie physiocratique était une tache.

Turgot était plein de cœur pour les souffrances d’une partie de l’humanité. Richelieu, moins moderne, il est vrai, n’avait pas compris tout ce que l’âme de Turgot avait senti et voulait soulager.

C’était la doctrine de Richelieu sur les impôts que le Parlement opposait en réalité aux réformes de Turgot dans l’intérêt des pauvres corvéables. « La corvée suivant le Parlement était un trait caractéristique qui séparait les classes du peuple des supérieures. » C’est dans le même esprit que Richelieu voulait considérer les impôts, non seulement comme une ressource pour l’État, mais encore comme une marque de sujétion pour les peuples[4]. Tout parallèle entre Richelieu et Turgot est donc un jeu d’esprit. Il ne s’agit entre eux que de contrastes et si on cherche un ancêtre à Turgot, ce serait plutôt du côté de l’Hôpital qu’il faudrait regarder.

Inutile de rechercher peut-être si les réformes de Turgot auraient prévenu la Révolution de 1789, puisque ces réformes, au moins présentées en faisceau comme elles le furent, étaient impossibles et prématurées.

Mais il est en tout cas fort douteux qu’elles eussent pu prévenir la Révolution. Elles n’organisaient aucune vraie représentation nationale au point de vue de la législation générale. Elles étaient plus économiques que politiques.

La question du progrès général en est-elle en 1876 au même point qu’en 1776 ?

Pas tout à fait. Un ministre a bien encore souvent plus d’intérêt à l’expectative intelligente qu’au goût des réformes trop prononcé.

Mais il y a deux différences d’avec l’époque de Turgot, d’abord la presse éclaire et aide davantage le pouvoir attentif aux idées de progrès, ensuite la législature indépendante, l’opposition prépare des remèdes, si elle est bien dirigée, à la timidité et à la faiblesse des ministres.

Ceux-ci consacrent le travail de l’esprit public, et l’opposition éclairée peut le susciter et le diriger. Les ministres moissonnent, mais l’opposition doit semer. Le pouvoir sanctionne le triomphe de la justice et de la vérité, l’opposition patriotique doit être prête à combattre pour elles à l’avant-garde.

M. Baudrillart croit qu’on peut encore apporter à cette discussion déjà longue quelques compléments utiles en les empruntant aux faits, et en instituant une sorte d’enquête sur chacune des grandes réformes que Turgot a tentées. On pourra de la sorte se convaincre que si ce ministre ne fut pas un homme d’État infaillible, s’il est permis de lui reprocher certains défauts de caractère, certaines erreurs d’école et de doctrine, ce ne sont cependant pas ces erreurs et ces défauts qui ont amené sa chute, et qu’à tout prendre ses réformes, difficiles sans doute, n’étaient pas impraticables. Mais avant d’aborder les points particuliers, et pour en finir avec les généralités, M. Baudrillart veut dire un mot du principe posé par M. L. de Lavergne, à savoir la priorité à donner aux réformes politiques sur les réformes économiques.

Sans doute il est désirable que les secondes soient garanties par les premières ; mais ce n’est pas là une règle absolue. On y pourrait opposer l’exemple de l’Angleterre, où la liberté politique et générale ne s’est constituée que par l’agglomération, pour ainsi dire, de libertés locales et particulières obtenues successivement. On pourrait encore opposer l’édit de Nantes, qui fut une chose heureuse, bien que ne faisant point partie d’un pacte constitutionnel. En 1774 encore, débuter par les libertés économiques, c’était commencer par de moindres difficultés pour arriver ensuite aux difficultés plus grandes. Les parlements étaient tombés ; le pouvoir royal restait seul debout, et il n’était ni si usé ni si déconsidéré qu’on l’a voulu dire. Il possédait encore un capital d’autorité et de popularité très considérable, et il était environné d’un prestige qui ne s’évanouit peut-être aux yeux du pays qu’après la fuite du roi et son arrestation à Varennes. En se servant de ce pouvoir, Turgot prenait le seul instrument qu’il eût sous la main ; en a-t-il « bien joué » ? C’est une question qu’on peut débattre ; en tout cas, il n’abordait pas sa tâche avec les illusions qu’on lui a prêtées. Les résistances qu’il devait rencontrer, les défaillances du roi, sa propre chute enfin, il les avait prévues, il les a décrites dans la lettre prophétique qu’il adressait à Louis XVI en prenant le contrôle général des finances.

