Du paupérisme et des secours publics dans la ville de Paris

Dans cet article du Journal des économistes, M. Vée, maire du Ve arrondissement de Paris, étudie les formes de l'assistance publique dans la capitale. Il ne cache pas, toutefois, sa préférence pour les mécanismes variés et progressifs de la charité légale. « Aux rapports libres, généreux, spontanés, qui ennoblissent celui qui donne et moralisent par la reconnaissance dont ils le pénètrent celui qui reçoit », clame-t-il aux philanthropes maladroits, « ne substituez pas imprudemment et sans nécessité l'action compassée et si souvent aveugle de la charité légale ou administrative, de cette charité prétendue qui enrégimente les citoyens sur les rôles de parias qu'elle appelle des indigents. »

Liste complète des articles de Paul Leroy-Beaulieu dans l’Économiste Français (1873-1916)

De 1873 à sa mort en 1916, Paul Leroy-Beaulieu a publié chaque semaine un éditorial économique dans son journal L’Économiste Français. Pendant plus de quarante ans, il a examiné les grandes tendances du socialisme, du protectionisme, de l’étatisme, mais aussi les petits faits de l’actualité économique et financière. Son œuvre journalistique est un document de toute première importance pour celui qui s’intéresse au libéralisme ou à l’histoire économique et financière. — Pour faciliter la mobilisation de ce corpus exceptionnel, la table complète de ces articles, année par année, est désormais disponible sur le site de l’Institut Coppet.

Des spéculations de bourse et de leur influence sur la fortune publique, par Louis Reybaud

Au milieu du XIXe siècle, la bourse et les opérations financières commencent à prendre une importance démesurée, qui inquiète les économistes. Dans une vaste étude, Louis Reybaud examine les motifs de cet engouement et décèle la source de nombreux déboires futurs. La spéculation éhontée et la manipulation financière, qui prête appui à des combinaisons industrielles et commerciales parfois peu solides, est pour lui un mirage qui n’emporte actuellement la population que par le défaut d’une saine liberté des transactions : cette pleine liberté, en restreignant l’emprise des privilèges et monopoles, découragera les manipulateurs et enhardira les épargnants.

Réponse de la Chambre de commerce de Lyon au mémoire de M. Gournay du 24 février 1753

En février 1753, Vincent de Gournay avait communiqué à la Chambre de commerce de Lyon un mémoire offrant une critique d'ensemble, et particulièrement radicale, du système des corporations de métiers, aussi appelés communautés ou jurandes. La Chambre de commerce de Lyon prit naturellement le contrepied de son argumentaire libéral, dans la réponse qu'elle fit préparer. Les règlements, les liens, les servitudes que les corporations imposent à l'artisanat, au commerce et à l'industrie, ne sont pas pour elle des obstacles au progrès : ce sont ces règlements, ces liens, etc., qui garantissent la prospérité d'une ville comme Lyon. — À cette défense éhontée des règlements, Gournay prépara immédiatement une réponse, qui était restée inédite en Français jusqu'à aujourd'hui.

Le socialisme d’État, par Léon Say

Dans cette conférence, donnée en novembre 1894, Léon Say évoque le développement dangereux du socialisme révolutionnaire et utopique, qui entend renverser les bases de la société et fonder les rapports des hommes entre eux sur un nouveau modèle. À côté de cette menace bruyante mais moins immédiatement dangereuse, à cause même de ses exagérations, il y a le socialisme d’État : c’est la doctrine des accommodements, de l’intervention modérée, et de ce qu’on nommera la sociale-démocratie. Pour Léon Say, cette dernière frange du socialisme est plus dangereuse encore : en brisant dans tous les domaines les ressorts de la liberté et de l’initiative individuelle, elle fait un mal immense, et au lieu de contenir les progrès du socialisme radical, comme elle y prétend, elle lui donne de l’aliment et le soutient, jusqu’à risquer de le rendre dominant.

