Oeuvres de Turgot – 148 – Questions diverses

1774

148. — QUESTIONS DIVERSES.

I. ADMINISTRATION DE LA MARINE. — Turgot « savait que l’administration des ‘officiers de plume’, pouvait et devait avoir donner lieu à de grands abus, … mais en se proposant de les surveiller…, il ne comptait pas les réformer. Il sentait combien il serait plus triste encore… de donner la disposition de l’argent à des mains réservées pour des exploits guerriers… (Du Pont, Mém., 131) ». L’administration des gouverneurs dans les colonies était, en effet, très irrégulière.

II. CONSTRUCTION DE NAVIRES EN SUÈDE. — Turgot se proposait d’employer les savants les plus distingués à perfectionner l’art de la construction. Il savait de combien nos constructions sont plus chères que celles du roi d’Angleterre et de combien celles du roi d’Angleterre le sont plus que ne le seraient les mêmes constructions faites par des négociants qui armeraient pour leur compte des vaisseaux de même force avec l’activité et les soins de l’intérêt particulier.

Il connaissait le danger d’abandonner trop légèrement des bois usés ou présentés comme tels. Il n’ignorait pas combien l’intérêt de multiplier les copeaux fait perdre de journées à hacher les bois précieux.

Il croyait avantageux de faire faire les constructions en Suède d’après les plans et sous la direction de constructeurs français et d’amener les vaisseaux tout faits, tout gréés. Il avait calculé que l’épargne du fret dispendieux qu’exige toute la partie du bois qu’il faut ensuite réduire en copeaux, celle de la refonte du cuivre, pour les pièces de bronze, dans un pays qui les tire de l’étranger et où le charbon est rare et cher, qu’enfin, la différence du prix des subsistances et de la main-d’œuvre en Suède et en France, pouvaient procurer une économie des 2/5 sur la construction des vaisseaux du Roi. Il ne voulait donc ordonner de constructions dans nos ports que ce qu’il en faudrait pour en conserver la science et l’habitude (Du Pont, Mém., 131 et s.).

III. VOYAGES AUTOUR DU MONDE. — Turgot comptait ajouter à l’instruction de la marine la connaissance encore imparfaite de la terre, « en employant sans cesse un certain nombre de bâtiments légers et tirant peu d’eau à conduire des savants dans toutes les parties du monde et surtout dans les plus ignorées » (Du Pont, Mém., 130).

IV. MISSIONS SCIENTIFIQUES. Saint-Edmond. — Turgot avait pris l’agrément du Roi pour envoyer aux Indes le savant Saint-Edmond qui devait recueillir des lumières sur l’histoire naturelle, acquérir des connaissances pour la perfection des salpêtrières, faire passer en Europe les graines des plantes utiles, et surtout le riz sec qui se cultive dans les montagnes. Le vaisseau qui portait Saint-Edmond périt dans la traversée » (Du Pont, Mém., 331).

D’Ombey. — Turgot demanda aussi « la permission et les moyens d’envoyer d’Ombey au Pérou, principalement pour y recueillir des graines de plantes utiles. » Ce botaniste revint à Cadix en 1785 avec une riche moisson d’histoire naturelle et des collections nombreuses de minéraux et de plantes avec des instructions pour leur culture (Du Pont, Mém., 332. — Condorcet, Vie de Turgot, 53).

L’abbé Rozier. — Turgot fit passer en Corse l’arbre à thé et y envoya l’abbé Rozier pour établir une école d’agriculture et enseigner les moyens de perfectionner la fabrication du vin et de l’huile (Du Pont, Mém., 332).

V. DISTILLATION DE L’EAU DE MER. — En 1773, sur l’ordre de de Boynes avait été exécutée une machine pour la distillation de l’eau de mer. Des essais multiples en furent faits en présence de Turgot et des savants : Montigny, Macquer, Leroy, Lavoisier, Desmarets. Lavoisier y apporta des perfectionnements.

