De l’intervention de l’État dans les questions d’hygiène publique

Face à l’insalubrité, aux maladies et aux épidémies, l’intervention de l’État est parfois légitime, considèrent les membres de la Société d’économie politique examinant cette question en 1892. L’État est parfaitement dans son rôle, par exemple, lorsqu’il assure l’écoulement des eaux ménagères. Mais qu’il ne tâche pas, dit Frédéric Passy, de nous protéger nous-mêmes contre nos propres fautes, au risque d’affaiblir la puissance de la responsabilité individuelle. Qu’il ne se comporte pas non plus dans ce mandat, dit un autre, comme un pompier qui inonde et détruit tout un mobilier pour éteindre un feu de cheminée. Car son intervention a ses bornes.

Les quarantaines sanitaires

Au XIXe siècle, l’état de la science et les conditions des communications entre les peuples sont tels, que les autorités qui ont à charge de prévenir et de limiter les conséquences des épidémies font reposer une bonne part de leur attention sur le système des quarantaines. Contrôler et isoler les personnes douteuses, ce n’est pas éradiquer le mal, ou s’en préserver : c’est faire un pari, accepter un accommodement compris comme raisonnable, comme ailleurs on s’y résigne, contre des forces naturelles que l’on ne saurait vaincre. Dans cet article publié dans le Dictionnaire de l’économie politique (1853), Louis Reybaud retrace l’histoire de cette méthode de protection et en souligne les difficultés intrinsèques, quand les épidémies sont si imprévisibles, si inarrêtables, et que les spécificités de climat ou de mœurs rendent les règles fixes si maladroites.

Le scepticisme face à la vaccination dans le Journal des économistes

En juillet 1885, un jeune enfant recevait treize injections de moelles rabiques de moins en moins atténuées et devenait le premier être humain vacciné — Louis Pasteur venait de vaincre la rage. Le procédé même de la vaccination ne paraissait toutefois pas convaincant à tous. En septembre de la même année, le Journal des économistes rapportait expériences et discussions récentes et faisait part de doutes sur l’utilité de la vaccination contre différentes maladies contagieuses. L’auteur concluait même son article par un avertissement destiné à ceux qui voudraient que les populations se fassent inoculer « à tout propos et pour toutes les maladies, depuis la fièvre jaune jusqu’au rhume de cerveau, sans se demander un instant quelle sorte de macédoine tous les virus plus ou moins atténués peuvent produire sur l’organisme. »

Le choléra asiatique et la question des quarantaines, par Arthur Mangin

En décembre 1866 se clôt une seconde année marquée par le choléra, qui meurtrit l’Europe et auquel on lutte par des vexations, des restrictions aux transports et des quarantaines. « Comme pour se railler des vaines barrières qu’on prétendait lui opposer, écrit alors Arthur Mangin dans le Journal des économistes, c’est précisément dans les pays où les mesures les plus rigoureuses avaient été prises qu’il a sévi le plus cruellement. » Lui plaide pour une enquête scientifique sérieuse sur les causes de l’épidémie et ses moyens de transmission, car les gouvernements ont trop voulu postuler qu’ils savent ce qu’en vérité ils ignorent.
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Faut-il sauver la sécurité sociale ?

Présentation d'un débat entre d'une part Catherine Mills et de l'autre Georges Lane. Ce débat met en avant le thème, ô combien épineux, de la sécurité sociale et la question de savoir si nous devons la maintenir ou pas.