Les préjugés du roi Midas au sujet de l’or et de l’argent

Ernest Martineau, Les préjugés du roi Midas au sujet de l’or et de l’argent. Conférence du 15 juin 1896. (Bulletin de la Société de géographie de Rochefort, 1896.)


Les préjugés du roi Midas au sujet de l’or et de l’argent.

Conférence de M. Martineau, le 15 juin 1896.

 

On a disserté autrefois et on disserte aujourd’hui, avec plus d’ardeur que jamais, sur l’or et l’argent, sur leur rôle au point de vue monétaire ; l’attention des législateurs et des hommes d’État, non seulement en Europe, mais dans les autres parties du monde civilisé, est tournée actuellement vers la grave question du mono ou du bimétallisme, et l’élection du président des États-Unis, au mois de novembre prochain, se fera sur la question monétaire, sur la question du maintien du monométallisme-or ou de son remplacement par l’argent, réclamé par les Silvermen, les possesseurs de mines d’argent.

C’est, il faut le reconnaître, un phénomène étrangement regrettable que de constater les discussions qui règnent encore de nos jours sur un tel sujet, et que tant d’obscurité environne la question de l’or et de l’argent, de ce numéraire que nous employons tous, pauvres ou riches, et cela presque chaque jour. 

De tous les préjugés répandus sur ce sujet, le plus dangereux sans contredit, celui qui a causé le plus de maux à l’humanité, c’est le préjugé, toujours persistant et vivace, qui, partant de cette idée que la richesse consiste exclusivement dans la monnaie, l’or et l’argent, confond la monnaie, le numéraire avec la richesse.

Cependant il y a, tant dans l’histoire que dans la légende antique, des exemples bien frappants du danger de cette confusion.

On connaît la légende fameuse du roi de Phrygie, Midas : que, grâce à l’amitié du dieu Bacchus, il obtint la faveur de changer en or tout ce qu’il toucherait.

Privilège précieux, puisqu’il devait ainsi lui procurer la suprême richesse, l’or ; privilège fatal, car, tout ce qu’il touchait se transformant en or, l’infortuné monarque était exposé à manger et à boire littéralement… de l’or.

Ainsi, le roi Midas, dupe du préjugé vulgaire, était destiné à mourir dans les tortures de la faim, et il dut demander au dieu de lui retirer le funeste présent que son ignorance et son imprévoyance avait réclamé.

Le dieu lui conseilla, à cet effet, de se plonger dans le Pactole, ce qu’il s’empressa de faire, et depuis ce bain mémorable, le Pactole roule dans son lit des paillettes d’or.

Cette légende est sans doute l’œuvre d’un économiste ignoré de l’antiquité, qui a voulu ainsi détruire ce préjugé, cette confusion de l’or avec la richesse, en en montrant les graves dangers.

Et, en effet, il suffit d’un instant de réflexion pour dégager de ce mythe une leçon salutaire d’économie politique.

Supposons un élève de quinze ans, d’une intelligence moyenne, chargé de faire une dissertation sur cette légende et de résoudre la question de savoir si l’or est la richesse exclusive des nations.

Quelle sera sa conclusion ?

« L’or, dira-t-il, n’est pas une chimère, c’est une réalité palpable ; mais il ne forme pas, comme on le croit, la richesse exclusive d’un homme ou d’un peuple, puisque le roi Midas, transformant en or tout ce qu’il touchait, était exposé à mourir de faim sur des tas d’or et à perdre ainsi le bien le plus précieux : la vie. »

Partant de là et observant les faits qui se passent dans le monde économique, notre élève apercevra la division du travail, et que, tel étant boulanger, tel autre maçon, boucher ou menuisier, etc., les hommes travaillent les uns pour les autres. De la division du travail résulte nécessairement l’échange des produits, des services entre les hommes.

Dès lors, rien de plus aisé que de comprendre le rôle économique, la fonction véritable de l’or et de l’argent au point de vue monétaire.

