Lionel Robbins, Essai sur la nature et la signification de la science économique

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Robbins sur la méthode en science économique

« Lionel Robbins (1898-1984). Économiste anglais de la London School of Economics, il a mené des travaux dans les domaines de la critique épistémologique et de la méthodologie économique. Dans son essai paru en 1932 sur la nature et la signification de la science économique, Lionel Robbins tente de séparer clairement l’économie et la politique en affirmant notamment que les comparaisons interpersonnelles des utilités sont définitivement a-scientifiques. Son œuvre restera comme un tournant majeur des débats méthodologiques des années trente jusqu’à aujourd’hui, grâce à sa fameuse définition de la science économique comme science étudiant le comportement humain, celui-ci étant réduit, chez Lionel Robbins, à l’usage alternatif de ressources rares afin d’atteindre des fins ordonnées. »

Extrait de Christophe Bormans, L’Indispensable de la pensée économique

« Il nous est aujourd’hui possible de soutenir que l’objet de notre science est l’action humaine sans crainte d’éveiller par là plus de protestations que n’en rencontre toute doctrine scientifique, la cause en est dans les recherches de plusieurs générations scientifiques. Des travaux aussi différents que ceux de Cairnes, de Bagehot, de Carl Menger, de Max Weber et de Robbins ont du moins ceci de commun qu’ils révèlent tous cette même tendance. »

Extrait de Ludwig von Mises, Les Problèmes fondamentaux de l’économie politique

« Dans Nature et essence de l’économie théorique, Schumpeter a reformulé d’une manière raffinée et essentiellement verbale la théorie de l’équilibre général. Il a remédié à certaines insuffisances de Walras et de Wieser, par exemple, en considérant le fait que tous les quantités de biens sont détenues, et il s’est rapproché d’une présentation de la science économique comme la science des choix humains quand il soutenait que la nature de l’action économique était l’échange. Ludwig von Mises, Richard von Strigl et Lionel Robbins développeraient cette idée en soutenant que le phénomène économique fondamental était la loi de préférence d’un bien sur un autre bien, et que pratiquement toutes les lois économiques sont d’une manière ou d’une autre reliées à ce phénomène. »

Extrait de Guido Hülsmann, Mises, The Last Knight of Liberalism

Robbins, la London School of Economics et les économistes autrichiens

« Comme la plupart des jeunes intellectuels de son temps, Robbins était un socialiste. Nourri par les lectures scolaires de Shaw, Wells et Ruskin, il était devenu membre de la Ligue nationale des guildes après la Première Guerre mondiale, et participait à la « Campagne du Labour pour la nationalisation du commerce de la boisson ». Mais ces expériences dans le mouvement travailliste du vrai monde ont désabusé le jeune idéaliste qu’il était. Il a commencé à lire les économistes libéraux classiques et a étudié l’économie à la LSE de 1920 à 1923.

Robbins lisait alors les grands économistes contemporains d’Amérique ou du Continent et était donc familier avec les ouvrages de Gustav Cassel, Irving Fisher et Frank A. Fetter. Plus tard, il se tourne vers les Autrichiens, et il a probablement lu Socialisme en allemand original après sa publication en 1922. Il s’est souvenu plus tard que le livre avait eu un impact décisif sur lui et avait consolidé son éloignement de ses anciens idéaux socialistes.

Le congrès de 1926 de la Chambre international de commerce a eu lieu aux États-Unis, et Mises a traversé l’Atlantique pour la première fois. Il est parti de Londres, où il avait rencontré Cannan et Robbins à un moment critique de l’histoire du département d’économie de la LSE. Lionel Robbins était retourné d’Oxford à la LSE l’automne précédent, et son intérêt continu pour l’économie autrichienne et l’ouvrage de Mises en particulier devenait très important dans les années à venir.

La carrière de Robbins avait été d’une ascension fulgurante. Après un séjour de deux ans à Oxford, il était devenu président du département d’économie de la LSE en 1929, après la mort inattendue d’Allyn Young. Robbins rassemblait alors autour de lui un groupe d’étudiants brillants qui allaient devenir des stars de la science économique du XXe siècle : Ronald Coase, William Hutt, John Hicks, Nicholas Kaldor, Abba Lerner, Tibor de Scitovsky, George Shackle, Ludwig Lachmann, Paul Sweezy et Ursula Webb (mariée avec Hicks). Ils étaient exposés aux idées de Mises comme aucun autre groupe en dehors de Vienne.

Une opportunité inattendue surgit quand Hayek vint visiter le département à la fin janvier et au début février 1931 pour élaborer la théorie du capital de Böhm-Bawerk. C’était la première rencontre entre Hayek et Robbins, qui l’avait seulement connu à travers ses écrits. Robbins avait en particulier aimé la critique de Hayek des doctrines des économistes américains William Trufant Foster et Waddill Catchings, deux champions très influents de la notion que l’épargne excessive pourrait empêcher la croissance économique. Des points de vue similaires occupaient également une place importante au Royaume-Uni et en particulier à Cambridge, où – ainsi que nous le savons maintenant – Keynes allait même jusqu’à faire des plans pour euthanasier les classes rentières. Ainsi Robbins a invité le jeune autrichien talentueux à joindre la cause en Angleterre.

