Isaac de Bacalan, Paradoxes philosophiques sur la liberté du commerce entre les nations (1764)

B330636101_Ms828_025_019_001Issu d’une famille bordelaise célèbre, qui a donné son nom à un quartier du nord de la ville, Isaac de Bacalan est l’une des figures oubliée de la pensée économique française au siècle des Lumières. Esprit brillant, il s’est éteint à l’âge de 33 ans, sans avoir pu laissé à la postérité autre chose que quelques manuscrits. Deux de ses écrits sont cependant dignes du plus grand intérêt : 1- d’abord les Paradoxes philosophiques sur la liberté du commerce entre les nations (1764), où il défend la liberté totale et absolue du commerce dans une perspective éminemment moderne, refusant le mercantilisme et adoptant une vue généreuse sur l’harmonie des intérêts des nations du monde ; 2- c’est ensuite des Observations faites par M. de Bacalan, intendant du commerce, dans son voyage de Picardie, Artois, Haynaut et Flandre, l’an 1768, où notre auteur distille une critique vigoureuse des corporations, des règlements et de l’intrusion permanente de la loi dans les affaires économiques.


Paradoxes philosophiques sur la liberté du commerce entre les nations (1764)

par Isaac de Bacalan

Que de livres n’a-t-on pas écrits sur le commerce ? Les savants ont crayonné l’histoire de celui des Anciens ; les voyageurs ont décrit la situation de celui des États qu’ils ont parcourus ; des négociants instruits en ont suivi quelques branches dans leurs petits rameaux. Les politiques ont observé ses rapports avec la puissance des États. Quelques philosophes ont agité l’importante question, si le commerce est utile aux hommes. Enfin des génies plus hardis ont tenté de former un corps de tant de membres épars et de tracer les principes généraux de cette vaste science. Ne croyons pas cependant que cette matière soit épuisée ; il est des vérités à découvrir, des rapports à démêler, des problèmes à résoudre, des préjugés à combattre, des erreurs à détruire. Je ne pardonne point à des écrivains estimables leur idolâtrie pour le gouvernement anglais. On ferait un gros volume des faux jugements qu’elle a produits. Combien de fois n’a-t-on pas pris la cause pour l’effet, ou l’effet pour la cause ? On a vu que l’intérêt de l’argent était bas en Hollande et en Angleterre, où le commerce était florissant, et on a dit : il faut abaisser l’intérêt pour faire fleurir le commerce. Que n’examinait-on avant de raisonner ? On se serait aperçu que la diminution de l’intérêt avait été la suite inévitable et non la cause des progrès du commerce, comme l’ont démontré M. Hume et surtout l’auteur d’un ouvrage moderne, que je ne nommerai point, parce que je ne puis en parler sans le louer et qu’un éloge serait suspect dans ma bouche.

Ne devrait-on pas attribuer à cette même précipitation de juger, les louanges qu’on a prodiguées au fameux acte de navigation dressé par Cromwell ? Est-il bien vrai que l’Angleterre lui doive l’augmentation de son commerce, de sa marine et de sa puissance ? N’en trouverait-on pas une cause plus vraisemblable dans la fermentation qu’avaient excitée dans les esprits les guerres civiles, dans le changement arrivé dans la constitution, dans la situation de l’île, dans la nature de ses productions, dans les mœurs de ses habitants, dans certaines lois civiles ; enfin dans plusieurs avantages qu’a si bien exposés l’auteur anonyme caché sous le nom de Nikolls ? Tyr, Carthage, Venise, ont été successivement les entrepôts de l’univers et n’avaient pas dressé un pareil acte de navigation. Il n’a point été promulgué chez les Hollandais, ces dignes émules de la nation anglicane. Il peut donc exister un grand commerce indépendamment de la loi de Cromwell, et, dussé-je révolter tous les enthousiastes de la politique anglaise, je le dirai hardiment : cet acte de navigation n’a qu’une bonté relative et si toutes les nations l’adoptaient, son avantage serait nul ; que dis-je ! il deviendrait le fléau du commerce.

