Oeuvres de Turgot – 020 – Lettres sur le système de Berkeley

20. — LETTRES À L’ABBÉ DE…[1] SUR LE SYSTÈME DE BERKELEY[2]

PREMIÈRE LETTRE

[A. L., deux copies, dont une de la main de Turgot. — D. P., III, 138, texte fortement altéré.]

(Système de Berkeley. — Origine de nos connaissances.)

Octobre.

Tout ce que prouve Berkeley, c’est que la matière existante hors de nous n’est point l’objet immédiat aperçu par notre âme. Comment prouvera-t-il que cet être existant hors de nous, cette cause de nos sensations, ce centre commun où elles aboutissent, et que tous les hommes appellent matière n’existe pas ? Je n’entreprendrai point de le réfuter ; je vous indiquerai seulement mes principes. Je porte la main sur un objet, je sens une résistance et j’en ai idée par le tact ; en même temps, je vois ma main s’avancer vers cet objet que mes yeux me montraient déjà ; c’est par le secours de mes yeux que je guide ma main ; je la vois s’appliquer à l’objet, qui par là est une cause commune de mes deux sensations qui n’auront nul rapport si ma main n’existe que dans mon idée. Voici quelque chose de plus. En philosophant sur les rapports de mes sens aux objets, en multipliant les raisonnements et les expériences, je découvre que tout cela se fait suivant certaines lois. Je suppose des rayons de lumière réfléchis de l’objet à mon oeil, réfractés dans le cristallin. En conséquence et toujours en supposant l’objet et les rayons existants, j’en conclus que des verres convexes interposés m’agrandiront les objets, m’en feront découvrir qui m’échapperaient par leur petitesse. Je taille un verre ou, si vous voulez, l’idée d’un verre ; je le mets entre l’idée de mon œil et l’idée de l’objet ; cet objet s’agrandit ; j’en vois de nouveaux, toujours suivant le plus ou moins de divergence qui serait entre les rayons, si eux et le verre étaient réels ; je regarde au travers d’un prisme, l’objet paraît s’élever par la réfraction plus ou moins grande, suivant que le prisme est plus ou moins dense.

Or, quelle absurdité d’imaginer que des suppositions toutes chimériques puissent mener à des conclusions toutes vérifiées par l’expérience. On pourrait appliquer ce même raisonnement aux autres sens aussi bien qu’à la vue.

J’ajoute : si les corps n’existent point, la physique est anéantie ; et combien de choses démontrées en physique ? La pression de l’air qui fait monter le mercure dans les tubes ; le mouvement du ciel et de la terre par lequel celle-ci présente successivement ses différents points au soleil ; d’où vient la nuit, si ce n’est de l’interposition de la terre entre le soleil et nous ? Qu’est-ce qui nous nourrit ? Nous mangeons et sans cela nous cessons d’être ; mais n’est-ce que la perception, le goût des viandes, leur être aperçu qui nous soutient ; non, c’est une digestion inaperçue qui se fait dans des viscères qui n’existeront que pour le chirurgien qui nous ouvrira après la mort. Le sang sort d’une piqûre parce qu’il circule dans des vaisseaux qui n’existent point ; puisqu’ils ne sont point actuellement aperçus, ce sang même exactement n’existait point !

On peut tirer encore un autre raisonnement des rapports qu’ont nos idées avec celles des autres hommes. Par quelle bizarrerie l’auteur admet-il ceux-ci ? Les apercevons-nous plus immédiatement que les autres objets et ne peut-on pas leur appliquer tous ces raisonnements, etc. ? De plus, d’où vient que je vois un objet assez grand et qu’un homme qui sera plus éloigné le verra plus petit ? Si la distance, l’objet, les rayons de lumière et mon œil n’existent point ; si l’ordre de nos idées, si la réalité des choses est dans l’ordre des idées de Dieu, pourquoi différents hommes voient-ils le même objet différemment, ou si ce n’est point le même objet qu’ils voient, quel est le lien commun de leurs différentes sensations ? Je ne vois que la volonté arbitraire de Dieu. Mais quel serait tout ce jeu de causes physiques ? Dieu s’en ferait-il un de nous tromper ? La question des causes occasionnelles ne fait rien ici ; si on en avait démontré l’impossibilité, Berkeley serait réfuté par là même ; mais leur possibilité ou même leur réalité ne décident point en sa faveur. Au reste, s’il fallait décider entre les deux opinions, je pencherais pour les causes occasionnelles. Mon principal raisonnement est fondé sur ce que Berkeley démontre fort bien, dans sa théorie de la vision, que les rapports des angles des rayons ne suffisent pas pour nous faire connaître les distances, et sur ce que je crois en même temps qu’on ne démontre pas moins bien, contre Berkeley, que l’expérience seule ne peut apprendre à les connaître.

