Mémoires de Dupont de Nemours — Chapitre 3

Mémoires de Dupont de Nemours

CHAPITRE III

Mon père, ma mère et ma première enfance.

Mon père, Samuel du Pont, né à Rouen en 1710, était un très bel homme, d’environ cinq pieds et demi[1], les cheveux et les sourcils bruns, les yeux bleus, la peau admirable, le nez et quelque chose de l’air du visage du feu roi Louis XV. Il avait beaucoup de dignité dans tous ses mouvements, dansait assez bien, faisait les armes en perfection et jouait de la flûte traversière passablement. Mon père ne manquait pas d’esprit : il avait même de l’agrément et de la justesse dans l’esprit ; mais il ne l’avait ni profond ni étendu. Il ne savait point maîtriser ses passions. Bon, généreux, sensible, emporté, colère, opiniâtre, d’un courage ardent et d’une probité sévère[2] ; facile néanmoins pour qui savait le prendre, aimait les femmes, les traitait avec beaucoup de délicatesse et avec respect et se laissait volontiers gouverner par elles. Je ne m’explique point, ici du moins, car il faudra bien tout vous dire sur les qualités et les défauts que son fils peut avoir hérités de lui.

Vous avez pu entendre dire, mes enfants, que son éducation n’avait pas été aussi soignée que la vôtre. Bien que son écriture fut très bonne, quelques fautes d’orthographe se trouvent dans ses lettres d’affaire, de famille et d’intérêt que j’ai crû devoir vous conserver ; mais vous y trouverez un sens, un esprit de justice, une loyauté, un désintéressement, une générosité, qui font honneur à sa mémoire et qui vous montreront que la probité sévère et les sentiments nobles ont été héréditaires dans votre famille. Je me tiens pour bien assuré que vous n’en dégénérerez point, et je souhaite qu’il en soit de même de vos enfants et des enfants de vos enfants tant que notre nom pourra subsister[3].

Ma mère, Anne-Alexandrine de Mouchanin, née à Brinon-les-Allemands en 1720, avait de la beauté sans être précisément belle. Ce qui la distinguait particulièrement était la grâce et une bonté qui, sans rien ôter à la noblesse de sa démarche, lui donnait au contraire un charme infini.

Elle était très bien faite. Sa taille élégante passait cinq pieds deux pouces[4], son visage offrait le plus parfait ovale ; ses cheveux étaient de trois couleurs, bruns, châtains et blonds ; son front élevé, ses sourcils bruns, ses cils noirs, ses yeux bleus ; sa bouche de la plus agréable proportion, découvrait de belles dents par un sourire qui n’avait rien d’affecté. La fossette qui ornait son menton a passé jusqu’à vous, et j’aime à croire que vous la transmettrez à vos enfants. Sa peau très blanche se colorait aisément, trop aisément peut-être, d’une rougeur modeste au moindre mot affectueux, d’une teinte plus vive à tout ce qui pouvait choquer la convenance dont son âme délicate avait un sentiment exquis.

Elle montrait une extrême facilité à tout apprendre rapidement et à faire bien ce qu’elle ne venait que d’apprendre. Toutes ses expressions parlées, écrites, étaient à la fois justes, nerveuses et brillantes. Elle joignait une raison vertueuse et profonde au caractère le plus tendre et le plus susceptible d’émotion. Capable d’une héroïque et constante amitié, son cœur très romanesque ne lui permettait pas de regarder aucune entreprise comme au-dessus des forces de son courage et de son esprit ; il ajoutait beaucoup à l’un et à l’autre, et à ce trait vous reconnaissez votre père.

J’aimais tant cette excellente femme que toutes les fois que je me suis senti bien amoureux, j’ai cherché quelques rapports de ressemblance entre elle et la beauté qui m’était devenue chère, dans laquelle je me plaisais à imaginer que c’était encore ma mère que j’aimais. Hélas ! je suis obligé d’avouer à ma honte que la plupart de celles qui m’ont fait cette illusion se sont appliquées ensuite à la détruire et à me démontrer par ma douloureuse expérience que les femmes semblables à ma mère sont bien rares.

Il ne faut pas croire que cette petite merveille qui est devenue votre grand’mère fut sortie dans la perfection de M. et Mme Montchanin, comme Minerve toute armée du cerveau de Jupiter. Elle tenait seulement de la nature le germe de tout cela, et deux dons bien précieux, celui d’aimer qui amène ordinairement celui de plaire.

Le marquis et la marquise de Jaucourt-Épenilles vinrent à Brinon, et, soit qu’il y eut réellement quelque alliance entre eux et les Montchanin, soit qu’ils voulussent seulement récompenser par des procédés honnêtes un serviteur distingué par sa naissance, sa probité, son zèle et son exactitude, ils montrèrent une grande bonté aux enfants du régisseur.

