Yves Guyot – La propriété : origine et évolution

La propriété est le concept fondamental des sociétés modernes, et le vrai critérium du progrès. Sous l’Antiquité et sous l’Ancien régime, elle existait, mais on la violait : l’esclave n’avait pas même la propriété de lui-même, et le Roi n’était pas contredit s’il murmurait, en regardant le pays autour de lui : « tout ceci est à moi ». Le progrès historique n’a eu qu’un but : affranchir la propriété, et en garantir la jouissance paisible sous la protection des lois. Mais à la toute fin du XIXe siècle, d’hardis novateurs, qui se croient avancés, sollicitent un retour en arrière : Karl Marx et son gendre Paul Lafargue rêvent une société où la propriété privée serait à nouveau absorbée dans un tout collectif, comme à l’ère des tribus et des rois absolus. Il fallait leur opposer la théorie libérale de la propriété : Yves Guyot, le dernier grand représentant de la riche tradition libérale française, l’a fait dans ce livre publié en 1895.

Yves Guyot – L’A B C du libre-échange

La liberté du commerce a été, pendant deux siècles, la grande affaire des économistes libéraux français. Elle a donné lieu à une controverse théorique de longue haleine, à laquelle se sont mêlés les meilleurs auteurs du courant, des physiocrates à Yves Guyot, en passant par Frédéric Bastiat. Dans le premier titre de cette collection « Les petits classiques du libre-échange », Yves Guyot, en 1913, expose les vrais principes du commerce et met les protectionnistes en face des résultats pratiques de leur système. Dès qu’elle cesse d’être simplement fiscale, pour devenir protectrice, la douane ne crée pas des emplois et des richesses, elle en détruit. Elle force à se tenir en dehors du mouvement progressif du monde, à ignorer les innovations, et à préférer la levée de profits automatiques sur des consommateurs nationaux maintenus captifs. Peu à peu, le travail perd en productivité, les débouchés extérieurs se ferment, et le déclin économique de toute la nation devient irrémédiable.

Yves Guyot – La tyrannie socialiste

L’histoire de l’humanité est le récit d’une conquête, lente et douloureuse : celle de l’individualité. Dans les premières sociétés humaines, rappelle bien Yves Guyot, l’individu est écrasé, tyrannisé. Le progrès, dont il y a eu tant d’étapes successives, a consisté à remplacer le pouvoir par le contrat, la force par le consentement. Aujourd’hui, cependant, les socialistes entendent revenir à des combinaisons collectivistes, reposant sur l’assentiment majoritaire, dans des formes plus ou moins légales. Ils se disent progressistes, et croient avancer, mais en vérité ils reculent. Leur projet de société, contraire aux grands idéaux de la Révolution française, est dangereux, et mérite d’être combattu. La Tyrannie Socialiste (1893) est le manifeste d’un authentique libéral, qui croit en la valeur de l’individu.

Yves Guyot – Les tribulations de M. Faubert. L’impôt sur le revenu

En 1896, l’impôt sur le revenu est devant l’opinion publique. Défendu par les socialistes, il est accepté par certains conservateurs qui veulent se donner des allures démocratiques et passer pour raisonnables. Yves Guyot lance l’alarme : mécaniquement, explique-t-il, cette imposition qui commencera par ne frapper que les plus fortunés, touchera bientôt les modestes employés et commerçants, et les locataires comme les propriétaires. En exigeant des déclarations, elle se fera irrémédiablement inquisitrice. Enfin, en faisant fuir les grandes fortunes et les étrangers à moitié résidents, l’impôt sur le revenu causera la ruine des intérêts qu’il est sensé soutenir. En écrivant ce petit livre sous la forme de dialogues, Yves Guyot nous fait assister à un spectacle qui est en grande partie devenu une réalité.

Yves Guyot – Étude sur les doctrines sociales du christianisme

La religion a toujours été un point de tension dans le libéralisme français. Tandis que Benjamin Constant décrivait le sentiment religieux comme inaltérable, que Frédéric Bastiat présentait la liberté comme un acte de foi en Dieu, et que Gustave de Molinari parlait du bilan positif des religions et de la nécessité des croyances, Yves Guyot se rattachait délibérément à un autre courant. Dans ce petit livre, publié initialement en 1873, il trace un portrait très noir de Jésus, raconte ses exploits avec scepticisme et médisance, et finit par dresser l’acte d’accusation du christianisme, religion d’abaissement de l’homme.

