Gustave de Molinari – Lettres sur la Russie

En 1860, appelé à faire un voyage de quatre mois en Russie pour y donner à travers le pays des conférences sur l’économie politique, Gustave de Molinari découvre un pays aux institutions encore rétrogrades, un pouvoir fort, des paysans prisonniers du servage. Mais la soif de liberté qui anime les classes supérieures, lui fait aussi augurer des réformes prochaines et audacieuses. Pour y aider, il publie régulièrement des articles dans la presse russe. Dans son récit de voyage, Molinari mêle aussi la description des conditions économiques, sociales et politique de la Russie des tsars, avec ses conceptions d’une société sans État, où les fonctions de police, les fleuves et les canaux, par exemple, relèvent d’entreprises privées.

La Russie et les États-Unis au point de vue économique

En 1854, Gustave de Beaumont a perdu la passion de l’écriture, et ses années de voyages et de complicité avec Tocqueville, qui furent pour lui fructueuses, sont désormais derrière lui. Pour la Revue des Deux Mondes, il livre toutefois un article comparant la situation de la Russie et des États-Unis. Les deux nations sont entreprenantes, conquérantes même. Leur principe d’action, toutefois, est précisément opposé : si les Américains s’accroissent, fondent des villes, défrichent des terres sous l’impulsion de la liberté et de l’initiative individuelle, tout se fait en Russie au rythme de la machine bureaucratique. Cette société figée et silencieuse n’est pas plaisante à observer, juge Beaumont, et le développement de son influence en Europe est même une source de crainte.

Le blocus commercial de la Russie

Au moment de la guerre de Crimée (1854), Gustave de Molinari examine, dans un article destiné au Journal des économistes, ce qu’il appelle « les progrès réalisés dans les coutumes de la guerre », c’est-à-dire l’abandon progressif des pillages ou des violences contre les civils, qui ont émaillé tant de guerres anciennes. Les nations modernes, dit-il, sentent que leur intérêt est dans la garantie de la propriété privée des civils, et sur terre comme sur mer, ils tâchent de plus en plus de s’y appliquer. De ce point de vue, Molinari se prononce contre le blocus commercial imposé par la France et l’Angleterre coalisés, contre la Russie. Il juge que c’est une pratique dont la science économique peut démontrer le caractère néfaste.

Réflexions politiques sur la guerre actuelle de l’Angleterre avec ses colonies et sur l’état de la Russie

En janvier 1777, dans cette brochure oubliée, le physiocrate Le Trosne commente avec enthousiasme les développements de l’indépendance des nouveaux États-Unis d’Amérique. Il prédit, à cette nation qui se donne des lois principalement fondées sur les bons principes, une prospérité et une force croissante, qui éblouiront le monde. Dans la seconde partie de son écrit, Le Trosne considère l’état de la Russie, autre nation qui surprend, en ce XVIIIe siècle : cet immense empire, conduit par des souverains éclairés, marche aussi vers la grandeur et la prospérité.

Rapport sur “Les conséquences de l’antisémitisme en Russie”

Préfacé par Gustave de Molinari, l’ouvrage de Chmerkine sur les conséquences de l’antisémitisme en Russie (1897) est présenté la même année à l’Académie des sciences morales et politiques par Frédéric Passy. Celui-ci salue la consciencieuse enquête dressée sur les conséquences économiques des pogroms, généralement moins étudiées, et souligne que ce cas montre une nouvelle fois que les mesures arbitraires et compressives appauvrissent même ceux qui les prennent.

De la politique extérieure de la france au 29 octobre 1840

En 1839, lorsque les affaires d’Orient agitent l’Europe, la Chambre des députés et la presse sont unanimes pour réclamer une intervention de la France, qui puisse jouer son rôle dans les discussions, faire connaître et respecter ses intérêts, et maintenir sa réputation de grande puissance qui compte dans les affaires du monde. Quand, l’année suivante, cette unanimité s’étiole, Gustave de Beaumont, chaleureux partisan, comme Tocqueville, d’une politique étrangère active, produit une petite brochure pour critiquer cette tendance et rappeler son attachement constant pour l’influence française sur le monde, par la diplomatie et par les armes.

L’énigme de l’échec russe de Lemercier de la Rivière

Brouillé avec le ministère de son pays et laissé sans ressources après l’intendance en Martinique, le physiocrate Lemercier de la Rivière connut une gloire littéraire immense avec la publication de L’ordre naturel et essentiel des sociétés politiques (1767). Recommandé par Diderot, il fut invité à la cour de Russie par Catherine II pour participer à la réforme des lois. Ce fut un échec, dont on s’est longtemps mal expliqué les causes, et qu’un récent livre tâche d’examiner. Sa conclusion est que Catherine II, qui se piquait de philosophie et de modernisme, recula vite devant l’énergie réformatrice du physiocrate ; en politique avisée, elle se voulait avant tout pragmatique et méfiante.
article placeholder

Arthur Raffalovich : économiste libéral franco-russe au centre d’un scandale de corruption

La Russie ne cesse d’être placée sur le banc des accusés. Cette ambiance délétère rappelle une certaine époque, et un nom : celui d’Arthur Raffalovich, un économiste libéral franco-russe tout à fait éminent, qui fut au centre d’un scandale de corruption de la presse qui affola l’opinion publique et eut des répercussions considérables.
article placeholder

Quand Diderot envoyait un économiste libéral à la cour de Catherine II

En 1767, Diderot recommande à l'impératrice Catherine II de Russie le nom de Lemercier de la Rivière, physiocrate français, pour l'aider dans sa réforme du droit russe. « C’est l’apôtre de la propriété, dit-il, de la liberté et de l’évidence. De la propriété, base de toute bonne loi ; de la liberté, portion essentielle de la propriété, germe de toute grande chose, de tout grand sentiment, de toute vertu ; de l’évidence, unique contre-force de la tyrannie et source du repos. »