Les difficultés qu’entraîne l’échange direct, le troc pour le troc des produits et des services, a conduit les hommes à rechercher les moyens de rendre leurs échanges plus faciles, et les métaux précieux, notamment l’or et l’argent, ont été choisis de préférence par les peuples civilisés pour servir d’intermédiaires à l’effet de faciliter les échanges ; grâce à l’introduction de la monnaie, chaque producteur livre ses produits sans s’inquiéter de la question de savoir aux besoins de quel individu ils donneront satisfaction, et ces produits peuvent circuler sans difficulté, en ce sens qu’en échange, le producteur a reçu de la monnaie d’or ou d’argent, valeur intermédiaire universellement reconnue et acceptée par tous.

La conclusion finale est donc celle-ci : la monnaie d’or et d’argent est une richesse, une valeur ; mais, loin d’être toute la richesse, elle n’en est qu’une portion, une fraction minime ; son rôle véritable est de faciliter l’échange des produits, des services, qui sont de nature à satisfaire les besoins et les désirs. La vraie richesse consiste ainsi dans l’abondance des produits, des choses utiles, des moyens de satisfaction.

Telle est la leçon importante qui se dégage de cette légende si connue, de ce mythe célèbre du roi Midas.

Un autre exemple, non moins frappant, des dangers du préjugé vulgaire au sujet de l’or et de l’argent, tiré de l’histoire de l’Espagne du XVIe siècle, de l’Espagne de Charles-Quint et de Philippe II :

À cette époque, ce fatal préjugé qui confond l’or avec la richesse, était des plus répandus : c’est ainsi que lors de la prestation de serment de Charles-Quint devant les Cortès, le nouveau roi d’Espagne s’engageait solennellement à ne pas laisser exporter du royaume l’or ni l’argent. Il était aisé de voir quelles étaient les illusions du monarque et des législateurs des Cortès. Prenant l’or et l’argent pour la richesse par excellence, ils entendaient se réserver le monopole des produits des mines d’or et d’argent du Nouveau Monde, du Mexique et du Pérou : ainsi ils seraient infiniment riches.

Telles étaient les illusions du peuple et du monarque : la réalité, c’est que, grâce à ce préjugé, les arts utiles, l’agriculture, l’industrie, le commerce, furent négligés ; d’autre part, l’abondance de l’or et de l’argent en amena la rapide dépréciation, la monnaie perdit les 9/10e de sa valeur ; d’où une hausse effroyable du prix des produits de toute sorte.

À la fin du XVIe siècle, en l’an 1594, les Cortès, signalant au roi la misère du royaume, dont ces législateurs ignorants ne comprenaient pas d’ailleurs la cause véritable, s’écriaient que la nation était épuisée — « regno consumido y abatado del toto. »

L’Espagne succombait, comme l’écrivait un historien, à une véritable apoplexie d’or et d’argent.

Est-il besoin d’insister, en signalant d’autres exemples, pour mettre davantage en lumière les dangers d’un tel préjugé ?

Non seulement cette confusion de la monnaie avec la richesse est de nature à ruiner un homme ou un peuple, à les faire périr de faim sur des tas d’or, mais elle est la source d’autres préjugés non moins redoutables, non moins funestes aux nations.

Si la monnaie est la richesse, il s’ensuit fatalement que ce que l’un gagne l’autre le perd, qu’un peuple ou un homme ne peut s’enrichir qu’aux dépens des autres, et de là cet axiome de Bacon et de Montaigne : « Le profit de l’un est le dommage de l’autre. »

En effet, la quantité d’or et d’argent existant à un moment donné dans le monde étant une quantité limitée, il en résulte que dans les pays qui n’ont pas de mines, il n’y a qu’un moyen d’augmenter la richesse du peuple, c’est de soutirer l’or et l’argent des autres, de les leur ravir par la force ou par la ruse.