Le sionisme et l’antisémitisme

En 1899, Yves Guyot commente le projet sioniste, de constitution d’une nation juive en Palestine. Pour lui, très engagé pour défendre Dreyfus et les juifs contre la vague antisémite qui s’est répandue en Europe, le sionisme est un mirage dangereux, qui renforce maladroitement l’antisémitisme. Au lieu de faire société, dans les nations au sein desquelles ils vivent, les juifs demandent à s’isoler, ils affirment qu’ils sont des membres épars d’une grande nation qui doit encore être créée. Ils abandonnent ainsi la cause de la liberté et font ce que leurs ennemis veulent qu’ils fassent.

Yves Guyot – Lettres sur la politique coloniale

En 1885, la colonisation française s’accélère, avec la conquête du Tonkin et la constitution, bientôt, de l’Indochine française. Libéral aux convictions complètes, Yves Guyot ne reste pas silencieux face à ce mouvement, et il oppose une réfutation en règle aux sophismes coloniaux qui inondent alors la tribune et la presse. La « mission civilisatrice » des nations civilisées, l’« expansion de la race française », la « diffusion des idées françaises », le « débouché pour nos produits » : tous mots sonores qui ne tiennent pas face à l’examen impartial des faits. C’est un réquisitoire terrible, éloquent et chargé d’une saine émotion, qu’on lira dans ce livre pour la première fois réédité.

Le monopole de l’État sur le pétrole

Dans cet article de juin 1906, Yves Guyot critique les propositions faites pour transformer l’industrie du raffinage de pétrole en un monopole d’État. Il y voit un non respect de la propriété et des lois sur l’expropriation légale, ainsi qu’une source d’embarras futurs pour les finances publiques, l’État ayant prouvé à de nombreuses reprises qu’il était toujours mauvais industriel.

La protection de l’enfance

Aux premiers âges de la civilisation, la puissance paternelle ne connaît pas de bornes, et ce n’est que par le progrès de la civilisation, rappelle Yves Guyot, que peu à peu la protection de l’enfance a pu être comprise. Les statistiques judiciaires qu’il rappelle en 1894 prouvent que la maltraitance des enfants est un fléau que la police protège mal, dont elle accueille mal la dénonciation, et qu’elle sanctionne peu. Pourtant, soutient Yves Guyot, l’enfant est un être qui doit être protégé ; il doit recevoir des secours ; donner à la loi un rôle en cela, ce n’est pas empiéter sur les droits du père de famille, mais défendre les droits de l’enfant.

À quoi ressemblerait une société communiste ?

En 1895, communistes et socialistes radicaux menacent par leurs percées électorales récurrentes de se rendre prochainement les maîtres du pouvoir politique dans l’un des principaux pays de l’Europe occidentale. Commentant la situation anglaise, Yves Guyot trace le tableau assez noir, mais rétrospectivement très vrai, de la société communiste que préparent ces agitateurs. Ce serait une égalité dans la misère, tempérée par quelques privilèges pour la classe dirigeante et ses sbires ; ce serait la léthargie, l’imprévoyance érigées en dogmes, dans le domaine du travail et des arts ; enfin ce serait la contrainte et la répression continuelle, la « dictature militaire », pour briser les désirs de liberté des citoyens récalcitrants. 

Le collectivisme futur et le socialisme présent

Le collectivisme menace de s’introduire en France, écrit Yves Guyot en 1906, notamment au travers de la législation sociale et du socialisme, dont les formes douces sont moins répulsives aux masses. L’espoir est dans l’action d’un front libéral rigoureux, qui mènera la bataille des idées, et certainement pas dans des accommodements et un socialisme modéré. « Le Parlement ne doit pas se considérer, dit-il, comme une succursale de l’Institut Pasteur, débitant du socialisme dilué pour l’inoculer comme vaccin aux gens atteints ou menacés de socialisme aigu. Ce qu’il faut, c’est la constitution d’un parti énergique et conscient qui mette à sa tête des hommes capables d’opposer, sans atténuations ni concessions, aux sophismes socialistes, les vérités économiques : qui ose affirmer hautement que, d’après toutes les lois inductives obtenues, le progrès est en raison du développement de la propriété individuelle, de la liberté du travail et de l’échange, et que, par conséquent, toutes les prétendues réformes, y portant atteinte, sont régressives. »

L’hygiénisme et les vins

Dans Le Siècle, en 1895, Yves Guyot poursuit sa croisade contre les hygiénistes, qu’il accuse de vouloir proscrire des habitudes alimentaires sans preuve suffisante. Sur le vin, leurs revirements et la faiblesse de leurs raisonnements sont comiques. Ils n’iraient pas moins qu’à en proscrire tout à fait la consommation, si on les laissait maître d’en décider. Ce qu’il faut cultiver avant tout chez les individus, conclut-il, c’est la méfiance devant la science médicale, surtout officielle.

