Lettres à M. et Mme Raffalovich

Lettres de Gustave de Molinari à M. et Mme Raffalovich

[Institut de France, Ms 3690 et 3691.]


Paris, 29 décembre 1869. 

Monsieur,

J’ai reçu votre aimable invitation pour lundi et je serai très charmé de m’y rendre. J’ai bien vivement regretté de n’avoir pas été chez moi l’autre jour, mais à mesure que la France devient libre, nous autres, pauvres journalistes, nous devenons serfs. Je suis attaché à la glèbe du compte-rendu et chargé de faire les moissons de l’éloquence parlementaire. Je me demande quelquefois si je n’aurais pas mieux fait d’étudier comme mon fils la production des betteraves : au moins, on en fait du sucre.

Agréez, je vous prie, monsieur, l’assurance de mes sentiments les plus distingués.

G. de Molinari.


Paris, 11 janvier 1870.

32 rue Pigale.

Mon cher Monsieur,

Je vous suis bien reconnaissant de votre aimable invitation pour mercredi 19 et j’espère bien en profiter — à moins que mes bons amis les protectionnistes ne me fassent le mauvais tour de s’y opposer. Vous savez que la discussion sur le régime commercial commencera lundi. Je crains un discours de M. Thiers pour mercredi — un long discours qui impliquera un long article et qui m’obligera à sacrifier mon plaisir à mon devoir. Je me plais à espérer toutefois que les protectionnistes ne me fourniront pas ce nouveau grief qui me rendrait décidément “irréconciliable” avec eux. Veuillez bien, je vous prie, présenter mes hommages à Madame et me croire votre tout dévoué.

G. de Molinari.


Paris, 16 décembre 1871.

146 rue de Rivoli

Chère Madame,

J’ai reçu votre aimable lettre avec le 1er chapitre de Mill.  Le chapitre est sur mon bureau où je l’ai déposé après l’avoir lu avec un plaisir de gourmand, mais qu’est devenu la lettre ? Depuis hier, je la cherche dans mon portefeuille, dans mes poches et hors de mes poches ; je pourrais certainement me passer de l’avoir sous les yeux — quoiqu’elle soit des plus agréables à voir — pour y répondre, mais il y a l’adresse, l’adresse dont je n’ai qu’une vague conscience. Est-ce à Nice ? Est-ce à Cannes ? Et dans quelle rue ? Et à quel numéro ? Ah ! me voilà cruellement embarrassé ! — Que diriez-vous si ma lettre ne nous arrive pas ? Vous direz que je suis négligent, impoli, et que sais-je encore — car on commence toujours par mal penser de son prochain, pour peu qu’il ait péché et même quand il n’a pas péché. Enfin, je vais passer à votre hôtel  — c’est une idée ingénieuse qui me pousse à l’instant — peut-être m’y donnera-t-on cette bienheureuse adresse ; sinon j’expédierai la lettre à Mill à tout hasard, en me fiant à l’intelligence de la poste.

J’ai donc lu ce premier chapitre, qui m’a paru des plus intéressants, et dont la traduction a toute la clarté et l’élégance désirables, mais… je crains que ce ne soit de la besogne perdue. Mlle Guillaumin que j’ai vu hier m’apprend que M. Cazelles (d’Avignon) vient d’en faire une, que Germer Baillère publiera ces jours-ci. Ce M. Cazelles a déjà traduit la sujétion des femmes — je crois avec l’assentiment de la belle-fille de Mill, Mlle Taylor. Vous me direz probablement que ça vous est égal — que vous avez traduit pour vous et non pour le publier —, mais en ma qualité d’utilitariste je n’en prends pas si aisément mon parti — et cela me contrarie fort. Faut-il vous renvoyer ce chapitre — ou le garder ? Je sais bien que vous ne pourrez plus guère avoir de confiance dans mon esprit de conservation — mais ce sera quand même ma seule occasion de me réhabiliter. — Avez-vous lu l’article de Langel dans le dernier numéro de la Revue ?  C’est intéressant — quoique la pensée de ce bon Langel ressemble de temps en temps aux dépêches de l’ancien télégraphe — interrompues par le brouillard.

Je n’ai rien de nouveau. Toujours la provinciale. On commence à ne plus parler du procès Bazaine — heureusement. Au moins il a la chance de devenir votre voisin. Cette chance-là, quand nous reviendra-t-elle ? Allez-vous donc passer tout ce long hiver à Nice ou à Cannes, à moins que ce ne soit à Menton ? En tout cas, où que vous soyez, chère Madame, je reste votre tout dévoué et respectueux.

G. de Molinari.


28 décembre 1871.

Pardonnez-moi, Madame, de n’avoir pas répondu plus tôt à votre aimable billet qui m’a été remis un peu tard. J’accepte bien volontiers votre gracieuse invitation, comme une agréable préface à l’année qui va commencer et qui vaudra mieux, je l’espère, que celle qui va finir.

Agréez, je vous prie, Madame, l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués.

