Exposé d’un projet de fondation d’une Ligue contre l’alcoolisme, sous le patronage des pouvoirs publics

Gustave de Molinari, « Exposé d’un projet de fondation d’une Ligue contre l’alcoolisme, sous le patronage des pouvoirs publics », Journal des économistes, septembre 1893, p. 454-455.


EXPOSÉ D’UN PROJET DE FONDATION D’UNE LIGUE CONTRE L’ALCOOLISME,
SOUS LE PATRONAGE DES POUVOIRS PUBLICS,
par André LE PAS, Broch. gr. in-18. Bruxelles. Société belge de librairie.

L’Indépendance belge publiait dernièrement quelques renseignements pleins d’un triste intérêt sur l’augmentation de la consommation des boissons alcooliques en Belgique. 

De 1866 à 1869 on a consommé : 

Bières                                                      962 120 160 fr.
Eau-de-vie 436 048 800
Vins 88 263 890

De 1873 à 1876 : 

Bières                                                      1 291 650 502 fr.
Eau-de-vie 520 422 600
Vins 103 633 910

Soit une augmentation de 25% tandis que la population ne s’accroissait que de 7,5%.

Le nombre des cabarets est véritablement effrayant. Dans la région des charbonnages, à Flénu, on en compte 270 sur 500 habitations ouvrières ; à Ciply, 1 sur 3 habitations ; à Spiennes, 1 sur 2 ; à Lens, 110 débits sur 160 habitations ouvrières ; à Tertre, 109 sur 151 ; à Havay, 54 pour une population ouvrière de 576 personnes, enfants et femmes compris.

En 1838, il y avait en Belgique, un cabaret pour 82,7 habitants.
     1860 67,1
     1870 50,5
     1887 32,9
     1892 39,1

La légère diminution constatée depuis 1887 provient du droit de licence sur les cabarets, institué par la loi du 19 août 1889, dans le but d’enrayer les progrès de l’alcoolisme. Mais il ne paraît pas que cette loi ait eu la moindre efficacité, car de 1889 à 1891, la production de l’alcool a augmenté de 73 000 hectolitres, sans que l’on ait constaté une augmentation correspondante dans les emplois industriels et dans l’exportation.

Ces progrès d’un fléau physiquement et moralement destructeur ont fini par émouvoir l’opinion, et l’on cherche en ce moment, plus activement que jamais, les moyens d’en diminuer les ravages. On a pensé avec raison qu’il serait plus facile de préserver de l’intempérance que d’en guérir, et un instituteur du Limbourg a institué parmi ses élèves une association scolaire de tempérance. Cette association purement locale, l’auteur de la brochure que nous avons sous les yeux propose de la généraliser. Peut-être nourrit-il quelques illusions sur l’efficacité du patronage officiel qu’il réclame pour sa « Ligue scolaire contre l’alcoolisme », mais cette Ligue, dont il recommande la fondation avec une chaleureuse éloquence, n’en aurait pas moins une utilité manifeste ; elle rendrait certainement à la classe ouvrière de meilleurs services qu’une foule d’autres, y compris même la « Ligue contre les bureaux de placement ».

G. DE M.

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