Pourquoi trente ans de monopole ? Observations sur le projet relatif à la Banque de France

En 1891, le renouvellement du privilège de la Banque de France est en débat. Adolphe Coste, spécialiste des questions monétaires, publie alors une courte brochure aux éditions Guillaumin, pour présenter ses propositions de réforme. Le renouvellement pour 30 ans, par exemple, le gêne. « Pourquoi s’enchaîner pour une si longue période, écrit-il, quand on ignore quelles seront les exigences de l’avenir, quand la question monétaire, la question douanière, la question du crédit agricole, la question des banques libres, la question des chèques et des compensations sont à peine posées et loin d’être résolues ? »

Correspondance de Le Trosne et Mirabeau avec la Société économique de Berne

Dans cette correspondance très précieuse, le marquis de Mirabeau et surtout Le Trosne font état, à leurs collègues et émules de Suisse, des développements de l'école physiocratique et de la pensée économique en France. La vraie signification et portée de plusieurs ouvrages, périodiques et articles qui ont compté dans l'histoire du mouvement, peut s'apprécier correctement à la lecture de ces lettres précieuses, dont on doit la publication, à la fin du XIXe siècle, à l'historien allemand de Quesnay et de la physiocratie : August Oncken.

Un souvenir de Solférino, par Henri Dunant (1863)

En juin 1859, Henri Dunant est témoin de la bataille de Solférino, dans la campagne d’Italie. En observateur extérieur, il assiste au macabre épanchement de violence aveugle. Les armées s’élancent l’une contre l’autre, et vers la mort ; les nouvelles méthodes de destruction, plus perfectionnées, balayent les corps, dont elles prennent la vie ou qu’elles mutilent ; viennent ensuite le temps pour les survivants de poursuivre dans des corps à corps déchaînés leur œuvre de mort. — Cette œuvre fameuse, célébrée par Gustave de Molinari ou Frédéric Passy, fut aussi l’acte de naissance de la Croix-Rouge.

Le rôle social de la colonisation, par Joseph Chailley-Bert

Pour Joseph Chailley-Bert, la colonisation est chose utile pour une nation, et cela à plusieurs titres. Comme il l’explique dans cette conférence de 1897, les colonies permettent de fournir un débouché aux excédents de population et de capitaux, et agrandissent une nation et une nationalité, qui risquerait de se perdre dans la simple émigration. Pour lui, le rôle social de la colonisation ne fait aucun doute.

Les bienfaits de la concurrence en matière de religion, par Henri Basnage de Beauval (1684)

« Quand l’Église n’a point d’ennemis à repousser, et qu’elle vogue sur une mer tranquille, personne ne pense à se préparer au combat, ni à marquer les écueils où l’on se pourrait briser pendant l’orage. L’Église tombe nécessairement dès qu’elle s’imagine qu’elle ne peut plus tomber, sans doute par la négligence qui suit cette préoccupation, car on ne songe guère à approfondir les matières de la religion que personne ne conteste. »

L’abrégé de la Démocratie en Amérique de Tocqueville désormais disponible en grand format, couverture dure

La Démocratie en Amérique, publié en deux parties (1835 et 1840), est un chef-d’oeuvre intemporel, acclamé et indéfiniment commenté. Son millier de page pouvant paraître intimidant, l’Institut Coppet publie cet abrégé de 200 pages, où sont condensés les meilleurs morceaux, les développements les plus dignes d’être lus. Cette sélection s’accompagne de notes savantes où il est fait usage de la littérature de l’époque, des carnets de voyage de Tocqueville, ainsi que des brouillons de la Démocratie en Amérique, où la pensée de l’auteur chemine librement et vient compléter les idées du texte qu’il a choisi de livrer à la postérité.

Communauté (Commerce), par Véron de Forbonnais (1753)

« Le premier principe du commerce est la concurrence ; c’est par elle seule que les arts se perfectionnent, que les denrées abondent, que l’État se procure un grand superflu à exporter, qu’il obtient la préférence par le bon marché, enfin qu’il remplit son objet immédiat d’occuper et de nourrir le plus grand nombre d’hommes qu’il lui est possible. Il n’est aucune exception à cette règle… »

Laissons Faire, n°53, janvier 2023

Nouveau numéro de la revue Laissons Faire, de l'Institut Coppet. Au programme : (INÉDITS) Lettres de Pierre-Samuel Dupont (de Nemours) à Karl Fredrik Scheffer (1773-1783). (TEXTES) Collectivisme agraire et nationalisation, par Paul Leroy-Beaulieu (1897). — L’Afrique sous le gouvernement républicain, par Léonce de Lavergne (1849). (RECENSION CRITIQUE) Germaine de Staël, Œuvres complètes, série II, tome IV : Œuvres dramatiques (en deux volumes). Honoré Champion, 2021.