En voilà assez sur ce sujet, vous supplérez par vos réflexions sur ce qui manque aux miennes.

DEUXIÈME LETTRE

[A. L., deux copies. — D. P., III, 143, texte altéré.]

(Notion de la distance. — Existence des corps. — Certitude du moi. — L’étendue et la substance.)

Je ne vois pas qu’on puisse répondre au raisonnement que je vous ai fait contre Berkeley. Il a beau nous dire que nous ne voyons que nos idées et des modifications de notre âme, outre qu’il y a là-dedans quelque chose qu’il n’a pas assez éclairci, Malebranche l’avait dit équivalement par rapport à la question présente, en convenant que nous ne voyons pas les corps en eux-mêmes. « Mais, ajoute Berkeley, il est certain que rien de semblable à nos idées ne peut exister hors de nous, parce qu’un être qui n’a de réalité qu’en tant qu’aperçu, ne peut exister non aperçu. »

Il donne encore d’autres raisons, qui ne valent pas mieux. Il ne s’agit pas ici de s’appesantir sur cette question puérile, si la cause de nos sensations leur ressemble ou non.

Je soutiens que la matière existante hors de nous a les propriétés géométriques qui dépendent de la distance, et par conséquent la figure et le mouvement. Rappelez-vous le raisonnement par lequel je prouve l’existence des corps tirée de la cause commune de nos sensations et des sensations des différents hommes, qui se rapportent toutes à ces objets extérieurs, et suivant les mêmes lois tirées de l’ordre de nos sensations, ce qui ne serait qu’une succession bizarre et incompréhensible dans Berkeley, et ce qui suit nécessairement de la supposition de l’existence de la matière.

Je prends un cas particulier de ce raisonnement entre mille qu’il pourrait fournir. Je vois différents objets et Berkeley ne me niera pas que je n’aperçoive entre ce que j’appelle l’objet et une autre idée qui me paraît m’appartenir davantage, et que j’appelle moi, une troisième idée que j’appelle la distance entre l’objet et moi. Il ne me niera pas non plus que je puisse appeler toute cette façon de voir, voir les objets hors de moi.

Je cherche quelle peut être la cause de ces perceptions des objets. Après bien des raisonnements et des expériences, je parviens à imaginer, non qu’il existe hors de moi des corps qui les excitent (je n’en ai jamais douté), mais que les corps renvoient continuellement des rayons de corpuscules qui, en parvenant à mon œil, s’y réfractent, s’y croisent, et, en frappant la rétine dans différents points, transmettent à l’âme une sensation qu’elle rapporte à l’extrémité de ces rayons. Ce n’est encore là qu’un système, mais bientôt je conclus que, suivant la différente longueur de ces rayons visuels, ce même corps doit paraître plus petit ou plus grand ; et comme j’ai le pouvoir, en me donnant l’idée que je marche, de changer à volonté l’idée que j’ai appelée la distance de moi à un objet, je m’approche de l’objet en question, je le vois plus grand ; je m’éloigne, je le vois plus petit. Je combine ce qui arrivera dans mon hypothèse des rayons visuels. Si je mets entre le corps et moi, un verre convexe, je conclus que le corps doit me paraître plus grand. J’agis en conséquence, et j’ai un télescope ou un microscope. Il est visible qu’une hypothèse dont toutes les conclusions sont ainsi vérifiées par l’expérience est réelle, et par conséquent que mes rayons visuels, mon objet, mon œil, mon microscope, existent véritablement hors de moi : ces rayons visuels que je n’avais fait que supposer, qui, dans Berkeley, n’existent même pas, puisqu’ils ne sont point aperçus, sont donc le principe qui lie tout l’ordre de mes sensations. Ce même raisonnement, je puis l’appliquer au système de la pression de l’air sur le mercure contenu dans des tubes, au système de Copernic, à celui de Newton.

