Entretien avec François Facchini. Par Grégoire Canlorbe

francois-facchiniFrançois Facchini est professeur agrégé des Universités, docteur ès sciences économiques. Il enseigne les sciences économiques à l’Université Paris Sud et est associé au Centre d’Économie de la Sorbonne (Université de Paris 1, Panthéon-Sorbonne).

 

Grégoire Canlorbe est un entrepreneur intellectuel Français. Il réside actuellement à Paris.

François Facchini : Je souhaiterais avant de répondre à toutes vos questions vous remercier pour l’intérêt que vous portez à mes recherches et à ma vision des sciences économiques et de l’école autrichienne en particulier.

Grégoire Canlorbe : Comment présenteriez-vous au non initié l’école autrichienne d’économie ? Quelles sont les grandes spécificités de ce courant par rapport à l’école néoclassique, qui est actuellement le courant orthodoxe de la science économique?

François Facchini : Je pense que la meilleure présentation des différences entre l’école néoclassique et l’école autrichienne a été faite par Jésus Huerta de Soto dans son livre d’introduction à ce courant de pensée intitulé[1] L’école autrichienne. Marché et créativité entrepreneuriale (voir annexe de cette interview). Parmi toutes les différences entre le courant orthodoxe et l’école autrichienne, la plus importante me semble être aujourd’hui son refus de penser l’économie de marché à partir de la théorie de l’équilibre.

Je sais que cette manière de penser l’école autrichienne a longtemps fait débat, le dernier en date fut le rôle équilibrateur que Kirzner donna à l’entrepreneur, mais cette perspective processuelle des ajustements qui animent les marchés est ce qui permet de tenir compte de l’incertitude, de l’ignorance des acteurs et du temps de la conscience. Il permet de rompre avec l’univers mécaniste de la physique sociale du modèle walrasien. Il permet entre autres de renverser totalement la vision que les économistes doivent avoir du rôle des prix dans un marché.

Il est vrai que le prix de marché est imparfait et qu’il est parfois nécessaire de compléter l’information prix par des connaissances supplémentaires pour prendre une bonne décision, mais il est vrai aussi que sans cette information prix capable de révéler le montant des ressources que les individus sont prêts à sacrifier pour obtenir un bien, la coordination des agents sur les marchés serait encore plus imparfaite. Ainsi partir de l’ignorance permet de conférer au prix de marché un rôle positif, alors que partir d’une hypothèse d’information parfaite ne conduit qu’à sous-estimer l’importance de l’information prix dans le calcul économique et in fine la coordination et la stabilité des marchés.

Grégoire Canlorbe : Dans quelles circonstances et pour quelles raisons êtes-vous devenu un autrichien ? Fut-ce à l’université ou avez-vous découvert Mises, Hayek et les autres en autodidacte ?

François Facchini : Comme on peut s’en douter dès que l’on est passé par le système universitaire français et peut-être aussi des autres grandes universités américaines et européennes, ce type de message n’est pas enseigné. Je suis autodidacte de l’école autrichienne comme de nombreux économistes qui se sont intéressés à cette école de pensée et à sa manière de penser l’économie de marché, la monnaie, le temps, etc.

Cette absence d’enseignement de l’école autrichienne dans les universités s’explique par le fait que les économistes estiment qu’il y a des choses à savoir et des choses qui relèvent de l’histoire de la pensée et/ou d’une spécialisation. Ce qu’il faut savoir dans les universités c’est le modèle walrasien (Arrow-Debreu) de concurrence pure et parfaite qui passe à tort pour le modèle parfait d’économie de marché. Tout en découle, car si on n’enseigne pas l’école autrichienne, les jeunes chercheurs sont obligés de repartir de rien. Ils redécouvrent alors les résultats des grands auteurs et en oublient d’innover, de proposer de nouvelles analyses.

Je pense pour cette raison qu’il faudrait vraiment réussir à créer un pôle de recherche d’excellence fondé sur les apports anciens et modernes des auteurs qui appartiennent à ce courant de pensée, le mot courant étant finalement plus approprié que le mot école qui laisserait supposer qu’il n’y a aucune diversité dans l’école autrichienne, ce qui n’est pas le cas.

Grégoire Canlorbe : Avez-vous des auteurs de référence au sein du courant autrichien ? Peut-être avez-vous également des auteurs « mal aimés », je veux dire des auteurs que vous jugez moins intéressants, voire carrément dispensables ?

François Facchini : Cette question me permet de rebondir sur l’absence d’école au sens strict, notamment parce que l’immigration de l’école autrichienne aux Etats-Unis (Karen Vaught) a créé une école austro-américaine fondé sur une culture économique très différente de celle qui avait été à l’origine des travaux de Carl Menger.

L’opposition désormais institutionnalisée entre les Misesien-Rothbardiens et les Hayékiens-évolutionnistes n’en est que la conséquence. Dans cette opposition qui est parfois exagérée je me range du côté de Hayek.