G. de Molinari.


Mercredi. (Vers 1871)

Madame, 

J’accepte avec reconnaissance votre gracieuse invitation et je vous remercie de me traiter en voisin. Il y a cependant bien 2 ou 3 bons kilomètres du n°146 de la rue de Rivoli à l’hôtel de la reine Hortense, mais s’il n’est pas au pouvoir de votre amabilité de supprimer les distances, elle fait trouver plaisir à les franchir. 

Veuillez bien, madame, présenter mes compliments à votre mari et agréer l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués.

G. de Molinari.


Paris, 5 février 1872.

Madame, 

J’accepte bien volontiers votre cordiale invitation. Déjà, j’avais appris par le prince Orloff le retour de votre mari, à qui je serai heureux de serrer la main.

Veuillez bien agréer, je vous prie, Madame, l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués.

G. de Molinari


Samedi matin. (1873?)

146 rue de Rivoli.

Chère madame,

Je reçois ce matin un télégramme de mon ami Benobranof qui m’annonce son arrivée pour ce soir. Ne serait-ce pas péché que de le laisser se morfondre demain à l’hôtel pendant que j’irai goûter à Bougival les plaisirs de la plus amicale hospitalité ? Voulez-vous m’autoriser à vous l’amener ? Cela mettra ma conscience en repos et je vous en saurai un gré infini. Votre bien dévoué et respectueux.

G. de Molinari


Jeudi 2 octobre. (1873?)

Chère madame,

Quoique je ne m’appartienne pas encore tout à fait — la Belgique, en sa qualité de pays libre accordant de très longues, je n’ose pas dire de trop longues vacances à la jeune génération — je suis enchanté d’apprendre que vous avez abrégé les vôtres et je tâcherai de profiter dimanche de votre aimable invitation. Mon ami Benobranof est retourné à Saint-Pétersbourg, entièrement sous le charme de Paris et de Bougival, et voilà une question sur laquelle on ne pourra pas dire que les économistes sont en désaccord.

Veuillez agréer, je vous prie, chère madame, l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués.

G. de Molinari.


Paris, 3 juillet 1873.

Chère madame,

Je suis désolé de ne pouvoir me rendre à votre aimable invitation, mais c’est dimanche soir, à 6 h, que le schah nous arrive et je manquerai à tous mes devoirs si je n’assistai pas à l’entrée de cet animal extraordinaire. On doit le loger au palais législatif, mais d’après ce qu’on nous dit de ses mœurs et habitudes, ne serait-il pas mieux à sa place au jardin d’acclimatation ?

Croyez, chez madame, à tout mon schagrin et soyez assez scharitable pour ne pas m’en vouloir.

Votre respectueux et dévoué.

G. de Molinari.


Jeudi 10 [juillet 1873].

Chère madame, 

J’accepte bien volontiers votre aimable invitation, en dépit du shah. On lui montrera ce jour-là Paris illuminé à giorno — afin de lui donner une haute idée des lumières de notre civilisation. Il ne pourrait être fort en état d’apprécier les autres. Enfin, shah amuse les Parisiens et c’est toujours shah. Pardonnez-moi cet esprit d’Auvergnat, je tâcherai de me  refaire à Bougival, et veuillez bien agréer, chère madame, l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués.

G. de Molinari


Paris, 25 décembre 1873.

Chère Madame,

J’ai reçu votre aimable lettre, et celle-ci je ne l’ai point perdue, mais l’autre persiste à demeurer introuvable. Je vais envoyer votre mémoire à M. Raffalovich avec qui mon fils, revenant de Genbloux, a fait route de Namur à Paris. Ce premier chapitre ne manque pas d’intérêt quoiqu’il soit un peu sec. De toutes les œuvres de Mill je n’ai goûté tout à fait, pour ma part, que la Liberté. C’est vraiment un petit chef-d’œuvre. Seulement il déclare avec une franchise honorable que c’est à sa femme qu’il le doit. Croyez bien, chère madame, que cela ne m’étonne pas du tout. Enfin nous voilà débarrassé d’une besogne qui ne vous amusait guère. Que faites-vous de ces loisirs ? Avez-vous lu les confidences du professeur Lyon à Saint-Pétersbourg sur les fonctions du cœur ? D’après ce que dis Papillon dans la Revue des deux Mondes, c’est une vraie révélation et nous voici en présence d’une découverte qui pourrait bien changer la face de la société — je parle de la société mondaine. Vous figurez-vos ce qui arriverait si l’usage du cardiographe venait à se vulgariser ? On connaîtrait d’un coup d’œil les vrais sentiments des gens — on saurait si l’on inspire de l’amour, de l’amitié, ou de la haine et de l’envie ; mais encore on saurait si l’on a affaire à une grande passion ou à une médiocre ou à une petite. Il suffirait de mesurer la courbe ! Avouez que ce serait merveilleux — quoique parfois un peu gênant. Ce serait un spectroscope moral ! Mais vous en savez probablement plus long que moi sur ce chapitre. — Autre chose. Connaissez-vous l’Inconnu des lettres à Mérmiée ? Il y a deux versions. — L’une attribue d’après une adresse efforcée, à une demoiselle Dacquis — une vraie inconnue — de Boulogne ; mais voici qu’on prétend que c’était un faux nom et peut-être un intermédiaire. D’après la seconde version — qui semble la bonne — il s’agirait d’une demoiselle ou dame Thor Stuart, très grande dame et même quelque peu descendante des Stuarts. Les deux versions me viennent de Fanie. Maintenant, étant du platonisme on [illisible] autre chose ? Ceci est encore matière à discussion. Les platoniciens sont en nombre — seulement leurs adversaires prétendent qu’il y a une lettre de trop. Quelle lettre ? Je ne l’ai pas lu. — Rien de nouveau au surplus. Politique plate. Que je voudrais pouvoir profiter de votre engageante invitation ! Mais hélas ! Il n’y faut pas compter. Je sens plus assidûment que jamais mon état de nègre non affranchi. J’ai de bonnes nouvelles de ma fille et de mon gendre, moins bonnes de mon fils qui ne parvient pas à se débarrasser complètement des faveurs du [illisible] et qui voudrait bien aller à Odessa, où M. Raffalovich me proposait il y a quelque temps de fonder une raffinerie. Dieu veuille pour ce pauvre garçon que ce projet ne reste pas un simple projet. Quand nous reverrons-nous ? Pas avant le printemps, sans doute — et croyez que ça allonge terriblement notre hiver. En tout cas, ceux que vous honorez de votre amitié ne vous oublieront pas, chère madame — et je ne crois pas qu’un cardiographe soit nécessaire pour vous assurer de mes sentiments pour vous (courbe de plus grand format). 

