Théâtres et cafés, par Edmond About (1872)

Dans le journal Le XIXe siècle, Edmond About critique Gustave de Molinari qui, dans le Journal des débats, vint de défendre les cafés-concerts et cafés-chantants, au nom de sa bien-aimée liberté des théâtres. Pour About, Molinari a mal choisi sa cause : ces cafés qui offrent du théâtre au mépris du droit d’auteur et des règlements que respectent tous les autres établissements libres, font un métier décidément illégal. La loi, après après écarté le privilège et établi la liberté dans l’industrie des théâtres, ne doit pas dégénérer en licence, et les règlements qu’on lui a donné doivent être respectés partout.

La colonisation, par Edmond About

Un mois avant sa mort, Edmond About prend la parole devant la Société française de colonisation, dont il est devenu le président. On sait que depuis la défaite française de 1870, About croit trouver dans les colonies le moyen pour la France de regagner une influence et de continuer à compter dans le monde. Ici, il évoque l’utilité des colonies pour l’absorption d’une partie des malheureux des grandes villes, que l’hiver glace, et qui peinent à trouver logement et nourriture. Ils feraient d’admirables colons, si l’initiative privée et l’État au besoin les aidaient dans leur transport aux colonies. 

Le Code civil et la question ouvrière

En 1886, une discussion s’engage à l’Académie des sciences morales et politiques sur le contrat de travail et la législation qui l’encadre. Pour Paul Leroy-Beaulieu, l’un des intervenants, la loi n’a plus grand’chose à faire dans la question : à part la question spéciale des femmes, dont la liberté du travail est incomplète, et qui ne jouissent pas comme elles devraient de la libre disposition du salaire, le législateur aurait tort d’intervenir dans les rapports entre employés et employeurs. Même pour le cas des accidents du travail, alors largement débattu, on devrait recourir d’abord à l’assurance libre, et ne pas postuler d’emblée qu’une loi générale est nécessaire.

La politique douanière des États-Unis et la viticulture française

En 1894, après avoir jadis été un modèle et un exemple de protectionnisme, les États-Unis se préparent, sous la présidence Cleveland, à renouer avec une politique de libre-échange comme en Angleterre. Pour Léon Say, c’est l’occasion pour la France de suivre le mouvement. Il fait aussi mention de la question particulière des vins, dont les producteurs français espèrent un dégrèvement aux États-Unis, suivant la nouvelle politique américaine.

L’initiative individuelle et les accidents du travail, par Léon Say

En 1894, les congrès spécialisés et les discussions dans les assemblées politiques se multiplient pour traiter la question des accidents du travail. Léon Say explique dans cette conférence que les réformes introduites en Allemagne, au lieu d’apaiser les rapports entre ouvriers et patrons, n’ont fait au contraire qu’envenimer la situation. Pour lui, il ne fait aucun doute que la solution étatiste est à rejeter. « Moi, dit-il, je me cantonne sur le terrain de la liberté : liberté du travail, liberté commerciale ».

Opinion d’Hippolyte Passy sur l’ivrognerie

Les libéraux français se sont surtout préoccupés de la question de l’alcool du point de vue de l’ivrognerie, et pour combattre ce qu’ils appelaient un fléau. À l’Académie des sciences morales et politiques, Hippolyte Passy donne brièvement la mesure de son soutien à cette lutte morale, intellectuelle et matérielle (par l’intermédiaire d’associations) contre l’ivrognerie, qui fait, dit-il, des ravages immenses en France.

