Œuvres de Vincent de Gournay

Vincent de Gournay (1712-1759), maître à penser de toute une génération, qui en a retenu le caractère impeccable et le credo « laisser faire et laisser passer », est l’auteur d’une œuvre vaste, en grande partie perdue, et seulement récemment redécouverte, mais que cette édition accroît encore, avec la traduction d’un mémoire de Gournay sur la liberté du travail retrouvé en Suède. Des tiraillements évidents se font jour dans ces écrits, entre un programme de libéralisme économique à l’intérieur, et des velléités à peine voilées d’abaissement des nations rivales à l’extérieur, par tous les moyens économiques et politiques possibles. Ils s’expliquent, soutient Benoît Malbranque dans l’introduction, par les conditions des échanges internationaux du temps de l’auteur, en l’absence de toute sécurité en dehors des frontières des États-nations.

Le libéralisme aristocratique d’Alexis de Tocqueville. — Avec Jean-Louis Benoît

Resté célèbre pour ses analyses lucides et prophétiques dans la Démocratie en Amérique puis l’Ancien régime et la Révolution, Alexis de Tocqueville (1805-1859) est le défenseur d’un libéralisme contrasté. Avec Jean-Louis Benoît, l’un de ses meilleurs spécialistes, cette vidéo documentaire, enregistrée au château de Tocqueville dans la Manche, revient sur les différentes facettes de l’héritage de Tocqueville pour produire à deux voix une représentation complète et authentique de ce grand penseur.

Turgot – Éloge de Vincent de Gournay

Tout à la fois philosophe, économiste et homme d’État, Turgot est l’un des grands personnages de notre histoire. Dans ce court texte écrit à la hâte en 1759, nous retrouvons la formulation la plus limpide et la plus précise des idées économiques libérales au siècle des Lumières, idées que Turgot et son maître Gournay partageaient, quoique avec des nuances.

Gustave Schelle – Vincent de Gournay

Vincent de Gournay n’est pas le plus célèbre des économistes français du XVIIIe siècle, loin s’en faut. On lui préfère Turgot, Quesnay et les physiocrates. Dans cette large étude qu’il lui a consacrée, Gustave Schelle, spécialiste des économistes français du XVIIIe siècle, entend réhabiliter la place de Gournay dans la naissance et le développement de la science économique, ainsi que dans l’histoire du libéralisme. Ainsi qu’il l’écrit, « Vincent de Gournay est le premier qui ait entamé la lutte contre les procédés pédantesques des gouvernants et contre la cupidité particulière des protégés. Il a devancé Quesnay de quelques années, Turgot de près de vingt ans. » Vincent de Gournay, qu’on crédite de l’invention de l’expression « laissez faire, laissez passer », apparaît en effet comme l’un des principaux précurseurs de l’économie politique libérale. Par ses combats contre les réglementations, il devient même, à notre époque, d’une brûlante actualité.

Abbé de Saint-Pierre – Abrégé du projet de paix perpétuelle

En 1729, l’abbé de Saint-Pierre a déjà diffusé son projet de paix perpétuelle à travers plusieurs travaux successifs, soit manuscrits à quelques personnalités, soit imprimés pour le plus grand public, qui les a plutôt avidement recherchés. Pour continuer la popularisation de sa grande idée, il compose désormais un abrégé, qui condense et complète l’œuvre précédente en trois volumes. Il s’agit toujours de la même pensée : que les nations européennes signent un traité par lesquelles elles s’engagent à recourir toujours à la voie de l’arbitrage et aux décisions d’un conseil européen, plutôt que la voie de la guerre, qu’elles abandonnent pour n’y plus revenir.

Condillac – Le commerce et le gouvernement

Si l’on peut soutenir à la rigueur que l’année 1776 sonne la naissance de la science économique, c’est à condition d’accorder des mérites de premier ordre à Condillac, qui publie cette année-là son traité d’économie politique sous le titre : Le commerce et le gouvernement considérés relativement l’un à l’autre. Car sur les échanges et la liberté du commerce, sur la concurrence et la liberté du travail, comme sur la monnaie et les quelques attributions légitimes de l’État, il offrait des aperçus plus clairs, plus modernes, qu’Adam Smith. Par sa méthode et son langage, peut-être plus que ses doctrines, il se montrait aussi capable d’innover sur ses prédécesseurs immédiats, les physiocrates, et de façon heureuse.

Destutt de Tracy – Traité d’économie politique

Dans ce Traité d’économie politique, publié initialement en 1815 puis sous forme séparée en 1823, Destutt de Tracy expose, sur la propriété privée, l’échange, la division du travail, les attributions de l’État, l’impôt ou encore la dette publique, des principes dignes de fixer l’attention. La plus grande originalité et la plus grande valeur de cette œuvre, toutefois, est d’être un prolongement logique des travaux de l’auteur sur l’idéologie ou la « science des idées ». Aussi, ce n’est pas seulement une défense rigoureuse du libéralisme économique que l’on trouve dans ces pages, mais l’exposé complet d’une doctrine de la liberté fondée sur ses racines philosophiques les plus indéniables. 