Turgot décida aussi qu’une machine distillatoire serait établie à Lorient à bord d’un vaisseau du Roi, La Pourvoyeuse, par les soins de d’Estelle, et de Lavoisier[1].

Ceux-ci présentèrent, le 1er septembre 1774, un rapport à Sartine, successeur de Turgot. Sartine estima que les expériences ne pouvaient pas être poursuivies sur la Pourvoyeuse et qu’il était préférable de les poursuivre à Brest[2].

VI. COLONIES. — Quant aux colonies, Turgot estimait que « la principale utilité de ces établissements lointains était de fournir un asile et du travail à l’excès de la population de l’État, … lorsqu’il en est surchargé, et un emploi aux capitaux qui n’en auraient pu trouver un suffisamment profitable dans l’exploitation des terres et dans le commerce du pays.

« Le second avantage qu’il y envisageait était de donner naissance à de nouvelles sociétés, à des provinces liées… par la reconnaissance, par le langage et par les lois… au même corps politique. Il croyait indispensable de faciliter aux colonies les moyens d’arriver à la plus grande prospérité… Des colonies faibles ne lui paraissaient qu’un fardeau pour un État ; des colonies puissantes impossibles à gouverner avec autorité… ; mais de riches colonies formant tour à tour des États respectables lui paraissaient toujours pouvoir être retenues dans une liaison vraiment sociale avec l’empire dont elles sont émanées tant qu’il ne voudrait pas abuser de son autorité… La politique des Anglais qui, après avoir formé de puissantes colonies, se sont cru en droit de les gouverner arbitrairement lui paraissait injuste et imprudente. » (Du Pont, Mém., 134.)

VII. LIBERTÉ DU COMMERCE DES COLONIES. — « Il ne croyait pas plus juste ni plus raisonnable de soumettre Saint-Domingue et la Martinique aux privilèges exclusifs de quelques ports de Guyenne, de Bretagne ou de Normandie qu’il ne le serait de soumettre la Bretagne ou la Normandie à un monopole exercé par des Provençaux. Il pensait que la prospérité des colonies exigeait qu’elles jouissent de la liberté du commerce et qu’on ne leur demandât d’autres impositions que celles qui seraient absolument nécessaires aux frais de leur propre administration.

« Il était convaincu que l’augmentation de culture et de richesse qui résulterait pour elles d’un tel régime procurerait plus d’emploi aux capitaux, aux services et à la navigation des négociants de nos ports… que le privilège exclusif de ce commerce. Il voyait en même temps que la puissance de l’État et du Roi serait notablement augmentée par des provinces opulentes, se suffisant à elles-mêmes, pouvant assurer leur propre défense et que personne n’aurait intérêt d’attaquer, puisque leurs conquêtes n’ajouteraient rien au profit du commerce qu’on pourrait faire avec elles. » (Du Pont, Mém 136.)

VIII. L’ESCLAVAGE. — « Au sujet de l’esclavage, Turgot ne croyait nullement impossible que la culture dans les colonies fut exercée par des hommes libres et même en partie par des hommes libres d’Europe… Il ne comptait pas cependant, comme on l’a dit, abolir tout à coup l’esclavage des nègres par une loi… mais il voulait pourvoir avec tous les soins d’une humanité éclairée à la sûreté et aux besoins des esclaves, prévenir et réprimer les abus d’autorité, favoriser les affranchissements et les concessions de terrain aux affranchis, à charge de redevance envers les propriétaires… Il comptait multiplier les concessions du gouvernement aux hommes libres d’Europe qui désireraient quelques petites étendues de terrain pour y cultiver des comestibles à la condition pour ceux à qui l’on ferait ces concessions nouvelles de n’y point employer d’esclaves (Du Pont, Mém., 137 et s.).

IX. LA TRAITE DES NÈGRES. — Un négociant proposa à Turgot de donner son nom à un vaisseau destiné à la traite des nègres. Turgot rejeta cette offre avec l’indignation d’une âme vertueuse et ne craignit point par ce refus d’annoncer publiquement son opinion au risque de soulever contre lui tous ceux qui croient l’intérêt de leur fortune lié avec la conservation de cet infâme trafic (Condorcet, Vie de Turgot, 112).