Ne m’accuserait-on pas d’outrer les paradoxes si j’avançais qu’il en est de même des tarifs — je ne parle point de ceux qu’inspire la bursalité, mais de ceux qui sont dirigés par l’intérêt prétendu des nations commerçantes. Je n’ignore point que je combats le sentiment des écrivains les plus respectables, de notre illustre confrère M. Melon, de M. de Fougeroles, auteur d’un bon mémoire inséré parmi ceux de Boulainvilliers, de M. de Forbonnais, enfin de M. de Montaran, à qui nous devons une connaissance claire et précise de cette partie obscure et compliquée de la législation française. Mais écartons pour un moment tout préjugé, ne consultons que la raison et jugeons à son tribunal si toutes les nations ne retireraient pas plus d’avantages de la liberté absolue du commerce que des tarifs les plus savamment combinés. On appelle tarif, l’état ou catalogue des droits qu’on lève sur les marchandises qui entrent dans un royaume ou qui en sortent. Ces droits sont nommés droits de traites et on les divise en deux espèces : les droits d’entrée et ceux de sorte. Les premiers sont établis sur les marchandises qui entrent dans le royaume, les seconds, sur celles qui en sont exportées.

Dans l’établissement des tarifs, on cherche ou l’intérêt du fisc, c’était l’objet des anciens peuples ; ou l’intérêt de la nation, c’est le but que se proposent les Anglais. Je nommerai le premier, tarif fiscal ; et le second, tarif national. L’intérêt du fisc est simple, il consiste à retirer des droits de traites la plus forte somme possible. Pour y parvenir, on établit des droits sur toutes sortes de denrées, nationales ou étrangères indistinctement, mais ces droits sont modiques ; parce que l’expérience démontre que leur excès anéantirait le commerce, et par contrecoup les revenus du fisc.

L’intérêt de la nation est plus compliqué. Il est plus difficile d’y conformer un tarif. On cherche d’abord à faire pencher en sa faveur la balance du commerce, c’est-à-dire à retirer plus d’argent des autres nations qu’on ne leur en porte, à leur vendre plus de denrées qu’on n’en reçoit. Les politiques se flattent d’y réussir, en établissant des droits très forts sur les marchandises étrangères et en laissant un libre cours aux marchandises nationales. Ce serait peu d’ambitionner tout le commerce, on veut aussi confiner toute l’industrie dans son royaume par le secours des tarifs ; de là vient la distinction qu’on y a introduite entre les matières premières, c’est-à-dire celles qui servent d’aliment aux manufactures comme la laine, la soie et autres, et les matières manufacturées, comme les draps et autres étoffes. On charge de droits ou l’on défend absolument la sortie des matières premières de la nation, tandis qu’on permet l’importation libre de matières premières des étrangers. Et au contraire on exempte de droits la sortie des matières manufacturées dans ses États et l’on impose des droits très forts sur l’entrée des ouvrages étrangers, ou même on la proscrit entièrement. L’objet que l’on se propose, est de faire manufacturer chez soi toutes ses matières premières, et même une partie de celle des étrangers : d’où il résulterait qu’on augmenterait l’industrie de sa nation et qu’on affaiblirait celle des autres peuples. Telle est la politique que suivent les Français et les Anglais à l’égard des laines et des draps, et qu’ils violent les uns et les autres à l’égard des charbons de terre.

Ce même esprit d’ambition universelle et exclusive s’est répandu sur l’agriculture : on ne se contente pas des productions naturelles à son climat ; on veut par le recours des tarifs y faire croître toute sorte de productions de la terre. On fait même tous ses efforts pour diminuer la culture des peuples voisins ; ainsi chaque nation cherche à se passer des autres États, et à leur être nécessaire. Tel est le grand art des tarifs nationaux : tels sont les solides fondements sur lesquels nos politiques modernes élèvent la puissance des États.