Hayek a livré quatre conférences à une audience composée de professeurs et d’étudiants. Elles ont rencontré un succès mitigé. Les professeurs aînés, dont la plupart ne connaissait pas grand-chose à l’économie autrichienne, trouvèrent la grande taille de Hayek bien plus impressionnante que ses arguments. Mais les membres plus jeunes de l’audience plus jeune étaient stupéfaits. Robbins avait préparé ses étudiants à recevoir une révélation de l’épicentre de la recherche théorique. Et sous l’effet de tels conseils passionnés, ils ont en effet senti que les conférences de Hayek étaient un grand succès. L’un d’eux, qui allait devenir un lauréat du prix Nobel, a écrit à leur propos de manière rétrospective : « Elles étaient sans doute la plus réussie de toutes les séries de conférences publiques données à la LSE durant mon séjour là-bas. […] L’audience, nonobstant les difficultés à comprendre Hayek, était captivée. Ce qui était dit nous semblait d’une grande importante et nous avait fait voir des choses dont nous n’avions pas conscience auparavant. Après avoir suivi ces conférences, nous savions pourquoi il y avait la dépression. La plupart des étudiants d’économie de la LSE et beaucoup de membres du staff sont devenus hayékiens ou, de toute façon, ont incorporé des éléments de l’approche de Hayek dans leur propre façon de penser. »

Robbins lui-même a décrit plus tard les conférences de Hayek comme « une sensation » qui était « à la fois difficile et excitante ». Il a immédiatement préparé leurs publications et a commencé à faire pression pour que Hayek obtienne un poste à la LSE. Hayek, probablement à la demande de Robbins, a écrit une critique du Traité sur la monnaie de Keynes et a envoyé le manuscrit à Robbins, qui était l’éditeur du journal Economica de la LSE. Le livre de l’économiste de Cambridge avait juste paru en décembre 1930, et la critique de Hayek de celui-ci était éclatante et dévastatrice. Robbins persuade alors la directeur de la LSE William Beveridge de lui faire une offre. Hayek est devenu le professeur Tooke de l’économie politique. Ses conférences étaient publiées sous le titre Prix et production et sa critique du livre de Keynes est apparue dans Economica.

Robbins s’est plus tard distancié très clairement des idées qu’il avait chéries dans le début des années 1930. Il a dit dans son autobiographie qu’il désirait n’avoir jamais écrit son livre La Grande dépression (1934). La planification économique et l’ordre international (1937), le livre dans lequel il a publié ses conférences de Genève, devait être sa dernière œuvre « autrichienne ». Dans La base économique du conflit de classes (1939), Robbins a commencé à avoir des doutes à propos des « ressources inexploitées » dont la présence, selon lui, minait l’applicabilité de la théorie autrichienne du cycle des affaires. À partir de là, l’influence autrichienne sur la pensée de Robbins s’affaiblissait de plus en plus. Bien qu’il soit resté en très bons termes sur le plan personnel avec Mises, ils n’étaient plus désormais les camarades intellectuels d’antan. »

Extraits de Guido Hülsmann, Mises, Le dernier chevalier du libéralisme


Table des matières :

Chapitre 1 : L’objet de l’économie politique

1. Introduction
2. La définition« matérialiste» de l’Économie
3. L’Économie définie selon le critère de la rareté
4. L’Économie et l’Économie d’échange
5. Comparaison des définitions « matérialiste » et « rareté »

Chapitre 2 : Fins et moyens

1. Introduction
2. L’Économie et les fins
3. L’Économie et l’Esthétique
4. L’Économie et la Technologie
5. La Théorie économique et l’Histoire économique
6. L’Interprétation matérialiste de l’Histoire

Chapitre 3 : La relativité des « quantités » économiques

1. Le sens de la rareté
2. Le concept d’un bien économique
3. Le « Mythe du concret mal placé »
4. Le sens des Statistiques économiques
5. La signification des séries de temps
6. « Production – Distribution » contre la théorie de l’ « Équilibre »

Chapitre 4 : La nature des généralisations économiques

1. Introduction
2. Les fondements de l’Analyse économique
3. La Loi économique et le relativisme historique
4. Économie et Psychologie
5. L’hypothèse d’une conduite rationnelle
6. Le Mythe de l’Homo oeconomicus
7. Statistique et Dynamique.

Chapitre 5 : Les généralisations économiques et la réalité

1. L’Économie en tant que Science.
2. « Lois» statistiques de l’offre et de la demande
3. « L’Économie quantitative » des Institutionnalistes
4. La Fonction des études empiriques
5. L’inévitabilité de la Loi économique
6. Les limitations de la Loi économique
7. La possibilité d’une Théorie du Développement économique

Chapitre 6 : La signification de la science économique

1. Introduction
2. La Loi de l’utilité marginale décroissante.
3. La neutralité de la Théorie de l’équilibre
4. Économie et Éthique
5. La Signification de la Science économique

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