X. LE GOUVERNEMENT DE SAINT-DOMINGUE. — Le gouvernement de Saint-Domingue avait été injustement enlevé à l’officier de Bory[3]. Il lui fut restitué. (Mémoires sur l’administration de la marine, par de Bory-Foncin, 45.)

Condorcet avait appelé l’attention de Turgot sur cet officier par lettre du dimanche, juillet ou août 1774 :

« Donnez-moi une heure, d’ici à votre départ[4], pour le chevalier de Bory qui m’a chargé de cette commission. »

XI. LES ILES DE FRANCE ET DE BOURBON. — D’après Du Pont, Turgot « aurait conseillé de faire, des Iles de France et de Bourbon, des ports absolument francs, déchargés de tout impôt, ouverts à toutes les nations, d’y établir à la fois la liberté du commerce et celle des consciences », d’y appeler des protestants que l’abrogation de l’Édit de Nantes avait obligés à quitter la France et d’y appeler aussi des négociants indiens et chinois. « L’Ile de France serait devenue le centre du commerce… que faisaient en contrebande les officiers des compagnies européennes et le magasin général du commerce d’Inde en Inde. » Les vues de Turgot à cet égard n’étaient pas « seulement un des projets auquel ses principes et ses lumières le conduisaient…, le choix de celui qui devait diriger à l’Ile de France les établissements et les institutions qu’il y croyait nécessaire » avait été arrêté ; « il avait déjà reçu ses premières instructions de la main de ce ministre dans des lettres particulières qu’il conserve avec reconnaissance, amour et respect. » (Du Pont, Mém., 142 et s.)[5].

Turgot régla aussi la situation du célèbre voyageur Poivre[6], intendant des Iles de France et de Bourbon, qui avait fait des dépenses considérables dont il ne pouvait obtenir le remboursement et qu’on accusait de prévarication.

XII. LES COMPAGNIES DE COMMERCE. DECISION DE LOUIS XVI. — Turgot coupa court à un projet né dans les circonstances ci-après. Poivre, qui avait fait des plantations d’épices (muscade et girofle) à Bourbon et à l’Ile de France, imagina de créer une Compagnie pour la vente des épices en Europe par l’union d’une Compagnie française à constituer avec la Compagnie hollandaise des Indes. Son projet fut éventé. D’autres personnes songèrent alors à constituer une société qui aurait le monopole de la production des épices à Cayenne et de leur vente. Monsieur, frère de Louis XVI, devait faire partie de cette société. Le projet fut présenté à Turgot qui signala au Roi, avant que le nom de Monsieur fut avoué, les inconvénients des monopoles et des Compagnies de commerce. Une décision royale interdit définitivement les concessions de monopoles de ce genre (Journal de Véri)[7].

XIII. PAIEMENT DES OUVRIERS DE BREST. — Depuis longtemps, les travaux des ouvriers de Brest n’étaient payés que par des acomptes successifs, qui, laissant toujours des arrérages considérables invitaient à la déprédation par la difficulté de toucher les salaires légitimes. Turgot leur fit payer dix-huit mois qui leur étaient dus (Du Pont, Mém., 144).

Ces retards avaient rendu de Boynes si impopulaire à Brest, que lorsque sa disgrâce fut connue, on promena dans tout le port, avec des huées, un canonnier qu’on avait déguisé en ministre de la Marine (Journal Historique, 26 août).

XIV. IMPRESSION DES OUVRAGES D’EULER. Note de Turgot pour le Roi.

[Henry, 180].

23 août.

Le célèbre Léonard Euler, un des plus grands mathématiciens de l’Europe, a composé deux ouvrages qui pourraient être très utiles pour les Écoles de la Marine et de l’Artillerie. L’un est un Traité de la construction et de la manœuvre des vaisseaux ; l’autre est un Commentaire sur les principes d’artillerie de Robins, traduit en français[8]. Je propose à V. M. d’en ordonner l’impression qui sera peu coûteuse, parce qu’on trouvera un libraire qui se chargera des frais en lui assurant le débit d’un certain nombre d’exemplaires.