Benjamin Constant – Principes de politique

Composé en 1815 en réponse aux évènements et sur la base de manuscrits plus anciens, les Principes de politique de Benjamin Constant sont autre chose qu’une œuvre de circonstance. Tout en éclaircissant et en justifiant les dispositions de la nouvelle charte constitutionnelle donnée à la France, l’auteur pose les conditions de toute démocratie libérale : la limitation des attributions de l’État, la décentralisation, la liberté de la presse, l’indépendance de la justice, etc. Pour cette raison son texte n’a jamais cessé d’être médité ; il est digne de l’être.

Gustave de Molinari – De la production de la sécurité

Gustave de Molinari, par son article sur la production de la sécurité, est le grand précurseur, voire le grand fondateur de l’anarcho-capitalisme. Cette doctrine, préconisant le fonctionnement du marché sans État, a connu un large développement au cours du XXe siècle, tandis que parallèlement, l’intervention de l’État dans l’économie et la vie sociale allait sans cesse croissant. Molinari fut le premier à poser cette question audacieuse : si le marché, si l’initiative individuelle est supérieure en efficacité et en moralité à l’État et à l’intervention étatique, pourquoi la production de la sécurité doit-elle rester un monopole public obligatoire ? Pourquoi, en d’autres termes, des entreprises n’auraient-elles pas le droit, sur un marché concurrentiel, d’offrir un meilleur service aux consommateurs ? Tandis que l’État assume aujourd’hui avec le plus grand mal cette fonction pourtant régalienne, ces questions, posées en 1849, nous paraîtrons forcément actuelles et dignes de réflexions.

Gustave de Beaumont – Écrits, travaux et discours (2 volumes)

Après avoir parcouru l’Amérique en compagnie de son ami Tocqueville, Gustave de Beaumont (1802-1866) connut plus qu’un succès d’estime par ses livres sur l’Irlande ou sur le sort des Indiens et des Noirs aux États-Unis. Les rapports et discours qui émaillent sa carrière politique, de même que ses articles de journaux ou ses travaux académiques, à peine étudiés par les historiens, méritent tout autant l’examen. Ils sont réunis ici ensemble, pour la première fois. Pour la démocratie libérale, minée par la corruption électorale et le suffrage restreint, pour une colonisation en Algérie fondée sur l’État de droit, et non sur le seul régime militaire, et pour bien d’autres causes encore, Gustave de Beaumont a livré des combats qu’on peut qualifier d’importants.

Œuvres complètes de Gustave de Molinari (Volume 22)

Après de multiples campagnes menées en Belgique pour l’abolition des tarifs douaniers ou de la conscription militaire, s’ouvre une nouvelle période de la vie de Gustave de Molinari. En 1867, l’opportunité lui est donnée de revenir exercer son métier de journaliste à Paris, en intégrant le Journal des Débats, à la ligne conservatrice et légèrement libérale. C’est, dans l’immédiat, un pis-aller, mais qui bientôt rendra possible l’approfondissement théorique ainsi que de multiples voyages.

Nicole Oresme – Traictié de la première invention des monnoies et des causes et manière d’icelles

Ressource des premiers rois, la manipulation monétaire condamnée par Oresme dans ce traité économique du XIVe siècle n’est pas uniquement de l’histoire. Aujourd’hui encore, les monnaies sans valeur dominent ou plutôt résistent, concurrencées de plus en plus par les alternatives d’« or numérique ». Avec beaucoup de prescience, Oresme trace dans ce petit livre les contours d’une politique monétaire juste et saine. Il nous appelle à rompre avec la pratique du pouvoir comme une possession et une exploitation, pour transformer chaque jour un peu plus la « souveraineté » en un échange de services librement débattus.

Jean-Gustave Courcelle-Seneuil – La banque libre

Aujourd’hui, le Free Banking est un courant ou un sous-courant important de la pensée économique libérale. Il s’agit de défendre le développement des institutions bancaires dans des conditions pures de marché, c’est-à-dire avec la liberté la plus absolue. Le premier économiste à avoir théorisé cette conception est un Français : Jean-Gustave Courcelle-Seneuil. Dans La Banque Libre, il fournit les raisons théoriques pour lesquelles il est judicieux de libéraliser entièrement l’activité bancaire, et répond aux objections des partisans du monopole. Grand connaisseur de l’histoire monétaire et bancaire mondiale, il rappelle aussi les cas de nombreux pays, comme l’Écosse, mais aussi, à une certaine période, la France, où les banques ont effectivement évolué dans la liberté la plus complète, produisant leur propre monnaie, développant leur activité sans barrière légale d’aucune sorte, et où cette liberté absolue a rimé avec une grande stabilité monétaire ainsi qu’un développement sensible de l’industrie.