Votre tout dévoué et respectueux.

G. de Molinari.


Paris, 28 janvier 1874.

Chère madame,

Merci pour votre aimable lettre et pour votre appréciation si judicieuse de l’autobiographie de Mill. Je l’avais déjà lue dans le Journal de Saint-Pétersbourg — mais ç’a été pour moi une excellente occasion que je n’ai pas laissé échapper de la relire. Je ne crois pas que le livre ait eu grand succès. On en parle peu et je n’ai pas grande envie d’en dire quelque chose. Je continue à être absorbé par les lois constitutionnelles, que j’ai eu la bonhommie de prendre au sérieux. Que voulez-vous ? J’ai toujours été un peu utopiste ! — Mais aujourd’hui, ce n’est pas de cela qu’il s’agit. M. Cuvelier vient de nous apporter le résultat des élections de l’Académie : Dumas, Caro et Mézières. Des universitaires de plus — c’est beaucoup, et ce n’est pas très brillant ; après cela, il est possible que l’Académie ait voulu se conformer à la doctrine du jour sur la « représentation proportionnelle », en nommant deux médiocrités, non le mot est trop fort : deux intelligences moyennes, si vous voulez. On prétend il est vrai que les intelligences moyennes sont déjà très suffisamment représentées à l’Académie. Notre ami Weiss a obtenu 9 voix — c’est un bon début. Quand à ce pauvre Féval, qui semblait avoir de grosses chances, il a échoué — grâce à M. Dupanloup passé cependant à l’état d’académicien in partibus. Mais il y aura bien hélas un nouveau siège vacant : Janin est au plus mal et il y a apparence que les cléricaux ne tiendront pas trop rigueur à Féval, qui s’est converti politiquement en attendant mieux ou pis. 

On continue à se demander si ce terrible Bismarck fera proscrire les évêques, ou s’il se concentra de la suspension de l’Univers. Cela n’est pas bien flatteur pour nous, mais pourquoi avons-nous été battus, et pourquoi agissons-nous et surtout parlons-nous comme si nous n’avions pas été battus ?

Pardonnez-moi tout ce bavardage, chère madame ; veuillez bien me rappeler au bon souvenir de M. Raffalovich et croyez-moi votre bien dévoué et respectueux.

G. de Molinari.


Jeudi 26 mars 1874.

Chère madame,

Vous voilà enfin de retour. Vous avez terriblement manqué à vos amis, tout cet hiver, mais j’espère que vous les dédommagerez ce printemps — et qu’ils vous garderont au moins… jusqu’à l’ouverture du salon. Il sera, dit-on, superbe cette année ; on parle d’une madame d’Hebert qui est une merveille. Mais je parie que vous l’avez déjà vue.

J’accepte avec grand plaisir, chère madame, votre tout aimable invitation et je vous prie d’agréer l’expression de mes sentiments les plus dévoués.

G. de Molinari.


Paris, 24 octobre 1874.

34 boulevard Sébastopol.

Chère madame, 

J’accepte avec grand plaisir votre très aimable invitation pour jeudi. En attendant, je prends patience en lisant un charmant feuilleton que publie — avec trop d’interruptions — le Journal de Saint-Pétersbourg. Mes compliments et mes félicitations à l’auteur qui a bien le droit de dire : [vers illisibles]

Agréez, je vous prie, chère madame, l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués.

G. de Molinari


Paris, 8 janvier 1875.