La force de ce raisonnement, dans notre cas, est en partie fondée sur ce que les principes matériels, existant réellement, agissent, quoique insensibles, au lieu que ce qui n’est pas ne peut pas agir, ni influer sur l’ordre de nos idées ; or, ces rayons, etc., n’existent pas, selon Berkeley, puisqu’ils ne sont point aperçus. J’ajoute aussi que, dans son système, cet ordre d’idées est la chose du monde la plus inexplicable.

Je conçois bien que j’ai besoin, si je mange, d’un estomac et de viscères pour digérer : mais si je ne mange pas, ou si je ne mange qu’en idée, si mon estomac, que je ne vois point, n’est rien, pourquoi celui qui ouvrira mon corps aurait-il cette idée d’un estomac aussi peu utile pour lui que pour moi ? Je vous ai déjà parlé de cela ; mais, quand on veut se pénétrer d’une idée, il est bon de la répéter.

Tout le rapport des moyens à leur fin, qui paraît si évidemment dans toute la nature, disparaîtrait, si tout n’était qu’une suite d’idées. En un mot, tout est expliqué en supposant l’existence des corps ; tout est obscur — et bizarre — en la niant. Combien de sensations désagréables surtout qui nous avertissent des dangers de notre corps, et qui ne seraient de la part de Dieu qu’un jeu cruel, si les corps n’existaient pas ! Voilà donc les objets extérieurs démontrés à nous existants.

Or, les mêmes raisonnements prouvent que les propriétés géométriques, que nous attribuons à l’étendue, appartiennent à la matière, puisqu’ils prouvent que les rayons de lumière forment entre eux différents angles dont les côtés sont terminés par l’objet existant ; d’où je conclus que l’objet existant est la base du cône ou de la pyramide de rayons qui a son sommet dans mon œil et, par conséquent, que les différents points de ces objets qui terminent différents rayons, ont entre eux différents rapports de distance déterminés par la forme des figures ; dès qu’on suppose la distance entre deux objets réelle et non pas idéale, comme elle est variable, la réalité du mouvement et du monde physique est évidemment démontrée par là même.

C’est encore par cette liaison du monde physique avec nos idées et avec les idées des autres hommes, que je prouve la certitude de la mémoire et de l’identité personnelle. En un mot, nos idées n’étant que nos idées, je ne puis m’assurer qu’il existe autre chose au delà qu’en raisonnant sur leurs causes, en formant des hypothèses dont le rapport exact avec les phénomènes est la vérification. Berkeley ne s’assure pas autrement de l’existence des hommes avec lesquels il converse ; pourquoi veut-il que le même argument qui lui prouve l’existence des hommes, ne prouve pas l’existence de la matière ? En a-t-il démontré l’impossibilité ? Connaît-il la nature des choses au point de démontrer qu’il est contradictoire qu’il existe hors de lui des êtres qui aient entre eux des rapports de distance ?

« Mais, dira-t-il, ces rapports de distance sont des rapports idéaux qui ne conviennent qu’à des modifications de mon âme. » Cette difficulté est indépendante de l’existence des objets hors de nous. Que la matière existe hors de nous ou non, il est toujours certain qu’en vertu de ce que nous rapportons nos sensations de couleur ou de résistance à des distances plus ou moins grandes, nous nous représentons hors de nous des figures géométriques dont un côté n’est pas l’autre, et que nous divisons à notre volonté. Si la division était réelle, Berkeley aurait levé toute la difficulté ; mais il soutient qu’elle n’est qu’idéale. Ne pourra-t-il y avoir de division réelle hors de mon âme, parce que dans mon âme il y en a une idéale ?