C’était un des avantages de l’esprit chevaleresque et de la vie de château, que cet art de payer des services essentiels avec des mots obligeants et des attentions délicates, monnaie de l’âme que nos anciens seigneurs, quand ils étaient bons, frappaient bien, et que celle de métal ni celle de papier n’égaleront jamais.

La petite Anne-Alexandrine, qui avait déjà perdu sa mère, fut singulièrement touchée des caresses de Mme d’Épenilles. Elle prit cette dame en passion. Elle était si caressante elle-même, si naïve, si jolie, faisant déjà de petites réponses si agréables et si sentimentales ; elle pleurait avec tant de sensibilité, elle riait de si bonne grâce, elle plût tant à Mme d’Épenilles et à Mlle de Jaucourt, sa fille, à peu près du même âge qu’Anne-Alexandrine, qu’on ne pût s’en séparer ; on la mit dans la voiture, on l’emmena à Paris, et Mme d’Épenilles qui élevait ses enfants elle-même voulut bien aussi élever ma mère.

Jamais on ne fut milieux élevé. De là sont sortis le marquis de Jaucourt, grand-père de ceux d’aujourd’hui, homme d’une bonté et d’une loyauté dont on révère encore le souvenir ; le chevalier de Jaucourt[5], qui fut en Hollande étudier la médecine sous Boerhaave[6], préférant les sciences à la vanité, et qui depuis a tant travaillé à l’Encyclopédie ; Mlle de Jaucourt, célèbre par le nerf et le sel de son esprit ; et ma mère à laquelle je dois tout le peu que je vaux. Mme d’Épenilles lui donna une grande instruction, et le goût, le besoin, le talent d’en acquérir une plus grande encore. Elle lui donna l’habitude de juger toutes les actions par le principe moral, de mettre au-dessus de tout l’honnêteté, ensuite la gloire.

Ne soyez pas surpris, mes enfants, si je sais quelques détails de l’éducation de ma mère : c’était en me la contant qu’elle faisait la mienne ; elle satisfaisait à la fois sa reconnaissance et son désir de former mon cœur. Je me souviens qu’à l’âge de quatre ans, quand je voulais être bien heureux, j’approchais ma petite chaise de celle de ma mère et je lui disais : « Maman, causons un peu ce soir de Mme d’Épenilles ». Cette excellente dame a formé deux générations, car je suis aussi son élève.

J’ignore si, comme le disaient mes parents, j’ai l’honneur d’appartenir à MM. de Jaucourt à quelque autre titre que celui de descendant de leurs serviteurs très zélés et très vertueux, mais il me restera toujours pour leur famille un sentiment qui fait que je ne puis entendre nommer un Jaucourt sans qu’une petite larme vienne au bord de mon œil. Je ne saurais avec quelle joie j’ai vu un des plus jeunes d’entre eux montrer le zèle le plus actif et de très grandes lumières dans l’Assemblée provinciale de l’Ile-de-France, et se faire remarquer ensuite dans l’Assemblée nationale législative par son courage, son éloquence, son amour pour  la Constitution que nous avions tous jurée et qui enlevait, à lui et aux siens, tant d’avantages : combien j’ai tremblé quand j’ai su que son patriotisme avait exposé sa vie ; et à quel point, au milieu de mes dangers personnels, mon âme se trouve soulagée en apprenant qu’il a échappé au fer des assassins. [7]

Un des plus grands malheurs qui puisse arriver à une jeune fille est d’être élevée dans une famille plus riche et plus illustre que la sienne, comme enfant de la maison ; d’y contracter les besoins de l’opulence et de l’amour-propre, et d’être ensuite renvoyée, comme cela ne manque presque jamais, au destin qui devait résulter pour elle du véritable état de ses parents. J’en ai vu plusieurs exemples très fâcheux. Les gens riches, dans ce cas-là, croient avoir été bienfaisants : ils se sont seulement procuré pendant quelques années une poupée qui leur a fait plaisir. Mais ils lui ont donné une âme, et l’âme de la poupée est déchirée en cent façons lorsqu’elle a perdu sa petite bonne. J’invite ceux qui voudront élever de jolis enfants pauvres dans leur maison à y songer. Ont-ils l’envie et le pouvoir de les rendre riches ? ils font bien. Veulent-ils les renvoyer à leur pauvreté, ou même à un état médiocre ? ils leur préparent des moments dont l’amertume ne peut être exprimée.

C’est précisément ce qu’éprouva ma mère : elle partit de l’hôtel de Jaucourt fondant en larmes, étouffant de soupirs et de sanglots. Elle avait environ seize ans et son frère Alexandre la prit chez lui.

Ma mère ferma sa porte, mit les verrous, se coucha par terre et, dans sa première douleur, résolut de mourir de faim. Son parti pris, elle rouvrit sa porte, alla et vint pour ne pas donner de soupçons, travailla, chanta et passa cinq jours sans manger, buvant seulement de l’eau sucrée ; car, même dans le désespoir, les molles habitudes de luxe se faisaient encore sentir.