Il est à observer que cette impression, faite sans le consentement de l’auteur, blesse un peu l’espèce de propriété qu’il a sur son ouvrage. Mais il est aisé de l’en dédommager d’une manière très flatteuse pour lui et glorieuse pour V. M. Le moyen serait qu’elle voulut bien m’autoriser à écrire de sa part au sieur Euler et à lui faire toucher une gratification équivalente à ce qu’il pourrait retirer de l’édition de son livre ; ce qui peut aller à peu près à cinq mille francs. Cette somme sera payée sur les dépenses secrètes de la Marine.

XV. FOUILLES DANS LA MONTAGNE DU CHATELET. — Lettre de Turgot à De Grignac (de Saint-Dizier)[9].

[Buffon, sa famille, ses collaborateurs et ses familiers, mémoires par Humbert Basile…, 1863, 380. — Foncin, 47].

Compiègne, 6 août.

J’ai reçu, M., l’exemplaire de vos observations sur les découvertes que vous avez faites dans la montagne du Châtelet[10]. Je vous prie d’en recevoir mes sincères remerciements. Ces observations ne peuvent manquer de porter sur cet objet la curiosité des savants qui s’occupent de semblables recherches et vous aurez la satisfaction de pouvoir vous regarder comme le premier auteur des découvertes que ce recueil aura occasionnées. Les recherches que vous vous proposerez de faire sur la physique des forces, concernent principalement M. Trudaine[11] et M. le contrôleur général[12]. Je serais fort aise de pouvoir les engager à vous les faciliter[13].

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[1] Voir ci-dessus la lettre à Condorcet du 17 août.

[2] Grimaux, Œuvres de Lavoisier, IV, 717 et suiv. — A. N., Marine, B1 80, 249.

[3] De l’Académie des Sciences.

[4] Pour Compiègne.

[5] Turgot avait choisi, non Bernardin de Saint-Pierre, comme on l’a dit, mais Du Pont de Nemours.

[6] Du Pont de Nemours a donné des détails à ce sujet, dans sa Vie de Poivre, dont plus tard il épousa la veuve. Voir plus loin une lettre de Turgot à Sartine.

[7] On lit dans la Correspondance Métra (16 octobre 1774) : « Turgot mit sous les yeux du Conseil un état de comparaison des frais d’expédition et de transport par vaisseaux particuliers et par vaisseaux de l’ancienne compagnie des Indes, d’où résultait que les retours par vaisseaux particuliers étaient plus prompts et les marchandises de retour achetées à meilleur prix. »

[8] C’est Condorcet qui avait proposé à Turgot de faire imprimer le commentaire de Robins. Il lui avait écrit en juillet 1774 :

« Il y a deux ouvrages de M. Euler qui tous deux seraient de la plus grande utilité pour les progrès de la science navale et dont les circonstances particulières empêchent de profiter. L’un est la Théorie complète de la manœuvre et de la construction… On voit que ce doit être un ouvrage élémentaire… Je n’ai jamais rien lu de plus simple, de plus clair, de plus lumineux, de mieux fait. Cet excellent ouvrage ne peut remplir pour la France l’objet pour lequel il a été composé : 1° parce qu’ayant été imprimé à Pétersbourg, les droits sur le papier et les frais de transport augmentent trop le prix ; 2° parce qu’étant écrit en français, langue étrangère à l’auteur, il y a plusieurs endroits qu’une mauvaise construction grammaticale rend obscurs ; il serait donc utile qu’on en fit en France une édition où ces défauts seraient corrigés.

« Le deuxième est un Commentaire sur le livre de Robins. Le commentaire est un ouvrage excellent, malheureusement imprimé en allemand. M. de Kéralio l’a traduit et ne demande pas mieux que de faire imprimer cette traduction qui formerait un assez petit in-4°. On y trouverait des recherches très profondes sur la théorie de l’artillerie. Voilà donc encore un ouvrage dont l’impression serait utile.