Qu’il me soit permis d’examiner si leurs conjectures sont justes et s’il ne serait pas préférable pour l’intérêt des nations d’accorder une liberté absolue du commerce. Je suppose ici, que tous les peuples commerçants établissent des tarifs conformes aux principes que nous avons exposés, ce qui doit arriver, s’ils sont avantageux. Je soutiens qu’en ce cas, ils ne seront utiles à aucune nation. Un exemple suffit pour le prouver. Imaginons que l’Angleterre achète en France pour un million de vins et lui vende pour un million de draps. L’Anglais dira : si je vends des draps à la France, et que je ne lui achète point de vins, je gagne un million dans la balance du commerce. Par conséquence, on impose en Angleterre des droits très forts sur les vins de France ; d’un autre côté, la France guidée par les mêmes principes veut empêcher l’importation des draps d’Angleterre et la charge de droits excessifs. Qu’en résultera-t-il ? L’Anglais nous achètera moins de vins. Nous lui achèterons moins de draps. La balance demeure égale, et le tarif n’a produit aucun effet. Il est donc vrai que si tous les peuples établissent des tarifs nationaux, aucun n’en retirera d’avantage.

Ce n’est pas tout, et je crois facile à prouver deux propositions : la première, que rien n’est plus chimérique que l’objet fondamental de ces tarifs, qui est d’attirer dans un État tout le commerce et toute l’industrie ; la deuxième, que loin de produire cet effet, ils tendraient à rompre les liens précieux qui unissent les nations commerçantes.

L’argent substitué aux marchandises et le papier substitué à l’argent ont dénaturé les idées simples et primitives du commerce. Il ne fut dans son origine qu’un véritable échange : il n’est encore et ne sera jamais qu’un échange plus ou moins déguisé. Or tout échange suppose réciprocité. Il est donc contre la nature du commerce de vouloir donner et ne point recevoir.

Il n’est pas moins opposé à l’essence du commerce de vouloir donner plus de marchandises qu’on n’en reçoit. Car il y aurait alors une partie du commerce sans échange et nous avons prouvé que cela est impossible.

On croit avoir fait pencher en sa faveur la balance du commerce lorsqu’après avoir retiré des marchandises d’une nation en échange de celles qu’on lui a portées, cette nation est demeurée débitrice, et a payé en argent le surplus des marchandises qu’elle a reçues. Mais qu’on y prenne garde ! ce n’est encore là qu’un échange, car ou vous ne considérez l’argent que comme signe et alors il n’a point de valeur réelle, ou vous le considérez comme marchandise ; dans ce cas, le commerce n’a abouti qu’à un échange et la balance est encore en suspens.

Suivons la marche de la nation qui a fourni le plus grand nombre de marchandises et nous verrons développer de plus en plus la vérité de nos principes. Que fera-t-elle de l’argent qu’elle a reçu ? Mais on voit clairement qu’après ce circuit elle n’a fait qu’échanger ses marchandises contre d’autres marchandises.

Supposons-nous qu’un seul État fournisse aux autres plus de marchandises qu’il n’en retire et que toutes les nations soldent avec cet État en argent ? Hypothèse absurde, car il faudrait ou qu’un seul pays produisît plus de denrées et possédât plus d’industrie que tout l’univers ensemble, ou que la cupidité humaine pût avoir des bornes. Mais dans cette supposition même, qu’arriverait-il ? Croit-on de bonne foi que cette situation serait durable, et que cet État absorberait peu à peu tout l’argent qui existe dans le monde ? Non, sans doute. L’augmentation de la quantité d’argent en diminuerait le prix : le luxe croîtrait et avec lui la consommation des denrées, soit nationales, soit étrangères. Il en résulterait donc que cet Etatt transporterait aux autres une moindre quantité de denrées et en retirerait une plus grande quantité. Ainsi il serait obligé à son tour de payer en argent et la circulation se rétablirait.

Allons plus loins et imaginons contre toute vraisemblance qu’un seul État engloutisse tout le numéraire de l’univers. Quelle sera la conduire des autres nations ? Ou elles se ligueraient toutes pour dépouiller ce peuple insatiable, ou elles imagineraient un autre signe de richesses ; et cet amas prodigieux d’argent deviendrait inutile et vil.

