De l’incapacité des étrangers de remplir aucune fonction publique

En 1833, la mort de Jean-Baptiste Say laissant vacante sa chaire d’économie politique au Collège de France, plusieurs prétendants sont envisagés. En premier lieu vient son propre gendre, Charles Comte, aux positions radicales. Il fait face à la concurrence d’un étranger, Pellegrino Rossi, aux idées plus consensuelles. — Dans la courte brochure rééditée ici pour la première fois, C. Comte démontre qu’un étranger ne saurait remplir aucune fonction publique, et que cette exclusion se fonde sur des raisons évidentes et très nombreuses. Cette curieuse profession de foi, dictée par un intérêt de carrière, témoigne aussi de la désunion qui règne alors dans le camp du libéralisme français.

Table des articles de la 3e série du Journal des économistes (1866-1877)

L'Institut Coppet poursuit la mise au net de la table complète des articles de cette publication classique dans l'histoire du libéralisme français qu'est le Journal des économistes (1841-1940), avec l'ajout du contenu de la 3e série, couvrant les années de 1866 à 1877. Celle-ci vient s'ajouter aux deux séries déjà présentes sur notre site dans la zone bibliographie. — Cet outil, une fois complet, permettra de retrouver les articles consacrés à chaque thématique dans cette grande revue de référence.

Le travail des femmes au XIXe siècle, par Paul Leroy-Beaulieu (1873)

En 1870, le libéralisme français fait encore un accueil mitigé aux théories féministes qui, depuis plusieurs décennies déjà, se développent et s’affirment. Cette année-là, un concours de l’Académie des sciences morales et politiques récompense un mémoire du jeune Paul Leroy-Beaulieu, dont la sensibilité généreuse se mêle à une rigueur théorique digne d’éloge, et qui réconcilie la tradition de pensée du libéralisme français avec les revendications des droits des femmes. Dans son étude sur le travail des femmes, il étudie l’ouvrière dans ses métiers de prédilection, examine sa condition et les causes de son abaissement moral et économique. Pour elle, il demande de la reconnaissance, mais surtout des garanties plus grandes pour sa liberté.

De la protection des richesses naturelles (1869)

Dans cet article du Journal des économistes, Clémence Royer examine si l’épuisement possible des ressources naturelles par l’industrie privée n’est pas une raison de s’écarter, en cela, de la règle générale du laissez faire, laissez passer, adoptée par les économistes. Elle trace, de la disponibilité du charbon ou du pétrole américain nouvellement découvert, un tableau qui l’incite à demander une intervention publique à des fins de protection.

Utilité de l’enseignement des notions de la science économique aux jeunes filles

L’économie politique est la science qui traite des prix, des salaires, des impôts, des échanges, et en somme des interactions humaines : elle est par conséquent utile à connaître pour tous les hommes, et aussi pour les femmes, auxquelles ces questions ne peuvent être indifférentes, ainsi que tâche de le démontrer Frédéric Passy dans cette conférence préliminaire d’un cours d’économie politique, en 1870.

L’Ancien Régime et le nouveau

Dans sa recension de l’Ancien régime et la Révolution de Tocqueville (1856), Frédéric Passy salue avant tout l’œuvre de l’historien impartial et consciencieux, qui met au jour des documents nouveaux, et inaugure une nouvelle interprétation de la Révolution. Il trouve encore dans ce livre la justification des doctrines de liberté que propagent aussi l’économie politique.

Quels moyens de subsistance ont les femmes

En 1862, le Journal des économistes ouvre ses pages à Mlle Julie-Victoire Daubié, féministe, première bachelière de l’histoire (1861), et auteur d’un mémoire sur l’amélioration du sort des femmes. Dans ce texte, elle appelle à une prise de conscience sur le sort économique des femmes, concurrencées dans leurs métiers traditionnels par la grande industrie et le recours à des ouvriers mâles ; elle réclame pour les femmes une égale liberté et davantage de considération. « Quand la vie est devenue un combat, écrit-elle, les arbitres ne peuvent sans iniquité jeter inégalement des armes dans la lice, pour que la femme pauvre, considérée comme la balayure d’une rue qu’on veut assainir, se trouve partout écrasée sous le char de la civilisation. »

Le choléra asiatique et la question des quarantaines, par Arthur Mangin

En décembre 1866 se clôt une seconde année marquée par le choléra, qui meurtrit l’Europe et auquel on lutte par des vexations, des restrictions aux transports et des quarantaines. « Comme pour se railler des vaines barrières qu’on prétendait lui opposer, écrit alors Arthur Mangin dans le Journal des économistes, c’est précisément dans les pays où les mesures les plus rigoureuses avaient été prises qu’il a sévi le plus cruellement. » Lui plaide pour une enquête scientifique sérieuse sur les causes de l’épidémie et ses moyens de transmission, car les gouvernements ont trop voulu postuler qu’ils savent ce qu’en vérité ils ignorent.

Spoliateurs ou producteurs. Le débat sur la Noblesse commerçante au XVIIIe siècle

Une liberté qui ne fait plus débat, et dont on jouit sans y penser, n’inspire rien, et n’est habituellement pas grandement documentée. Le débat furieux sur la « noblesse commerçante », dont les contributions majeures de l’abbé Coyer et du chevalier d’Arcq viennent d’être rééditées dans une édition savante par Christian Cheminade, aux éditions Classiques Garnier, en fournit une illustration digne d’attention.