Ce qui trompe Berkeley, c’est qu’il s’imagine qu’on soutient que les êtres extérieurs ressemblent à nos idées ; ce n’est point cela. Je démontre seulement qu’ils ont les propriétés géométriques qui dépendent de la distance, c’est-à-dire la figure et le mouvement qui appartiennent nécessairement à des êtres composés. Cette figure, il est vrai, et ce mouvement, nos idées les représentent ; mais cela est aussi inconcevable dans son système que dans le nôtre. La difficulté est dans le fait même, et le fait est dans tous les systèmes.

Son raisonnement, tiré de la comparaison entre les qualités premières et les qualités secondaires, ne vaut pas mieux. Il est sûr qu’on est très fondé à soutenir, en même temps, que les couleurs, le goût, etc., ne sont que des modifications de notre âme et que l’étendue existe hors de nous, non pas à la vérité parce que je conçois l’étendue indépendamment d’aucune couleur et que je ne puis concevoir la couleur sans étendue, mais parce que je sais que le goût, les couleurs, etc., sont produits en moi par les mouvements physiques de mes organes.

Il en est bien de même de l’idée de l’étendue ; aussi n’est-ce pas mon idée de l’étendue qui existe hors de moi ; c’est la matière étendue, dont j’ai prouvé l’existence par des arguments qu’on ne saurait appliquer aux couleurs. Il suffit, pour expliquer l’ordre des idées et des sensations, que les rayons visuels puissent exciter en nous les sensations des couleurs, etc., ce qu’ils peuvent faire par le seul mouvement, au lieu qu’ils ne peuvent nous donner l’idée de l’étendue sans former entre eux des angles, et par conséquent sans supposer l’étendue existante hors de nous.

Berkeley n’aurait pas ainsi confondu l’étendue avec ce que les anciens philosophes appelaient qualités secondaires, s’il avait bien analysé la manière dont nous acquérons par les sens l’idée de l’étendue. Les rayons de lumière dessinent sur la rétine un tableau dont chaque point est l’extrémité du rayon. Comme les rayons, suivant leurs différentes vitesses, excitent en nous le sentiment des différentes couleurs, chaque corps a, sur ce tableau, une image qui le distingue. Si l’âme rapportait sa sensation au point où les rayons se réunissent, elle n’aurait aucune idée, parce qu’on ne peut avoir idée de couleur sans avoir idée d’étendue. Si elle rapportait sa sensation à la rétine, on verrait les objets à l’envers ; mais, comme elle rapporte les sensations à une distance prise sur la longueur du rayon, la sensation qui répond à chaque rayon fait un point dans un tableau idéal, supposé à une certaine distance de l’œil et qui se trouve ainsi tracé par l’assemblage de chaque point de couleur particulière. L’idée de l’étendue nous vient donc par l’assemblage des points auxquels nous rapportons nos sensations, quelle que soit l’espèce de sensation. Non seulement chaque couleur, en formant une sensation absolument différente des autres, nous donne cependant une idée pareille de l’étendue ; nous la recevons encore de cette sensation de résistance que nous fait éprouver le toucher : en un mot, nos sensations sont en quelque sorte les éléments et les points du tableau que l’âme se fait de l’étendue.

Ce qui prouve ceci est que nous ne pouvons imaginer l’étendue sans couleur, quand nous nous la représentons comme existant à quelque distance de nous, et qu’en même temps nous en recevons une idée par le toucher, qui semble n’avoir nul rapport à celles que donnent les couleurs (parce que la sensation n’en a point effectivement), quoique, par rapport aux conséquences et aux propriétés géométriques, l’idée soit absolument la même.