Ne craignons pas de créer de nouvelles fictions contre notre sentiment. Supposons donc encore l’univers dépouillé et paisible, l’argent amoncelé dans un seul État et signe universel des richesses. À quel usage ce peuple de Crésus consacrera-t-il son argent ? Achètera-t-il des denrées ? Il lui échappe. Augmentera-t-il sa culture et son industrie ? Mais pourquoi de nouvelles denrées et de nouveaux ouvrages ? Il n’en désire que pour attirer l’argent des autres nations et elles n’en ont plus. S’en servira-t-il donc à soudoyer des troupes étrangères, à faire des conquêtes, à porter le fer et le feu chez ses voisins ? Malheur à tout système qui n’aboutirait en dernière analyse qu’à nécessiter la guerre, le plus horrible fléau de l’humanité.

Écartons au plus tôt de si tristes images ; bannissons les fictions qui les ont produites et venons à la conséquence de nos principes.

S’il est vrai que le commerce ne soit qu’un échange et qu’il ne puisse exister d’échange sans réciprocité, il est évident que toute loi, tout tarif qui tend à procurer un commerce exclusif, à faire exporter plus de marchandises qu’on n’en importe n’a pour but qu’une chimère.

Quel sera donc le véritable point de vue des nations commerçantes ? Il est aisé de le découvrir.

Non seulement le commerce n’est qu’un échange, mais il n’est que l’échange du superflu des nations. Il faut donc augmenter son superflu si l’on veut étendre son commerce. Ce n’est pas assez : il faut encore augmenter le superflu des autres nations ; et par conséquent favoriser leur culture, leur industrie et leur population. Que le vulgaire des politiques frémisse d’entendre des principes si contraires à leurs petites idées ! n’importe, je ne sacrifierai point à leurs vains préjugés une vérité utile aux hommes.

Oui, je le répète, ce n’est qu’en multipliant les richesses des autres peuples qu’on peut étendre les branches de son commerce. On ne s’enrichira jamais avec des peuples pauvres : eh ! pourquoi envierions-nous aux autres nations une abondance dont la nôtre dépend ?

Ô vous qui seriez animé d’une jalousie aussi basse qu’insensée, transportez-vous en idée dans les climats brûlants de l’Afrique : un vaisseau longtemps battu par la tempête, dépourvu de vivres et chargé de trésors, aborde à cet infortuné rivage. L’équipage altéré, affamé, se précipite ; ils cherchent des hommes, des villes, des champs, des fontaines, et rien ne s’offre à leurs regards. Épuisés de fatigue, ils rencontrent enfin une espèce d’hommes noirs et décharnés qui prennent la fuite. Les offres des nautoniers, leurs prières, leurs larmes, ce langage expressif de tous les climats, excitent la compassion des sauvages. Ils s’approchent. En vain, pour obtenir des vivres, on leur offre en échange les plus précieuses richesses. Ce peuple qui ne cultive point les terres, qui n’a point de troupeaux, qui ne connaît ni la chasse ni la pêche, manquant du nécessaire loin d’avoir du superflu, ne peut satisfaire à leurs désirs. À peine peut-il indiquer à ces malheureux un ruisseau où ils courent se désaltérer.

Tel est le triste effet de la pauvreté de cette nation sauvage, que non seulement on ne peut s’enrichir avec elle par le commerce, mais qu’on n’y trouve pas même les secours nécessaires à la vie. Or si dans ce climat où la mer abonde en poissons, où les forêts sont remplies d’animaux de toute espèce, où le terrain n’est pas absolument infertile, vous supposez un peuple industrieux et policé, alors le nautonier qui ne cherchait qu’à y soulager sa faim et sa soif y trouvera la matière d’un commerce qui l’enrichira. J’ai donc eu raison de dire que l’intérêt mutuel des nations commerçantes était d’augmenter l’industrie des autres nations.

Que penserons-nous donc de la politique, si vantée, des tarifs nationaux, destinés à étendre le commerce sur les ruines de la culture et de l’industrie des autres peuples ?

N’est-il pas évident que l’objet qu’elle se propose est chimérique ? Ajoutons qu’elle tend à détruire tout commerce.

