Oeuvres de Turgot – 146 – Lettres à Du Pont de Nemours

1774

146. — LETTRES À DU PONT DE NEMOURS.

CXXXVI. — (Nomination de Turgot au Ministère de la Marine.)

Paris, mercredi 20 juillet.

Me voilà dans le ministère, mon cher Du Pont ; ainsi les bruits publics ne sont pas tout à fait faux. C’est à la place de M. de Boynes qu’on m’a nommé, ainsi ils ne sont pas tout à fait vrais. En toute place et en toute qualité, vous savez combien vous devez compter sur mon amitié et j’ajoute sur mes regrets, car vous m’auriez encore été bien utile. Je ne penserai cependant à vous rappeler qu’autant que j’aurais à vous procurer un sort qui vous dédommage de celui que vous avez. Il me serait peut-être plus facile de vous employer à des distances lointaines[1], mais éloignement pour éloignement, risque pour risque, vous aimerez peut-être mieux la Pologne. Consultez-vous et faites-moi part de vos idées. Je vous embrasse.

Mille compliments à Mme Du Pont.

CXXXVII. — (Situation de Du Pont).

Au Tremblay, 5 août.

J’ai reçu vos deux lettres, mon cher Du Pont, et j’y réponds de chez ma sœur[2] où je m’arrête un moment en allant à Compiègne. Je n’ai que le temps de vous embrasser, de vous réitérer tous mes regrets de ce que vous êtes parti si mal à propos, de vous dire combien je désire de trouver quelque emploi où vous me soyez nécessaire et qui me donne le droit de vous faire redemander par le Roi.

Vous seriez infiniment utile à mes vues dans une place comme celle de M. Poivre toute idée chevaleresque à part, mais vous me seriez plus utile et surtout d’une utilité plus sentie, en vous tenant près de moi.

Je ne puis encore avoir aucune idée entièrement arrêtée[3] ; ne vous impatientez donc pas si je ne me décide pas aussitôt que vous le voudriez. Soyez sûr que je le désire autant que vous et comptez sur mon inaltérable amitié. Mille compliments, je vous prie, à Mme Du Pont. Je vous embrasse.

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[1] Turgot songeait à donner à Du Pont l’intendance de l’Ile de France.

[2] Au Tremblay, chez la duchesse de Saint-Aignan.

[3] Du Pont fut nommé inspecteur général du commerce et confirmé dans ces fonctions par arrêt du Conseil du 16 décembre 1775 (Anc. lois franç., XXIII, 289).

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