Heureusement pour elle, mon père logeait dans la maison, âgé de vingt-six ans, en plein développement de force, montant les escaliers comme un oiseau, faisant des armes comme le dieu Mars dans sa chambre sur laquelle plongeaient les fenêtres de Mlle de Montchanin. Rien n’est si salutaire, pour une jeune fille qui veut mourir, que la vue perpétuelle d’un beau jeune homme d’une santé parfaite. Ma mère mangea. Elle s’était altérée la poitrine par son long jeûne et par ses larmes ; peut-être sa vie en a-t-elle été abrégée, mais bientôt il n’y parut pas extérieurement.

Mon père aussi avait fait attention à son aimable voisine, mais le dénouement fut un peu retardé.

Un genevois, M. de Galatin, d’une des familles qui se croyaient patriciennes pour avoir presque exclusivement occupé à Genève les places du gouvernement et de plus se sont enrichies tant par le commerce que par les prêts d’argent qu’elles ont faits à la France, à l’Angleterre, à toutes les nations emprunteuses, vit Mlle de Montchanin, l’aima, la demanda et obtint, comme riche, tous les suffrages qui n’étaient pas décisifs. Mon oncle écrivit promptement à mon grand-père et celui-ci eut le sens de répondre : « Je ne donnerai pas de consentement, si ma fille ne me le demande elle-même. »

M. de Galatin avait de l’esprit et de l’éducation. On touchait toujours un peu ma mère par l’esprit ; mais, tout considéré, elle jugea que mon père avait encore plus d’esprit dans les yeux et dans la fierté de tous ses mouvements que M. de Galatin ; la lettre qu’il demandait pour le papa lui fut refusée. M. de Galatin était très amoureux, il se retourne, tire son épée et se la passe au travers du corps. Ma mère jette les hauts cris, mon oncle accourt, M. du Pont accourt, on relève M. de Galatin ; sa blessure ne se trouve point dangereuse, mais mon père fut touché au vif de voir qu’on traitait ainsi ses rivaux, et ses rivaux riches, patriciens ou prétendant l’être à Genève.

Ces grandes aventures mûrissent les romans, comme une serre chaude. Ma mère écrivit à son père, mais ce fut en faveur de M. du Pont ! M. de Montchanin, qui avait l’esprit juste, le caractère ferme, au-dessus des préjugés et des revers, envoya son consentement sans difficulté. Et, dans le vrai, Mlle de Montchanin se croyant noble comme le roi, élevée comme une princesse, fermement persuadée qu’elle était parente des protecteurs qui l’abandonnaient, mais amoureuse et ne possédant rien au monde, faisait un excellent mariage en épousant l’homme qu’elle aimait. [8]

Je suis né à Paris le 14 décembre 1739 et ne suis pas le premier fruit des amours de ma mère. Elle a eu un autre fils qui est mort en nourrice pendant qu’elle était enceinte de moi. Je le regrette, car un frère est un ami et un appui naturel. Vous êtes à portée de savoir, mes enfants, que la fraternité jointe à l’amitié a une extrême douceur ; elle est si grande que nous nous faisons des frères avec nos amis, quand la nature en a refusé dans notre famille.

On m’a dit que mon frère était beau connue un ange. Je suis bien fâché que cela ne soit point passé jusqu’à votre père, mais j’ai tourné vers la figure des Montchanin qui est forte et n’est pas agréable. Excepté les cheveux, que personne ne croirait aujourd’hui que j’ai eu beaux, quelque chose dans les yeux de l’expression de ceux de ma mère, et la peau des deux familles qui a toujours été bien, on n’aurait jamais jugé à me voir que je fusse né d’un très bel homme et d’une très belle femme.

Ce n’est pas entièrement la faute de la nature. L’usage, pour les mères de ville, de nourrir leurs enfants n’était point encore établi ; Rousseau n’avait pas été le bienfaiteur des jeunes armées de la vie humaine. Ma mère, désolée de la perte de son premier enfant, voulait absolument me nourrir. Mon père ne voulut pas qu’elle remplit ce devoir ; avant ma naissance j’ai été la cause de leur première querelle, et malheureusement depuis je l’ai été de bien d’autres. Ma tante, aînée et demi-mère de sa sœur, appuya mon père ; l’amour maternel, non encore développé, céda aux forces combinées de l’amour, de l’amitié, et de ce qu’on appelait la raison. Il fut décidé qu’on prendrait une nourrice dans les faubourgs de Paris afin qu’on pût me voir le plus souvent possible. On cru avoir fait un bon choix : il était si mauvais que le tempérament robuste que j’avais reçu d’un homme de trente ans et d’une femme de vingt, également beaux, forts et sains l’un et l’autre, fut accablé par le régime détestable des premiers mois de mon existence. Ma force naturelle eut peine à me sauver de la mort.

