Antisémitisme et libéralisme

Une sympathie pour la cause palestinienne peut s’entendre, dans l’optique du libéralisme. On peut être libéral et faire preuve de sympathie pour la cause d’un peuple persécuté qui lutte pour sa liberté avec des moyens répréhensibles : Gustave de Beaumont, au XIXe siècle, a passé sa vie dans cet équilibre. L’antisionisme même a des précédents : Yves Guyot, grand défenseur des juifs, grand acteur de la défense de Dreyfus, a écrit contre de le projet de formation d’un État juif en Palestine (Le Siècle du 4 juillet 1899). Mais l’antisémitisme proprement dit, dans l’histoire du libéralisme, ne se rencontre pas, et au contraire tous les auteurs se rejoignent pour le combattre.

Rapport sur “Les conséquences de l’antisémitisme en Russie”

Préfacé par Gustave de Molinari, l’ouvrage de Chmerkine sur les conséquences de l’antisémitisme en Russie (1897) est présenté la même année à l’Académie des sciences morales et politiques par Frédéric Passy. Celui-ci salue la consciencieuse enquête dressée sur les conséquences économiques des pogroms, généralement moins étudiées, et souligne que ce cas montre une nouvelle fois que les mesures arbitraires et compressives appauvrissent même ceux qui les prennent.

De l’antisémitisme et du rôle des Juifs dans les sociétés modernes

À la fin du XIXe siècle, la montée en puissance de l’antisémitisme au sein de la population française, comme ailleurs en Europe, interroge les intellectuels libéraux, qui plaident pour la liberté religieuse et les droits individuels. À la Société d’économie politique, l’unanimité (chose assez rare) est obtenue sur ce thème : ce sont des préjugés et un protectionnisme d’une nouvelle sorte, affirme-t-on, qui favorisent l’antisémitisme. Toutefois, si tous les membres qui s’y expriment en 1893 en portent la condamnation formelle, l’avenir n’est pas conçu par tous dans les mêmes termes : certains espèrent un apaisement, voyant la liberté et la tolérance l’emporter ; d’autres anticipent des tragédies futures.