Grégoire Canlorbe : Mises, Hayek et avant tout Kirzner ont contribué à développer la théorie dite autrichienne de l’entrepreneur, pour laquelle vous manifestez un intérêt indubitable. Kirzner fait de la « vigilance » (« alertness ») la qualité propre de l’entrepreneur, i.e. celle qui le distingue de toutes les autres figures économiques. Kirzner s’efforce de démontrer que cette vigilance au profit est la clef de la croissance : sans entrepreneur, la croissance stagne ou décroît. Pourriez-vous rappeler succinctement quels sont les tenants et les aboutissants de la définition avancée par Kirzner ? En quoi la « vigilance » de l’entrepreneur est-elle au fondement de la croissance économique ?

François Facchini : Je crois en effet beaucoup à cette idée qu’Holcombe (1998, QJAE) a popularisée sous le slogan « l’entrepreneur est le génie du développement ». Elle est soutenue d’ailleurs bien au-delà du courant autrichien et des sciences économiques, car la théorie de l’entrepreneur de Kirzner est beaucoup plus populaire en sciences de gestion qu’en sciences économiques. Elle a plusieurs conséquences.

La première est qu’elle permet d’unifier toutes les théories de l’entrepreneur (Knight, Say, Schumpeter) autour d’une notion, la vigilance aux opportunités de profit : profit d’arbitrage (vendre plus cher que l’on achète), profit de spéculation, et profit d’innovation (Schumpeter). Ce qui caractérise un entrepreneur, c’est cette posture vis-à-vis du marché qui lui permet de percevoir les opportunités de profits i.e. l’existence d’échanges mutuellement avantageux non encore perçus par les autres agents sur les marchés. La conséquence de cette vigilance est que l’entrepreneur est celui qui réduit les poches d’ignorance. En important du blé italien en France, l’entrepreneur révèle aux producteurs français que leur productivité est insuffisante et aux consommateurs qu’ils peuvent acheter leur blé moins cher et dégager ainsi du pouvoir d’achat qui nourrira d’autres marchés et entretiendra le cercle vertueux de la création de richesse par l’apparition de nouvelles opportunités de profits.

Grégoire Canlorbe : Kirzner explique les opportunités de profit par les déséquilibres de prix ; en d’autres termes, l’entrepreneur a un rôle à jouer dans la coordination économique parce que le modèle d’équilibre général défendu par les néoclassiques n’est pas valable dans la réalité. Dans le monde réel, les prix étant impuissants à garantir un équilibre perpétuel du marché, l’entrepreneur prospère sur les situations de déséquilibre. Qu’est-ce qui justifie cette vision dynamique du marché dans l’analyse de Kirzner ? Pourquoi le marché connaît-il non pas un état statique d’équilibre mais une perpétuelle tension vers l’équilibre ?

François Facchini : La théorie des processus de marché est dynamique parce qu’elle décrit le processus d’apprentissage à l’œuvre sur les marchés à travers l’interprétation de l’information prix. Cela explique pourquoi il y a de l’ambiguïté, des erreurs, des regrets, des succès et des échecs sur les marchés. Mais cela explique aussi pourquoi il s’agit d’un processus et non d’un équilibre. Le marché n’est jamais l’équilibre parce que ce qui guide les marchés c’est un principe d’efficacité dynamique.

Le problème de l’ordre économique n’est pas d’éviter les erreurs et de se placer directement à l’équilibre, mais de les corriger. Si Lachman soutient à juste titre que le marché ne tend pas à l’équilibre c’est parce que le futur n’est jamais la reproduction du passé. Il est impossible alors de penser que la correction des erreurs d’aujourd’hui m’assure contre de nouvelles erreurs, car la connaissance du futur dans un monde incertain est par définition impossible. Anticiper est en ce sens toujours un saut dans l’inconnu. L’ajustement est perpétuel et aucune tendance à l’équilibre n’est envisageable.

Grégoire Canlorbe : Dans un article de 2007, en synthétisant les divers travaux qui ont cherché à compléter la théorie de Kirzner, vous avez proposé trois éléments d’explication supplémentaires pour les opportunités de profit. Selon votre article, le nombre des opportunités de profit s’explique par l’importance des déséquilibres de prix, par l’inefficience des firmes présentes sur le marché, par le nombre d’opportunités lui-même et par le degré d’ambiguïté de l’information disponible sur ces opportunités. Pourriez-vous revenir sur chacun de ces trois facteurs d’explication supplémentaires ?

François Facchini : Ces trois facteurs sont présents dans la littérature théorique et empirique sur l’entrepreneur. L’idée est qu’il est d’autant plus probable que les entrepreneurs perçoivent une opportunité de gain que le nombre de ces opportunités est important. On comprend alors pourquoi chacun de ces facteurs peut expliquer la dynamique entrepreneuriale d’un pays.

L’effet du déséquilibre de prix a déjà été présenté dans ma réponse à la question 5. Un déséquilibre de prix est la condition d’un profit d’arbitrage. L’exemple du blé a expliqué en quoi cela avait un effet sur la croissance économique mais aussi sur la dynamique des opportunités.

