Une lettre ouverte à Oliver Stone

Oliver Stone à la conférence internationale de Students for Liberty à Washington, D.C

Oliver Stone à la conférence internationale de Students for Liberty à Washington, D.C

Cette lettre publiée sur PanAm Post, une plateforme web majeure du libéralisme dans les Amériques, a été rédigée par des trois jeunes responsables de Students for Liberty en Amérique latine (Estudiantes por la Libertad), et s’adressait au réalisateur mondialement célèbre Oliver Stone (Platoon, Wall Street, The Doors, JFK, Nixon, Tueurs Nés). Oliver Stone était en effet présent à la conférence internationale 2014 de Students for Liberty pour parler d’impérialisme et des questions de sécurité nationale. Les jeunes libertariens d’Amérique latine le mettaient donc en garde sur ses positions en faveur des gouvernements autoritaires du Venezuela, de Cuba, entre autres. 

Traduit par Soufiane Kherrazi, Institut Coppet

Cher M. Stone,

Étant donné votre longue histoire de soutien aux gouvernements répressifs d’Amérique latine, et compte tenu de vos liens étroits avec certains de ses dirigeants autoritaires, comme Hugo Chávez et Nicolás Maduro, votre participation en tant qu’orateur à la conférence internationale de Students for Liberty en 2014 est devenue une question qui a suscité de nombreuses préoccupations pour nous, les jeunes libéraux de l’Amérique latine.

Nous apprécions votre position ferme condamnant l’excès impérial de l’État de surveillance aux États-Unis, qui, au nom de la sécurité, sacrifie les libertés individuelles. Toutefois, nous nous interrogeons si votre position sur ce sujet n’est pas limitée aux frontières de votre pays. Si tel est le cas, et en tant que jeunes latino-américains souffrant des conséquences du pouvoir abusif des dictatures populistes que vous soutenez clairement et ouvertement, il est évident que nous pouvons avoir un concept différent de l’État ??excessif.

Il est facile de faire l’éloge des bienfaits du populisme quand on n’a pas à supporter jour après jour ses conséquences négatives. Il est compréhensible de prêcher ces idéaux quand on n’a pas à réagir aux politiques publiques qui perpétuent l’impunité et la violence systématique. Il est facile de faire la croisade du socialisme quand on ne souffre pas de combats dont souffrent chaque jour de nombreux latino-américains à la recherche de nourriture, et qui parcourent de longues queues dans les supermarchés pour tenter d’obtenir les produits de consommation les plus basiques – sans discuter de l’inflation galopante et d’autres périls qu’impose le socialisme sur les individus qui, d’une autre manière, veulent seulement mener leur vie tranquillement.

Il n’est pas difficile de faire l’éloge de l’État-providence quand les conséquences des dépenses publiques rampantes ne se transforment pas en fardeau sur vos épaules, ou de sympathiser avec des dictateurs quand les victimes de leur violence vous sont étrangères. Ces dernières sont nos frères et sœurs, nos amis et voisins, et souffrent des répressions abusives du pouvoir. Il n’est pas dangereux de défendre des personnages comme Fidel Castro ou Hugo Chávez, comme vous le faites dans votre oeuvre et vos déclarations publiques, quand on sait bien que sa propriété privée et les fruits de son labeur ne seront pas exploités par les responsables politiques.

Jour après jour, les effets de l’étatisme nuisent aux familles latino-américaines, et pourtant vous embrassez toujours les idées du socialisme du XXIe siècle d’Hugo Chávez. Mais vous êtes libre de planifier votre avenir et celui de vos proches dans un climat de stabilité et dans un pays qui ne devienne pas plus pauvre à cause de la faillite morale et matérielle imposée par des politiques déficientes. Bon nombre de jeunes Latino-Américains ne jouissent pas de tels luxes et ont été forcés de quitter leurs amis et leurs familles pour aller chercher ailleurs un avenir plus sûr et plus prospère.

Pour ces raisons, et au nom de tous les individus qui subissent les atrocités des dictatures populistes latino-américaines, nous nous sommes sentis obligés de livrer ce message. Nous avons promis de défendre la liberté toujours, même dans l’une des nuits les plus sombres de l’Amérique latine. Et c’est pourquoi nous demandons encore à M. Stone, quelle est votre conception de la liberté ?

Nous croyons que le respect, la tolérance, et les débats ouverts renforcent les sociétés libres et responsables. Comme les libertariens et les libéraux classiques, nous nous en remettons au concept que le libéralisme trouve ses racines dans la tolérance à l’égard des projets de vie des personnes ainsi qu’à leurs idées, même dans ses plus larges niveaux de diversité. C’est la raison pour laquelle, puisque vous nous rejoignez en tant que « speaker » à la conférence internationale de Students for Liberty, nous aimerions partager avec vous nos expériences, et illustrer la violence que nos gouvernements promeuvent, y compris dans le cas du Venezuela où elle est publiquement pratiquée.

Peut-être comprendrez-vous à ce moment-là que les situations « au sud de la frontière » sont très différentes de celles décrites dans vos documentaires et autres propagandes. Nous voudrions exprimer publiquement notre désaccord total pour votre soutien envers les gouvernements qui restreignent les libertés dans l’autre côté de notre continent. Heureusement, et paradoxalement, vous serez en mesure d’exprimer librement vos opinions, même lorsque que vous soutenez des gouvernements qui font taire tous ceux qui pensent différemment.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.