Voltaire, dans le conte célèbre de l’Homme aux quarante écus, dupe de ce préjugé si répandu, ne manque pas de placer dans la bouche de l’un de ses personnages ces paroles :

« Pour enrichir un peuple, il faut attraper de l’étranger des millions de plus au moyen du commerce ; ainsi ce sera de l’argent à répartir sur chaque tête ; sans commerce à l’étranger, il n’y aura pas un écu de plus dans le royaume ; partant, le pays ne pourra pas augmenter sa richesse. Les hommes ne pourront ainsi avoir de l’argent, de la richesse, sans que d’autres en perdent : c’est la loi de toutes les nations, on ne respire qu’à ce prix. »

Voilà la loi de toutes les nations, la loi prétendue qui régit les rapports des peuples au point de vue économique, ainsi proclamée par Voltaire lui-même. C’est l’antagonisme des intérêts, le conflit à l’état permanent, chaque peuple faisant un effort pour attraper l’argent des autres, c’est-à-dire, dans ce système, pour les appauvrir et les ruiner ; efforts qui, entre nations d’égale puissance, se neutralisent, mais, au cas de forces inégales, aboutissent à la guerre et à l’écrasement du plus faible.

Telles sont les conséquences nécessaires de ce faux principe : la monnaie est la richesse ; d’où il suit que, ce principe étant faux, c’est pour leur malheur et leur ruine que les nations se font la guerre lorsqu’elles luttent pour conquérir des débouchés ; elles ne versent le sang de leurs soldats, elles ne gaspillent leurs trésors de guerre que pour aboutir à leur appauvrissement et à leur ruine commune.

C’est encore une conséquence de ce faux principe que la haine au capital et le système de gratuité du crédit que les apôtres du socialisme propagent dans leurs discours et leurs écrits.

Le capital d’une nation étant confondu avec le numéraire, l’or et l’argent, il est aisé de tourner contre l’intérêt du capital les préventions et l’hostilité des masses.

« Prends une pièce de cent sous, mets-la sous verre et regarde au bout d’un an, disent au peuple les théoriciens du socialisme, tu verras qu’elle n’a pas fait de petits. L’argent ne produit donc pas d’intérêts ; donc, ajoutent-ils, le capital ne produit pas d’intérêts, il faut s’empresser d’anéantir cette fiction de la production du capital. »

Telles sont les doctrines que les socialistes de 1848, Proudhon entre autres, répandaient au sein des masses ouvrières, et Proudhon avait ainsi prêché sa fameuse théorie de la Banque d’échange et du Crédit gratuit.

Pour faire justice de ces préjugés, de ces faux systèmes, il faut commencer par ruiner dans les esprits ce préjugé premier, qui est la source de tous les autres : la confusion du numéraire avec la richesse, avec le capital.

Le numéraire, ne nous lassons pas de le dire et de le répéter, n’est pas toute la richesse ; il est l’instrument destiné à faciliter la circulation des richesses, des capitaux. Ainsi, lorsqu’un producteur quelconque, agriculteur ou commerçant, emprunte 10 000 fr., par exemple, ce n’est pas 10 000 fr. qu’il emprunte en réalité, c’est le matériel agricole ou le fonds de commerce qu’il achète avec le numéraire, et ce matériel agricole, ce fonds de commerce, sont des éléments productifs, produit d’un travail ancien qui doit être rémunéré et qui se rémunère par l’intérêt : l’intérêt, c’est le prix du service rendu par le prêteur à l’emprunteur.

Ainsi apparaît l’absurdité de ces systèmes de gratuité du crédit et de négation de l’intérêt, enfantés par l’ignorance et entretenus par les préjugés.

Les théories relatives au papier-monnaie sont la conséquence de cette même erreur fondamentale : la confusion du numéraire avec la richesse.

Le système fameux de Law, sous la Régence, les assignats de la première Révolution, sont autant de fruits de cet arbre empoisonné de l’erreur et du préjugé économique.

Law est représenté par les historiens comme un aventurier de génie, ardent, actif, désintéressé. Écossais d’origine, il voyagea en Angleterre et en Hollande, observa les phénomènes relatifs aux banques, l’intervention des papiers de commerce et de banque dans les échanges, et s’arrêta à cette idée que l’abondance de la monnaie est le principe de la prospérité du commerce, et que la monnaie de papier est supérieure à l’or et à l’argent, parce que, n’ayant pas de valeur, elle est plus aisée à obtenir.