L’inefficience des firmes est généralement mesurée par leur taille. On s’attend à ce que des organisations de grandes tailles soient moins efficaces i.e. moins flexibles. Elles vont alors permettre à des nouveaux d’entrants de venir sur leurs marchés et de proposer aux consommateurs des services et des biens plus compétitifs. On retrouve l’idée que l’opportunité de profit relève d’une défaillance, d’une erreur de perception. Cela explique pourquoi il n’y a pas tendance à l’équilibre. Les erreurs créent les écarts de prix, l’inefficacité des firmes, nourrissent l’ambiguïté des informations disponibles sur le marché et sa propre dynamique.

C’est parce que les producteurs français se trompent i.e. n’utilisent pas efficacement leurs ressources qu’il existe un écart de prix avec ce qui se passe en Italie et qu’il existe une opportunité. C’est parce que le manager ne perçoit l’inefficacité de la combinaison productive de sa firme que des entrepreneurs peuvent entrer sur son marché et lui prendre des clients. C’est parce que l’information est ambiguë que ce n’est pas ceux qui investissent le plus qui vont forcément gagner le plus. Un bon investissement peut souvent être plus profitable qu’un gros investissement.

La qualité des anticipations dépend de la qualité de la perception, de la représentation que les entrepreneurs ont du marché. C’est ce qui fait la pertinence de la théorie de l’entrepreneur. Elle propose un discours général sur la singularité des faits sociaux. L’entrepreneur est l’agent du changement. Il est celui qui corrige les erreurs passés et en tire en profit.

Grégoire Canlorbe : La théorie schumpétérienne de l’entrepreneur fait de la capacité à innover (et non la vigilance au profit) la caractéristique propre de l’entrepreneur. Le profit trouve son origine, selon Schumpeter, dans un acte créatif de l’entrepreneur ; et non dans un déséquilibre des prix, comme chez Kirzner. Par-delà ces divergences fondamentales entre Schumpeter et Kirzner, les visions schumpétérienne et kirznerienne de l’entrepreneur peuvent-elles trouver un terrain de conciliation ?

François Facchini : Comme je l’ai implicitement dit dans ma réponse 4 en définissant l’entrepreneur par une posture vis-à-vis du marché, Kirzner englobe toutes les définitions de l’entrepreneur disponibles. L’innovateur est celui qui perçoit un profit d’innovation.

Ensuite l’opposition Kirzner – Schumpeter sur l’entrepreneur force d’équilibre versus l’entrepreneur force de déséquilibre n’a plus lieu d’être dans une vision authentiquement processuelle des marchés où les agents corrigent à l’infini leurs erreurs d’appréciation. L’économie de marché est un monde ouvert.

Grégoire Canlorbe : En 2007, dans un article non plus de science économique à proprement parler mais de philosophie morale, vous avez proposé de définir l’entrepreneur comme un « homme prudent », mobilisant ce faisant le concept aristotélicien et thomiste de la prudence. Pourriez-vous synthétiser les raisons qui ont motivé votre choix d’ériger la prudence en caractéristique essentielle de l’entrepreneur ?

François Facchini : Et bien c’est cette vision indéterminée du monde qui caractérise l’économie de marché et les travaux de Arnaud Pélissier Tanon qui m’ont conduit à m’intéresser à la vertu de Prudence. J.B. Say qualifie l’entrepreneur d’homme prudent. Je trouve que cette définition est parfaite pour le courant autrichien car elle inscrit l’homme dans un monde ni déterministe ni contingent, ce qui dans la philosophie aristotélicienne (Aubenque, La prudence PUF, Quadrige) est un préalable à l’action. On a ainsi les conditions de l’action qui est la base de la théorie misesienne.

Ensuite, un monde ni contingent ni déterministe permet de soutenir la position médiane de Kirzner–Garrison dans les débats avec les post-keynésiens et les économistes qui ont suivi la position radicale de Lachman sur l’obsolescence de la connaissance. La connaissance singulière est obsolescence, mais la connaissance générale survit à l’expérience. Ma connaissance des choses : table, cheval, besoin de dormir, de se nourrir, etc. ne meurt pas avec mon histoire. Ma connaissance de la liberté non plus. Là j’y vois la place de la connaissance a priori au sens réaliste.

Enfin le monde est non déterministe, il laisse une place au libre arbitre, à l’action. Il impose la figure de l’entrepreneur, car il donne les conditions que l’homme puisse s’insérer dans le monde pour le modifier à son avantage.

Pour conclure ce point, je vois aussi dans la théorie de la prudence et plus précisément la théorie de délibération un moyen de bien distinguer les trois étapes de la décision : imaginer les mondes des possibles, juger de leur plausibilité, et commander au moment opportun. La théorie de la rationalité parfaite traite de manière imparfaite uniquement l’étape du jugement. Elle oublie complètement le moment où j’imagine mes mondes des possibles. Cela a une conséquence très importante, chaque individu a ses mondes des possibles. Les anticipations sont hétérogènes. Cela signifie qu’un monde décentralisé où chacun peut expérimenter ses propres alternatives produira plus de connaissance qu’un monde où un décideur unique imagine le futur pour tout le monde et le met en œuvre.

