Gustave Schelle – Le bilan du protectionnisme en France

Habile statisticien et passionné par l’histoire des idées libérales en France au XVIIIe siècle, Gustave Schelle (1845-1927) a laissé une œuvre plurielle, qui reste en partie à redécouvrir. Membre fondateur de la nouvelle Ligue pour le libre-échange qui voit le jour en 1910, il se met au service de cette cause par des conférences et la publication de cette brochure, qui servit de manuel et à laquelle on s’empressait de renvoyer. Elle est écrite sans passion, et n’émet que des demandes raisonnables. Pour ces raisons elle doit être appelée un classique.

Gustave Schelle – Vincent de Gournay

Vincent de Gournay n’est pas le plus célèbre des économistes français du XVIIIe siècle, loin s’en faut. On lui préfère Turgot, Quesnay et les physiocrates. Dans cette large étude qu’il lui a consacrée, Gustave Schelle, spécialiste des économistes français du XVIIIe siècle, entend réhabiliter la place de Gournay dans la naissance et le développement de la science économique, ainsi que dans l’histoire du libéralisme. Ainsi qu’il l’écrit, « Vincent de Gournay est le premier qui ait entamé la lutte contre les procédés pédantesques des gouvernants et contre la cupidité particulière des protégés. Il a devancé Quesnay de quelques années, Turgot de près de vingt ans. » Vincent de Gournay, qu’on crédite de l’invention de l’expression « laissez faire, laissez passer », apparaît en effet comme l’un des principaux précurseurs de l’économie politique libérale. Par ses combats contre les réglementations, il devient même, à notre époque, d’une brûlante actualité.

Correspondance inédite entre Gustave Schelle et Yves Guyot

Au cours du premier tiers du XXe siècle, le mouvement libéral français accuse une tendance notoirement descendante, préparant sa complète disparition. La correspondance entre Gustave Schelle et Yves Guyot, deux des ultimes fidèles au libéralisme des Turgot, Say et Bastiat, trahit l'évolution des esprits. Schelle écrit à Guyot en 1924 : « Vous êtes le seul à l’heure qu’il est qui souteniez encore les bons principes. Les autres sauf de rares exceptions n’y comprennent rien. » L'un et l'autre devaient cependant mourir avant la fin de la décennie.