Chère madame, 

J’accepte « toujours avec un nouveau plaisir », comme dirait le bon roi Louis-Philippe, votre aimable invitation à dîner pour samedi 16, et je souhaite — puisque je suis en veine de citations — que vos voisins continuent à fleurir tout le long de cette nouvelle année.

Mille amitiés à M. Raffalovich et croyez-moi, chère Madame, le plus respectueux et plus dévoué de vos serviteurs.

G. de Molinari.


31 mars 1875.

Chère madame,

J’accepte avec grand plaisir votre aimable invitation à dîner pour samedi 10 avril.

M. Ch. Clément m’a prié de vous dire qu’il était chargé de vous faire les honneurs du petit musée de dessins, esquisses, que lui a légués son ami Geyne. Veuillez seulement lui désigner votre jour. Il demeure : 69 rue de Berlin. 

Je recommande le porteur de ce billet (retour de Vienne) à l’aimable bienveillance de M. Raffalovich, et je vous prie, chère Madame, de me croire le plus dévoué de vos serviteurs.

G. de Molinari.


Paris, 22 juillet 1875.

Chère madame,

Je suis vraiment désolé de ne pouvoir accepter votre gracieuse invitation mais je me propose d’aller prochainement à Jersey une quinzaine de repos dont j’ai grand besoin, et, en attendant, le journal, ce terrible journal, ne me lâche point. Vous m’offriez cependant double fête : vous voir et passer une bonne journée avec mon ami Hous et son aimable femme. Jugez s’il m’en coûte d’y renoncer !

Veuillez me rappeler à leurs bons souvenirs et présenter mes amitiés à M. Raffalovich.

Recevez je vous prie, chère madame, avec tous mes regrets l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués.

G. de Molinari.


Paris, 13 décembre 1876.

Chère madame,

Votre amabilité me comble — et me remplis des plus justes remords. Dut-on m’envoyer en Chine je retarderais mon départ jusqu’au 24, et je n’attendrai pas ce jour là pour aller vous remercier de la bienveillance avec laquelle vous traitez le livre et le liseur. Seulement, je me demande si le Journal de Saint-Pétersbourg osera imprimer le livre que vous dites d’un « ennemi » de la Russie ? Peu importe, au surplus ! Ce qui m’est précieux c’est que vous en pensiez quelque bien. Il n’est pas nécessaire que ce soit imprimé ! Il me suffit que vous l’ayez écrit.

Votre exemplaire est sur ma table, je ne tarderai pas aller le mettre sur la vôtre, en vous priant d’agréer, avec toute ma reconnaissance, l’expression de mon dévouement le plus respectueux.

G. de Molinari.


Lundi 1er janvier 1877.

Chère madame, 

Une année qui commence par un aimable billet de votre main ne peut être que la bien venue. Je devais assister vendredi au dîner des économistes, mais mes confrères se passeront plus aisément de dîner avec moi que je ne me priverais de dîner avec vous. Veuillez donc compter sur le plus respectueux et le plus dévoué de vos admirateurs et de vos amis.

G. de Molinari.


Mercredi 1er mai [1878. — Voir faire-part de mariage du 7 mai 1878,
entre Emma Pilloy et Maurice de Molinari.]

Chère madame,

J’accepterais avec infiniment de plaisir votre aimable invitation à dîner pour le 8 si je ne devais assister la veille au mariage de mon fils. Ce jeune homme se marie en Belgique, où je resterai jusqu’au 10 ou au 12.

Merci, en tout cas, pour ce souvenir de bon voisinage, et croyez-moi votre tout dévoué et respectueux.

G. de Molinari


Samedi 22. (Sans date ; probablement après 1876)

Chère madame,

Plaignez, je vous prie, un homme qui a été en Amérique ! Un de nos bons amis de là-bas me télégraphie son arrivée pour ce soir avec prière d’aller le prendre à la gare. Impossible de me dérober à ce devoir d’hospitalité, mais c’est égal ! Il n’est pas toujours agréable d’avoir été en Amérique ! 

Votre dévoué et très contrarié admirateur,

G. de Molinari


Paris, 19 décembre 1881.

38 rue des martyrs

Chère madame,

Je viens de recevoir la visite d’un jeune peintre russe qui fait de très jolies aquarelles et qui est en train de mourrir de faim. Je n’ai pas osé lui donner votre adresse dans la crainte d’être indiscret, mais vraiment si vous vouliez lui acheter quelque chose, vous feriez une bonne action. 

Croyez-moi, je vous prie, chère madame, votre tout dévoué et respectueux.

G. de Molinari.

Son adresse : Van de Bergeff

52 rue des martyrs.


Samedi 21 janvier [1882?]

Je suis trop flatté de faire partie de votre petit comité — quoique à peine académicien et pas du tout politicien — pour ne pas accepter avec empressement votre aimable invitation pour vendredi.

Votre respectueux et dévoué.

G. de Molinari.


Paris, 21 janvier 1884.