Grégoire Canlorbe : Dans un article de 2008, vous avez proposé une explication originale de l’émergence en Europe, à partir du XVIIème siècle, de la liberté politique et économique et ce faisant du capitalisme moderne (capitalisme d’entreprise), lequel présuppose la liberté politique et économique.  Vous défendez deux thèses : la première est que le capitalisme et la généralisation du marché sont nés en Europe parce que le territoire européen était fragmenté et favorable au polycentrisme et à la concurrence institutionnelle. Pourriez-vous revenir sur ce premier élément d’explication ?

François Facchini : Ces deux thèses ne sont pas originales. La question de l’émergence des institutions de la liberté s’impose dès lors qu’il a été montré qu’un ordre décentralisé est plus performant qu’un ordre centralisé. Comment l’Europe a inventé ce type d’ordre ? La littérature oppose généralement la thèse de Montesquieu par les facteurs géographiques à la thèse de Weber par la religion et à la thèse de Kant par la concurrence entre les institutions.

J’ai cherché dans mes premières recherches à articuler ces trois explications de la manière suivante. La fragmentation politique a été favorable à l’expérimentation institutionnelle. Pour survivre, il a fallu que les Etats imitent les expériences réussies des autres Etats ; et parfois qu’ils innovent. Le principe est simple : sans une bonne économie, un Etat n’a pas la base fiscale suffisante pour répondre aux attaques de ses concurrents ; en l’absence d’alliances fortes avec d’autres Etats, et conformément au principe de Bertrand de Jouvenel selon lequel le pouvoir cherche toujours à détruire les pouvoirs concurrents, un Etat est toujours menacé par l’existence d’un autre Etat.

La concurrence entre les Etats a alors initié des expérimentations institutionnelles qui ont permis à l’Europe de découvrir les institutions capables de reconnaître à chacun un droit sur eux-mêmes et les fruits de leur travail. L’articulation avec la géographie de l’Europe était alors toute trouvée, car les tenants de cette thèse soutiennent que l’Europe est un continent fragmenté géographiquement, nombreuses péninsules, etc. et que cela explique la fragmentation politique.

L’enchaînement est alors le suivant. La fragmentation géographique de l’Europe, explique sa fragmentation politique, la concurrence et l’expérimentation institutionnelle et in fine l’invention du développement économique au sens de D.C. North i.e. une croissance de la production supérieure à la croissance de la population.

Grégoire Canlorbe : La seconde thèse que vous avancez est que « l’éthique de la liberté », condition idéologique du capitalisme moderne, a pu se répandre sur le territoire européen parce que l’Europe avait été unifiée entre le V° et X° siècles par la religion chrétienne, laquelle est favorable à la reconnaissance de cette éthique de la liberté.  Dans quelle mesure, selon vous, l’Eglise s’est-elle montrée en effet soucieuse de promouvoir la liberté politique et économique ?

François Facchini : La thèse wébérienne est été largement discutée et critiquée. Elle ne lie pas capitalisme et réforme. Je fais la même analyse, mais en étendant le propos au christianisme. Les institutions de la liberté sont un effet de l’action des chrétiens mais pas de leurs intentions. Je reprends ainsi la théorie des effets de composition mais y introduis un facteur idéologie. Les institutions sont le résultat des actions humaines (et non de leurs intentions), mais pas de n’importe quelles actions. Cela signifie que les croyances et les valeurs ont un rôle dans l’effet de composition à l’origine des institutions du capitalisme.

L’effet du christianisme sur la dynamique des institutions est bien connu par les historiens du droit. Ils rappellent parfaitement le rôle qu’a joué dans cette dynamique l’existence d’un Pape qui se dresse face aux monarques comme une autorité morale indépendante. Cela fut particulièrement important dans l’invention des libertés politiques et de l’indépendance entre la religion et l’Etat.

Ils rappellent ensuite l’importance des débats qui eurent lieu à l’intérieur de l’église entre les tenants d’une terre qui appartient à tous mais qui peut être appropriée par chacun et les tenants d’une théorie du bien commun. Le capitalisme n’aurait pas pu émerger sans une légitimité morale des droits de propriété et cette idée que tous les  hommes sont égaux devant Dieux.

J’organise le 10 juin 2014 à la Maison des Sciences Economiques dans le cadre du SEPIO une confrontation entre le PR d’histoire du droit J.L. Harouel, qui a écrit un libre intitulé Le vrai Génie du christianisme et M. David Cosandey qui défend l’idée que c’est la géographie de l’Europe qui est son secret (Le Secret de l’Occident). Nous devrions à cette occasion réactualiser nos connaissances sur le sujet et peut-être réorienter nos recherches.

Grégoire Canlorbe : Pensez-vous que la faiblesse des libertés économiques et politiques dans les pays de l’aire musulmane s’explique (au moins en partie) par la religion musulmane, tout comme la religion catholique a répandu en Europe une éthique de la liberté favorable aux libertés économiques et politiques ?

