Charles Dunoyer – L’industrie et la morale considérées dans leurs rapports avec la liberté

Dans cet ouvrage — son premier exposé doctrinal, qui préfigure le Nouveau traité d’économie sociale (1830) et De la liberté du travail (1845), qui n’en sont que des continuations — Charles Dunoyer examine la question de la liberté humaine d’une manière essentiellement nouvelle. Les individus, soutient-il, sont d’autant plus libres qu’il font un usage sage et raisonné de leurs facultés, et qu’ils parviennent à vaincre, non tant leurs despotes, qu’eux-mêmes, leur ignorance et leurs vices. C’est en devenant instruits, industriels et moraux, qu’ils peuvent acquérir une plus grande liberté d’action. Aussi est-il vrai de dire que la source de leur liberté se trouve en eux-mêmes.

De l’esprit public en France

Dans les 4e et 6e livraison du Censeur (1814), Charles Dunoyer survole l’histoire française pour expliquer l’absence d’un esprit public au sein de la population. Sans cesse occupé de son enracinement et d’écarter les menaces qui pèsent sur lui, le pouvoir politique en France a paru peu intéressé par les valeurs de communion et de symbiose. Si aujourd’hui les hommes paraissent désunis et se repaissent dans leur égoïsme, c’est que les gouvernants les ont fait tels, pour mieux servir leur ambition de pouvoir.

Des révolutions en général et des révolutionnaires actuels

Dans cet article, Charles Dunoyer fait état de l’état politique de la France après la fin des troubles de la période révolutionnaire et l’établissement de l’Empire par Napoléon. Si le temps des révolutions violentes est passé, l’héritage de la Révolution française doit lui être protégé, soutient-il, et à cet égard nulle faction n’est plus dangereuse que celle qui, sous le nom de révolutionnaire, ambitionne en fait une répudiation de tous les principes de la Révolution.

De la liberté de l’enseignement

« La vérité théorique, relativement à la liberté de l'enseignement, est fort simple. Elle consiste à dire que la faculté d'enseigner n'est point un droit dont le gouvernement ait besoin pour remplir sa véritable tâche ; qu'elle ne fait point partie essentielle et intégrante de sa souveraineté ; qu'elle n'est point, finalement, une magistrature ; qu'elle est une profession, une des grandes professions que l'économie de la société embrasse, profession en soi fort simple, fort naturelle, fort innocente, dont le gouvernement ne peut s'emparer au détriment de ceux qui la voudraient exercer honorablement et sans préjudice pour personne, et dans laquelle, naturellement, nul ne peut être responsable que de ses mauvaises actions. »

Les désavantages politiques de la traite des nègres

Dans la deuxième livraison de son périodique publié sous forme de volume (pour éviter la censure des journaux proprement dits), Charles Dunoyer examine la question de l’esclavage des Noirs dans les colonies. Il le repousse aisément comme une monstruosité au point de vue de la morale et du droit. Politiquement, cependant, il note que l’abolition, qui est dans l’intérêt économique de l’Angleterre, n’est pas autant dans le nôtre, à cause de circonstances particulières à nos colonies et à notre commerce. Mais il n’en recommande pas moins chaudement la suppression immédiate de l’esclavage.