Œuvres d’Ernest Martineau

Ernest Martineau (1844-1905), le plus fidèle disciple de Frédéric Bastiat, n’a pas la notoriété qu’il mérite. Ce propagandiste ardent du libre-échange, de la liberté individuelle et de la propriété, défenseur d’un libéralisme authentique et sans concession, a publié des centaines d’articles et plusieurs brochures sur les sophismes protectionnistes, l’erreur socialiste, et le rôle minimal de la loi et de l’État. Renouvelant, quarante ans plus tard, le combat de son maître Bastiat, il s’est confronté au protectionnisme de Jules Méline et au socialisme collectiviste de Karl Marx et de Jean Jaurès. Pour la première fois, l’Institut Coppet réunit les œuvres de ce penseur fécond, injustement oublié.

Réponse à M. Léon Say

Dans le Journal des économistes de septembre 1884, Ernest Martineau avait réclamé contre le libellé d’une question à la Société d’économie politique, portée par Léon Say, sur le motif qu’elle se fondait sur le postulat erroné que la liberté produit des torts, qu’il peut être dès lors souhaitable ou nuisible de combattre. Léon Say ayant répondu entre temps que son opinion n’était pas que la liberté produit des torts, Martineau peut se féliciter de cet accord sur ce point qu’il considère comme important.

Huit articles sur le libre-échange

Dans cette série d’articles sobrement intitulés « Le Libre-Échange », Ernest Martineau, en fidèle disciple de Frédéric Bastiat, combat l’un après l’autre les sophismes des protectionnistes et montre à quoi aboutissent leurs conceptions. Le protectionnisme, c’est l’injustice de la loi mise au service de l’intérêt particulier des producteurs, au dépens du bien-être des consommateurs. C’est aussi une immense et bien amère déception, car tous ces producteurs privilégiés étant eux aussi consommateurs, ils ne parviennent pas même à jouir du fruit de leur système de spoliation.

De l’égalité dans la protection douanière

Poussés dans leurs retranchements, les partisans du protectionnisme en France se sont mis à défendre l’extension de la protection douanière à toutes les sortes d’activité économique, dans un grand système égalitaire. Pour Ernest Martineau, écrivant en 1888, le protectionnisme est essentiellement un privilège, et il ne pourrait pas matériellement être égalitaire. L’égalité ne peut se trouver que du côté de la liberté, du libre-échange intégral. Aussi les promesses des néo-protectionnistes sont-elles un mirage, qu’il se charge de dissiper.  

L’impôt doit-il redresser les torts de la liberté ?

Le 5 juillet 1884, la Société d’économie politique avait ouvert une discussion sur la question : « L’impôt doit-il redresser les torts de la liberté? » Pour Ernest Martineau, disciple de Bastiat et adepte d’un libéralisme radical et optimiste, la question elle-même est une aberration, comme il s’en explique dans les colonnes du Journal des économistes. La liberté ne fait pas de torts : elle est la justice, le droit ; ses effets n’ont donc pas à être « redressés ».

Qu’est-ce que la richesse ?

Dans cet article paru en novembre 1882 dans le Journal des économistes, Ernest Martineau réfute les positions de l’auteur d’une étude précédente, qui identifiait la valeur avec la richesse. Martineau explique donc, suivant notamment Bastiat, la vraie nature de la valeur et de la richesse, en détaillant particulièrement les effets de la production gratuite d’utilité faite par les ressources et les forces de la nature.

Le droit de propriété et les propriétaires fonciers 

Dans cet article de 1892, Ernest Martineau, le « Bastiatiste convaincu et documenté » (dixit Jules Fleury à la Société d’économie politique, en juillet 1901) signale l’absurdité de la démarche des grands propriétaires fonciers, qui, en poussant à l’augmentation des tarifs protecteurs, sapent le principe même de la propriété et fournissent des armes au camp socialiste, dont par ailleurs ils sont épouvantés. Les grands propriétaires fonciers, dit-il, sont dupes des promesses des partisans du protectionnisme, et la fortune qu’ils croient se fabriquer sur le dos des consommateurs n’est en vérité qu’un mirage, un pis-aller, en comparaison de la prospérité véritable qu’amènerait pour tous le libre-échange intégral.

République et liberté. Lettre au rédacteur

En 1871, le jeune Ernest Martineau apparaît sur la scène journalistique avec des convictions solides, en droite ligne de celles de Frédéric Bastiat, qu’il reconnaîtra bientôt comme son maître. Au milieu des agitations politiques et des controverses, dit-il, la juste compréhension des notions cardinales de la modernité, que sont la liberté et la propriété, doit servir de guide aux républicains, qui veulent fonder le régime de la France à venir. Cet effort d’analyse permettra de rejeter l’héritage embarrassant de l’Antiquité et de ses émules comme Rousseau, et de fonder une société véritablement fondée sur la liberté et la justice.

