Nécrologie. Ernest Martineau

SOCIÉTÉ D’ÉCONOMIE POLITIQUE

RÉUNION DU 4 NOVEMBRE 1905

NECROLOGIE. — M. Martineau

La séance, présidée par M. E. Levasseur, de l’Institut, président, est ouverte à neuf heures moins dix.

… M. E. Levasseur fait part, à la réunion, de la mort de M. Ernest Martineau, président du Tribunal civil de La Rochelle, membre titulaire de notre Société depuis 1882.

M. Courcelle-Seneuil demande la parole pour rappeler brièvement les titres de M. Martineau aux regrets de ses confrères. Ce fut, dit-il, un actif et éloquent vulgarisateur dans toute la force du terme. Par son active propagande il était arrivé à intéresser les Deux-Sèvres, la Charente, la Charente-Inférieure et même le sud de la Vendée à la grande cause économique qu’il défendait. Pendant vingt ans, il prodigua son enseignement aux paysans par de nombreuses conférences et il avait su pénétrer dans l’esprit de ces populations si méfiantes, et même trouver le chemin de leur cœur.

Ses efforts ne restèrent pas sans résultat, puisqu’aucun parlementaire de ces régions ne pouvait plus avoir une politique hostile à celle des traités de commerce : pourtant M. Martineau n’était aucunement en relations avec eux. Il s’adressa à la classe ouvrière, et lutta contre le socialisme. On vit même la jeunesse socialiste appeler à elle cet orateur libéral.

M. Martineau plaçait ses principales espérances sur la tête des enfants des écoles : fondateur de nombreuses œuvres s’occupant de la jeunesse, il enseignait à ces intelligences, pourtant encore peu formées, les grandes lois de l’économie politique et parvenait à faire comprendre à ses jeunes auditeurs ces principes souvent si arides.

À sa courtoisie, qui ne se démentait jamais, M. Martineau joignait un très grand courage, et des sentiments très élevés de justice et d’équité. Toujours et partout, il n’avait en vue que l’intérêt de sa patrie, et jamais aucune menace n’a pu l’empêcher de faire ce qu’il pensait être son devoir, que l’essai d’intimidation vînt de ce qu’on est convenu d’appeler la gauche, ou qu’il vînt du parti opposé. Aussi faut-il nous affliger vivement de la grande perte que nous venons de faire dans la personne de M. Martineau. Ses adversaires même rendent hommage à ses mérites. Voici, du reste, ce que disait de lui un des journaux de son pays, défendant des idées tout opposées aux siennes : « Magistrat intègre et rempli de courtoisie, de relations agréables, M. Martineau était un des apôtres les plus distingués du libre-échange. » …….

A propos de l'auteur

Institution centrale dans le débat des idées économiques au XIXe siècle, la Société d’économie politique comptait comme membres toute la fine fleur de l’école libérale française, dont elle permettait le renouvellement et à qui elle offrait des opportunités de discussions engagées.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.