Chère madame, 

J’espère n’être pas trop indiscret en remettant ces quelques mots d’introduction pour M. Raffalovich à un de mes jeunes amis M. Henry Logé, pianiste  — d’infiniment de talent — qui passe quelques semaines à Nice. Il a déjà obtenu beaucoup de succès, et ses succès ne l’ont pas guéri ! Quel plus bel éloge pourrais-je fournir de lui ?

Veuillez donc bien l’accueillir avec votre amabilité accoutumée et recevez, avec tous mes remerciements, l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués.

G. de Molinari.


[Sans date] Lundi. 

Chère madame, 

Assurément, je et nous serons enchantés de lire votre roman — et plus enchantés encore de faire partager notre plaisir aux lecteurs du Journal.   Sera-ce possible ? La politique ne va-t-elle pas de nouveau nous envahir ? Ceci est une autre question, mais envoyez, envoyez toujours. 

Votre tout dévoué et respectueux.

G. de Molinari.


Paris, 12 août 1886.

Chère madame,

Un mot d’Arthur — l’actif Arthur m’avait déjà appris la glorieuse nouvelle. J’en ferai part le 15 aux lecteurs du Journal des Économistes. Des remerciements vous ne m’en devez pas. C’est le rédacteur en chef du Journal qui vous en doit pour lui avoir donné un collaborateur d’élite. Ce rédacteur en chef n’a qu’un reproche à vous faire : c’est d’aimer le grec et bien d’autres choses mieux que l’économie politique. Que n’est-il Euripide ? Mais hélas ! c’est en vain qu’il le souhaite.

Impossible de vous envoyer un autographe de M. de Lesseps. Il ne m’a jamais écrit le plus petit mot, quoiqu’on prétende que je suis vendu à la compagnie de Panama. En tout cas le marché n’a pas été conclu par correspondance. Je suis en train de me débarrasser d’une partie de ma bibliothèque — car je suis fatigué de la déménager en moyenne tous les deux ans. Cela fait, je me mettrai à la recherche d’un appartement et je tâcherai de le trouver pas trop loin de l’avenue Hoche. Mais quand donc y reviendrez-vous à cette bienheureuse avenue ? Vous ne m’en dites rien. Tâchez d’avoir pitié de vos amis et ne les laisser pas trop longtemps vous attendre en vain. J’espère que les eaux de Schevalbach vous feront tout le bien possible — quand même vous n’auriez pas foi dans leur vertu — et vous savez bien que cela ne vous est pas nécessaire. En revanche, il est absolument nécessaire que vous ne cessiez pas de croire à la respectueuse affection de votre bien dévoué.

G. de Molinari

Rappelez-moi je vous prie au bon souvenir de M. Raffalovich et dites-lui que mon fils — qui est actuellement en Belgique — repartira samedi pour la Russie.


Paris, 22 octobre 1888.

Chère madame, 

Je profite d’une accalmie de la maladie de ma pauvre femme pour aller prendre quelques jours en Belgique. Je ne pourrai donc m’encapuciner avec vous mercredi et je le regrette vivement, mais je compte sur Mme Sophie pour déployer, à ma place, le drapeau de l’économie politique. 

Votre respectueux et dévoué.

G. de Molinari


Paris, 1er août 1889.

Chère madame,

Merci pour votre aimable lettre et pour l’envoi du Journal de Saint-Pétersbourg. Vos portraits à la plume sont ravissants mais trop beaux pour être fidèles. Vous avez une imagination embellissante. Ne va-t-elle pas jusqu’à trouver admirable le vote des députés irlandais, en faveur des dotations royales ? Il est vrai que ce sont des Irlandais ! Je n’en souscrirai pas moins volontiers à votre médaille — mais sans les médailleux, car je n’ai aucun goût pour les politiciens, fussent-ils irlandais et disciplinés !

Boulanger a subi un grave échec, mais est-ce un échec décisif ? Qui pourrait le dire ? Le suffrage universel est un si étrange — quelques-uns disent même un si sot animal. En tout cas, je crois que les conservateurs et les réactionnaires, boulangistes ou non, gagneront du terrain aux prochaines élections. Cela ne résoudra rien et cela pourrait bien augmenter encore le gâchis. 

Vous devez me trouver un peu bien grognon et pessimiste ; mais que voulez-vous ? Je vis comme un ours sans avoir pour me réconforter et me remettre en belle humeur mes visites à l’avenue du Trocadéro. J’espère que ses aimables habitants ne tarderont pas trop à me revenir et je les prie de me croire en attendant leur respectueux, affectueux et dévoué.

G. de Molinari

Ma belle-fille se joint à moi pour se rappeler à vos bons souvenirs.


Vendredi 17 novembre. (1893)

Merci, bien chère madame et amie, mais, croyez-moi, nous ne sommes pas des pierres inertes. Nous avons le pouvoir d’agir sur nous-mêmes et nous devons l’employer pour surmonter les épreuves de la vie, si dures, si cruelles qu’elles soient. Vous n’êtes pas, quoique vous le prétendiez, un être inutile et votre existence est précieuse à ceux qui vous aiment. Voilà ce que vous avez tort d’oublier dans l’égoïsme de votre douleur.

