Constant, Commentaire sur l’ouvrage de Filangieri (1822)

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Filangieri est un juriste napolitain de la deuxième moitié du XVIIIème siècle, célèbre pour sa Science de la législation. Le Commentaire sur Filangieri, mieux que les autres ouvrages de Constant, illustre à quel point le fondateur du groupe de Coppet liait libertés politique et économique, alors qu’il est parfois présenté de nos jours comme un libéral “acceptable” attaché principalement à la liberté politique. Il n’en est rien.

Comme l’écrit Marcel Gauchet dans sa préface aux Ecrits politiques de Benjamin Constant (extraits) :

Son Commentaire sur l’ouvrage de Filangieri, publié en 1822-1824, s’attache à établir méthodiquement par l’examen d’un échantillon représentatif de « la raison publique, telle qu’elle était il y a quarante ans », « les progrès de l’espèce humaine en législation et en politique ». En fait de mesure du progrès, il s’agit essentiellement d’une critique du volontarisme inhérent, aux yeux de Constant, à l’esprit philosophique, de la confiance naïvement accordée aux moyens gouvernementaux et aux ressources du législateur ; de la reconduction en un mot, par les réformateurs du siècle précédent, de l’idéal despotico-administratif des monarchies d’Ancien Régime – autre source des errements tyranniques de la Révolution.

« L’erreur en la matière des écrivains les plus amis de la liberté, dit-il, vient de la manière dont se sont formées leurs idées politiques : ils ont vu dans l’histoire un petit nombre d’hommes ou même un seul, en possession d’un pouvoir immense qui faisait beaucoup de mal. Mais leur courroux s’est dirigé contre les possesseurs du pouvoir et non contre le pouvoir même. Au lieu de le détruire, ils n’ont songé qu’à le déplacer. »

L’idée est reprise ailleurs, dans le Commentaire sur l’ouvrage de Filangieri, spécialement et entièrement consacré, au fond, au démontage de ce dévoiement de la critique, de façon encore plus précise.

« Lorsque les philosophes, écrit Constant. commencèrent à s’occuper des principales questions de l’organisation sociale, ils furent frappés des maux produits par les vexations et les mesures ineptes de l’autorité. Mais novices dans la science, ils pensèrent qu’un usage différent de cette même autorité ferait autant de bien que son usage vicieux avait causé de mal. Ils ne sentirent point que le vice était dans son intervention même et que, loin de la solliciter d’agir autrement qu’elle n’agissait, il fallait la supplier de ne point agir. En conséquence, vous les voyez appeler le gouvernement au secours de toutes les réformes qu’ils proposent : agriculture, industrie, commerce, lumières, religion, éducation, morale. »

Cette foi naïve dans les ressources inépuisables du législateur ou les effets d’une autorité éclairée, qui s’étale chez un Filangieri ou un Mably, aboutit à conférer aux gouvernants « un empire presque sans bornes sur l’existence humaine ». Filangieri, écrit Constant, « considère sans cesse dans son ouvrage le législateur comme un être à part, au-dessus du reste des hommes, nécessairement meilleur et plus éclairé qu’eux : et s’enthousiasmant pour ce fantôme créé par son imagination, il lui accorde sur les êtres soumis à ses ordres, une autorité qu’il ne songe que par intervalles à contenir ou à limiter ».

Et Constant de dresser une liste des interventions sollicitées, à laquelle, en effet, de la direction de l’opinion à la place à mesurer à l’éducation domestique, en passant par la distribution des honneurs et la répartition des richesses, fort peu de choses échappent.

Le Commentaire sur Filangieri développe et systématise dans tous les domaines cette doctrine du retournement nécessaire de l’État-volonté-de-société en État-expression et sanction du fait social, que ce soit en matière politique ou en matière civile : « Les avantages qu’il réclame de lui en faveur de l’industrie, l’industrie, à mon avis, doit le conquérir par sa seule indépendance. »

Table des matières :

Première Partie
Plan de ce commentaire. D’une épigramme de Filangieri contre les perfectionnements dans l’art de la guerre. Des encouragements pour l’agriculture. De la conversion des princes au système pacifique. De la révolution salutaire que Filangieri prévoyait. De l’union de la politique et de la législation. De l’influence que Filangieri attribue à la législation. De l’état de nature, de la formation de la société, et du but véritable des associations humaines. Des erreurs en législation. Des remarques de Filangieri sur la décadence de l’Espagne. Des observations de Filangieri sur la France. De la décadence annoncée par Filangieri à l’Angleterre.

Seconde Partie
Objet de cette seconde partie. De la traite des nègres. De la population. Continuation du même sujet. Du système de M. Malthus relativement à la population. Des écrivains qui ont exagéré le système de M. Malthus. D’une inconséquence de Filangieri. De la division des propriétés. Du commerce des grains. De l’agriculture comme source de richesse. De la protection accordée à l’industrie. Nouvelle preuve de l’erreur fondamentale de Filangieri.Des jurandes et maîtrises. Des privilèges en fait d’industrie. De l’impôt.

Troisième Partie
De l’accusation confiée exclusivement à un magistrat. Du secret de l’instruction. De la dénonciation. Nouvelles réflexions sur l’idée de confier à chaque citoyen le droit d’accuser. Du droit d’accuser confié aux mercenaires ; quand il s’agit de crimes commis contre la société. Que le magistrat accusateur doit être responsable, sinon de la vérité, du moins de la légitimité de l’accusation. Des prisons. De l’abréviation des formes. Des témoins à décharge. Du jugement par jurés. De la peine de mort. Des travaux publics. De la déportation.

Quatrième Partie
De l’éducation. De la religion. De la marche du polythéisme. Du sacerdoce. Des mystères. Conclusion.

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