« Law, dit notre grand historien Michelet, avait sa foi : il croyait que la richesse peut être une création de la foi, et il découvrit son merveilleux système qui changeait en or tout papier, qui divinisait son papier et en tirait l’or, ce Dieu du monde. »

Le régent fit bon accueil à l’aventurier écossais, qui lui promettait de rétablir l’équilibre dans les finances et d’universaliser la richesse en répandant à flots le papier-monnaie.

Law créa du papier qui, au début, fut gagé sur les richesses futures du Mississippi.

Le système eut un moment de succès prodigieux : les actions de la banque montèrent de 500 fr. à 20 000 fr. La rue Quincampoix fut le théâtre d’un agiotage effréné : le papier faisait prime sur l’or, et chacun se défaisait du vil métal pour prendre du papier ; dans la rue Quincampoix, on vit un créancier tirer l’épée contre son débiteur, qui voulait le payer en or.

Law put croire un instant que le succès couronnerait son œuvre, et que la richesse était véritablement une création de la foi.

Illusion pure : la nature des choses ne devait pas tarder à reprendre son empire ; on s’aperçut bientôt que les richesses du Mississippi, gage du papier, n’existaient qu’en imagination ; dès lors, les billets cessèrent de faire prime, la foi dans le papier alla diminuant ; la baisse une fois commencée augmenta rapidement, et finalement le système tomba, amenant une effroyable catastrophe, la ruine de plus d’un million de familles.

Law, disgracié, chargé de malédictions, faillit être lapidé et dut s’enfuir en Belgique.

Tel était cependant l’engouement persistant pour son système, que derrière la chaise de poste qui l’emmenait, une autre chaise de poste suivait, cherchant à rejoindre le fugitif, dans laquelle était un envoyé du tsar russe chargé d’offrir à Law d’aller appliquer son système en Russie.

L’histoire des assignats de la Révolution de 1789 nous fournit un autre exemple des effets du papier-monnaie. Les législateurs de la Constituante, qui, pour parer aux embarras financiers, eurent recours à cet expédient sans avoir des idées bien nettes en matière financière, comprenaient instinctivement que le papier n’avait par lui-même aucune valeur et que pour le faire accepter du public il fallait lui donner une garantie sérieuse en valeurs réelles. De là la création de quatre cents millions d’assignats, hypothéqués sur les biens nationaux. Mais, au fur et à mesure des besoins, les règles de la prudence furent mises en oubli et bientôt le nombre des assignats dépassa de beaucoup la valeur des biens qui en formaient le gage. Dès lors, la chute des assignats était marquée d’avance, comme celle du système de Law et pour les mêmes causes.

En l’année 1796, les assignats, après une baisse progressive, arrivèrent à une chute complète : à cette date, il y en avait en circulation pour quarante-cinq milliards !

De là, comme à la chute de la banque de Law, des catastrophes, des ruines sans nombre, et les victimes du papier-monnaie furent principalement les ignorants, les simples, étrangers au mouvement des affaires, et qui, tout entiers à leurs travaux, ne pouvaient apercevoir la baisse progressive du papier, des assignats, dont le cours forcé avait été décrété.

L’histoire prouve ainsi, par la plus saisissante des démonstrations, qu’on ne viole pas impunément les principes d’une saine économie financière.

Ces principes, quels sont-ils, et en quoi consiste la véritable richesse ?

Law, en s’imaginant que c’est la quantité de numéraire en circulation qui fait la prospérité du commerce, s’était lamentablement trompé. Les richesses circulent parce qu’elles sont utiles et le numéraire n’est que l’instrument qui facilite cette circulation. 

Lorsqu’un homme a entre les mains une pièce de monnaie, par exemple 5 fr., cette pièce signifie que cet homme, par lui ou par ses auteurs, a rendu à la société un service estimé 5 fr., et n’en a pas reçu encore, en échange, un service équivalent. La pièce de 5 fr., entre ses mains, est une valeur intermédiaire, qui lui permettra de réclamer où et quand il voudra, ce service équivalent qui achèvera l’échange et fera que la société sera quitte envers lui. La société, en s’acquittant vis-à-vis de lui, deviendra débitrice de celui qui lui rendra le service et qui, pour prouver sa créance, recevra à sa place la pièce de 5 fr. et sera ainsi substitué à ses droits.