— Mais alors, dira-t-on, pourquoi s’est-il lancé dans une entreprise où il savait qu’il échouerait ? — Cet argument n’est que spécieux : on n’est jamais absolument certain de l’avenir, mais il est toujours bon d’essayer de faire le bien, dès lors qu’il y a certaines chances de succès. Turgot a engagé une partie qu’il savait douteuse, mais qu’il croyait devoir jouer néanmoins, parce que l’enjeu c’était le salut du pays. Il a perdu, soit ; cela ne prouve pas qu’il avait eu tort de tenter l’entreprise. On l’accuse de l’avoir compromise de gaieté de cœur en froissant les sentiments religieux du roi dans l’affaire du sacre, et aussi par ses écrits sur la tolérance, dont plusieurs dataient de sa jeunesse. M. Baudrillart ne croit pas que ce reproche soit fondé. Turgot s’était servi de termes vifs contre l’intolérance ; mais son langage n’était pas blessant pour les convictions religieuses du roi. Lui-même, beaucoup plus chrétien que Voltaire et Condorcet, avait, dans deux harangues prononcées en Sorbonne, reconnu hautement les services rendus par le christianisme. Ses invocations à la tolérance étaient loin d’ailleurs d’être inopportunes. Il y avait contre les réformés une ordonnance de Louis XV qui aggravait l’édit de révocation, et le clergé catholique réclamait à leur égard des mesures encore plus rigoureuses. En 1746, deux cents protestants avaient été condamnés aux galères par le parlement de Grenoble, et la dernière condamnation capitale prononcée contre un pasteur protestant (par le parlement de Toulouse) et suivie d’exécution, est de 1760.

On reproche à Turgot la lettre qu’il écrivit à Louis XVI en quittant le ministère. Cette lettre est empreinte, il est vrai, d’une sombre tristesse, mais elle n’est point menaçante. Bien plus amère et plus dure en son éloquence est la lettre adressée par Fénelon à Louis XIV. Le prélat se montre impitoyable pour le vieux roi que la fortune de la politique et des armes a trahi, que des coups cruels ont frappé dans ses plus chères affections. Quand Turgot se permettait de donner à Louis XVI de sévères conseils, il lui parlait comme un homme dans la maturité de l’âge, du génie et de l’expérience, a le droit de parler à un jeune homme de vingt-six ans, à un prince qui a devant lui l’avenir et s’essaye au gouvernement de l’État.

Abordant les trois grandes réformes économiques qui constituent l’œuvre de Turgot, et dans laquelle on l’accuse de s’être montré trop radical, M. Baudrillart montre d’abord que, en ce qui touche la liberté du commerce des grains, on peut invoquer en faveur de Turgot des précédents considérables, une sorte de tradition résultant d’essais antérieurs, de vœux plusieurs fois émis par les populations ou par leurs représentants. Henri IV, notamment, avait conclu avec l’Angleterre, l’Espagne et la Turquie des traités pour le commerce des grains et il avait proclamé explicitement le principe de la liberté des échanges entre les nations. En 1626, l’assemblée des notables avait demandé la libre circulation des grains dans le royaume. C’est ce que voulait Turgot ; Machault avait établi avant lui cette liberté qui fut supprimée par Terray. Turgot arrivait après une série de mesures restrictives qui avaient abouti au fameux « pacte de famine » ; il se trouvait en présence de cette agence des grains qui, par l’abus du monopole, avait provoqué des émeutes en amenant la disette. Il laisse pourtant subsister cette agence ; il consent que le gouvernement s’enquière des besoins des populations. C’est seulement après que les conséquences funestes d’une réglementation abusive sont devenues évidentes, qu’il tente l’essai de la liberté, et il ne procède qu’avec ménagement, en s’assurant des arrivages de blés, en créant des ateliers de charité, en expliquant dans des préambules développés le but des édits nouveaux.

Il était trop tôt, dit-on. Mais que fallait-il attendre ? L’éducation des masses ne se fait que par l’expérience. Avec ce système d’expectative nous en serions encore au monopole. Les préjugés ne cèdent qu’à la logique des faits, et quelques-uns, comme celui des accapareurs, résistent longtemps aux démonstrations les plus péremptoires. Ce n’est pas, en tout cas, en leur obéissant qu’on en vient à bout. On excite en les bravant des mécontentements, mais ces mécontentements finissent par s’apaiser. C’est ce qui serait arrivé si les réformes de Turgot avaient été maintenues. Lorsqu’on énumère les forces qui lui ont fait perdre la bataille, on ne tient pas compte de celles qui, la bataille gagnée, se seraient rangées de son côté.