Conférence au profit des victimes du tremblement de terre de l’Amérique méridionale

Quelques mois après la grande catastrophe qui a touché plusieurs pays de l’Amérique du Sud en août 1867, une poignée des plus fameux représentants du libéralisme français du temps se réunit pour apporter leur soutien et engager les Françaises et les Français à effectuer un don de générosité. Édouard Laboulaye, Théodore Mannequin, Arthur Mangin, Jules Simon prennent l’un après l’autre la parole, et rappellent la comptabilité entre les principes du libéralisme et la générosité manifestée envers la souffrance imméritée.

L’émigration des femmes aux colonies, par Joseph Chailley-Bert

Pour les libéraux français partisans de la colonisation en cette fin de XIXe siècle, la question de l’utilité et de la désidérabilité des colonies n’est plus à l’ordre du jour. Le pays est entré pleinement dans cette voie, et les sceptiques ou adversaires d’hier sont eux-mêmes résignés. Il reste à réformer le système colonial, à améliorer son administration. Pour Joseph Chailley-Bert, la question de l’émigration des femmes aux colonies est cruciale. Dans cette conférence de janvier 1897, il expose son projet d’une association qui ferait un travail d’intermédiaire, pour apporter des postulantes capables aux colonies françaises, où ces femmes premièrement travailleraient, puis trouveraient certainement d’elles-mêmes un mari.

Laissons Faire, n°52, décembre 2022

Nouveau numéro de la revue Laissons Faire, de l'Institut Coppet. Au programme : (TEXTES) Le droit de propriété et les propriétaires fonciers, par Ernest Martineau (1892). — L’Église et l’État en Amérique, par Édouard Laboulaye (1873). — Les grands magasins universels et les petits détaillants. Les griefs de ceux-ci contre ceux-là, par Paul Leroy-Beaulieu (1875-1876). — Y a-t-il des impôts moralisateurs, et, dans le cas de l’affirmative, à quels caractères les reconnaît-on ? (Société d’économie politique, réunion du 5 décembre 1888.) (RECENSION CRITIQUE) Iris de Rode, François-Jean de Chastellux (1734-1788). Un soldat-philosophe dans le monde atlantique à l’époque des Lumières, Honoré Champion, 2022.

L’abbé de Saint-Pierre, pour la paix et la liberté

Au début du XVIIIe siècle, inspiré par les exemples de Descartes, Vauban ou Boisguilbert, l'abbé de Saint-Pierre (1658-1743) a multiplié les écrits et les projets pour défendre le double idéal de la paix et de la liberté. Avec plusieurs siècles d'avance, il a proposé l'instauration d'institutions internationales pour garantir la paix et la liberté du commerce. Au sein de l'économie politique naissante, il a participé à rectifier les idées sur le commerce, la monnaie, l'impôt. À Saint-Pierre-Église, dans le château où il est né et où il a composé la plupart de ses grands projets, Benoît Malbranque raconte la vie et les idées de ce chaînon manquant entre le classicisme et les Lumières, qui a servi d'inspiration à plusieurs générations de penseurs épris de l'idée de liberté.

À propos des Œuvres complètes de Gustave de Molinari

La collection des Œuvres complètes de Gustave de Molinari, ambitieux projet engagé en 2019 (année du bicentenaire de la naissance de l'auteur) sous la direction de Mathieu Laine et avec le soutien de M. André de Molinari, poursuit tranquillement son cours aux éditions de l'Institut Coppet. Après quatre volume publiés en 2020, cinq nouveaux volumes ont été publiés cette année. Les contributions les plus célèbres de l'économiste belge, et notamment son article sur La production de la sécurité (1849) et les Soirées de la rue Saint-Lazare (1849) sont ainsi disponibles, entourés de textes moins connus, et de plusieurs centaines d'articles inédits.