François Facchini : Encore une fois il ne s’agit pas d’une relation directe entre religion chrétienne et institutions de la liberté. Les institutions de la liberté sont le résultat des actions humaines et non de leur dessein. Les actions humaines sont cependant orientées par des croyances et des valeurs qui sont justifiées par des idéologies séculières ou non séculières. Ces idéologies légitiment les institutions. Elles légitiment, par exemple, la privatisation des ressources naturelles et de la terre en particulier ou le maintien de ces ressources en pâture commune de libre accès.

Il est dans ce contexte souvent dit que l’Islam est la religion des marchands et qu’à ce titre elle est favorable au capitalisme, mais le capitalisme n’est pas le commerce. Si un peuple s’enrichit par le butin, les conquêtes militaires, il crée une classe possédante qui peut dépenser ses revenus dans les villes et nourrir les marchands, mais il ne vit pas dans un monde capitaliste où l’enrichissement n’est jamais dissocié de l’effort productif.

Si le droit légitime le butin, et réglemente le statut de la terre, de l’eau, etc. et limite ainsi la libre cessibilité des droits, il bloque l’échange et limite ce dernier à la redistribution du butin à l’intérieur du groupe. C’est sur cette base que je soutiens que l’interprétation traditionnelle des paroles du Prophète n’a pas été un facteur favorable à l’invention des institutions de la liberté (du capitalisme) mais aussi à sa diffusion.

Grégoire Canlorbe : La théorie wébérienne de la naissance en Europe du capitalisme moderne, i.e. du capitalisme entrepreneurial, à partir du XVIIème siècle, soutient que celui-ci est la conséquence non intentionnelle du comportement des bourgeois protestants consistant à accumuler méthodiquement les richesses ; et ce, non en vue d’en tirer une jouissance matérielle mais en vue d’interpréter la réussite de cette démarche comme le signe de l’élection divine.  Quel point de vue portez-vous sur la thèse de Weber ? Quelles sont selon vous ses mérites et ses lacunes ?

François Facchini : Il est vrai comme cela a été présenté dans les autres réponses à vos questions qu’il s’agit d’un effet de composition. La thèse de Weber est stimulante, mais la lecture de la littérature qu’elle a suscitée me conduit à penser qu’elle n’est juste. J’ai déjà proposé une sorte de synthèse des critiques qui lui ont été adressées dans mon article publié dans la revue Tiers Monde sur culture et diversité culturelle. Voici dans ses grandes lignes l’ensemble des critiques que l’on peut adresser à la proposition de Max Weber.

Il existe, tout d’abord, de nombreux contre exemples. 1) L’écosse de tradition calviniste était moins développée que l’Angleterre anglicane ou a fortiori la Belgique catholique. 2) Des pôles de développement préexistaient à l’avènement de la réforme calviniste (Venise, Fugger d’Augsbourg, Cologne). 3) Les juifs et les Arméniens aux Pays-Bas ont joué un rôle aussi important que les calvinistes dans le développement de ce pays. 4) Le dénominateur commun des marchands n’est pas d’être calviniste mais d’être des émigrés en provenance des grands centres industriels et commerciaux du XVème siècle : Augsburg, Anvers, Liège, Côme, Lucques, Lisbonne. Le développement économique n’est pas, en ce sens, une découverte protestante puisque l’Islam, avant le Xème siècle, l’empire de Chine et/ou les villes chrétiennes avaient déjà connu des périodes de prospérité relative avant même la réforme.

Les liens, ensuite, entre théologie calviniste et esprit d’entreprise ne sont pas évidents. 1) Le calvinisme a produit des prescriptions de politique économique très autoritaires et interventionnistes. 2) La causalité entre calviniste et recherche de la richesse (bourgeois) ne fonctionne pas dans le sens de Weber mais en sens inverse, les bourgeois deviennent calvinistes parce que leur travail y est mieux reconnu que dans l’église catholique. 3) Il a aussi été montré par Marshall Knappen  que le thème de l’anxiété due à la prédestination est absent des écrits des théologiens puritains et par Christopher Hill (1966) que le thème de la discipline et du travail n’était pas propre aux puritains mais était l’expression d’une politique qui visait à inciter les gens à travailler. 4) Weber soutient que la prédestination définit une nouvelle manière d’être au monde qui conduit les hommes à vouloir s’enrichir pour saisir les signes de leur élection dans l’au-delà ici bas. On aurait pu cependant faire l’interprétation inverse c’est parce qu’ils savent que leur position dans l’au-delà leur est déjà affectée qu’ils ne font rien pour la changer. Il faut que l’homme puisse décider de son avenir pour qu’il soit incité à agir, autrement dit à s’insérer dans le monde pour le modifier. On peut aussi se demander pourquoi la réussite économique et commerciale doit-elle être le signe du salut dans l’au-delà ? (Baechler 1971 ; Berman 2002, p.352, Novak 1987, Stark 2007).

