Les statistiques douanières indiquent-elles avec fiabilité le développement et la décadence du mouvement commercial d’un pays ?

En 1892, certes, les économistes n’en sont plus à scruter les chiffres de la douane pour savoir si leur pays gagne ou perd aux échanges internationaux : mais l’utilité de ces statistiques pose question, comme l’illustre cette discussion de la Société d’économie politique. Ces données, d’abord, sont et resteront sans doute longtemps lacunaires. Pour cette raison, les indications qu’elles donnent sur le volume et la destination des échanges commerciaux doivent être considérées avec précaution. À cette condition, elles peuvent peut-être guider les réformes ou confirmer des mouvements de tendance. 

L’industrie et les taxes douanières

Deux ans après la débâcle de la guerre franco-prussienne et les troubles de la Commune de Paris, l’économie française est encore en convalescence quand Paul Leroy-Beaulieu écrit le premier éditorial de son journal L’Économiste français. Évoquant la réforme des traités de commerce, alors pendante, il recommande la prolongation du régime de libre-échange inauguré en 1860 comme une mesure temporaire de bon-sens, qui doit permettre le rétablissement de la fortune publique et privée, mise à mal par les récents évènements.