Pardonnez-moi cette semonce que je vous envoie en échange de votre aimable cadeau, gardez-la dans votre mémoire comme je le garderai dans mes yeux et croyez-moi votre tout dévoué et affectionné.

G. de Molinari.


Paris, 13 janvier 1894.

60 rue de la Tour.

Bien chère madame,

J’ai reçu votre lettre du 30 décembre et je n’ai pas besoin de vous dire combien la vue du timbre à tête de sphinx m’a fait plaisir. Malgré les distractions du voyage et la nouveauté des impressions, vous n’avez retrouvé, dites-vous, ni la paix de l’âme ni le repos de l’esprit. Que voulez-vous ? La douleur laisse des traces plus profondes et plus durables que le bonheur. Moi aussi, j’ai été durement éprouvé dans ces derniers temps. Mon pauvre gendre, M. Ladislas Lowe, est mort, après deux ans de longues souffrances. Il laisse deux enfants, un fils encore au collège et une fille, fiancée à un de ses commis, jeune peintre qui promet d’avoir quelques talents. Il est installé à Paris, et le futur ménage s’y installera probablement. Cela me permettra de caresser mes arrières-petits-enfants, et viendra en aide à ma philosophie, laquelle n’est pas toutefois aussi solide et résistante que vous le croyez. Elle me préserve d’une foule de soucis mais pas de tous. C’est un filtre qui retient les petits poissons, mais dont les gros rompent trop souvent les mailles.

À Paris, rien de nouveau, si ce n’est un froid terrible, auquel a succédé un temps de printemps, et la condamnation à mort de ce malheureux Vaillant. Pourvu que ce verdict impitoyable ait la vertu de prévenir de nouveaux attentats ! Mais le mal est profond et il a une cause morale que tous les verdicts du monde ne parviendront pas à extirper : c’est la croyance généralement répandue surtout depuis la Révolution française, que le progrès ne peut se réaliser que par la confiscation et le massacre. Voilà l’idée fausse qu’il faudrait déraciner et ce ne sera pas l’œuvre d’un jour.

Mais je suppose que vous êtes en ce moment plus occupée des monceaux égyptiens que des attentats anarchistes. Pardonnez-moi ces divagations d’économiste, portez-vous bien, donnez-moi de vos nouvelles quand vous en aurez le loisir et croyez-moi, bien chère madame, votre tout dévoué et affectionné.

G. de Molinari.

Mon protégé, M. Dom, a obtenu sa recette buraliste. Votre recommandation à M. Burdeau a, vous le voyez, fait miracle. 


Paris, 1er janvier 1895.

13 rue Cortambert

Chère madame,

Une aimable lettre de Mme O’Brien m’a appris votre départ pour Hyères au moment où je me disposais à aller prendre de vos nouvelles avenue du Trocadéro. Quoique je n’ai qu’une confiance modérée dans la nécromancie médicale, j’espère que votre nécromancier vous aura bien conseillé, et que vous nous reviendrez bientôt, aussi florissante de corps que vous l’êtes d’esprit. Ici nous avons le train-train accoutumé de la nouvelle année. Rien d’extraordinaire, à part la disgrâce de M. de Laneston qui n’aura pas à se réjouir de ses étrennes. Est-il coupable ? Est-il victime ? Voilà ce qu’il nous reste à savoir. Mes enfants m’ont fait une agréable surprise à l’occasion du nouvel an. L’un m’est arrivé de Liège, l’autre de Kiev ; ils ont trouvé ici ma petite-fille et son mari — et quoique les économistes aient la réputation d’être sans entrailles, ils m’ont fait goûter pendant quelques jours les joies d’un père et d’un grand-père de famille. Malheureusement, cela n’a pas duré ; mes oiseaux viennent de s’envoler, et me voici de nouveau en tête à tête avec le Journal des économistes. Ma belle-fille est à Bayeux où elle fait une retraite dans un couvent.

Et vous, tâchez de ne pas trop vous engager et vous attarder dans la vôtre. Revenez bientôt faire la joie de vos enfants et petits-enfants, sans oublier vos amis. En attendant, croyez bien que je serai tous les jours de l’année comme je suis aujourd’hui votre tout dévoué et affectionné.

G. de Molinari.


Paris, 17 juin 1895.

Chère madame,

J’ai été désolé de n’avoir pu vous remercier du gracieux envoi du Journal de Saint-Pétersbourg. Ma belle-fille prétend que votre portrait à la plume est infiniment plus ressemblant que celui de mon jeune peintre. La modestie m’interdit d’être de son avis, mais elle ne me défend pas d’être heureux et fier d’une amitié qui me voit sous une aspect si avantageux — beaucoup trop avantageux — et qui dit si bien ce qu’elle voit.

J’espère bien que vous ne souffrez que d’un malaise tout à fait passager et que vous pourrez bientôt délivrer un laisser-passer à votre respectueux et dévoué. 

G. de Molinari.


Paris, 22 novembre 1896.