« M. de Kéralio se chargerait de surveiller l’impression de sa traduction et je me chargerais volontiers des corrections à faire à la Théorie des manœuvres, etc. Ainsi, il n’en coûterait rien au Roi pour les éditeurs français ; mais il me semble que l’on ne peut point faire imprimer les ouvrages de M. Euler sans son consentement ou plutôt qu’il n’y a que deux moyens de s’en passer : l’un, de faire imprimer les ouvrages et de faire présent de l’édition à l’auteur, l’autre de lui envoyer une gratification au nom du Roi, et alors on proposerait à un libraire d’imprimer les deux ouvrages et je crois qu’on en trouverait aisément qui voudraient s’en charger, parce que l’ouvrage élémentaire portant un titre imprimé par ordre du Roi aurait un débit qui le dédommagerait de la lenteur du débit de l’autre.

« Par ce moyen, M. Turgot aurait l’avantage de procurer deux bons ouvrages à la marine française et d’offrir au Roi une occasion de donner une marque de sa bienveillance à un des hommes de l’Europe le plus admiré et le plus digne de l’être ce qui est important dans un commencement de règne où le Roi a besoin d’établir sa réputation chez les nations étrangères ».

L’ouvrage d’Euler avait été écrit en latin sous le titre Scientia navalis seu tractatus de construendis ac dirigendis navibus, Saint-Pétersbourg, 1749, 2 vol. in-4°. La traduction française porte le titre Théorie complète de la construction et de la manœuvre des vaisseaux, 1773, in-8.

L’ouvrage de Robins, commenté par Euler, était intitulé Neue Grundsütze der Artillerie aus dem England des Robins, ubersetzt mit Erlauterungen und Anmerkungen, Berlin, 1745.

Condorcet écrivit encore à Turgot le samedi, après le 17 août : « M. Panckoucke consent à se charger des deux livres d’Euler ; il demanderait que le Roi prit 200 exemplaires du livre de Robins. Le libraire donnera ces 200 exemplaires pour 1 000 l. et le livre se vendra au public environ 10 fr. Mandez-moi si cet arrangement vous convient ; sinon, je ferai des tentatives auprès de quelques autres libraires ». — Voir aussi ci-dessous, les Lettres à Condorcet.

[9] Chevalier de Saint-Louis, ami de Buffon, archéologue et physicien.

[10] Il avait trouvé les restes d’une ville souterraine ; il reçut du Roi à cette occasion une somme de 2 000 l.

[11] Trudaine de Montigny.

[12] Abbé Terray.

[13] On trouve (A. N. Marine, B1, 405 et s., 610 et s.), un certain nombre de dépêches adressées par Turgot, à des officiers de marine, principalement au marquis de Saint-Aignan et à de Gueudreville. L’une d’entre elles explique confidentiellement à ce dernier que le vaisseau Le Flamand, revenu à Toulon, de Constantinople, était destiné à augmenter les forces navales des Turcs.

Signalons aussi que Turgot devait se rendre au Havre, après le voyage de Compiègne, soit pour rechercher les améliorations à apporter au port, soit pour y examiner les écoles de marine.

Citons enfin une lettre de Voltaire à d’Alembert, 27 août. « La femme du frère de feu Damilaville (mort en 1768) m’a écrit, de Landerneau, en Basse-Bretagne, une lettre lamentable. Ils prétendent qu’on persécute en eux le philosophe qui est mort entre vos bras ; ils disent que, depuis sa mort, on a toujours cherché à les dépouiller d’un emploi qui les faisait vivre et qu’on vient enfin de le leur ôter. Ils imaginent que M. Turgot peut donner à ce frère de Damilaville une place de sous-commissaire de la marine. Ils paraissent réduits à la dernière misère, et ils ont des enfants.

« C’est à mon cher Bertrand et à M. de Condorcet à voir s’ils peuvent obtenir cette place de sous-commissaire pour le frère d’un de leurs Ratons. »

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