Il ne me semble pas possible dans ces conditions de garder la thèse de Weber en l’état.

Grégoire Canlorbe : En analyse marxiste, la naissance du capitalisme moderne passe par l’appropriation de tous les moyens de production par des firmes privées autonomes et par la transformation de la terre en capital. A cet égard, le mouvement des enclosures en Grande-Bretagne, au XVIIème siècle, constitue un acte fondateur du capitalisme.  Quel jugement portez-vous sur l’analyse marxiste ?

François Facchini : La théorie des enclosures a désormais dépassé la sphère de l’école marxiste pour devenir avec D.C. North notamment le cœur de la théorie institutionnelle de l’essor de l’Europe.

L’intérêt d’une telle théorie est de bien illustrer la théorie des coûts de transaction ; et de montrer la contribution de l’Etat, comme super firme, à la mise en place d’un arrangement institutionnel plus performant, et cela par la privatisation des terres communes.

Le deuxième intérêt d’une telle théorie est de donner une date de la naissance du capitalisme. C’est à la fois un avantage et une faiblesse, car si comme je le crois le capitalisme est avant tout la mise en œuvre progressive d’une mentalité favorable à la liberté et à la reconnaissance des droits de propriété, il est difficile de dater précisément l’avènement d’un tel système économique.

Stark estime par exemple que c’est au XI° siècle qu’apparaît ce qu’il appelle le capitalisme monachiste. Il s’agirait alors d’un processus beaucoup plus long, moins situé dans le temps, et l’espace, capable de reconsidérer cette idée que les anglais ont inventé le capitalisme alors que c’est la France qui en a inventé les codes, la doctrine.

L’autre faiblesse de la théorie marxiste est qu’elle fait de l’idéologie un instrument du pouvoir alors que rien n’interdit de penser au contraire que les grandes idéologies utilisent le pouvoir pour se réaliser. L’idéologie religieuse n’est pas seulement manipulée par les élites politiques. Elle est aussi ce qui donne une vision aux élites. Elle détermine la direction qu’ils souhaitent donner à l’histoire des institutions.

Grégoire Canlorbe : « Chaque génération est, je vous cite, dans la théorie des changements institutionnels proposée ici, toujours libre de se convertir et/ou de défendre l’idéologie de son temps. En redonnant ainsi une place à la religion dans l’explication des changements institutionnels on donne une place à l’entrepreneur dans la théorie de l’évolution et on s’interroge sur la manière dont les hommes se forment leur croyance et les modifient. » L’entrepreneur que vous évoquez ici est plus précisément « l’entrepreneur idéologique », lequel a permis, je vous cite une fois de plus, « de nouvelles synthèses et de nouvelles innovations morales comme la naissance d’une société sans Dieu presque totalement sécularisée. »

Cette figure de l’entrepreneur idéologique me paraît particulièrement intéressante. Pourriez-vous développer votre pensée à ce sujet ? Quelles sont les similitudes et les divergences entre l’entrepreneur économique et l’entrepreneur idéologique ?

François Facchini : Il faut bien comprendre tout d’abord que l’entrepreneur est à la fois la figure du changement et le résultat d’une posture méthodologique. Les deux dimensions sont liées, car l’entrepreneur est à l’origine des phénomènes économiques. Il est la cause du changement. Il n’est pas comme la boule de billard. Son mouvement ne s’explique pas par un choc exogène. L’action de l’entrepreneur crée au contraire le mouvement.

C’est pour cette raison que l’on parler d’entrepreneur idéologique. L’entrepreneur idéologique est l’agent du changement idéologique. Il n’est pas seulement mû par les conditions du monde extérieur. Il peut conduire les hommes à voir le monde autrement, alors que le monde n’a pas changé. Il peut par exemple montrer que l’esclavage, le butin, la spoliation des richesses produites par les autres sont des actes injustes et que rien ne peut justifier de tels comportements politiques. Il change notre vision du monde et peut alors provoquer un changement institutionnel.

Cette position est très différente de celle des empiristes et des matérialistes qui pensent généralement, de Marx à North, que le changement institutionnel trouve son origine dans une modification du monde objectif – et chez North, une évolution des prix relatifs. Avec l’entrepreneur idéologique c’est parce que l’interprétation du monde change que le monde change. Car ce qu’il faut aussi comprendre c’est que le cœur de l’ordre social ce sont les règles de droits et que ces règles créent un monde artificiellement certain sur des bases normatives. Cette norme de justice stabilise les institutions. Si elles changent, nos institutions ne sont plus fondées et l’instabilité idéologique ouvre la voie à un nouvel équilibre institutionnel fondé sur un autre critère de justice.