13 rue de Cortambert.

Chère madame,

Je n’ai pas besoin de vous dire combien votre aimable lettre m’a été agréable. Quel dommage qu’on n’ait pas encore inventé un instrument à mesurer le plaisir. Il aurait certainement marqué le maximum. Vous me faites faire, me dites-vous, de longues promenades dans Rome, et vous partagez avec moi vos sensations archéologiques. C’est délicieux de loin, mais ce serait encore plus délicieux de près. Je n’ai jamais autant regretté d’être attaché au rivage par toute sorte de liens économiques. Mais votre lettre m’apprend que l’archéologie ne vous suffit pas — est-ce qu’une seule science a jamais pu vous suffire ? — et que vous y joignez la physiologie. Je me contente pour ma part de l’économie politique, quoiqu’elle ne soit guère en faveur aujourd’hui ; j’y mêle toutefois un peu de biologie, et je corrige en ce moment les épreuves d’un petit volume sur la viriculture. Je m’y occupe des moyens de perfectionner l’espèce humaine, qui me paraît sous ce rapport fort en retard ; mais je crains un peu qu’on ne continue de préférence à améliorer les races des chevaux et des moutons. Que voulez-vous ? Ça rapporte davantage.

Rien de nouveau au surplus, pas même la pluie, mais il faut prendre le temps comme il vient, et accepter toutes choses avec philosophie. Il y en a cependant — l’absence de ses amis par exemple — qui rendent la philosophie difficile. J’espère que vous ne rendrez pas la mission impossible en vous plongeant indéfiniment dans l’étude de la physiologie, si intéressant que soit votre guide (n’allez pas lire, le vous prie, votre guido).

Ma belle-fille a été très sensible à votre bon souvenir et elle se joint à moi pour vous prier d’agréer l’expression de nos sentiments respectueux et dévoués.

G. de Molinari.


Paris, 28 mars 1897.

Chère madame,

Mille remerciements pour la confortable rocking-chair dont vous avez eu l’amabilité de faire cadeau à une victime infortunée de la férocité des cochers de fiacre. On s’en trouve si bien qu’on retarderait volontiers sa guérison si l’on n’avait hâte d’aller dire à ses toutes bonnes et charmantes amies combien on a été touché de leur obligeante et substantielle sollicitude.

En attendant on les prie de croire à la vraie reconnaissance de leur bien affectionné et dévoué.

G. de Molinari.


Paris, 23 décembre 1897.

Chère madame,

Grand merci pour votre aimable cadeau de Noël. Ce portrait si artistiquement gravé de l’Éloge de la folie convient tout à fait à un utopiste qui rêve de concilier le capital et le travail et de faire régner la paix et la liberté dans le monde.

Merci donc encore une fois et croyez-moi votre respectueux et dévoué. 

G. de Molinari.


Paris, 7 décembre 1898.

Chère madame,

Votre aimable invitation m’est arrivée trop tard. Je l’ai trouvée hier à mon bureau — où je ne vais pas tous les jours — et vous ai télégraphié immédiatement, mais il paraît que mon 8 ressemblait à un 3, ce qu’atteste la petite note si confuse. Je crois plutôt à une forte distraction du télégraphiste — peut-être amoureux — et j’espère que vous vous serez mise à table sans trop accuser d’impolitesse votre respectueux et dévoué.

G. de Molinari.


Paris, 23 février 1899.

7 rue de Verneuil.

Chère madame,

À l’occasion de mon 80e anniversaire, j’ai prié quelques amis de venir dîner chez moi — vendredi prochain 3 mars à 7h 1/4. Si vous vouliez bien vous joindre à eux, vous me feriez le plus grand plaisir. Ça me consolerait d’être si vieux.

J’espère que vous ne refuserez pas cette consolation à votre dévoué et respectueusement affectionné.

G. de Molinari.


Autres lettres sans date


(Sans date) Vendredi soir.

Chère madame, 

Quoique dimanche soit la vielle de mon départ, la tentation que vous m’offrez est trop… tentante pour que je puisse y résister. J’accepte donc avec reconnaissance pour mon fils et pour moi votre aimable invitation.

Je n’ai aucune nouvelle de [illisible] et j’ai quelque confiance dans le proverbe : pas de nouvelles bonnes nouvelles. C’est pourquoi je me plaît encore à espérer que le terrible incendie annoncé à M. Raffalovich s’évanouira en fumée ! Veuillez bien agréez, chère madame, l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués.

G. de Molinari.


(Sans date.)

Chère madame,

Ce cas est embarrassant, en effet, et je ne sais pas trop quel conseil vous donner. Mais pourquoi pas Block ? L’essentiel c’est que le livre soit présenté — peu importe par qui.

Votre bien dévoué.

G. de Molinari.


Jeudi 26. 