Laissons Faire, n°39, novembre 2021

Au programme de ce nouveau numéro : Les inspirations libérales d’Émile Zola dans Germinal, par Benoît Malbranque. — Les bienfaits de la concurrence en matière de religion, par Henri Basnage de Beauval (1684). — Changements opérés dans le climat par les défrichements, par Volney (1803). — Recension : Christian Cheminade, Noblesse commerçante contre noblesse militaire. Une querelle des Lumières (1756-1759), éditions Classiques Garnier, septembre 2021, 372 pages.

Le problème des transports maritimes de la France

En février 1921, Yves Guyot était réélu à la présidence de la Société d’économie politique. « Elle est une société de doctrine, disait-il, dont l’objet est de maintenir les vérités acquises, en recherchant de quelle manière elles peuvent être complétées et en essayant de dégager leurs rapports avec les faits qui se produisent. » Malheureusement le courant était contraire, dans cette société même, comme la discussion du jour, sur les transports maritimes, l’illustrait par son ton bien moins libéral que jadis.

Rousseau et le libéralisme

Jean-Jacques Rousseau, qui se présente comme un ami de la liberté dans ses écrits, et qui parfois la défend très correctement, a aussi été l’un de ses plus dangereux ennemis, notamment dans ses écrits politiques comme le Contrat social. Dans cette courte communication orale, Benoît Malbranque présente synthétiquement les influences positives et négatives de Rousseau sur l'histoire du libéralisme français.

Du développement des travaux publics en temps de crise comme moyen d’en atténuer les effets

Réunie le 5 avril 1883, la Société d’économie politique examine la question du recours à l’État entrepreneur de travaux publics, comme ressource en temps de crise. La plupart des membres qui s’y expriment soutiennent, comme Frédéric Passy, que cette intervention est malavisée, coûteuse et inefficace, et que les crises ne se liquident bien que d’elles-mêmes.

De la noblesse de la peau, etc., par l’abbé Grégoire (1826)

Dans cette petite brochure publiée en 1826, l’abbé Grégoire fait valoir contre les préjugés établissant dans certains esprits une « noblesse de la peau », pour les blancs et contre les noirs et sang-mêlés, la petitesse de cette conception, sa stupidité orgueilleuse. Il plaide pour une réforme des lois et des mœurs, qui ouvre à toutes les couleurs une vie civile libre.

La Chine, modèle de tolérance de Voltaire

Voltaire fait plein usage de ce miroir qu’offre la Chine pour l’Europe. Toutes les pratiques de cet Empire prospère, lettré et raisonnable, sont scrutées par lui ; il puise à pleines mains dans les lois et les usages qui lui paraissent bons ; il affine sa pensée au contact de ce pays voltairien très réel, et en use pour la défense de ses combats. Que serait Voltaire sans la Chine ? Quelle force aurait son message sans elle ? C’est une autre manière de comprendre la place du modèle chinois chez lui.

Socialisme, par Ludwig von Mises

Dans cet ouvrage majeur, publié pour la première fois en 1919, Ludwig von Mises instruit le procès du socialisme d’après les principes de l’école autrichienne. Sa réfutation logique, reposant sur des arguments tant anciens que nouveaux, lui valut sa notoriété, et fut un jalon important dans l’histoire de la pensée. Dans l’immédiat, cependant, l’ouvrage ne parvint pas à enrayer la montée en puissance des totalitarismes inspirés par le socialisme, au cours du XXe siècle.

La place des femmes est-elle au foyer de la famille ou dans l’atelier ?

Dans sa réunion du 5 juin 1884, la Société d’économie politique met à l’étude la question du travail des femmes. Dans leur écrasante majorité, les orateurs font valoir les uns après les autres que la vraie place de la femme est au foyer, et que la famille, cet élément clé de la civilisation, est mise en danger par l’entrée massive des femmes dans le monde du travail.

La pittoresque Amérique vue par Gustave de Molinari en 1876

En 1876, l’un des plus grands représentants du libéralisme français débarque en Amérique (une fois le contrôle sanitaire et la douane passés), avide de découvrir ce pays de liberté, tant vanté. Soit différence de mœurs, soit acculturation trop lente, Gustave de Molinari accomplit un voyage rempli de surprises, qu’il transcrit avec honnêteté et naïveté. La difficile cohabitation des races, surtout, occupe son esprit, et la ségrégation raciale lui rappelle les luttes sanglantes, en Europe, entre catholiques et protestants. « J’ai quitté l’intolérance dans l’ancien monde, note-t-il, je la retrouve dans le nouveau. »

La Religieuse de Diderot, avec une introduction sur la portée libérale de ce roman

Abandonnée contre son gré dans un couvent, la jeune et naïve Suzanne Simonin fait face aux forces abrutissantes de la coercition et entame une marche difficile pour sa libération. Diderot la conduit sous nos yeux de sa résignation première et de l’échec de sa bonne volonté, à l’énervement progressif de ses sens et de sa tête, et jusqu’à la rébellion et plus tard à l’évasion qui doit lui rouvrir les portes du monde libre. Il dresse ainsi, avec ce roman, un formidable plaidoyer en faveur de la liberté.