Nous n’avons que deux sens qui nous donnent une idée des figures, parce qu’aucun autre ne nous fournit de sensations que nous puissions rapporter à plusieurs points déterminés. Le son, quoiqu’il nous donne quelquefois l’idée de distance, ne saurait nous donner celle de figure, parce que ne se propageant pas en ligne droite, nous ne pouvons le rapporter à tel ou tel point précis. Mais les sensations qui, par elles-mêmes, ne donnent point l’idée d’une étendue distinctement déterminée, telle que sont celles du froid et du chaud, dès que nous pouvons, par le moyen du toucher, les rapporter à un certain nombre de points, nous la donnent alors.

On doit donc soigneusement distinguer l’idée d’étendue d’avec les sensations, quoiqu’on ne puisse la concevoir que par quelque sensation, et quoiqu’elle en tire son origine. Les sensations nous donnent cette idée, non par leur nature de sensation telle ou telle, de couleur bleue ou rouge, de rudesse ou de poli, de dureté ou de fluidité, mais uniquement par la facilité de les rapporter à différents points déterminés, soit à une grande distance, comme dans la vue, et alors toujours en ligne droite, soit à la surface de notre corps, comme dans toutes les sensations qui nous viennent par le toucher.

Berkeley s’épuise encore à prouver que l’étendue n’est point une substance. Je ne répondrai point à ses raisonnements. Je vous dirai seulement que ni Locke ni lui n’ont connu la vraie génération de l’idée de substance, qu’ils confondent ces deux termes, la substance et une substance, et les deux questions, l’étendue est-elle une substance, ou l’étendue est-elle la substance ? Je m’étendrais davantage là-dessus si j’avais sous les yeux ce que j’ai écrit contre Maupertuis pour prouver l’existence des corps et pour répondre aux raisonnements de Berkeley.

Encore un mot sur l’hypothèse qu’il substitue à l’hypothèse commune. Selon lui, la cause commune de nos sensations et de nos idées n’est autre que l’ordre des idées de Dieu, qu’il a rendues perceptibles dans le temps aux âmes qu’il a créées. Je ne m’arrêterai point à une foule de difficultés métaphysiques que ce système fournit. Je remarquerai seulement qu’il n’explique pas ce qu’il faut expliquer. La question est : pourquoi la suite de mes idées a-t-elle toujours certains rapports avec la suite des idées des autres hommes, rapports qui sont uniquement réglés par ceux que nous avons les uns et les autres avec des objets que nous supposons hors de nous  ?Mais que font à cela les idées de Dieu ? Sont-ce différentes idées qui causent celles des différents hommes ? Alors d’où vient le rapport qui s’y trouve ? Est-ce la même idée de Dieu qui cause en moi l’idée de blanc, en vous l’idée de jaune, en moi l’idée d’une maison à ma droite, en vous celle d’une masse obscure de dix pieds de long à votre gauche ? Y a-t-il entre les idées de Dieu des rapports de distance ? Réfléchissent-elles des rayons colorés ? Les voit-on suivant les règles de la perspective ? Et sur quoi sont fondées ces règles ?

En voilà assez pour faire voir le ridicule du système.

___________

[1] Probablement, l’abbé de Cicé l’aîné.

[2] Berkeley (1684-1753), évêque de Cloyne, philosophe idéaliste, entreprit de réfuter les théories matérialistes, fatalistes et sceptiques qui étaient nées de l’Essai sur l’entendement humain de Locke, et principalement la Fable des Abeilles (1740) de Mandeville. Les disciples de Locke niaient la spiritualité. Le hollandais Mandeville, écrivain satirique, prétendait que ce qu’on appelle vertu n’est qu’un produit de la politique et de la vanité et se moquait plus encore du clergé et des universités que de la morale. En même temps, s’était répandue l’opinion que la connaissance et l’idée sont choses différentes, que l’idée est seulement un moyen de connaissance, une image représentative de l’objet. Berkeley accepta cette opinion pour le monde extérieur, mais contesta la réalité objective de nos perceptions. « Tous les corps dont l’assemblage compose ce magnifique univers, dit-il, n’existent point en dehors de notre esprit. Les conséquences qui sortiront de là sont que l’athéisme et le scepticisme tomberont totalement. »

Plusieurs années après que fut écrite la lettre de Turgot, Berkeley fut réfuté par Eschenbach (1756).

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