Les libéraux français et la question de l’avortement

Dictionnaire de la tradition libérale française, par Benoît Malbranque. — Extrait du premier volume, en préparation. Article ‘Avortement’. — « Il est indispensable, pour l’honneur de la société moderne et le salut de la France », écrivait par exemple Paul Leroy-Beaulieu en 1913, « de châtier méthodiquement et efficacement l’avortement au moins autant qu’on châtie soit le vol, soit les coups et blessures. »

Y a-t-il lieu de rétablir les tours pour les enfants abandonnés ? (Société d’économie politique, 1877)

À la Société d’économie politique, le docteur Brochard est appelé à exposer ses convictions en faveur du rétablissement des tours, ces endroits où les mères pouvaient abandonner légalement leur enfant à la charité publique. Mais Frédéric Passy et Joseph Garnier ne sont pas convaincus par son exposé. D’après eux, les tours détruisent la responsabilité individuelle et provoquent plus de mal que de bien. Leur mérite supposé, de diminuer infanticides et avortements, n’est pas prouvé. Il faut les laisser fermés, et chercher des solutions du côté de la reconnaissance de la paternité.

Discussion sur l’organisation du travail et sur la limitation du travail des enfants

En 1845, une discussion s’engage à l’Académie des sciences morales et politiques sur les conceptions socialistes d’organisation du travail : ce thème, qui bifurque ensuite sur la question de la limitation du travail des enfants, est traité par Adolphe Blanqui, Hippolyte Passy, Charles Dunoyer, Gustave de Beaumont et quelques autres. Si une unanimité facile est obtenue contre les doctrines socialistes d’organisation du travail, la question du travail des enfants est un peu plus disputée. Pour la presque entièreté des intervenants, l’intervention de la loi est légitime pour protéger l’enfance. Mais comme à son habitude, Charles Dunoyer adopte une position contraire, ferme et radicale (et on sait que son intransigeance habituelle agaçait Tocqueville et Beaumont, qui étaient en froid avec lui). Pour lui la loi doit réprimer les sévices, les violences et les brutalités faites aux enfants, mais non pas empêcher arbitrairement leur travail ou le réglementer d’une manière uniforme.

La recherche de la paternité des enfants naturels et la population

La loi, qui sanctionne les mariages, se désintéresse assez de les voir ou non productifs. Mais lorsqu’il y a séduction par une fausse promesse de mariage, et a fortiori lorsqu’il y a enlèvement, viol, la loi ne peut pas détourner le regard et protéger l’inconduite des hommes, comme elle l’a fait trop longtemps. — C’est le sens de l’article qu’Adolphe Blaise consacre au sujet dans le Journal des économistes de janvier 1879 : appuyer les efforts législatifs entrepris récemment pour réformer la législation d’impunité masculine issue de la Révolution, et soutenir les filles-mères en permettant la recherche de la paternité et l’accomplissement forcé des devoirs du père.