Le fantôme de Keynes continue de hanter l’économie. Par William L. Anderson

6577Traduit par Stéphane Mozejka, Institut Coppet

À partir de ce lundi 11 novembre, William Anderson débute le cours « Le fantôme de Keynes » à la Mises Academy. Ce cycle de six semaines de cours analysera pourquoi et comment beaucoup d’économistes et de gouvernements continuent d’ignorer les nombreuses erreurs qui gangrènent la pensée keynésienne, alors même que les économies influencées par le keynésianisme à travers le monde continuent de patauger dans le chômage de masse et une faible croissance.

Quand l’économie américaine a plongé dans une récession inflationniste, en 1969 , Murray N. Rothbard, dans son introduction à la seconde édition de son ouvrage America’s Great Depression, écrivait que le paradigme keynésien na pouvait pas expliquer ce phénomène, mais que l’école autrichienne pouvait expliquer ce qui se passait. Si Rothbard avait vu juste, et il avait vu juste, alors on pourrait penser que « l’économie » keynésienne devrait être définitivement enterrée, étant donné qu’elle ne pouvait pas expliquer ce que tout le monde voyait.

De même, durant les mouvementées années 1970 et 1980, les périodes de récessions inflationnistes se sont développées, et même les plus libéraux (NDT : au sens américain du terme, c’est-à-dire anti-économie de marché, ou socialistes), comme le correspondant économique d’ABC News, Dan Cordtz, regrettaient le fait que les règles de l’économie ne semblaient plus du tout s’appliquer. Ces soi-disantes règles n’étaient pas du tout les lois de l’économie, mais le dogme diffusé d’abord par John Maynard Keynes dans son œuvre infâme : La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie.

Des économistes comme Arthur Laffer, qui s’inscrivent dans le courant que lui et d’autres nomment l’économie de l’offre, se sont réjouis que l’économie keynésienne était discréditée, peut-être pour de bon. L’avènement de trois autres récessions inflationnistes, y compris la crise actuelle, aurait dû avoir pour résultat la mort définitive du keynésianisme, alors que, hélas, il semble que le paradigme keynésien ait plus d’influence que jamais.

Prenons par exemple le Président Barack Obama, qui peu après sa prise de fonction, a déclaré que l’Amérique prendrait le chemin de la dépense pour sortir de la récession actuelle.

Prenons l’annonce récente d’Obama annonçant qu’il nommerait Janet Yellen pour diriger la Réserve Fédérale. Yellen, sans surprise, est une fervente keynésienne.

Prenons la popularité permanente de Paul Krugman, qui a fait plus que n’importe qui d’autre dans le monde pour la promotion du keynésianisme et pour exiger qu’il soit appliqué, à la lettre, à l’économie mondiale.

Et prenons la politique keynésienne menée assidûment par la Réserve Fédérale et la Banque Centrale du Japon.

Les économistes académiques tenant d’une méthode empirique devraient être dans l’embarras. Voici un paradigme qu’il ne peut pas y avoir de récession inflationniste, alors que toutes les récessions qui ont touché les États-Unis dans les dernières décennies étaient inflationnistes. Plus encore, malgré plus de mille milliards de dollars de dépenses au nom de la « relance » keynésienne, l’économie continue de sombrer, avec un taux de chômage obstinément élevé, et des millions d’actifs qui ont abandonné la recherche d’un emploi, ou qui travaillent à temps partiel, juste pour avoir de quoi manger.

Étant donné qu’à la fois l’administration de George W. Bush, et celle de Barack Obama (sans mentionner le Congrès) a suivi les règles du jeu keynésiennes, le résultat affligeant devrait suffire pour discréditer le keynésianisme, cette fois pour de bon. Ou bien une théorie explique et prédit des phénomènes, ou non, et il devrait être clair que la théorie keynésienne a échoué.

Malheureusement, l’empirisme économique n’intègre pas réellement les succès ou les échecs d’une théorie. Il semble que beaucoup d’économistes ne veulent pas s’embarrasser par ce qui se passe dans le monde réel.

La si célèbre méthode empirique ne s’intéresse pas aux résultats réels, mais seulement à ce que beaucoup d’économistes sont prêts à accepter comme étant ce qu’ils souhaitent être vrai et que les politiciens pensent être favorables à leurs visées électorales.

Tenter d’appliquer l’hypothèse d’efficience des marchés d’Eugène Fama à l’économie académique présupposerait que les économistes s’intéressent uniquement à ce qui se produit réellement. D’autre part, cette supposition présumerait que, face à une série de faits, les économistes académistes aboutiraient à une même analyse et ne se laisseraient pas influencer par des opinions partisanes.

Étant données les interprétations que des économistes tels que Krugman, Alan Blinder, et bien d’autres des suites fâcheuses de la désastreuse première semaine de « l’Obamacare » sans mentionner leur connivence avec l’administration Obama elle-même, ce qui est supposé dans le paragraphe précédent est clairement illusoire. De plus, nous voyons qu’il y a des avantages pour les économistes, tandis que les politiciens tendent à s’acoquiner avec ceux qui peuvent leur offrir le fameux remède miracle à tous les problèmes de l’économie, car être vu comme faisant quelque chose confère plus de bénéfice politique que faire ce qui est adéquat, c’est-à-dire à ce qui limite le pouvoir, l’étendue et l’influence de l’État.

Même Krugman admet que l’apparence de l’expertise a alimenté le keynésianisme :

 En 1930, il y avait une catastrophe, et si vous étiez un fonctionnaire, ou même juste un anonyme, cherchant à être guidé et à comprendre, qu’est-ce que vous auriez obtenu des institutionnalistes ? En caricaturant, mais juste un peu, vous obtenez une longue et elliptique explication selon laquelle tout a des racines profondes et que clairement il n’y a pas de remède miracle. Dans le même temps arrivent les keynésiens, qui avaient un modèle, et qui disaient fondamentalement « poussez ce bouton », augmentez G, et tout ira bien. Et l’expérience du boom de l’après-guerre a semblé démontrer que la théorie de la demande produisait les résultats promis par les keynésiens.

Dans les cinq dernières années les politiciens ont appuyé sur le « bouton G » et tout n’est pas devenu radieux. Cependant, en ces temps d’État illimité, la promesse keynésienne que la prospérité viendra de dépenses publiques massives est attirante pour les politiciens, les économistes, et les intellectuels publics. Ce qui fait empirer les choses est hors de propos et à côté de la plaque. Quand l’économie vacille, les politiciens et les économistes académiques blâment le capitalisme, et non le keynésianisme, et se contentent de cette explication.

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