On m’a souvent répété que j’étais né d’une taille et d’une vigueur extraordinaires, et, ce qui est très singulier, que j’avais en naissant des moustaches qui tombèrent au bout de quelques semaines.

Ma nourrice n’était ni bonne, ni soigneuse, ni attachée : elle n’était pas même propre, quoiqu’elle affectât de l’être le jour où mes parents devaient venir. Elle me laissait me consumer de cris, et avec des dispositions irascibles cela avait beaucoup de danger. Elle n’avait point de lait et ne me donnait que de la bouillie, aliment très malsain, que mes pleurs perpétuels m’empêchaient encore plus de digérer. D’indigestion en indigestion, de peine et colère en peine et colère, je tombai dans le marasme ; je devins d’une maigreur affreuse, je me nouai. À six mois, ma mère me rapporta mourant dans ses bras et baigné de ses larmes.

Le médecin, pour lui épargner le spectacle de mes derniers soupirs, conseilla de m’envoyer à la campagne, et l’on me mit à Savigny-sur-Orge chez une mère Quillon.

Je me souviens d’elle, et même de sa figure ; je me souviens d’avoir été au cabaret avec son mari, d’avoir vu leur fils en uniforme de soldat, de lui avoir vu tuer un cochon dont les cris et le sang me fit peur et horreur, mais surtout d’avoir bu beaucoup de lait dans leur maison. C’est principalement avec du lait, d’abord coupé, ensuite pur en abondance, que cette bonne femme commença mon rétablissement. Je repris de l’embonpoint et un peu de force, mais je restais noué et boiteux, et je l’ai été jusqu’à l’âge de sept ans.

Un second accident nuisit à mon développement. Les premiers soins de la mère Quillon avaient été si heureux que tout le monde jugea qu’il fallait me laisser longtemps chez elle, et s’il était possible jusqu’à ce que je fusse entièrement dénoué.

J’étais un bon petit enfant, bien sensible, bien caressant et je caressais beaucoup mon père nourricier. Il m’aimait avec tendresse et l’eau-de-vie avec fureur. Pour accorder ses deux penchants, il me menait avec lui lorsqu’il allait boire et me donnait toujours une petite goutte, en disant que cela me ferait pousser la barbe, que cela me rendrait fort, que cela me ferait un homme. Je crois que d’abord l’eau-de-vie dût me paraître bien mauvaise. Mais j’avais grande envie de devenir un homme, d’être fort, d’avoir de la barbe : les gros rires et les applaudissements du père Quillon, quand j’avais bu sans faire la grimace, flattaient mon amour-propre, maudit amour-propre qui nous saisit au berceau pour ne nous quitter qu’à la mort ! et je m’accoutumai à l’eau-de-vie, elle me brûla ; l’amitié du mari détruisit le bon effet de tout le lait que m’avait prodigué la femme. Je remaigrissais, je périssais pour la seconde fois : on n’y comprenait rien. La chose fut enfin découverte, parce que dans un petit voyage à Paris, entendant parler d’eau-de-vie, j’en demandai, je dis que c’était bien bon et que papa Quilion m’en donnait tous les jours. On me retira vite de chez « papa Quilion », et je commençai à connaître la douceur de vivre avec ma mère.

Je n’avais pas tout à fait trois ans, je boitais beaucoup, j’étais très petit et très faible.

Vous connaissez, mes chers enfants, une de mes maximes : c’est que dans les événements qui nous arrivent, Dieu seul sait s’ils nous sont avantageux ou funestes.

Il se peut que les accidents physiques qui ont exténué ma première enfance aient beaucoup amélioré ma tête, et contribué à former mon caractère moral. Je ne marchais qu’avec peine et j’étais fort délicat. Je me trouvais donc forcé d’être sédentaire, de chercher mon plaisir dans la conversation de ma mère, dans de petits jeux qui n’exerçassent que la tête et les doigts, ou dans la lecture. Je ne me souviens point d’avoir appris à lire ; il me semble que je l’ai su dès que je me suis trouvé auprès de ma mère. Elle m’a dit qu’elle avait eu peu de peine à me montrer, et que je n’avais pas employé plus de trois mois depuis l’A, B, C, jusqu’au moment où j’ai commencé à lire avec intérêt. Je devins donc appliqué, studieux, capable de raisonnement. Toujours sous la main d’une femme sensible, lettrée, philosophe, et qui m’aimait avec excès, je devins aimant comme elle, et comme elle romanesque. Dans un corps qui se soutenait à peine, une âme ardente s’exaltait déjà. Les contes des fées me présentaient toujours un héros comblé de bienfaits pour avoir témoigné de l’humanité à un petit animal ; et quand j’avais donné du sucre à une mouche, ouvert la cage d’un oiseau, rendu la liberté à une souris, je ne désespérais pas d’être un matin réveillé par une belle dame toute couverte de fleurs et de diamants, qui avec une baguette dorée ferait de moi un grand prince ; et je rêvais en me couchant au bien que je ferais, au lait que je donnerais à tous les petits garçons et à toutes les petites filles qui auraient été sages, dès que je serais prince.