Après avoir montré qu’en établissant la liberté du commerce des grains, Turgot ne faisait que réaliser une idée et appliquer un principe bien des fois reconnus et formulés avant lui, M. Baudrillart examine au même point de vue les deux autres grandes réformes de Turgot : l’abolition des corvées et celle des corporations de métier. Relativement aux corvées, il rappelle le vœu très explicite émis au sein des États de 1560 par le Tiers, et auquel le clergé s’associa au nom de l’Évangile.

À la vérité, il ne s’agissait alors que des corvées seigneuriales, il n’y en avait pas d’autres ; mais Turgot n’a rien dit d’aussi fort que ce qui fut dit alors sur les misères qu’entraînait pour les pauvres gens ce travail forcé. En 1560, comme en 1774, on montrait beaucoup de goût pour les réformes ; seulement, comme en 1774 aussi, chacun n’entendait réformer que son voisin.

En 1750, d’Argenson, en Touraine, s’élève avec énergie contre les corvées faites pour la construction des grandes routes. Était-il d’ailleurs si téméraire de s’attaquer à un genre d’impôt impopulaire, dont l’expérience avait montré les vices, et qui, après tout, était un impôt nouveau ? Car les corvées ne furent établies d’une manière générale qu’en 1737, et à regret, par Orry, dans une circulaire aux intendants : elles n’avaient donc pas quarante années d’existence. On parle de l’expérience, mais l’expérienceétait toute en faveur de l’abolition, et Turgot invoquait ces faits partout constatés : le temps et les forces que les corvées enlevaient à l’agriculture, les pertes d’hommes et d’animaux, le travail mal fait, etc. La substitution d’une taxe pécuniaire à la corvée n’était pas non plus une nouveauté : elle avait été accomplie en Limousin, avec les meilleurs résultats. On savait que dans certains pays d’États et dans certaines généralités où la corvée n’existait pas, les chemins étaient mieux faits, mieux entretenus et à moins de frais qu’au moyen des corvées. On était donc à même de comparer les deux systèmes.

On a dit que des hommes spéciaux avaient réclamé le maintien de la corvée. Or, il est bien vrai que le chef du corps des ponts-et-chaussées, Trudaine, fit d’abord des objections sur l’impôt en argent ; il craignait qu’on ne l’élevât trop et qu’il ne fût détourné de son emploi ; mais il finit par se rendre aux raisons du ministre, et à son tour il réussit à ramener aux mêmes opinions le président de Lamoignon. On montre les propriétaires soulevés en masse contre un impôt « écrasant ». Or, cet impôt s’élevait au chiffre de 10 millions à répartir sur tous les propriétaires du royaume, et M. Baudrillart cite un grand propriétaire qui n’était autre que Buffon, ennemi plutôt des économistes, et opposé, comme maître de forges, à la liberté du commerce extérieur, mais qui, parlant de l’abolition des corvées, disait : « Le roi a marqué dans cette occasion une tendresse de père pour le peuple. » Le vrai grief contre l’abolition des corvées, c’est que la noblesse ne voulait pas payer sa part de l’impôt qui les remplaçait. Presque toute l’argumentation de M. D’Espréménil porte là-dessus. On a dit qu’il fallait procéder avec ménagement, adoucir cet impôt. Mais c’eût été le moyen de ne contenter personne. M. Baudrillart repousse d’ailleurs l’assimilation qui a été faite de la corvée avec la prestation en nature. La différence, selon lui, est profonde : le paysan se trouve en présence d’un conseil municipal qu’il a élu, qui procède avec des précautions infinies, et tout se passe dans une atmosphère de publicité.

Arrivant à la question des corporations, M. Baudrillart montre qu’ici encore Turgot s’appuyait sur des précédents considérables. En 1614, les États avaient demandé l’entière liberté du commerce et du travail. Était-il possible de mitiger le système des corporations ? Le contrôleur-général de Clugny devait l’essayer sans succès : les mêmes rivalités et les mêmes abus se reproduisaient. En résumé, toutes les réformes de Turgot étaient justifiées par l’expérience et conformes aux aspirations de la nation, et la preuve c’est que la Révolution a pu abolir sans retour tout ce qu’il avait voulu abolir : les corporations religieuses, qu’elle avait supprimées aussi, ont pu se relever ; les corporations de métiers ont disparu sans retour ; la liberté du commerce s’étend de l’intérieur à l’extérieur, et bientôt il ne restera plus trace des corvées.