Dès lors, c’est une puérilité de croire qu’en multipliant le numéraire, l’or et l’argent, on multipliera les richesses véritables, effectives, lesquelles consistent en maisons, étoffes, vins, blé, viande, livres, etc. En effet, il est impossible que la société puisse rendre plus de services qu’elle n’en a reçus, et la multiplication de l’instrument des échanges ne peut avoir d’autre résultat que d’en déprécier la valeur et de faire, par suite, hausser le prix des produits ; si par exemple vous doublez, à un moment donné, la quantité du numéraire, de l’or et de l’argent, le résultat sera celui-ci : chaque produit, chaque service doublera de prix et au lieu de 5 fr. vaudra 10 fr.

Rappelons, à cet égard, un exemple célèbre, l’exemple classique des jetons sous le chandelier.

Dix joueurs, au commencement de la partie, ayant placé chacun 10 fr. sous le chandelier et pris dix jetons figurant chacun 1 fr., s’imaginèrent qu’en doublant la quantité des jetons ils en seraient deux fois plus riches ; donc, de 100 le nombre des jetons fut porté à 200 ; mais, ô mystification ! lorsque le chandelier fut levé, il se trouva que le nombre des pièces d’argent était resté le même, en sorte que, pour une pièce de 1 franc, il fallut, au lieu d’un jeton, en donner deux.

Ainsi, en doublant le nombre des pièces d’or et d’argent, du numéraire, vous n’augmenterez pas le nombre des choses utiles, des richesses effectives, et le résultat inévitable sera la hausse des prix, et ce qui valait hier 1 franc en vaudra 2.

L’histoire des systèmes de Law, des assignats, de même que l’histoire de l’Espagne du XVIe siècle, en fournit la preuve éclatante, indiscutable.

Ainsi s’évanouissent, à la lumière des faits et des exemples tirés de l’histoire, ces préjugés décevants, dangereux, de la confusion de la richesse avec le numéraire, avec l’or et l’argent, d’où sortent, comme une lignée monstrueuse, ces faux systèmes du crédit gratuit, de la haine au capital, de l’antagonisme des intérêts des peuples, résumés dans la maxime fameuse de Montaigne : « Le profit de l’un est le dommage de l’autre. »

Dans l’univers social comme dans l’univers physique, il importe de ne pas confondre les apparences avec les réalités : la division du travail, ce phénomène qui crève les yeux et que notre légèreté nous empêche de remarquer, divise les hommes en producteurs et en consommateurs, et amène à sa suite la nécessité de l’échange des services ; d’où cette conséquence que le numéraire, l’or et l’argent, n’est qu’un instrument, un moyen destiné à faciliter l’échange des produits, qui sont les véritables richesses ; qu’en outre, pour apprécier les phénomènes économiques, il faut reconstituer la synthèse et envisager les effets de ces phénomènes, tant au point de vue des consommateurs que des producteurs.

Envisagés ainsi dans leur ensemble, comme il convient de faire, loin de provoquer l’antagonisme, nous trouverons, au contraire, que les faits de l’ordre économique tendent à l’harmonie, en ce sens que, au contraire de la fausse maxime de Montaigne, le profit de l’un est non le dommage, mais le profit de l’autre.

L’abondance des richesses, au sein d’un peuple, au lieu de nuire aux autres, leur est, au contraire, avantageuse, et ainsi l’économie politique s’accorde avec la morale, et les sentiments de haine, d’envie, ne sont pas seulement des sentiments bas et pervers, mais ils sont en même temps funestes à ceux qui les nourrissent vis-à-vis des autres.

Et de cette harmonie des intérêts des hommes et des peuples, substituée à l’idée d’antagonisme engendrée par les préjugés monétaires, par la confusion du numéraire avec la richesse, se dégage cette conclusion que la liberté et la propriété individuelle, en développant le plus possible les richesses des nations, sont les institutions les plus favorables à l’intérêt général

Ainsi s’évanouissent ces chimères du socialisme, du collectivisme, fruits des préjugés économiques, des erreurs du roi Midas et de ses modernes disciples.

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