Ma mère avait besoin de littérature. Elle nous lisait, elle me faisait lire des romans, des poèmes, des voyages, de l’histoire, des pièces de théâtre. Elle lisait parfaitement et me formait à lire mieux que je ne faisais, en disant que je lisais bien. Je ne vivais ainsi qu’avec des grands hommes, des rois, des ministres, des belles dames et de vaillants chevaliers.

Je ne songeais qu’aux exploits que je ferais un jour ; aux moyens de suppléer par l’esprit et par la présence d’esprit, par le sang-froid, par l’adresse dans le combat, comme par un intrépide dévouement à la mort, à ce qui pourrait me manquer de force corporelle. Je me souviens de m’être sérieusement occupé en jaquette de la manière dont je vaincrais l’ours blanc, qui sur les glaces du Spitzberg, dévorait le compagnon du capitaine Behring.

N’ayant de compagnie que ma mère, l’aimant avec idolâtrie, je lui disais toutes mes petites pensées, tous les rêves de mon imagination précoce et délirante ; elle m’encourageait, me louait, et même quand elle me grondait, c’était toujours avec assaisonnement de louanges ; ce que j’avais fait ou dit de mal n’était pas digne d’un bon enfant qui voulait qu’on l’aimât, n’était pas digne d’un enfant destiné à devenir un grand homme. Telles étaient presque toutes les formules des remontrances de ma mère ; elle m’exagérait de vertu, elle m’enivrait de sensibilité : elle me fouettait d’amour-propre, de gloire et d’ambition. Elle me parlait toujours du maréchal de Besons, petit-fils d’un marchand de drap ; du maréchal Fabert, fils d’un petit libraire de province ; du général Rose, d’abord simple soldat ; du maréchal de Catinat, qui avait commencé par être avocat au Parlement ; du chancelier de l’Hospital, fils d’un médecin juif ; du roi Alfred, pendant un temps musicien des rues ; de Romée de Villeneuve, pauvre pèlerin, puis ministre et législateur ; de Gustave Vasa, dans les mines de Dalécarlie ; de Descartes, chez la reine Christine ; de Leibnitz, donnant des leçons à des princesses ; de Puffendorf et de Wolf, devenus par leur savoir barons de l’empire. Elle me faisait lire Corneille et appuyer sur ces vers :

Je ne dois qu’à moi seul toute ma renommée.
.   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .
.   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .
À l’exemple des dieux, j’ai fait beaucoup de rien.
.   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .
Ma valeur est ma race, et mon bras est mon père.
et puis elle me parlait de sa race.

Elle ne ne trempait pas mon corps dans le Styx, il n’en avait point encore la force : elle élevait mon âme aux nues et l’arrosait d’ambroisie. Vous en trouverez quelque chose dans mon portrait que vous avez, qui a été fait à l’âge de cinq ans, ressemblant quoique très médiocre ; les yeux n’en sont pas enfantins, mais penseurs fiers et tendres. [9]

Je ne puis me dissimuler aujourd’hui que ma mère, en cultivant chez moi les passions glorieuses, me donnait des défauts. Elle avait tous les préjugés de la noblesse comme elle en avait les manières et l’apparente grandeur. Elle semait sur son fils le dernier grain de ses espérances et de ses chimères de roman, elle le rendait propre à toute espèce d’entreprise, mais aussi à toute espèce de ridicule et de vanité.

Tous les enfants sont extrêmement susceptibles de vanité ; j’ai remarqué à la campagne que le fils du sonneur est toujours un petit orgueilleux parce que son père fait du bruit dans le village, combat, à ce qu’il croit, la foudre, qu’il attire et rassemble à son gré les citoyens.

Mon fils Victor né pour être d’un mérite distingué, excellente créature, douce, bonne, doué d’un esprit juste et d’un talent facile, a pensé être perdu et l’aurait été, si notre bonheur ne nous eut pas ruinés. Il nous a mangé 40 000 francs mal à propos, parce que j’étais noble, chevalier, seigneur de fief, conseiller d’État, travaillant avec les ministres. Il croyait au-dessous de lui d’avoir de l’ordre et de l’économie, de ne pas jeter l’argent par les fenêtres, de valoir par lui-même et de ne pas tout attendre de mon crédit. Je pense qu’aujourd’hui la nullité de mon crédit, la perte de ma fortune, le danger qu’il peut y avoir à m’appartenir et les progrès de la raison l’ont entièrement corrigé, et je reviens à mon histoire.

Vers l’âge de cinq ans j’ai achevé de gâter ma figure en tombant et me cassant le cartilage du nez, ce qui ma rendu plus camus que je ne devais l’être et m’a ôté le seul trait que j’eusse de la famille de mon père.