Grégoire Canlorbe : Dans un article de 1999, vous avez contesté, dans la lignée autrichienne, la scientificité du recours aux mathématiques en science économique. Vous écrivez notamment : « La théorie de l’équilibre, le calcul différentiel ou le calcul matriciel nous oblige à faire l’hypothèse d’omniscience et à inscrire notre pensée dans un temps séquentiel qui n’existe pas. L’homme est ignorant et vit dans la durée. L’économie mathématique va, par conséquent, gravement nuire à notre compréhension de la coordination économique parce qu’elle posera le problème en termes d’affectation optimale des ressources alors qu’il s’agit de savoir comment les individus découvrent leur talent et l’usage des ressources dont ils disposent. »  Ceci me paraît être l’une des raisons essentielles de se méfier de l’usage des mathématiques en science économique. Pourriez-vous développer et justifier le point de vue que vous avancez ?

François Facchini : Cette position se place dans lignée de l’ouvrage de Rizzo & O’Driscoll, Time and Ignorance; et de l’article de Hayek de 1945 sur l’usage de la connaissance. Il serait utile de traduire le livre de Rizzo & O’Driscoll qui est sans l’une des contributions les plus intéressantes de l’école autrichienne contemporaine.

Hayek montre tout d’abord que l’affectation optimale des ressources suppose que l’on connaît la valeur que les individus attribuent à chaque ressource. La valeur est subjective. Un bien naturel peut être dans ces conditions sans valeur. Le pétrole brut a moins de valeur dans un monde où l’on ignore le moteur à explosion que dans un monde qui a découvert ce moyen.

En ce sens, le système des prix n’est pas qu’un paramètre de la décision. Il est ce qui permet aux hommes de connaître, d’une part,  la valeur des choses, ce que les individus sont prêts à sacrifier pour l’obtenir ; et de s’adapter, d’autre part, à l’évolution des nouvelles connaissances que les hommes accumulent grâce à leurs expériences et qui in fine modifient la valeur qu’ils attribuent aux choses.

Ce processus complexe ne peut pas être décrit par un modèle d’équilibre, lequel repose sur un calcul qui exige que toutes les informations nécessaires pour prendre une décision existent. Les mathématiques ne peuvent que formaliser un monde probable, où le futur est la reproduction du passé, autrement dit où le futur est la copie du passé. L’introduction du temps de la conscience empêche de penser en ces termes, il introduit la mémoire, l’interprétation, l’apprentissage, etc. tout ce qui fait la dynamique d’une décision dans un monde où le temps est irréversible et l’incertitude une condition de l’action (théorie de la prudence).

Je pense que de nouvelles recherches devraient être engagées dans cette direction pour mieux saisir les limites et l’intérêt des mathématiques en science économique.

Grégoire Canlorbe : Les défenseurs de l’économie mathématique recourent généralement à deux grands arguments pour justifier la modélisation mathématique. Le premier argument consiste à affirmer que le recours aux mathématiques oblige le chercheur à formuler ses hypothèses au grand jour et à expliciter le sens des relations qu’il postule.  Qu’est-ce qui fait selon vous que cet argument n’est pas recevable ?

François Facchini : Il est vrai que les modèles des économistes mathématiciens reposent sur une liste d’hypothèses clairement identifiées. Il est vrai que ces hypothèses sont généralement faites pour simplifier la réalité, et que cela est toujours utile lorsque l’on est en présence d’une réalité complexe.

Ce qui est généralement oublié cependant c’est que ces hypothèses ne sont pas faites uniquement pour simplifier la réalité. Elles sont aussi faites pour rendre la formalisation possible. C’est l’outil d’analyse qui dicte sa loi au chercheur. Le même phénomène existe avec l’économétrie. Toutes les questions deviennent quantitatives. Quel est l’effet de la variation de x sur la quantité de y, alors que comme l’a montré la théorie autrichienne des cycles, il peut y avoir du mal investissement.

Il est possible par exemple d’être plus riche qu’un individu qui a investi plus d’argent que vous ; et ce, uniquement parce que le rendement de vos investissements est supérieur ; autrement dit, parce que la qualité de vos anticipations a été meilleure. Il n’existe pas alors de lien mécanique entre niveau d’investissement et enrichissement. C’est la qualité des investissements qui détermine le niveau de la production. Seul le système des prix permet de donner l’information qui permettra d’orienter les choix des investissements  vers les besoins les plus valorisés par les individus.

C’est aussi cela l’effet d’un raisonnement purement quantitatif sur l’analyse économique.

Grégoire Canlorbe : Second argument des défenseurs de l’économie mathématique : l’usage des symboles mathématiques permet des analyses dont la complexité ne peut pas être égalée par le langage ordinaire. Par exemple, sous sa forme mathématique le principe d’utilité marginale s’énonce de la manière suivante : « si la quantité de bien est notée q et que l’utilité qui lui correspond est notée u, alors u = f(q), du/dq=f’(q) ³0, et 0 ³ d²u/dq² ». Selon les défenseurs de l’économie mathématique, la formulation mathématique du principe d’utilité marginale permet d’énoncer ce que le langage ordinaire est impuissant à formuler. Pour quelles raisons rejetez-vous la pertinence de cette analyse ?

François Facchini : Je ne rejette pas la pertinence de cette formulation, mais indique comme l’a fait le fils de Carl Menger que la formulation littéraire de cette théorie a une portée plus générale. Elle reste valide même si les fonctions d’utilité n’admettent pas une dérivée seconde négative et que ses courbes n’ont aucun point de tangence.