Laissons Faire, n°47, juillet 2022

Au programme de ce nouveau numéro : Morellet, Sieyès, Baudeau, Raynal, Saint-Pierre, etc. : pourquoi tant d’abbés défenseurs du libéralisme au XVIIIe siècle ?, par Benoît Malbranque. — Contrebande (article du Dictionnaire du commerce et des marchandises), par Adolphe Blanqui (1837). — De la liberté des professions médicales (Société d’économie politique, réunion du 5 avril 1884.) — Le problème des Noirs aux États-Unis, par Gustave de Molinari (1897). — Recension critique : Zéphyr Tilliette, D’Alciacus à Auchy-lès-Hesdin, plus d’un millénaire de présence monastique. Les deux siècles de la filature de coton créée par Jean-Baptiste Say. Édité par l’auteur et imprimé à Abbeville en 2021. 348 pages.

Discussion sur l’organisation du travail et sur la limitation du travail des enfants

En 1845, une discussion s’engage à l’Académie des sciences morales et politiques sur les conceptions socialistes d’organisation du travail : ce thème, qui bifurque ensuite sur la question de la limitation du travail des enfants, est traité par Adolphe Blanqui, Hippolyte Passy, Charles Dunoyer, Gustave de Beaumont et quelques autres. Si une unanimité facile est obtenue contre les doctrines socialistes d’organisation du travail, la question du travail des enfants est un peu plus disputée. Pour la presque entièreté des intervenants, l’intervention de la loi est légitime pour protéger l’enfance. Mais comme à son habitude, Charles Dunoyer adopte une position contraire, ferme et radicale (et on sait que son intransigeance habituelle agaçait Tocqueville et Beaumont, qui étaient en froid avec lui). Pour lui la loi doit réprimer les sévices, les violences et les brutalités faites aux enfants, mais non pas empêcher arbitrairement leur travail ou le réglementer d’une manière uniforme.

L’homme aux quarante écus et les physiocrates, par Anselme Batbie

Dans cette conférence donnée en 1864, Anselme Batbie examine l’origine et les mérites du livre que Voltaire consacra aux questions fiscales et économiques sous le titre de L’homme aux quarante écus (1768). Il retrace d’abord les progrès de la science économique au XVIIIe siècle sous l’impulsion des physiocrates et explique leur conception de l’impôt unique. Enfin Batbie étudie la valeur de la critique que Voltaire a spirituellement adressée dans son livre aux physiocrates et à ce principe fiscal plus tard renié par la science.

Le luxe, par Anselme Batbie (1866)

Dans cette conférence, Anselme Batbie examine les accusations portées par une longue tradition de philosophes et de moralistes sur les méfaits du luxe. Sur la base de la science économique, il établit la vraie nature du luxe, et lave de l’affront toutes les consommations qui ont pour but l’amélioration du confort de la vie humaine. Seul reste, pour recevoir une réprobation morale, le luxe aveugle, ou de représentation, qui porte sur des produits par égard pour leur rareté plutôt que par considération pour leur utilité réelle.

Contrebande (Dictionnaire du commerce et des marchandises)

Dans cet article audacieux, fourni pour le Dictionnaire du commerce et des marchandises de Guillaumin (1837-1839), Adolphe Blanqui fait un éloge de la contrebande et des contrebandiers. Ce commerce interlope, en défiant les plans des protectionnistes, force les gouvernements à abandonner leur système absurde de douanes et de prohibitions. En cela, la contrebande est un vecteur de progrès.

Le conseil d’État et les recours pour excès de pouvoirs, par Léon Aucoc

Quand une administration ou un détenteur d’autorité exerce un pouvoir qu’il n’a pas, ou dépasse le cadre dans lequel son action peut légitimement s’inscrire, il est nécessaire qu’une institution judiciaire spéciale puisse protéger les droits et les libertés des simples citoyens. C’est ce que fait le conseil d’État, comme Léon Aucoc, qui y a servi une grande partie de sa carrière, l’explique dans cet article publié dans la Revue des Deux-Mondes en 1878.