Afin de nous en convaincre, quittons les sables brûlants de l’Afrique, et doublant le cap de Bonne-Espérance, pénétrons jusqu’au golfe de Bengale. Là se présentent des États policés, des rois puissants, des peuples nombreux, de grandes villes, les arts, la navigation et le commerce florissant. Là un négociant d’Europe sait enrichir sa patrie, soit en vendant aux Indiens les marchandises dont l’Europe surabonde, soit en leur achetant celles que l’Europe ne produit pas. Mais supposons qu’en établissant des droits très forts sur l’entrée des marchandises indiennes, on force les peuples de l’Europe ou à s’en passer ou à les fabriquer eux-mêmes : aussitôt le lien qui unit ces deux parties du monde sera rompu. Il est donc vrai que de chercher à se passer des autres nations ; que d’ambitionner toute industrie et toute culture, c’est tendre à anéantir tout commerce.

Cette vérité n’échappa point à un ministre immortel né pour le bonheur de son siècle et pour l’instruction des siècles suivants.

Lorsque Henri IV fut atteint de la maladie épidémique qui porte tous les princes de l’Europe à favoriser la culture des mûriers, Sully, le grand Sully, s’y opposa ; il pensait que notre climat n’était pas propre aux vers à soie ; l’expérience a prouvé qu’il se trompait. Mais quand ce grand homme disait que cette culture enfanterait la mollesse et le luxe, il avait raison. Quand il ajoutait qu’elle ferait tomber le prix des laines et par là porterait une atteinte mortelle à l’agriculture, il prophétisait. Enfin quand il soutenait que le commerce n’étant fondé que sur des échanges, un État qui voudrait envahir toutes ses branches en cultivant tout, ne ferait plus de commerce avec les autres États ; il disait une vérité bien simple, mais sublime, que tous les souverains d’Europe semblent méconnaître, et qui produira, tôt ou tard, l’isolement de chaque nation et l’anéantissement du commerce.

Mais s’il est vrai que l’intérêt commun de tous les peuples exige d’accorder au commerce une liberté absolue et réciproque, sera-t-il vrai aussi que, tandis que cette liberté sera restreinte par une nation, l’Angleterre, je suppose, il soit utile à la France de ne point la gêner ?

Ce grand problème fut le sujet d’une conversion intéressante entre trois philosophes et un fermier-général.

Un stoïcien prouva que l’intention de l’auteur de la nature et l’humanité réclamaient en faveur de la liberté du commerce entre toutes les nations ; et que l’exemple d’un peuple qui choquait ce principe, n’autorisait pas les autres à le violer.

L’épicurien établit que rien n’était plus contraire à la douceur, aux agréments et aux commodités de la vie que ces tarifs excessifs et barbares, qui forçaient un peuple à se priver des beautés que la nature ou l’art produisent dans d’autres climats, pour se contenter d’infamies nationales.

Et comme le fermier-général répliquait au premier que l’intérêt de sa partie doit l’emporter sur celui des autres nations, et au second qu’il fallait sacrifier les plaisirs au bien général, un disciple de Socrate entreprit de prouver que le véritable bien de l’État résulterait de cette liberté absolue. Voici les principaux fondements de son opinion.

L’agriculture, dit-il, est la base de la puissance des États ; c’est une vérité incontestable. On ne doit favoriser les arts et le commerce que dans deux points de vue : ou pour servir de débouché à l’agriculture, ou pour se procurer les commodités de la vie. Il établit ensuite que l’agriculture serait beaucoup plus florissante dans une nation qui autoriserait la liberté universelle du commerce. Il démontra, et l’épicurien l’avait déjà fait, que cette même liberté nous procurerait les plus grandes commodités de la vie, d’où il conclut qu’elle serait avantageuse à l’État qui oserait le premier l’établir.

Le fermier-général parut étonné, déconcerté ; il était convaincu ; il ne pouvait répondre, mais il hésitait encore. Le disciple de Socrate le devina. Reprenant son discours, il prouva que cette liberté générale réglée par un tarif modéré produirait des droits plus considérables et le financier avoua qu’il avait raison.

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