Œuvres complètes de Gustave de Molinari (Volume 21)

Les mutations territoriales qui se multiplient entre 1864 et 1866 prouvent malheureusement que l’époque primitive des conquêtes et de la guerre, où l’on ne comptait pour rien les vies humaines et les capitaux, et où les souverains augmentaient leur clientèle politique par la violence, n’est pas encore révolue. Sans parler même des coups de main au Mexique ou en Cochinchine, les États du Sud sont demeurés dans l’Union américaine, l’Italie puis l’Allemagne se sont agglomérées, la Savoie et le comté de Nice sont devenus Français. Les populations sont partout un simple bétail, que les gouvernements se partagent sans leur demander leur avis. La seule solution, juge Gustave de Molinari, pour faire cesser cet état de choses, est dans la reconnaissance du droit des individus et des collections d’individus de choisir volontairement leur nationalité, et dans la constitution d’une justice et d’une police internationales qui fassent respecter le droit à l’échelle du monde. Cette utopie du présent est la ressource de l’avenir.

Jean-Gustave Courcelle-Seneuil – Liberté et socialisme

En 1868, l’économie politique libérale française devait, plus que jamais, faire face au développement du socialisme. L’un de ses grands représentants de l’époque, Jean-Gustave Courcelle-Seneuil, signa avec Liberté et Socialisme une attaque en règle contre les thèses socialistes. Dans ce livre, il étudie les idées et les préconisations des socialistes. Avec arguments et exemples, il prouve pourquoi leur mise en oeuvre ne pourrait produire les améliorations que les socialistes recherchent, et que loin d’améliorer la situation des masses laborieuses, elle aurait inévitablement pour effet de la rendre plus difficile.

Œuvres complètes de Gustave de Molinari (Volume 20)

En révisant et complétant son Cours d’économie politique en 1863, Gustave de Molinari est forcé de prendre en considération des faits, des observations et des controverses récentes, qui l’amènent à discuter le degré de maturité des individus pour la liberté. Si l’avenir est à l’État minimal et au gouvernement de soi-même (self-government), pense-t-il, un grand nombre de personnes ne peut encore y prétendre et doit subir une forme de tutelle, libre ou imposée.

Œuvres complètes de Gustave de Molinari (Volume 19)

Avec le déclenchement des hostilités entre le Nord et le Sud de l’Union américaine, se pose au monde la question nouvelle de la sécession. Tandis qu’en Europe des guerres sont entreprises pour défendre des nationalités comprimées ou garantir à certains pays leurs « limites naturelles », c’est une théorie toute opposée qui se présente. Par elle, les peuples ne sont plus une propriété que les souverains se ravissent, s’échangent, ou se vendent ; ils ont des droits, des libertés. Et si cette conception ne domine pas encore, elle s’imposera, croit Gustave de Molinari.

Henri Baudrillart – La liberté du travail, l’association et la démocratie

Dans ce livre publié en 1865, Henri Baudrillart défend les récentes libéralisations réalisées par le second Empire — du libre-échange à la liberté de la boulangerie — et dresse le programme de nouveaux progrès. Ses arguments en faveur de la décentralisation, de plus grandes libertés accordées aux femmes, donnent à son libéralisme un cachet particulier, que Benoît Malbranque tâche d'éclaircir dans l'introduction ajoutée à cette réédition.

Gustave de Molinari – L’évolution économique du XIXe siècle

La liberté fut pour l’humanité une conquête lente et pénible, et il devait en être ainsi. Occupé à des travaux peu productifs et subissant la menace d’animaux de proie et de tribus extérieures, l’homme est alors incapable de se gouverner lui-même. Avant l’invention de la boussole et des moyens efficaces de transport et de communication, les marchés sont extrêmement restreints et la concurrence ne peut servir encore de régulateur. Des institutions plus tard reconnues comme pernicieuses, ont alors leur raison d’être. Mais le développement de la petite industrie, puis de la grande, devait transformer les conditions de vie de l’humanité et ouvrir une ère où la concurrence, le contrat et la liberté pourraient enfin dominer.

Gustave de Molinari – Les lois naturelles de l’économie politique

À la suite des économistes libéraux du XVIIIe siècle, Gustave de Molinari tâche de définir et d’expliquer les lois naturelles de l’économie politique. Mais il va aussi plus loin : il examine comment ces lois ont donné naissance à certaines idées et institutions du passé, et comment le progrès technique et l’ouverture des marchés du monde les a transformées. Dans cette grande fresque historique, l’espoir d’une société libérale future, fondée toute entière sur le contrat et la concurrence, s’oppose aux craintes immédiates que font peser le socialisme, le protectionnisme et le militarisme, dont la carrière n’est pas terminée.