La justice et la liberté dans l’industrie typographique, par Edmond About (1865)

Amateur de lectures économiques, et admirateur en particulier de Michel Chevalier, le romancier et journaliste Edmond About consacre une large partie de la décennie 1860 à la vulgarisation des principes de l’économie politique libérale. Parmi ces ouvrages, Le Progrès (1864) et l’ABC du Travailleur (1868) connaîtront une large diffusion. Dans une autre brochure, publiée en 1865, il s’occupe de la liberté du travail des femmes, attaquée par les typographes parisiens, qui veulent les exclure du métier. L’occasion pour lui de rappeler les principes de la concurrence et de soutenir la cause du droit égal pour tous, hommes et femmes, de gagner sa vie par son travail.

Laissons Faire, n°46, juin 2022

Au programme de ce nouveau numéro : Essai de datation du Dictionnaire de l’Économie politique (1851-1853), par Benoît Malbranque. — Discours contre la colonisation de la France au Tonkin et à Madagascar, par Frédéric Passy (1885) — Les faits qui se sont produits depuis quarante ans justifient-ils les conclusions du pamphlet de Bastiat, Baccalauréat et socialisme ? (Société d’économie politique, réunion du 5 mai 1894.) — Recension critique : Œuvres complètes de Benjamin Constant. Série Documents. Volume I : Catalogue de la bibliothèque de Benjamin Constant, sous la direction de Kurt Kloocke, éditions De Gruyter, 2020.

L’Institut de France et les anciennes Académies, par Léon Aucoc

Dans cette étude publiée en 1889, Léon Aucoc, membre de l’Institut, revient sur l’une des périodes agitées de l’histoire de cette institution, quand, au milieu du tourbillon révolutionnaire, elle est tour à tour supprimée puis rétablie. Était en débat, rappelle-t-il, l’utilité même d’une aristocratie officielle du savoir, au milieu d’institutions libres et démocratiques.

Notice biographique sur Anselme Batbie

Chrétien de cœur, Anselme Batbie a imprimé le sceau de ses convictions religieuses au libéralisme qu’il a défendu à l’Académie des sciences morales et politiques ou à l’Assemblée. Dans cette notice biographique, A. du Cassé revient sur cette particularité de sa personnalité et de sa trajectoire, au sein d’un libéralisme français resté tiraillé sur cette question de la religion.

Notice sur la vie et les travaux de M. Léon Aucoc 

À l’Académie des sciences morales et politiques, Maurice Sabatier retrace en mars 1913 la vie et les travaux de Léon Aucoc, membre défunt. Après une formation de juriste, Aucoc fut séduit un temps par le socialisme, avant que ses lectures ne le fassent passer décidément pour le libéralisme. De sa formation et de ses diverses fonctions au Conseil d’État, où il a longtemps travaillé, naquit un libéralisme consensuel et ouvert. Resté célèbre pour ses Conférences de droit administratif, il a aussi traité avec soin des recours pour excès de pouvoir pour protéger les simples citoyens des empiétements de la puissance publique.

Le socialisme d’État

En 1886, Léon Say rend compte devant ses collègues de l’Académie des sciences morales d’un nouveau livre de l’un des partisans les plus accrédités du socialisme d’État. S’engage alors une très longue discussion sur les attributions légitimes de l’État, au cours de laquelle de nombreux intervenants de marque, Paul Leroy-Beaulieu, Frédéric Passy, J.-G. Courcelle-Seneuil, E. Levasseur, précisent les termes de leur « nuance » libérale respective.

Lettres inédites de Léon Aucoc à Arthur Mangin

Sont publiées ici deux lettres et une carte de visite avec mention manuscrite, envoyées par Léon Aucoc, membre de l’Institut, juriste de formation rallié à la doctrine du libéralisme, et Arthur Mangin, collaborateur de Paul Leroy-Beaulieu au journal l’Économiste français. Dans l’une de ces lettres, Léon Aucoc précise la nature de son libéralisme et de ses convictions sur les attributions de l’État : tandis que Mangin reste fidèle à la conception de l’État minimal, Aucoc considère que le libéralisme doit s’ouvrir à plusieurs revendications légitimes d’intervention de l’État.