Du mandat du législateur et de ses limites

La théorie de la souveraineté du peuple, issue de Jean-Jacques Rousseau, n’offre pas satisfaction, au point de vue de la défense des libertés humaines, explique ici Ernest Martineau, en bon disciple de Bastiat. Si un homme n’a pas le droit de violer la liberté d’un autre, une collection d’individus ou l’État en tant qu’être abstrait, n’a pas davantage ce droit. Par conséquent, le mandat du législateur doit naturellement se borner à des limites très étroites, celles de la protection de la liberté humaine et de ses effets.

La protection du mouton national

Dans ce court article publié en 1890, Ernest Martineau prouve que ce n’est pas sans fruit qu’il a pâli sur les ouvrages de Frédéric Bastiat. Avec vivacité et à-propos, il s’élève malicieusement le défenseur du mouton national — ce mouton, ce n’est autre que le bon consommateur que l’on spolie, que l’on pille, et sur le dos duquel les gros industriels et grands propriétaires s’enrichissent à l’abri des protections douanières. « Va, pauvre bête », dit-il alors, « nous qui savons tes maux et qui y compatissons, qui avons vu combien tu as été tondu dans le passé et qui voyons comme on s’apprête à te tondre de nouveau de plus en plus, jusqu’à t’écorcher, si tu souffres en silence, nous crierons pour toi. »

Liberté et socialisme. Réponse à M. Jaurès

En 1899, Ernest Martineau, en fidèle disciple de Frédéric Bastiat, poursuit son combat contre le socialisme à travers les nouvelles formes qu’il revêt et dans la personne de ses nouveaux défenseurs. Face à Jean Jaurès, qui a poussé l’audace et l’indignité jusqu’à clamer que le socialisme représentait l’accomplissement de la liberté humaine, il rétablit le vrai sens des mots et la portée réelle des doctrines en présence. Le socialisme, quel qu’en soit les formes, aboutit en droite ligne au collectivisme et à l’effacement de la liberté humaine : à ce titre, les revendications de Jaurès ne sont qu’une plate hypocrisie.

Rapport sur les projets d’impôts progressifs sur les successions et sur le revenu

En 1897, le socialisme, poussé par le suffrage universel, est à la mode, et divers projets pour établir la progressivité de l’impôt sont proposés à l’Assemblée. Devant la Société de géographie de Rochefort-sur-Mer, Ernest Martineau développe, en bon disciple de Bastiat, les raisons qui doivent d’après lui faire repousser cette fiscalité attentatoire. Loin de renverser les fortunes, dit-il, l’État doit les garantir ; loin d’attaquer la propriété, il doit la sanctifier ; et cela dans l’intérêt premier des plus pauvres, dont la condition ne serait guère meilleure, si le capital s’en allait, si les producteurs quittaient l’arène, et si la société tout à coup ralentissait sa marche. 

L’Institut agricole international et son utilité

La proposition d’un Institut agricole international, émise par le jeune roi d’Italie en 1905, est l’occasion pour Ernest Martineau de donner une marque de son enthousiasme libéral. À se connaître et à communiquer leurs observations, les délégués des différents peuples du monde ne pourront manquer de remarquer les défauts du mal protectionniste et les avantages combinés de la liberté du commerce et de la division du travail. Si lentement que la civilisation ait l’habitude de mener sa marche, son sens progressif est indéniable, inévitable, et les doctrines de paix et de liberté, héritée des plus grands, et portées par Bastiat, doivent nécessairement l’emporter.

Une défense du libéralisme dans la presse locale

En 1883, socialisme et protectionnisme sont en croissance en France, et un nombre de plus en plus réduit d’authentiques libéraux soutiennent encore un combat que bientôt ils vont perdre. Dans la presse locale, un disciple fervent de Frédéric Bastiat, Ernest Martineau, participe à la défense du libéralisme, notamment en rappelant de manière incessante les mérites du libre-échange et l’injustice du protectionnisme.

Un discours de M. Bright

En 1883, John Bright, l’ancien compagnon d’armes de Richard Cobden au sein de l’Anti-corn-law-league, cette association victorieuse qui inaugura une ère de libre-échange en Angleterre, revient dans un discours sur les accomplissements du passé et les fruits qu’ils ont portés. Ce discours est aussi pour son traducteur, Ernest Martineau, l’occasion d’insister sur les bienfaits de cette politique du libre-échange intégral et radical, qu’il promeut lui-même en France, quarante ans après ses maîtres intellectuels.

Le libre-échange intégral, sur le modèle de la Ligue de Cobden

Dans ses contributions régulières dans le journal d’audience local, le Mémorial des Deux-Sèvres, Ernest Martineau, un disciple fidèle de Frédéric Bastiat, cherche en 1882 à populariser les idées du libre-échange et à lutter contre les sophismes du protectionnisme, alors dominant. Il se réfère souvent à l’exemple de l’Anti-corn-law-league de Richard Cobden, qui fut en son temps un modèle et une inspiration pour son propre maître à penser, Frédéric Bastiat.