Chastellux, théoricien de la « félicité publique » au temps des physiocrates

Voici un personnage bien méconnu, et peut-être digne de l’être : penser l’économie politique en libéral, mais en dehors de l’école physiocratique ; publier son livre sur le sujet en 1776, au moment où paraissent la Richesse des Nations d’Adam Smith et Le commerce et le gouvernement de Condillac, c’est se condamner à la marginalité. Et pourtant les marges du bien-nommé ouvrage De la félicité publique ont été couvertes de notes souvent approbatives et parfois piquantes par un certain Voltaire, il a été traduit dans les principales langues européennes, et un demi-siècle plus tard Jean-Baptiste Say, pas tendre avec les errements théoriques de ses prédécesseurs, parlait de « l’un des livres les plus recommandables du siècle dernier ». 

Dans la bibliothèque de Benjamin Constant

Pour un penseur d’envergure, la bibliothèque est à l’image de l’homme. À ce titre, c’est une publication utile que la liste de celle de Benjamin Constant, qui vient d’être dressée pour la série documentaire qui accompagne la grande collection des Œuvres complètes publiées chez De Gruyter. Cette liste, reconstituée à partir de quatre catalogues dressés par Constant lui-même à différentes périodes de sa vie, est malheureusement partielle, comme des indications laissées dans sa correspondance, ou certains manques grossiers, le font apparaître. Elle n’en a pas moins une valeur documentaire très forte, qui légitime sa publication et en fera un outil de travail précieux.