Grégoire Canlorbe : Selon vous, « la mathématisation de la théorie des cycles par les nouveaux classiques sacrifie l’effet Cantillon aux exigences de l’exactitude mathématique. » Pourriez-vous en dire plus à ce sujet ?

François Facchini : Là encore je reprends un argument présent dans la littérature de Zijp et Visser 1995. L’effet Cantillon met en évidence l’effet progressif et différencié sur les prix d’une injection de monnaie dans l’économie au fur et à mesure qu’elle se propage par les échanges à partir du point où elle a été injectée. Il s’agit d’une formulation non quantitativiste de l’effet de l’offre de monnaie sur la stabilité d’une économie et sa trajectoire.

L’effet Cantillon comme la théorie du mal-investissement insiste sur la structure du capital i.e. le partage entre la consommation présente et la consommation future. Il est extrêmement difficile de formaliser ce type de raisonnement mais aussi de le tester économétriquement, même si certains auteurs autrichiens ont tenté l’exercice.

Grégoire Canlorbe : Vous écrivez également : « l’économie mathématique focalise son attention sur une dimension inessentielle des phénomènes économiques. Elle croit que la science économique est une science des quantités produites alors que la science économique est une science des actions économiques. Les quantités et les prix constatés sur le marché sont le résultat de jugements de valeur, mais contrairement au mètre qui mesure la longueur de la table, la monnaie ne mesure pas la valeur du bien. Il existerait donc un quiproquo dommageable entre les économistes mathématiciens et la réalité. »Pourriez-vous préciser davantage la nature de ce quiproquo et ses conséquences sur la véracité de la théorie économique ?

François Facchini : Cette position doit être resituée dans son contexte philosophique. Les réalistes thomistes distinguent trois niveaux d’abstraction : l’abstraction sensible, quantitative et ontologique. Ces trois niveaux sont importants pour comprendre les faits économiques.

Il se trouve que le développement de l’économie quantitative et mathématique privilégie le niveau quantitatif. Elle réduit l’économie française ou la France à tout ce qui est mesurable, sa taille, le volume de sa production, etc. Cela n’est pas indépendant de la mathématisation de la discipline, les mathématiques étant pour certains la science des nombres.

Il est irréaliste de vouloir réduire la réalité à ses aspects mesurables ; et la réalité économique qui plus est, car l’essence des faits économiques est l’intentionnalité de l’action humaine. Les hommes ont à travers leurs institutions voulu faire quelque chose. Ils avaient l’intention de réaliser un projet. L’individualisme complexe ajoutera les effets de composition dont nous avons parlé avec la théorie culturelle de l’invention des institutions de la liberté. Il est impossible dans ces conditions de saisir l’essence de la monnaie, de la propriété, de marché, de la liberté, uniquement en mesurant le niveau de liberté, la quantité de monnaie, le montant des ressources investis dans la sécurisation des droits de propriété, etc.

C’est seulement sur la base d’une connaissance introspective ou d’une forme d’induction qualitative qu’on peut saisir ce qu’est la monnaie, l’échange, la propriété, etc. Les quantités et les prix constatés sur les marchés sont des réalités qui ne prennent sens que placées dans une théorie qui donne sa place à l’intention, aux anticipations, à l’erreur, etc. à tout ce que fait la praxéologie, la théorie de l’action.

Grégoire Canlorbe : Notre entretien touche à sa fin. Aimeriez-vous ajouter quelques mots ?

François Facchini : Oui je voudrais vous remercier pour la qualité de vos questions et le plaisir que j’ai eu à mener cet entretien avec vous. J’espère qu’il suscitera des réactions et des criques de la part de vos lecteurs et qu’il permettra de faire mieux connaître la richesse des travaux du courant autrichien contemporain et de ses grandes thématiques : l’entrepreneur, les croyances, les institutions, la propriété privée, la liberté, mais aussi l’intérêt des mathématiques et de l’économétrie.

Annexe :

[gview file=”//www.institutcoppet.org/wp-content/uploads/2014/02/Différences-essentielles-Huerta-de-Soto.pdf”]

Sources :

//rei.revues.org/2033

//www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=RSG_226_0029

//nicomaque.com/2013/12/24/linvention-des-institutions-de-la-liberte-en-europe/

//hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/49/03/30/PDF/MATH99.pdf

ANNEXE


[1] Huerta de Soto, J. (2007). L’école autrichienne. Marché et créativité entrepreneuriale, traduit de l’espagnol par Rosine Létinier, Institut Charles Coquelin, Paris, La escuela austriaca : mercado y creatividad empresarial, edit. Sintesis Madrid. VOIR une version électronique plus courte à l’adresse suivante : //www.quebecoislibre.org/000930-8.htm

[2] Hayek, F. (1948, Chapitre 1) Individualism, True and False, in Individualism and Economic order, Chicago, The university of Chicago Press distingue un faux individualism d’inspiration cartésienne et un vrai individualisme.

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