Une peine bien plus grave, et le premier chagrin moral que j’ai essuyé, me sont arrivés à peu près à la même époque. Ce fut un sentiment douloureux de jalousie qui me saisit lorsqu’on retira ma sœur de nourrice.

Les soins et les attentions, que j’avais depuis si longtemps le privilège exclusif de recevoir, non seulement se partagèrent, ce que j’aurais trouvé assez juste (car moi-même j’avais du penchant à caresser ma sœur et à lui faire les honneurs du logis), mais ils se tournèrent vers elle avec préférence. Cela était très raisonnable puisqu’il s’agissait de l’accoutumer à la maison paternelle, qui paraît d’abord un exil à tout honnête enfant qu’on enlève à sa bienfaitrice et qu’on livre à des inconnus qui lui semblent usurper le titre de papa et de maman. Mais je ne pouvais comprendre ce dernier point, ni ce motif dont je n’avais pas d’idée.

Je jugeai donc, d’après la haute opinion que j’avais de la sagacité et de l’équité de ma mère, qu’il fallait que ma sœur fut un enfant charmant, puisqu’on lui faisait encore plus de caresses qu’à moi. Me voilà disposé à imiter les autres, à me joindre à eux pour fêter la petite sœur, avec laquelle on me dit de jouer, et qui devait aussi jouer avec moi. Je ne savais pas jouer ou tout au plus faire des châteaux de cartes, rouler des dames sur un damier, en former de petites colonnes ; on ne m’avait même jamais laissé jeter en l’air une balle, ni un marron d’Inde, à moins que ce ne fût à la promenade ; à la maison, on aurait craint que je ne cassasse les vitres. Mon plus grand plaisir était une édition de La Fontaine avec une estampe à chaque fable, et les petites dissertations que je faisais sur le loup, le renard, l’agneau, le bœuf, la cigogne, ce que j’apprenais d’histoire naturelle à l’occasion de toutes les figures des animaux. Je porte à ma sœur mon La Fontaine et veux lui expliquer une image, elle la déchire d’un seul coup de main. Elle avait deux ans, moi cinq !

Je juge, mais je ne comprends point, qu’elle n’aime pas les images.

Je lui demande si elle connaît les quatrains de Pibrac[10]. Elle me regarda avec des grands yeux ; les miens s’ouvrent sur elle non moins grands. Enfin je lui apporte toute ma petite bibliothèque, les Contes des fées, l’Étrenne mignonne, et lui dis de choisir, que voilà mes plus beaux livres.

Elle jette tout par terre, et je découvre qu’elle ne sait point lire. Mes manières l’ennuient, elle pleure !

Alors je trouve qu’il n’y a rien de haïssable au monde comme une petite fille ; que cela est bête, impoli, maussade, et qu’il faut avoir perdu l’esprit, le sens et toute l’équité pour caresser cela de prédilection, lorsqu’on a des petits garçons, qui jasent comme des perroquets, qui dessinaillent d’après les estampes, qui distinguent un dromadaire d’avec un éléphant, qui lisent très bien les plus belles histoires du monde, qui savent sur le bout du doigt tous les quatrains de Pibrac et cinquante fables de La Fontaine, et à qui on ne peut en nommer sans qu’ils en citent quelques vers.

Je deviens jaloux et malheureux. Ma mère me dit que c’est mal d’être jaloux, et que si je continue, je lui ferai bien de la peine, que je dois aimer ma petite sœur. Je ne veux point faire mal, je veux encore moins faire de la peine à ma mère tant aimée. Je dompte de mon mieux les signes extérieurs de ma jalousie. Je refais à ma sœur des avances et des caresses ; et je persiste à trouver que celles qu’elle reçoit de moi et des autres, sont pitoyablement, sont détestablement placées.

J’ai le cœur gonflé ; toutes mes passions tendres et vaines trop aiguisées dans mon âme, déjà de feu, pour mon petit corps privé de force, corrompent ma bile, dérangent mon estomac, allument mes entrailles ; on me couche et j’essuie une fièvre putride, inflammatoire, maligne, de quarante jours, qui me met aux portes du tombeau.

Mon danger fixe ma mère à mon chevet, me rend ses douces caresses et tous ces mots pénétrants auxquels tenait ma santé. Ils me rappellent à la vie, je guéris. La maladie forme et mûrit l’âme, surtout chez les enfants ; ma sœur se formait aussi et devenait plus aimable ; je n’étais pas jaloux de l’amitié qu’on lui portait, mais d’un peu de préférence que je me croyais due, et qui payait mon cœur attisé ; je crus l’avoir reconquise, et à ma convalescence, me piquant de faire oublier mes torts, je comblai ma sœur des marques d’une affection devenue très sincère, une affection qui s’est soutenue trente ans sans altération.

Pour achever de me rétablir, ma mère crut devoir me mener passer quelque temps chez ma grand’mère Du Pont, à La Robinette. On me met en culottes, on me donne une épée de dix-huit pouces de long, comme c’était alors à la mode pour les enfants, et cette arme tourne de joie la tête du petit prince des Contes des fées. Nous partons pour Rouen.