L’alcoolisme

En cette fin de XIXe siècle, une croisade continue est menée contre l’alcool et l’alcoolisme : selon les pays, elle aboutira à la prohibition pure, au monopole, aux règlements ou à la fiscalité, en fonction des tempéraments nationaux. En France, Yves Guyot fait face aux médecins et aux partisans bornés de l’hygiénisme, qui veulent protéger l’individu contre ses passions, ses goûts et ses besoins. C’est là du socialisme, et il s’y oppose.

Le métropolitain

En 1894, Yves Guyot appuie les nouveaux efforts entrepris pour construire le réseau de transport parisien connu sous le nom de métropolitain. Ainsi qu’il le rappelle lui-même, il est un partisan de cette innovation depuis plus de vingt ans. S’il préférerait que l’opération se mène sans subventions ni garanties publiques, compte tenu des habitudes prises il a toujours été prêt, comme conseiller municipal, comme député, comme ministre, à appuyer les projets solides qui aboutiraient et auraient le plus faible impact possible pour les finances de l’État.

Le danger du modèle allemand

Après l’annexion des territoires et des populations, les Allemands achèvent l’annexion des esprits, avertit Yves Guyot en octobre 1894. Leurs idées de socialisme d’État, de collectivisme, de bureaucratie, séduisent de plus en plus les intelligences françaises, au risque de faire tomber la France sous la domination des Bismarck et des Karl Marx nationaux. L’Allemagne se prépare une destinée très décevante : mieux vaut ne pas la suivre.

L’abstention électorale 

Dans cet article, Yves Guyot s’explique sur le danger de l’abstention. Les libertés humaines, dit-il, ont besoin de défenseurs, et les citoyens qui quittent l’arène livrent leur sort à des hommes qui se présentent d’avance pour en mal user. Il est vrai que l’abstention fragilise le socle majoritaire sur lequel un élu est assis ; cependant il n’en agit pas moins comme s’il jouissait de l’assentiment universel. Aussi, les partisans du progrès, de l’ordre et de la liberté doivent se ressaisir, et ne pas s’éloigner des urnes et s’abandonner au destin avec fatalisme.

Les accidents du travail et le Congrès de Milan

En 1894, Yves Guyot revient dans la Revue politique et parlementaire sur les discussions qui viennent d’avoir lieu, lui présent, au congrès de Milan sur les accidents du travail. Venu sans préjugé, Guyot a pu étudier les effets de l’assurance obligatoire par l’État instaurée en Allemagne, et il en est revenu plus favorable que jamais à l’assurance libre et aux prescriptions existantes du Code civil.

Accident du travail

Tout juste revenu du Congrès international de Milan, organisé sur la question des accidents du travail, Yves Guyot fait part de ses observations dans la presse parisienne. Le système allemand de l’assurance obligatoire le convainc moins que jamais : les faits prouvent qu’il atteint des résultats déplorables, et ce en usant du moyen peu progressiste de la contrainte légale. Si l’on veut maintenir intacte, dit-il, la liberté et la responsabilité individuelle de l’ouvrier comme du patron, c’est vers l’assurance libre et vers le mécanisme déjà existant de la responsabilité civile qu’il faut se tourner.

Le père de la prohibition

En 1894, les célébrations données en Angleterre et aux États-Unis pour le général Neal Dow, initiateur de la première loi de prohibition de l’alcool (dans l’État du Maine), soulèvent un enthousiasme qu’Yves Guyot est loin de partager. Pour lui, la prohibition est une atteinte à la liberté individuelle, à la liberté du travail et à la propriété ; elle fait de la morale d’autorité, et remplace la vertu par l’obéissance. C’est une loi paternaliste et tyrannique.

Les riches selon l’Évangile

Dans le sein de la tradition libérale français, Yves Guyot fait partie de la minorité anti-religieuse. Lui qui considérait que la France ne serait vraiment libre que lorsqu’elle aurait été déchristianisée, il ne voyait dans la religion qu’un allié du pouvoir et des théories de compression de l’individu. Loin d’être un remède contre les théories du socialisme, explique-t-il encore ici, l’Évangile et les pères de l’Église fournissent des armes au socialisme et au communisme, et notamment en flétrissant la richesse et l’enrichissement même honnête.