M. Joseph Garnier, en s’associant aux idées si bien soutenues et développées par son confrère M. Baudrillart, cite le texte même de la lettre écrite par Turgot au roi au moment où il prit possession du contrôle des finances : lettre qui a été justement qualifiée prophétique.

Dans cette lettre que M. Joseph Garnier présente comme la conclusion de cette belle discussion, Turgot, se rendant parfaitement compte de la situation, suppliait le roi de ne pas se laisser effrayer par des clameurs inévitables.

« Point de banqueroute, disait-il, point d’augmentation d’impôts, point d’emprunts… Pour remplir ces trois points il n’y a qu’un moyen, c’est de réduire la dépense au-dessous de la recette… On demande sur quoi retrancher, et chaque ordonnateur dans sa partie soutiendra que presque toutes les dépenses particulières sont indispensables. Ils peuvent dire de fort bonnes raisons, mais comme il n’y en pas pour faire ce qui est impossible, il faut que toutes ces raisons cèdent à la nécessité absolue de l’économie…

« Je ne demande point à votre Majesté d’adopter mes principes sans les avoir examinés et discutés, soit par elle-même, soit par des personnes de confiance, en sa présence ; mais quand elle en aura reconnu la justice et la nécessité, je la supplie d’en maintenir l’exécution avec fermeté, sans se laisser effrayer par des clameurs qu’il est absolument impossible d’éviter dans cette matière, quelque système qu’on suive, quelque conduite qu’on tienne… Je serai craint, haï même de la plus grande partie de la cour, de tout ce qui sollicite des grâces. On m’imputera tous les refus, on me peindra comme un homme dur, parce que j’aurai représenté à Votre Majesté qu’elle ne doit pas enrichir même ceux qu’elle aime aux dépens de la substance de son peuple.

« Ce peuple auquel je serai sacrifié, est si aisé à tromper, que peut-être j’encourrai sa haine par les mesures mêmes que je prendrai pour le défendre contre la vexation. Je serai calomnié peut-être avec assez de vraisemblance pour m’ôter la confiance de Votre Majesté. Je ne regretterai point de perdre une place à laquelle je ne m’étais pas attendu. Je suis prêt à la remettre à Votre Majesté dès que je ne pourrai plus espérer de lui être utile ; mais son estime, la réputation d’intégrité, la bienveillance publique qui ont déterminé son choix en ma faveur, me sont plus chers que la vie. Et je cours risque de les perdre même en ne méritant à mes yeux aucun reproche… Votre Majesté se souviendra que c’est sur la foi de ses promesses que je me charge d’un fardeau peut-être au-dessus de mes forces, que c’est à elle personnellement, à l’homme honnête, juste et bon, plutôt qu’au roi que je m’abandonne. » (Vive sensation.)

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[1] Voir le Journal des Économistes, numéro de juillet 1877

[2] Voyez Journal de Louis XVI, publié par Louis Nicolardot, Paris, 1873, grand in-12, p. 204 et suiv. — « Année 1775 : Janvier, le 13, j’ai payé à M. de Sartine 12 000 l. pour une gratification que j’ai donnée à M. de Pesai (sic). — Année 1776: mai, le 13, donné à M. de Sartine pour une gratification à M. de Pesai 12 000 l. — Année 1777: Février, le 11, payé à M. de Maurepas, pour une gratification à M. de Pesai, 12 000 l. — Année 1778 : Mars, donné à M. Maurepas pour gratification à M. de Pesai, 1 500 l. — Octobre, à M. de Maurepas pour M. de Pesai 1 500 l. »

[3] V. Kerroux, Histoire de Hollande, sur la suppression des fermes en 1748.

[4] Le Testament politique de Richelieu, ch. IV, section 5, contient le passage suivant :

« La raison ne permet pas d’exempter les peuples de toutes charges, parce qu’en perdant en tel cas la marque de la sujétion ils perdraient aussi la mémoire de leur condition, et que s’ils étaient libres de tributs, ils penseraient l’être de l’obéissance. Il les faut comparer aux mulets qui étant accoutumez à la charge se gâtent par un long repos plus que par le travail, mais aussi que ce travail doit être modéré et qu’il faut que la charge de ces animaux soit proportionnée à leurs forces. Il en est de même des subsides à l’égard des peuples, s’ils n’étaient modérés, lors même qu’ils seraient utiles au public, ils ne laisseraient pas d’être injustes. »

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