Nous y logeons chez M. Compigné, ami de mon père. Je n’avais pas encore tout à fait six ans ; M. Compigné avait un fils d’un peu plus de huit ans qui devient promptement mon camarade intime. Une poule survint — c’était une fille de quatre ans et demi très jolie. — Ah ! celle-là ne me faisait point dire que les petites filles étaient maussades ! Elle s’appelait Mlle Colineau. Elle me préfère à Compigné, qu’elle avait auparavant nommé son mari. Je boitais encore un peu ; j’étais bien plus faible que mon camarade ; mais je parlais beaucoup mieux et d’un langage de livres très éblouissant en province. Enfin je donnais tous les jours des bouquets à Mlle Colineau, je lui portais toutes les dragées dont les parents et les amis de mon père remplissaient mes poches, et j’avais fait pour elle quatre petits vers très mauvais, les premiers qui soient sortis de mon cerveau, mais où se trouvait une pensée vraie comme mon âge et mon cœur.

Compigné, qui d’abord avait été complaisant, s’ennuie de ce que le Parisien s’est emparé de la jeune amie, et me le dit. Je prétends comme M. Pincé par trois raisons qu’il a tort, premièrement qu’il me l’a cédée ; en second lieu, qu’elle est maîtresse de ses goûts et de ses volontés, et sur le tout que je ne souffrirai point que personne me dispute rien auprès d’elle. Compigné, plus fort que moi, me pousse et me jette par terre sous les yeux de Mlle Colineau elle-même. J’ai vu depuis quelque chose de pareil dans l’Arioste. Ô fureur ! je cours à mon épée, Compigné prend aussi la sienne ; je fonds sur lui plus vite qu’on ne peut l’empêcher, je le blesse ; on nous sépare, et me voilà aussi amoureux, aussi fou qu’un petit garçon puisse l’être. Me voilà plus convaincu que tout ce que j’ai pensé de romanesque est vrai, et que personne ne résistera jamais à mon épée.

Mlle Colineau est morte, encore dans l’enfance ; je suis persuadé que si elle eut vécu, je l’aurais aimée toute ma vie, car elle me savait beaucoup de gré de mon combat, et, indépendamment du penchant naturel, on m’a toujours enchaîné en me sachant gré.

C’est dans ce voyage de Normandie que j’ai vu pour la première fois ma grand’mère, mon oncle Nicolas, qu’on appelait Colin, nom qui me semblait admirable par son rapport avec celui de Colineau, et une partie de mes autres parents. La Bobinette, sa cour plantée d’arbres, son bois, me parurent un beau château et une terre considérable. Ma grand’mère ayant des chevaux, lorsque je n’avais vu à Paris que les seigneurs ou ceux qui me semblaient tels qui eussent des chevaux, je jugeai que ma famille était plus importante que ma mère ne me l’avait dit, et les Du Pont ne me parurent pas tant au-dessous des Montchanin qu’elle le pensait, mais au reste je comptais bien les élever un jour beaucoup au-dessus.

Ces rêveries qui électrisaient à la fois l’âme et le corps, de la maladie, mon petit combat sérieux, des singeries de combats que me faisaient faire plusieurs officiers qui venaient à la maison, à qui on avait conté mon histoire et qui s’amusaient à m’agacer, le voyage, la campagne, la course que je commençais à connaître, achevèrent de me dénouer ; entre six et sept ans je cessai de boiter et la force de mon tempérament reprit le dessus. Il m’est seulement resté, des malheurs physiques de mon premier âge, de ne pas atteindre la taille de mes parents pour laquelle j’étais né et que mes enfants ont retrouvée et dépassée ; et d’avoir par la même raison les os des jointures un peu plus gros qu’ils ne devraient l’être ; mais ma tête, mon cou, mes épaules, mes reins sont devenus ceux d’un homme robuste, et je n’ai connu personne qui supportât aussi bien que moi les fatigues du travail, celles des veilles multipliées et celles  des       passions.

Il faillait que je reçusse une éducation plus forte et plus classique que celle que ma mère pouvait donner. Elle savait parfaitement le français, elle lisait et entendait l’anglais et l’italien ; à cette époque elle ne savait pas le latin.

Elle prit soin de me préparer longtemps à l’avance à la quitter pour aller au collège comme je ferais pour aller à la guerre, comme un Spartiate qui, plus il aimait sa mère, plus il cherchait à honorer son nom et à mériter son estime. En vérité, j’avais besoin de cette préparation, car m’éloigner de ma mère me paraissait l’excès du malheur ; j’aurais voulu passer mes jours à ses pieds, la tête sur ses genoux, à écouter ses discours et à lui dire : Maman, combien je vous aime !

