« La libéralisation des marchés de l’électricité », par Henri Lepage

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Pendant des décennies, l’industrie électrique a vécu sous l’emprise d’un modèle de régulation industriel, directement inspiré des théories du monopole naturel.

Depuis la fin des années 1980, le consensus dont cette industrie bénéficiait s’est évanoui. Privatisations, désintégrations verticales, dérégulations, restructurations, aménagement de marchés électriques…. de nouvelles formes d’organisation émergent, fondées sur l’ouverture de zones croissantes et de plus en plus larges de concurrence et de liberté industrielle et commerciale. L’électricité est un industrie en pleine mutation.

Pourquoi ? Comment ? Pourquoi cette remise en cause du modèle industriel sur lequel s’est construit l’électricité ? Qu’est-ce qui rend aujourd’hui la concurrence possible dans un secteur où l’on considérait traditionnellement qu’il était impossible de s’en remettre au libre jeu des marchés ? Comment fonctionnent ces marchés ? Sur quelles bases, avec quelles règles ? Quelles leçons, quels enseignements peut-on tirer des expériences en cours ?

Au-delà des réponses à ces questions et de la description des mutations en développement, Henri Lepage propose un essai de réflexion sur la nature des processus de déréglementation. Même si elle n’est pas parfaite, même si elle se fait de façon particulièrement chaotique, et parfois hésitante, l’expérience américaine de dérégulation électrique est un remarquable exemple d’ordre spontané (au sens d’Hayek) : un exemple de la manière dont un processus d’organisation économique aux conséquences immenses résulte non d’une volonté pré établie, mais d’une sorte de mécanisme d’engrenage qui puise son origine dans un fait qui, à l’époque, semblait anodin. A ses yeux l’histoire de la déréglementation américaine a un caractère exemplaire car elle montre comment dès lors qu’on introduit une zone même minime de liberté dans un système très fortement réglementé, se déclenche une logique cumulative qui conduit, par des phénomènes de contagion et de porosité, à introduire partout toujours plus de concurrence – un peu à la manière de la souris dans le gruyère qui fait son trou et l’élargit peut à peu, jusqu’à ce que tout s’écroule.

L’essai d’Henri Lepage illustre également, à partir de l’exemple de l’électricité, les relations complexes qu’entretiennent la technologie, la concurrence et l’innovation institutionnelle. Si la mutation des systèmes électriques a d’abord été rendue possible par la fin des économies d’échelle traditionnelles (au niveau de la production), elle est désormais de plus en plus portée par la manière dont l’accélération des performances des technologies de l’information renforce la pression des processus concurrentiels et permet l’émergence de marchés complexes où l’électricité est désormais échangée  comme n’importe quelle autre matière première.

Cette analyse conduit l’auteur à conclure qu’à l’image de ce qui s’est passé dans les télécommunication au cours de la dernière décennie, l’électricité est en train d’entrer de plein pied dans l’ère de la Révolution Digitale. De ce point de vue, la naissance des marchés électriques est bel et bien, au même titre qu’Internet et le téléphone mobile, un produit de la percée des nouvelles technologies qui font dire que la monde développé connaît sa troisième grande révolution industrielle.

Parler de la “e-economie”, de l’internet, de la révolution digitale et des ses prodigieuses conséquences est devenu banal. Peu nombreux sont cependant les spécialistes qui réalisent à quel point le passage de nos sociétés à l’heure de la révolution du tout digital va introduire dans l’industrie de l’électricité des changements tout aussi radicaux que ceux qui, en moins d’une décennie, ont bouleversé l’univers des télécommunications et de l’information.

A première vue, le monde électrique est assez éloigné de cet univers. Mais ce n’est qu’une fausse impression, parce que ces technologies, ces activités qui sont aujourd’hui emportées par l’éruption volcanique de la nouvelle révolution industrielle, sont très fortement consommatrices d’énergie électrique. Toutes ces machines, ces nouveaux métiers qui envahissent notre nouvel univers ont pour caractéristique d’être gros dévoreurs d’électrons, la matière première de notre nouvelle environnement.

Il en résulte que l’électricité devrait redevenir une industrie de croissance ; une industrie de “frontière” offrant d’immenses possibilités d’expansion et de profits à ceux qui seront les premiers à répondre aux nouvelles attentes suscitées par les spécificités de l’économie digitale.

Il ne suffira cependant pas de multiplier le nombre de centrales reliées au réseau. Ce qui va exploser est en effet une demande pour des électrons forts différents de ceux qui sont produits et transportés par les réseaux actuels. La révolution digitale ne demande pas seulement plus de courant électrique, mais aussi plus d’un courant de plus en plus propre et stable, répondant à des caractéristiques de qualité et de fiabilité sans commune mesure avec ce que les équipements et les infrastructures d’aujourd’hui permettent de garantir. L’émergence de “la nouvelle économie” va donc appeler une modification radicale du marché qui, elle même, entraînera un besoin de rénovation profonde du réseau, des modes de transport et des méthodes de distribution.

Pour Henri Lepage, cela signifie qu’il n’y aura pas de retour en arrière sur les promesses de déréglementation, mais aussi qu’il est peut-être même possible que le mouvement se poursuive bien au-delà de tout ce qui est généralement envisagé. Il se pourrait bien que, du fait de ces exigences de qualité extrêmement élevées, et de l’impulsion qu’en retirera l’essor de nouvelles formes de production et de vente décentralisée, le dernier élément monopolistique – celui du réseau et du transport – se trouve à son tour (à échéance de 2010-2015) emporté par la logique concurrentielle de la nouvelle économie digitale. S’il en est ainsi, ce sera un événement considérable, précipitant la chute d’un dogme qui aura duré près d’un siècle.

Au total, la logique de l’électricité est de devenir un bien qui va de plus en plus se vendre, s’acheter, s’échanger, comme on vend, achète, échange des contrats de pétrole, de gaz, ou de matières premières. Il y a seulement vingt ans, qui eût imaginé que cela fût seulement possible  ?

Table des matières

Avant-propos
Introduction
Les années soixante-dix : la crise du modèle industriel
Les années quatre-vingt : l’engrenage de la déréglementation
Les années quatre-vingt dix : la concurrence arrive
Horizon 2010 : l’électricité à l’ère de la révolution digitale
En résumé…
Annexes

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