Chère madame, 

La campagne n’a rien d’effrayant pour un parisien — quand il y retrouve Paris et j’ajoute ce que Paris renferme de plus hospitalier et de plus bienveillant. Les camps et les prés me déroutent bien un peu. J’ai tellement perdu l’habitude de les voir, mais enfin c’est une habitude qui n’a rien de désagréable, et je vous remercie de me fournir une si charmante occasion de la reprendre. À dimanche donc. Je tâcherai de prendre le train de 4 heures 1/4 — s’il y a un train de 4 heures 1/4 ; mais de grâce n’envoyez pas à ma rencontre. Il doit bien y avoir un service de locomotive quelconque entre Rueil et Bougival. D’ailleurs les parisiens eux-mêmes ont des jambes et ils sont très capables de s’en servir pour avoir le plaisir de vous voir.

Veuillez présenter mes compliments à M. Raffalovich et me croire, madame, votre respectueux et dévoué.

G. de Molinari.


Dimanche. (Sans date.)

Chère madame,

L’égoïsme bien entendu est une vertu économique. C’est pourquoi je me garderai bien de laisser échapper la bonne occasion que vous m’offrez de m’y abandonner. J’accepte avec grand plaisir votre aimable invitation pour mardi et je reste votre tout dévoué et respectueux.

G. de Molinari


Lundi 17.

Chère madame,

Voici un peintre saisi par des créanciers impitoyables, qui m’arrive avec deux tableaux assez jolis. Voyez-le je vous prie. S’ils ne vous conviennent pas vous pourriez peut-être envoyer le peintre à M. Guillaume — qui pourra à son tour lui donner quelque conseil et quelque renseignement utile. 

Enfin, il s’agit d’un pauvre homme qui a besoin de vendre. Puis-je mieux faire que de l’engager à frapper à votre porte, en vous priant de me pardonner mon indiscrétion ?

Votre tout dévoué et respectueux.

G. de Molinari


Mercredi 10 mars.

Chère madame,

Vos points d’interrogation sont irrésistibles. Cela tient certainement à ce que vous avez l’habitude de vous en servir pour demander aux gens des choses qu’ils ont grande envie de faire. J’accepte avec grand plaisir votre très aimable invitation et vous prie de me croire votre toujours dévoué.

G. de Molinari


Mercredi.

Chère madame,

Grand merci pour votre charmante attention ; mais qu’est-ce donc que ce joli comte en l’air ? Me permettrez-vous vous d’aller vous en demander la suite — car jamais « ce qui n’est pas arrivé » ne m’a fait autant désirer de savoir ce qui arrivera.

Votre tout dévoué et respectueux.

G. de Molinari


Vendredi 1er mai. 

Chère madame,

J’ai essayé en vain de me procurer la carte permanente que vous me demandez. Je vais en écrire deux mots à M. Clément et je me plais à espérer qu’il sera plus heureux que votre tout dévoué et désolé serviteur.

G. de Molinari.


(Sans date.)

Chère madame,

La réunion aura lieu dimanche à 2h. Je serai probablement en Belgique, mais soyez tranquille. Vous n’aurez que le choix des protecteurs. Ils se feront concurrence.

Votre tout dévoué.

G. de Molinari.


Lundi 6 mai.

Chère madame,

Je vais prier mon collaborateur, M. Charles Clément, qui est chargé de salon, de me procurer une carte pour votre aimable confrère du Journal de Saint-Pétersbourg. Cela ne souffrira certainement aucune difficulté. J’espère bien que vous êtes complètement débarrassé de cette vilaine rougeole et que vous en avez été quitte pour la peur.

Agréez, je vous prie, chère madame, l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués.

G. de Molinari.


Mardi 9 juin.

Chère madame,

Ai-je besoin de vous dire que j’accepte avec reconnaissance votre gracieuse invitation ? Seulement permettez-moi de protester contre la qualification de « peu charmant » et de vous supplier de m’accorder en échange celui « d’ami dévoué et respectueux » d’une femme aimable et spirituelle que vous connaissez bien.

Veuillez faire tous mes compliments à M. Raffalovich et agréer l’expression de mes meilleurs sentiments.

G. de Molinari.


(Sans date.) Lundi.

Chère madame,

J’accepte avec grand plaisir pour mon fils et pour moi votre très aimable invitation à déjeuner. À vendredi donc et croyez que jamais journaliste libéré n’aura mieux goûté la liberté.

Votre bien dévoué et respectueux.

G. de Molinari.


Mardi 13 décembre.

Chère madame,

Ai-je besoin de vous dire que j’irai dîner chez vous avec infiniment de plaisir vendredi 23 ? Mes sentiments de reconnaissance pour vos aimables attentions n’ont pas déménagé, croyez-le bien, et j’espère que vous n’aurez pas cessé de me compter parmi vos admirateurs les plus fidèles sinon les plus assidus.

Votre toujours dévoué et respectueux.

G. de Molinari.

A propos de l'auteur

Ami, collaborateur et disciple de Frédéric Bastiat, Gustave de Molinari fut le plus grand représentant de l'école libérale d'économie politique de la seconde moitié du XIXe siècle. Auteur d'une centaine d'ouvrages et brochures, il est surtout connu pour sa défense de la liberté des gouvernements.

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