Quoique mon père, par un sentiment de dignité naturelle, s’opposât aux chimères de sa femme sur la noblesse, il faisait cas de l’esprit et des lumières de ma mère et voyait quelques gens de lettres ; mais il avait contre l’état d’homme de lettres une extrême prévention. Il avait vu mettre à la Bastille plusieurs de ses amis ; il en avait vu d’autres dans la pauvreté. Il avait vu l’estimable Toussaint[11], avec lequel il était fort lié et qui a fait le livre des mœurs, exposé aux  deux dangers de la misère et de la prison.

Ma mère n’a jamais partagé son opinion, et il m’a fallu passer cinquante ans et mettre successivement le doigt sur toutes les touches de la vie pour voir qu’il n’avait pas tout à fait tort.

Mon père, qui remarquait mon goût pour la lecture et mon penchant déjà marqué pour la poésie, me mit donc chez M. Viard, maître de pension célèbre, né à Rouen comme lui, et qu’il avait connu dans son enfance, mais sous la condition spéciale qu’on ne me montrerait point à faire des vers ; comme si c’était une chose qui se montrât : Nascuntur poetœ. [12]

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[1] Un peu plus de six pieds anglais.

[2] Le 3 mars 1812 Du Pont de Nemours écrivit à son fils Irénée : « Mon père avait une probité scrupuleuse, beaucoup de franchise, de fermeté et de courage. Il m’est arrivé dix fois dans ma jeunesse de trouver des gens qui m’ont dit : « Monsieur, vous êtes le fils de M. du Pont : vous devez être un bien honnête homme et bien loyal. »

[3] Dans la lettre déjà citée du 3 mars 1812, Du Pont de Nemours s’exprime ainsi : « Je désire être aimable et honorable à mes enfants. L’héritage que je leur laisserai en argent sera mince ou nul. Je veux que celui de considération et de bonne renommée soit riche et large. Il n’est pas aussi facile à perdre. Il s’étend sur plusieurs générations. C’est un champ qui s’améliore de génération en génération si chacune d’elles le cultive. »

[4] Cinq pieds huit pouces anglais, à peu près.

[5] Louis de Jaucourt, né à Paris le 27 septembre 1704 et mort à Compiègne le 3 février 1779.

[6] Un des plus célèbres médecins du dix-huitième siècle, professeur de botanique et de médecine à l’Université de Leyde, né en 1668 et mort en 1738.

[7] Arnail-François, marquis de Jaucourt, né à Paris le 14 novembre 1757 et mort à Presle le 5 février 1852. Quoique colonel du régiment de Condé-dragons au commencement de la Révolution il appuya la réforme politique sous le régime d’une monarchie constitutionnelle. Élu en 1791 député à l’Assemblée législative, il s’opposa courageusement à tous les excès et vota le rejet de l’acte d’accusation proposé contre La Fayette dont il fut un des plus ardents défenseurs. Arrêté après le 10 août, il parvint à sortir de sa prison la veille même des massacres de septembre et se retira en Angleterre et plus tard en Suisse. Il rentra en France en 1799 et fut élu président du Tribunat (1802) et sénateur (1803). À la première restauration il fut membre du gouvernement provisoire avec Talleyrand et Du Pont de Nemours : il suivit Louis XVIII à Gand lors du retour de Napoléon de l’île d’Elbe, et après la chute de celui-ci devint lieutenant-général, pair de France et ministre de la marine. Plus tard il se dévoua particulièrement à la prospérité du protestantisme et fut un sincère partisan de la révolution de 1830.

[8] Le contrat de mariage fut signé le 23 février 1737 devant Le Prévost, conseiller du roi, notaire à Paris, les futurs époux s’engageant de prendre « l’un l’autre en mariage et iceluy faire célébrer devant l’église incessamment. Comme en huguenots ardents ils ne reconnaissaient dans cette célébration qu’un acte civil et obligatoire, ils ne se tinrent point pour mariés jusqu’à ce qu’ils eussent reçu la bénédiction nuptiale protestante. À cet effet, ils allèrent dans les Pays-Bas, où ils furent mariés, le 19 mai, par le pasteur Maugret dans l’église Wallone de la garnison de Tournay. »

[9] Ce portrait existe toujours. Il représente le jeune Pierre Samuel assis devant une petite table et faisant des châteaux de cartes. Irénée du Pont avait écrit sur une feuille de papier collée au dos les vers suivants :

Vous le voyez ; dès sa plus tendre enfance
De fragiles châteaux l’occupaient tout entier.
Il travailla depuis au bonheur de la France ;
Ce n’est pas changer de métier.

[10] Gui de Faure, seigneur de Pibrac, né en 1529 et mort en 1584. Son livre de quatrains où des leçons de piété et de justice étaient données en beaux vers, a été le maître commun de la jeunesse pendant plusieurs générations.

[11] François-Vincent Toussaint, né à Paris vers 1715 et mort à Berlin en 1772.

[12] On est poète par la naissance. (B.M.)

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